Delly
Delly est le nom de plume conjoint d'un frère et d'une sœur, Jeanne-Marie Petitjean de La Rosière, née en Avignon le , et Frédéric Petitjean de La Rosière, né à Vannes le , auteurs de romans d'amour populaires[1].
Pour les articles homonymes, voir Delly (homonymie).
Nom de naissance | Jeanne-Marie et Frédéric Petitjean de La Rosière |
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Naissance |
et 1876 (France) |
Décès |
et 1949[1] Versailles |
Activité principale |
Langue d’écriture | Français |
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Genres |
Les romans de Delly, peu connus des lecteurs actuels, furent extrêmement populaires entre 1910 et 1950, et comptèrent parmi les plus grands succès de l'édition en France mais aussi à l'étranger[1].
Biographie
Jeanne-Marie et Frédéric sont les enfants d'un militaire, Ernest Petitjean, et de sa femme, Charlotte Gaultier de La Rosière, dont ils reprirent le nom. Ils passèrent leur enfance à Vannes avant de déménager à Versailles, après la retraite de leur père. Dans cette ville, ils se lient d'amitié avec leur voisin, la famille du Commandant Brunot dont l'épouse Marie deviendra, quelques années plus tard, l'auteure de livres pour enfants Marie d'Agon de la Contrie.
Marie, jeune fille rêveuse qui consacra toute sa vie à l'écriture, a été à l'origine d'une œuvre surabondante dont la publication commence en 1903 avec Dans les ruines. La contribution de Frédéric est moins connue dans l'écriture que dans la gestion habile des contrats d'édition, plusieurs maisons se partageant cet auteur qui connaissait systématiquement le succès. Le rythme de parution, de plusieurs romans par an jusqu'en 1925, et les très bons chiffres de ventes assurèrent à la fratrie des revenus confortables. Ils n'empêchèrent pas les deux auteurs de vivre dans une parfaite discrétion, jusqu'à rester inconnus du grand public et de la critique[1].
L'identité de Delly ne fut en fait révélée qu'à la mort de Jeanne-Marie le , deux ans avant celle de son frère[1]. Ils sont enterrés au cimetière Notre-Dame de Versailles.
Marie et Frédéric Petitjean lèguent une partie de leur fortune et tous leurs manuscrits à la Société des gens de lettres pour aider les écrivains malades ou nécessiteux (bourse Delly)[1]. Une salle de l'hôtel de Massa, siège de la SGDL, porte le nom de salle Delly.
Structure et succès
Delly a été considéré comme l'archétype de l'auteur de romans populaires ou encore de romans de gare, en l'occurrence sentimentaux. Le style a été critiqué comme plat et répétitif, avec des intrigues construites sur un modèle immuable, manichéen : l'opposition entre une protagoniste symbolisant la pureté et d'autres personnages cherchant à contrecarrer sa quête d'un amour parfait. Toute l'œuvre est empreinte d'une structure sociale et d'une moralité qui restent celles du début du siècle, se refusant aux bouleversements de l'époque dans laquelle vit Delly. Les auteurs sont également une des cibles de Louis-Ferdinand Céline dans ses Entretiens avec le professeur Y.
Les romans de Delly, peu connus des lecteurs actuels et négligés par les intellectuels, furent extrêmement populaires entre 1910 et 1980, et comptèrent parmi les plus grands succès de l'édition mondiale à cette époque. Ils sont réédités jusqu'aux années 1980[2].
