Danyèl Waro

Danyèl Waro (Daniel Hoareau à l'état-civil), est un musicien, chanteur, poète français de l'île de La Réunion, né le au Tampon. Il est à l'origine d'un renouveau du maloya dans l'île et de sa reconnaissance en France.

Danyèl Waro
Informations générales
Nom de naissance Daniel Hoareau
Naissance
Le Tampon, France
Genre musical Maloya
Instruments Kayamb, Bobre, Roulèr
Années actives 1975 - présent
Labels Cobalt et Piros

Artiste très influent à La Réunion, il est reconnu par beaucoup de groupes locaux pour l'aide qu'il a apportée à l'émergence de la musique traditionnelle. Des groupes comme Baster ou Ousanousava l'invitent régulièrement à partager des scènes.

Biographie

Danyèl Waro est né à Trois Mares, un quartier du Tampon, à la Réunion, où son père, ancien travailleur journalier, a acheté trois hectares de terrain qu’il cultive[1]. Sa famille habite une case où il n’y a ni eau courante, ni électricité et vit presque en autarcie. Il est le quatrième enfant d’une fratrie qui en compte douze et il travaille la terre plus qu’il ne joue.

Dans cette vie dure et austère, la notion de plaisir n’a pas sa place. Les distractions sont rares. La seule musique qu’il entend, c’est à travers le transistor qui sert surtout à écouter les informations. À quinze ans, le jeune homme découvre Georges Brassens grâce aux disques de sa sœur. Il admire le faux misogyne en Brassens, dont il estime au contraire qu'il célèbre la femme. Cela lui enseigne une image de la femme, à l'opposé de celle que lui transmet son père, qui, souvent ivre, battait sa mère[2].

Cela lui donne l’envie de mettre son goût pour les mots au service de la langue créole. Comme tous les Réunionnais de sa génération, Danyel Waro n’a pas grandi en écoutant du maloya. Ce blues de l’océan Indien, aux racines africaines, malgaches et indiennes, avait pratiquement disparu. Officieusement interdit, il ne survivait que dans quelques familles avant d’être sauvé par le Parti communiste réunionnais (PCR) alors très populaire sur l’île et qui militait pour l’autonomie de ce département français d’outre-mer[3].

Instrumentalisée, cette musique traditionnelle héritée du temps de l’esclavage devient le symbole des revendications identitaires. Sensibilisé à ce combat politique par son père, fervent militant communiste, le jeune homme connaît un vrai coup de foudre pour le maloya lorsqu’il assiste en 1970 au concert de Firmin Viry (dont il sera l’apprenti), organisé par le quotidien local du PCR, Témoignages[2]. S’il voit cette musique comme une arme politique contre le pouvoir métropolitain, elle lui donne surtout l’opportunité de se découvrir lui-même et de prendre pleinement conscience de son identité réunionnaise.

Seul, il apprend le rythme, commence à fabriquer ses propres percussions[4]. Le , il fait son premier concert de maloya avec un ensemble de jeunes travailleurs agricoles[2]. Son échec au baccalauréat, après avoir été meneur de grève en classe de terminale, précipite son incorporation en métropole en 1976 pour effectuer son service militaire. Le jeune antimilitariste refuse de porter l’uniforme. Il connaît les conséquences de l’insoumission : 22 mois de prison[5]. C'est dans sa cellule à la prison Jacques-Cartier de Rennes qu'il écrit ses premiers textes en créole qui seront publiés en 1978 sous le titre de Romans ékri dan la zol an frans[6].

Il y témoigne d'une rage d'écrire et de militer qu'il met en œuvre en s'opposant à la politique de Michel Debré durant son séjour à La Réunion pour des raisons électorales. Dans ses chansons rédigées en captivité, il dénonce notamment le travail du BUMIDOM[7]. Cette institution est ainsi dénoncée dans Gafourn et Batarsité.

En 1975-1976, de retour à La Réunion, il participe aux Kabars qui vont délivrer du silence, de la honte et de l'oubli le maloya, genre musical jusqu'alors interdit influencé par le chant des esclaves. Durant ces années, il milite au sein du Parti communiste réunionnais dont il s'éloigne dans les années 1990. Lors des élections régionales en 1998, il faisait partie de la liste Nasyon réyoné dobout qui a obtenu 0,77 % des voix[8].

