D-dimère
Les D-dimères sont un produit de la dégradation de la fibrine (élément final de la coagulation sanguine) lors du processus de fibrinolyse. Le nom de D-dimère fait référence aux fragments « D » de la molécule dimère ainsi constituée.
Formation
Le fibrinogène comporte trois domaines, deux latéraux appelés « D » et un central appelé « E ». Sous l'action de la thrombine, le fibrinogène se polymérise en fibrine, reliant les domaines « D » deux à deux. Le facteur XIII va solidifier la fibrine en créant des liaisons entre le domaine « E » et les domaines « D » reliés voisins. La plasmine dissocie les domaines « D » - « D » du domaine « E », les premiers formant les D-dimères[1] qui partent dans la circulation sanguine. Ceux ci peuvent être dosés en se servant d'anticorps spécifiques
Intérêt médical
En médecine, le dosage sanguin des D-dimères aide au diagnostic de la thrombose, le taux de D-dimères étant plus élevé que la normale dans des affections telles que la thrombose veineuse profonde et l'embolie pulmonaire[2].
En pratique, la combinaison d'une faible probabilité clinique de maladie thrombo-embolique avec un taux de D-dimères bas permet d'exclure le diagnostic (de phlébite ou d'embolie pulmonaire)[3]. À noter que ce taux tend à augmenter avec l'âge et le seuil de positivité (classiquement à 500 micrg/l) peut être sensiblement relevé chez la personne âgée[4]. Le dosage des D-dimères est peu utile chez la femme enceinte, son taux étant élevé au-delà du seuil de positivité au troisième trimestre[5].
Une fois le diagnostic établi, le dosage des D-dimères permet de stratifier le risque évolutif après arrêt de tout traitement anticoagulant : la persistance d'un taux élevé est un indicateur de risque de récidive de formation d'un thrombus[6][7].
Les D-dimères augmentent également lors d'affections inflammatoires, lors d'une fibrillation atriale[8], ou dans certaines situations physiologiques telles que la grossesse. Positifs, ils ne permettent donc pas le diagnostic d'une thrombose (faible valeur prédictive positive), mais, négatifs, ils permettent de l'exclure (haute valeur prédictive négative). Le rendement diagnostic est toutefois faible dans ces situations en raison de la fréquence importante de l'augmentation du taux en l'absence de toute maladie thromboembolique.
Un taux bas de D-dimères permet également d'aider à exclure d'autres maladies, comme une dissection aortique[9] ou une coagulation intravasculaire disséminée[1].
Notes et références
- Weitz JI, Fredenburgh JC, Eikelboom JW, A test in context: D-Dimer, JACC, 2017;70:2411–2420
- Righini M, Perrier A, De Moerloose P, Bounameaux H, D-Dimer for venous thromboembolism diagnosis: 20 years later, J Thromb Haemost, 2008;6:1059-1071
- Carrier M, Righini M, Djurabi RK et al. VIDAS D-dimer in combination with clinical pre-test probability to rule out pulmonary embolism: a systematic review of management outcome studies, Thromb Haemost, 2009;101:886-892
- Righini M, Van Es J, Den Exter PL et al. Age-adjusted D-dimer cutoff levels to rule out pulmonary embolism, The ADJUST-PE Study, JAMA, 2014;311:1117-1124.
- Kline JA, Williams GW, Hernandez-Nino J, D-dimer concentrations in normal pregnancy: new diagnostic thresholds are needed, Clin Chem, 2005;51:825–829
- Appelé communément « caillot sanguin ».
- Verhovsek M, Douketis JD, Yi Q et al. Systematic review: D-dimer to predict recurrent disease after stopping anticoagulant therapy for unprovoked venous thromboembolism, Ann Intern Med, 2008;149:481–490
- Siegbahn A, Oldgren J, Andersson U et al. D-dimer and factor VIIa in atrial fibrillation: prognostic values for cardiovascular events and effects of anticoagulation therapy. A RE-LY substudy, Thromb Haemost, 2016;115:921–930
- Asha SE, Miers JW, A systematic review and meta-analysis of D-dimer as a rule-out test for suspected acute aortic dissection, Ann Emerg Med, 2015;66:368–378