Indulgents
Les indulgents est le nom donné par Georges Danton et ses amis aux anciens membres du club des Cordeliers, parmi lesquels Camille Desmoulins, qui dès la fin de 1793 posèrent la question de l'utilité de la Terreur.
Évènements
Sous la direction de l'ancien maire de Paris et ancien ministre de la guerre Jean Nicolas Pache, les exagérés du nouveau ministre de la Guerre Bouchotte, et leur porte-parole Hébert, qui visaient à renverser la Convention nationale réclamaient l'intensification de la Terreur. D'autres montagnards commencèrent à nourrir des doutes sur le bien-fondé des sévérités nécessaires qui masquaient selon eux un projet contre-révolutionnaire. Danton alors chef de file du Modérantisme, et Camille Desmoulins furent les premiers à dénoncer l'instrumentalisation de la Terreur, notamment dans Le Vieux Cordelier. Dans son journal, Desmoulins fit tomber le masque du "Le Père Duchesne" qui fut reconnu comme contre-révolutionnaire. Ils bénéficient du soutien du général Westermann qui sert en Vendée.
Le à la tribune des cordeliers, les exagérés Momoro et Collot d'Herbois, sentant le danger pour eux, dénoncèrent à leur tour Camille Desmoulins. Aux Jacobins, Robespierre valida les accusations de Desmoulins en demandant le renvoi au Tribunal révolutionnaire des amis et complices de Jacques-René Hébert dont quelques-uns seulement furent arrêtés dans la nuit du 14 au . Jugés dans une relative obscurité, ils furent guillotinés - à l'exception de leur chef, Jean-Nicolas Pache - le .
Le , les principaux protecteurs des exagérés - et notamment Bertrand Barère de Vieuzac, Jean-Marie Collot d'Herbois et Jean Nicolas Billaud-Varenne, en liaison avec le Comité de sûreté générale - demandèrent à leur tour la tête des Modérés, notamment Danton, Desmoulins et Philippeaux. On les réunit à dessein aux fripons compromis dans l'affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes (1793). Au terme d'un procès qui se déroula du 2 au , les indulgents comme les fripons furent condamnés par le Tribunal révolutionnaire le , et guillotinés. Le suivant, des modérés et des exagérés furent cette fois réunis sur les mêmes charrettes et exécutés dans un procès à nouveau biaisé pour lequel on invoqua contre eux le crime de conspiration dans les prisons.
Les indulgents ou modérés ont plus rarement été appelés citra-révolutionnaires.
Notes et références
Sources primaires
- Marcel Reinhard (dir.) et Marc Bouloiseau (dir.) (publié par l'Institut d'histoire de la Révolution française, Université de Paris I), Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 85 : Du 26 pluviôse au 12 ventôse An II (14 février au 2 mars 1794), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, , 742 p.
- Marcel Reinhard (dir.) et Marc Bouloiseau (dir.) (publié par l'Institut d'histoire de la Révolution française, Université de Paris I), Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 86 : Du 13 au 30 ventôse An II (3 au 20 mars 1794), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, , 798 p.
- Marcel Reinhard (dir.) et Marc Bouloiseau (dir.) (publié par l'Institut d'histoire de la Révolution française, Université de Paris I), Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 87 : Du 1er au 12 germinal An II (21 mars au 1er avril 1794), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, , 758 p.
- Marcel Reinhard (dir.) et Marc Bouloiseau (dir.) (publié par l'Institut d'histoire de la Révolution française, Université de Paris I), Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 88 : Du 13 au 28 germinal an II (2 avril au 17 avril 1794), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, , 787 p.
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. V : janvier 1793 à mars 1794, Paris, Librairie Léopold Cerf / Librairie Noblet / Maison Quantin, , I-711 p. (lire en ligne).
- François-Alphonse Aulard (éd.), La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, t. VI : mars à novembre 1794, Paris, Librairie Léopold Cerf / Librairie Noblet / Maison Quantin, , 805 p. (lire en ligne).
- Camille Desmoulins édition établie et présentée par Pierre Pachet, Le vieux Cordelier, Paris, Belin, coll. « Littérature et politique », , 153 p. (ISBN 2-7011-1033-5, présentation en ligne).
- Camille Desmoulins avec introduction et des commentaires par Henri Calvet, édition complète et critique d'après les notes d'Albert Mathiez, Le vieux Cordelier, Paris, Armand Colin, coll. « Les classiques de la Révolution française », , 314 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
- Alexandre Tuetey, Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, t. 11 : Convention nationale (quatrième partie), Paris, Imprimerie nouvelle, , 916 p. (lire en ligne).
Bibliographie
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- (en) Rachel Hammersley, « Camille Desmoulins's Le Vieux Cordelier : a link between English and French republicanism », History of European Ideas, vol. 27, no 2, , p. 115-132 (DOI 10.1016/S0191-6599(01)00033-X).
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- Albert Mathiez, « Études sur la Terreur : les Indulgents », Annales historiques de la Révolution française, no 17, , p. 417-438 (JSTOR 41924351).
- Patrice Rolland, « Politique de l'Indulgence », Revue française de science politique, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, vol. 37, no 5, , p. 616-638 (lire en ligne).
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- Charles Vellay, « Le numéro VII du Vieux Cordelier », Annales révolutionnaires, t. 1, no 4, , p. 622-640 (JSTOR 41919107).
- (en) Caroline Weber, Terror and its Discontents : Suspect Words in Revolutionary France, Minneapolis, University of Minnesota Press, , XXI-295 p. (ISBN 0-8166-3886-1, lire en ligne), chap. 3 (« The Bridle and the Spur : Collusion and Contestation in Desmoulins's Vieux Cordelier »), p. 115-170.
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