Turnera diffusa

Turnera diffusa, connu sous le nom de damiana, est un arbuste originaire du sud-ouest du Texas aux États-Unis[2], d'Amérique centrale, du Mexique, d'Amérique du Sud et des Caraïbes. Il appartient à la famille des passifloracées[3].

La damiana est un arbuste relativement petit qui donne de petites fleurs aromatiques. Elle fleurit du début jusque vers la fin de l'été et s'ensuivent des petits fruits au goût semblable à celui de la figue. En raison des huiles essentielles présentes dans la plante[4], l'arbuste est connu pour avoir une forte odeur épicée, rappelant celle de la camomille.

Les feuilles étaient traditionnellement utilisées en infusion et dans des encens par les peuples autochtones d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud pour ses effets relaxants. Des missionnaires espagnols furent les premiers à rapporter que les Indiens du Mexique avaient pour usage de boire des infusions de damiana - et d'autres ingrédients, dont du sucre - en tant qu'aphrodisiaque.

Utilisations

Pendant longtemps on a prêté à la damiana la propriété d'exercer un effet stimulant sur la libido, et son utilisation en tant qu'aphrodisiaque a perduré jusqu'à l'époque moderne. Plus récemment, certains éléments favorables de preuve scientifique, soutenant la longue histoire de son utilisation, ont émergé. Plusieurs études expérimentales dont deux menées sur des animaux ont apporté la preuve d'une activité sexuelle accrue chez des rats des deux sexes.

Les scientifiques ont démontré que la damiana a des effets particulièrement stimulants sur des rats mâles sexuellement épuisés ou impuissants[5],[6] et ont observé une augmentation générale de l'activité sexuelle chez les rats des deux sexes[7].

Il a également été établi que la damiana doit fonctionner comme un inhibiteur de l'aromatase, ce qui laisse supposer qu'il s'agit là d'un mode d'action possible de ses effets réputés[8].

La damiana est un ingrédient composant une liqueur traditionnelle mexicaine qui est parfois utilisée à la place du triple sec dans les cocktails appelés margaritas. Le folklore mexicain affirme qu'elle a été utilisée dans la margarita « originale ». La margarita à base de damiana est populaire dans la région de Los Cabos au Mexique[9],[10].

Plusieurs médicaments brevetés du dix-neuvième siècle, tel que le « French Wine Coca » du pharmacien américain John Stith Pemberton, contenaient de la damiana. Les feuilles de damiana ont été supprimées dans la composition de l'équivalent sans alcool de ce produit, le « Coca-Cola »[11].

La damiana contient de la damianine ; tétraphylline B ; gonzalitosine I ; arbutine ; tricosan-2-one ; p-cymene ; β-sitostérol ; 1,8-cinéole[12]; α-pinène ; β-carotène ; β-pinène ; eucalyptol ; des tannins variés et du thymol[13].

Légalité

France

Selon l'Arrêté du , la damiana fait partie des plantes autorisées dans les compléments alimentaires sous la condition suivante: « L'étiquetage doit comporter un avertissement déconseillant l'usage chez les femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein »[14].

États-Unis

Dans l'État de Louisiane, la damiana est classée comme « plante interdite » avec 39 autres par la loi 159 de l'État de la Louisiane, entrée en vigueur le . Il est interdit dans cet état de posséder ou de distribuer pour la consommation humaine n'importe quelle combinaison de n'importe laquelle des parties de la plante (feuilles, tiges, graines, dérivés, mélanges, préparations, ou tout autre résine extraite de n'importe quelle partie de la plante). Cette mesure était en partie motivée par une augmentation du nombre d'overdoses de cannabis de synthèse, présent dans une variété de préparations à base de plantes, et dans lesquelles l'ingrédient principal était souvent la damiana[15],[16],[17].

Grande-Bretagne

Un produit connue sous le nom de « Black Mamba », étiqueté comme contenant « 100 % de damiana », fut commercialisé au Royaume-Uni ; des effets nocifs résultant de son utilisation furent rapportés[18]. Le député Graham Jones demanda que la substance soit déclarée illégale[19].

Le « Black Mamba » est une combinaison de damiana et de divers agonistes récepteurs de cannabinoïde de synthèse, dont le JWH-018[20]. Le cannabis de synthèse a provoqué des effets secondaires négatifs chez un certain nombre d'utilisateurs[21].