Ne se limitant pas au maloya, il a aussi enregistré un disque de jazz avec Olivier Ker Ourio[9]. En 2006, Danyèl Waro participe au Festival Africolor pour la création de Michto maloya avec le musicien Titi Robin. Il figure sur l’album Pays sauvage d'Emily Loizeau où il interprète Dis-moi que tu ne pleures pas.

En 2002 et 2011, il participe au festival Mawazine à Rabat, Maroc.

Il a participé 9 fois à la Diagonale des fous (Grand Raid de la Réunion), dont 2 fois en savate deux doigts.

Fils de petit planteur, il est resté fidèle à sa tradition acoustique et il en est le "représentant" reconnu dans toute l’île. Musicien et poète, il sait faire chanter le créole réunionnais avec une émotion sans pareille[non neutre].

Discographie

Danyèl Waro sur scène avec ses musiciens.

Publications

  • Romans ékri dans la zol en Frans, 1978, Les Chemins de la Liberté.
  • Gafourn, 1987, Graphica-Sobatkoz.
  • Démavouz la vi, 1996, Grand Océan. Réédition: France, K’A / Grand Océan, 2008.

Filmographie

  • Danyèl Waro, fier bâtard, 2002, Auteur-Réalisateur : Hoarau (Thierry) / Production / Diffusion : Imago productions, RFO Réunion

Récompenses

Danyel Waro se voit remettre en 2010 un WOMEX Award[12], récompense décernée par les professionnels des musiques du monde. Une fierté pour la Réunion et une consécration pour ce musicien et poète du maloya, qui a reçu sa récompense le à Copenhague, lors du WOMEX (World Music Expo), une des plus grosses rencontres professionnelles autour des musiques du monde.

Collaborations

  • Titi Robin
  • A Filetta
  • Emily Loizeau
  • Tumi and the Volume sur l'album Pick a Dream, la onzième piste (Play Nice) comporte un titre caché où Danyel Waro chante avec Tumi. La collaboration semble continuer car sur le dernier album du chanteur réunionnais Aou Amwin, on retrouve Tumi sur le titre Mandela.
  • La Tordue dans le morceau Le Pétrin de l'album Champ libre.
  • Jérémie Malodj' sur la chanson Juste pour te parler sur l'album Bohélem
  • Sages Comme Des Sauvages sur le morceau Le goût de la fumée sur l'album Luxe Misère

Notes et références

  1. « Danyèl Waro en tournée en métropole », sur Franceinfo, (consulté le )
  2. François Bensignor, « Danyel Waro », Hommes & Migrations, vol. 1223, no 1, , p. 101–107 (DOI 10.3406/homig.2000.3458, lire en ligne, consulté le )
  3. « Le Maloya : les maux de la Réunion », sur France Culture (consulté le )
  4. « Festival Kaz’Out - Danyel Waro Porte-drapeau du maloya », sur Travel-Iles, (consulté le )
  5. François Bensignor, « Danyel Waro », Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, no 1288, , p. 164–169 (ISSN 1142-852X, lire en ligne, consulté le )
  6. « Romans ékri dan la zol an Frans / Daniel Hoarau [Danyèl Waro] ; dessins Kaniki - Sudoc », sur www.sudoc.fr (consulté le )
  7. « Les enfants de la Réunion, la honte toujours vivace de la République », sur Slate.fr, (consulté le )
  8. Gilles Gauvin, « Créolisation linguistique et créolisation politique à la Réunion », Hérodote, no 105, , p. 73-84 (lire en ligne)
  9. « Olivier KER OURIO, musicien de jazz et harmoniciste français BIOGRAPHIE DE OLIVIER KER OURIO » (consulté le )
  10. (fr)« Un double album pour Danyèl Waro », Le Quotidien de La Réunion, (lire en ligne)
  11. « Avec Danyèl Waro, sous la varangue », Le Quotidien de la Réunion, , p. 5
  12. WOMEX 10 Award for Artists awarded to Danyèl Waro

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