Déterminisme technologique
Le déterminisme technologique est un courant de pensée par lequel « on suppose que le changement technique est un facteur indépendant de la société. D'une part, le changement technique est autonome [...]. D'autre part, un changement technique provoque un changement social »[1]. Le déterminisme technologique est donc constitué autour de deux grandes idées :
- La société n'influence pas la technique, qui tire son évolution d'elle-même ou de la science ;
- La technique influence la société.
Le déterminisme technologique est aujourd'hui fortement remis en cause par les avancées de la sociologie des techniques[2].
Idée que la société n'influence pas la technique
André Leroi-Gourhan est l'un des grands représentants du courant déterministe, et en particulier de l'idée que les technologies sont leur propre moteur. À propos de son étude des techniques primitives, et notamment des propulseurs, il écrit ainsi que « le déterminisme technique conduit à considérer le propulseur comme un trait naturel, inévitable, né de la combinaison de quelques lois physiques et de la nécessité de lancer le harpon »[3]
Idée que la technique façonne la société
- Au XIXe siècle
Karl Marx est l'un des premiers penseurs à considérer que l'évolution technique détermine l'évolution des sociétés. Merritt Roe Smith écrit que « Marx, dans ses moments de simplification, affirmait que le féodalisme reposait sur les roues à eau et que les machines à vapeur donnèrent naissance tant aux usines qu'à la bourgeoisie. »[4]
- Au XXe siècle
Auteur d’une soixantaine de livres dont un sur la pensée de Marx dont il était spécialiste[5], Jacques Ellul est surtout connu comme penseur de la technique. Il est notamment l'auteur de :
- La Technique ou l'Enjeu du siècle, en 1954[6] ;
- Le Système technicien, en 1977[7] ;
- Le Bluff technologique, en 1988[8].
Critique du déterminisme technologique
Le déterminisme technologique s'oppose aujourd'hui au constructivisme social appliqué à l'étude des techniques[9] La perspective constructiviste et la critique du déterminisme fut notamment développée par Wiebe Bijker et Trevor Pinch, dans leur livre The Social Construction of Facts and Artifacts[10].
Bibliographie
- Eric Alsène, « Les impacts de la technologie sur l’organisation », Sociologie du travail, 1990, vol. XXX, n° 3, p. 321-337.
Liens internes
Liens externes
- (en) Technological Determinism and Social Choice
- Déterminisme technologique, Pierre Doray et Florence Millerand, Presses de l’Université de Montréal
- Le déterminisme technologique dans la sociologie du travail (1955-1980). Un changement de paradigme ?, Marc Maurice, Sociologie du travail, 1980, 22-1 pp. 22-37
Notes
- Dominique Vinck 1995, p. 232.
- Dominique Vinck, Sociologie des sciences, Paris, A. Colin, coll. « "U" / Sociologie », , 292 p. (ISBN 978-2-200-21522-4, OCLC 469513540), p. 254.
- André Leroi-Gourhan, 1971, Evolution et technique, I, Paris, p. 235, cité in Marc Groenen, 1996, Leroi-Gourhan : essence et contingence dans la destinée humaine, De Boeck Université
- Merritt Roe Smith, Leo Marx (en), 1994, Does Technology Drive History? The Dilemma of Technological Determinism, MIT Press, p. 103
- Jacques Ellul, La pensée marxiste. Cours professé à l'IEP de Bordeaux de 1947 à 1979 (mis en forme et annoté par Michel Hourcade, Jean-Pierre Jézéquel et Gérard Paul), La Table Ronde. 2e édition, 2012
- Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle. Paris : Armand Colin. 3e édition : Paris : Economica, 2008
- Jacques Ellul, Le Système technicien, Calmann-Lévy. 3e édition Paris : Le Cherche-midi, 2012
- Jacques Ellul, Le Bluff technologique. Paris : Hachette. 3e édition, 2012
- Dominique Vinck 1995, p. 231.
- MIT Press, 1987
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