La damiana est considérée comme sûre lorsqu'elle est consommée sous sa forme naturelle[22].

Lors des questions posées au Premier ministre David Cameron le mercredi à la Chambre des communes, le député Nadhim Zahawi demanda que des mesures relatives au « Black Mamba » soient prises. Le Premier ministre fit la réponse suivante :

« Nous sommes déterminés à éradiquer ces drogues dites légales. Le Home Office est sensible à celle-ci en particulier. Nous disposons maintenant du système d'alerte précoce des drogues qui nous informe de ces problèmes mais, comme il (le député Nadhim Zahawi) le dit, une décision doit être prise rapidement et je ferai en sorte qu'elle le soit. »[23].

Maintenant le « Black Mamba » est illégal en Grande-Bretagne.

Notes et références

  1. "Turnera diffusa". Integrated Taxonomic Information System. Retrieved 2011-01-29.
  2. J. H. Everitt, Dale Lynn Drawe, Robert I. Lonard, Trees, Shrubs, and Cacti of South Texas, Texas Tech University Press, 2002, p. 208. (ISBN 978-0-89672-473-0).
  3. Taxon: Turnera diffusa Willd, Germplasm Resources Information Network, United States Department of Agriculture, 11 mai 2009
  4. Eduard Gildemeister, Friedrich Hoffmann, The Volatile Oils, vol. 3 (2e ed.), Wiley, 1922, p. 183.
  5. R. Arletti, A. Benelli, E. Cavazzuti, G. Scarpetta, A. Bertolini, Stimulating property of Turnera diffusa and Pfaffia paniculata extracts on the sexual behavior of male rats, Psychopharmacology no 143, septembre 1998, p. 15–19
  6. K. R. Estrada-Reyesb, P. Ortiz-Lópeza, J. Gutiérrez-Ortíza, L. Martínez-Mota, Turnera diffusa Wild (Turneraceae) recovers sexual behavior in sexually exhausted males, Journal of Ethnopharmacology no 123, juin 2009, p. 423–429
  7. S. Kumar, R. Madaan, A. Sharma, Evaluation of Aphrodisiac Activity of Turnera aphrodisiaca, International Journal of Pharmacognosy and Phytochemical Research 'no 1, juin 2009, p. 1–4
  8. J. Zhao, A. K. Dasmahapatra, S. I. Khan, I. A. Khan, Anti-aromatase activity of the constituents from damiana (Turnera diffusa), Journal of Ethnopharmacology no 120, décembre 2008, p. 387–393, doi:10.1016/j.jep.2008.09.016, PMID 18948180.
  9. Damiana Liqueur sur Damiana.net
  10. Charles Perry, « The unexpected thrill », Los Angeles Times, (lire en ligne)
  11. Mark Pendergrast, For God, Country, and Coca Cola : The Definitive History of the Great American Soft Drink and the Company That Makes It, Basic Books, , 2e éd., 24–30 p. (ISBN 978-0-465-05468-8)
  12. Kumar, Suresh, « Anti-anxiety Activity Studies on Homoeopathic Formulations of Turnera aphrodisiaca Ward », Hindawi Publishing Corporation, (DOI 10.1093/ecam/neh069, consulté le )
  13. Phyllis A. Balch, Prescription for Nutritional Healing : the A to Z Guide to Supplements, Penguin, , 2e éd., 286 p. (ISBN 978-1-58333-143-9, lire en ligne), p. 233
  14. « Arrêté du 24 juin 2014 établissant la liste des plantes, autres que les champignons, autorisées dans les compléments alimentaires et les conditions de leur emploi », sur http://www.legifrance.gouv.fr/, (consulté le )
  15. Legislature of Louisiana: Regular Session, 2010 ; Act no 565 ; House Bill no 173
  16. Brandon Richards, Fake pot now illegal in Louisiana, KPLCtv.com., 2010
  17. Damiana Legal Status, Erowid, 30 octobre 2011
  18. « Legal high fears as teens taken ill », The Sun, (lire en ligne)
  19. « Call for ban on legal high Black Mamba backed by MP Graham Jones », The Lancashire Telegraph, (lire en ligne)
  20. Black Mamba Spice: A Cannabinoid Cocktail sur Science20
  21. Fake Weed, Real Drug: K2 Causing hallucinations in Teens sur Livescience
  22. Damiana sur WebMD
  23. David Cameron MP, Prime Minister of the UK, House of Commons, 7 mars 2012.

Liens externes

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