Dames de Llangollen

Les dames de Llangollen (Lady Eleanor Butler et l'honorable Sarah Ponsonby) sont deux femmes anglo-irlandaises dont la relation a scandalisé et fasciné leurs contemporains. Elles représentent depuis un exemple d'amitié passionnée dans l'histoire, et pour certains, de saphisme.

Jeunesse

Lady Charlotte Eleanor Butler naquit à Cambrai le . Elle était la fille de Walter Butler (1703-1783), Comte d'Ormonde (de fait) et de son épouse Eleanor Morres, descendante du Baronet Mountmorres. Charlotte Eleanor était la troisième fille et fut suivie du seul fils et dernier enfant John, héritier du titre. Le titre de Comte d'Ormonde avait été suspendu en 1715 à cause des sympathies jacobites de James Butler (2e duc d'Ormonde). Il ne fut restauré qu'en 1791, pour le frère de Charlotte Eleanor Butler[1].

Eleanor Butler fut d'abord élevée dans un couvent de Bénédictines de Cambrai, à la fois dans la philosophie des Lumières et dans un catholicisme modéré. Elle y acquit le goût de la littérature. Il semble que son « retour » à l'adolescence en Irlande, au château de Kilkenny ait été pour elle source de frustration sociale et intellectuelle. Sa famille semble avoir été assez pauvre, dans une Irlande contrôlée par une Église catholique moins souple qu'en France. Eleanor Butler se réfugia dans la bibliothèque et les livres. Considérée comme trop « masculine » et trop « ironique » pour attirer ou retenir un bon parti qui aiderait à redorer le blason familial, elle semblait destinée au célibat[1].

En 1769, à près de trente ans, elle rencontra Sarah Ponsonby[1].

L'honorable Sarah Ponsonby naquit en 1755. Elle était la fille de Chambré Brabazon Ponsonby (1720-1762), membre de la Chambre des communes irlandaise et de sa seconde épouse Louisa Lyons. Sarah Ponsonby était l'arrière-petite-fille de William Ponsonby (1er vicomte Duncannon) et la cousine de Frederick Ponsonby (3e comte de Bessborough) ainsi que de Caroline Lamb[1].

Orpheline, elle résidait dans sa famille dans la résidence de Woodstock (Comté de Kilkenny) et elle fréquentait l'école locale. La jeune fille de treize ans et la « vieille fille de trente ans » devinrent immédiatement amies. Sarah Ponsonby ressentait elle aussi une forte frustration intellectuelle. Elle devait par ailleurs subir les assauts de son tuteur. Dans le même temps, chez les Butler, il fut décidé de renvoyer Eleanor chez les Bénédictines de Cambrai[1].

Le , les deux femmes, déguisées en homme et armées de pistolets, s'enfuirent pour tenter de gagner l'Angleterre par le port de Waterford. Rattrapées à moins de trois kilomètres de la ville, elles furent ramenées chez elles, quasiment prisonnières. Eleanor Butler s'enfuit immédiatement à nouveau et alla s'installer à Woodstock. Les deux femmes finirent par pousser à bout leur famille qui leur cédèrent l'autorisation de partir dans une sorte de « Grand Tour » au pays de Galles, accompagnée de Mary Carryl, la femme de chambre de Sarah Ponsonby[1].

Plas Newydd

Elles s'installèrent dans un cottage au pays de Galles près de Llangollen dans le Denbighshire en 1780. Elles attirèrent la curiosité et devinrent des célébrités, recevant de nombreuses personnalités telles que les écrivains William Wordsworth, lord Byron, Caroline Lamb (une cousine de Sarah Ponsonby et maîtresse de Byron), Percy Shelley, Walter Scott, mais aussi Arthur Wellesley de Wellington, Josiah Wedgwood et même Charlotte de Mecklembourg-Strelitz qui leur accorda une pension.

Eleanor Butler tenait un journal de leur vie commune.

Mary Caryll mourut le , Eleanor Butler le et Sarah Ponsonby le . Les trois femmes sont enterrées ensemble dans l'église de Saint Collen à Llangollen[1].

La femme de lettres française Colette en fait mention dans son livre, Le Pur et l'impur.

Voir aussi

Bibliographie

Notes et références

Articles connexes

Liens externes

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