La publication d'un dossier de la revue Le Rocambole en 2011 a contribué à réévaluer le duo, et à mettre en évidence l'évolution de la carrière de Delly : jusqu'à la guerre, on peut parler du « premier Delly » (Ellen Constans), ce qui correspond à la moitié des œuvres écrites et publiées, des romans courts, davantage sentimentaux et se ressentant d'une inspiration très catholique, parfois militante. À partir de la Grande guerre, l'inspiration s'élargit : Le Mystère de Ker-Even (1916) est le premier d'une série de « grands romans » d'aventures populaires, en général deux fois plus longs et publiés en deux volumes par les éditeurs successifs, Flammarion ou Tallandier. L'élément sentimental se dilue dans l'aventure, souvent située dans un cadre exotique (Amérique centrale ou du sud, Inde, Orient). Cette évolution très nette peut être attribuée à une plus forte implication de Frédéric Petitjean dans la rédaction ou l'élaboration des intrigues. Par exemple, Le Maître du silence (1917, en deux volumes, Sous le masque et Le Secret du Kou-Kou-Noor) est un roman de science-fiction échevelé dont le héros est un véritable surhomme doté d'un pouvoir télépathique. D'autres romans plus tardifs adoptent une structure de roman policier, ce qui est très inattendu chez un tel auteur, mais en définitive le fruit d'une évolution logique, le crime et le mal étant au centre de toute l'œuvre dellyenne. Certains des derniers romans écrits durant les années 1930 (et publiés de façon posthume) montrent une évolution sociale assez nette par rapport aux romans du début.
Enfin, si la plupart des romans se terminent sur une fin heureuse, malgré l'entassement des crimes et des épreuves, ce n'est pas le cas de Malereyne (posthume, 1952), un roman d'une noirceur absolue, où tous les personnages sont négatifs, et qui se termine sans aucune rémission possible, ce qui constitue une immense surprise et tranche sur le reste de l'œuvre.
La grande singularité de l'œuvre de Delly est d'être pour un tiers composée de romans « posthumes » : à partir de 1925, le couple Delly décide de réduire la publication d'inédits en librairie, tout en maintenant un rythme de rédaction soutenu. En contrepartie, ils alimentent les éditeurs en livres d'avant-guerre uniquement publiés en feuilleton, ce qui donne l'illusion d'une production continue et génère un net décalage entre l'époque de première publication (prépublication dans la presse d'avant 1914) et la date de parution en librairie, parfois vingt ans plus tard, voire jusqu'à quarante ans plus tard pour certains titres. Pendant ce temps, les Delly rédigent de nouvelles œuvres (souvent de longs romans populaires flamboyants) destinées à leur postérité. Par conséquent, la perception du lectorat qui plébiscite les romans de Delly dans les années 50 et 60 (comme celle des critiques qui les mettent au ban de la littérature) est faussée par ce décalage entre rédaction et publication, situation accentuée par le relatif anonymat de l'auteur. Pour évaluer correctement l'œuvre de Delly, il fallait d'abord la reclasser dans l'ordre chronologique de rédaction et de première publication en feuilleton, puis inventorier ses différentes éditions en volume, ce qui a été tenté pour la première fois dans le dossier publié par Le Rocambole.
Bibliographie
- Anita
- Annonciade
- Aurore de Brüsfeld
- Cité des Anges
- Comme un conte de fées
- Dans les ruines
- Dans l’ombre du mystère
- Des plaintes dans la nuit
- Entre deux âmes [ou Un mariage de raison]
- Esclave... ou reine ?
- Fille de Chouans
- Fleurs du foyer, fleur du cloître (il s'agirait de la même histoire que Une mésalliance, avec des noms de personnages différents)
- Gilles de Cesbres [ou Entre l'amour et le devoir ou A l'épreuve]
- La biche aux bois
- La chatte blanche
- La colombe de Rudsay-Manor
- La douloureuse victoire
- La fin d'une Walkyrie [ou La pupille du comte Boris]
- La folie de sages
- La jeune fille emmurée
- La lampe ardente
- La maison dans la forêt
- La maison des Rossignols [ou La vengeance de Lilian]
- La maison du Lis
- La petite chanoinesse
- La porte scellée
- La rose qui tue
- La vengeance de Ralph
- La villa des Serpents
- La voie divine
- Le candélabre du temple
- Le Chant de la misère
- Le drame de l'étang aux biches
- Le fruit mûr
- Le repaire des fauves
- Le roi aux yeux de rêve
- Le roseau brisé
- Le rubis de l'émir
- Le sceau de Satan
- Le secret de la Luzette
- Le testament de M. d'Erquoy
- Le violon Tzigane
- Les solitaires de Myols
- Les deux crimes de Thècle
- Les deux fraternités
- Les heures de la vie
- Les hiboux des Roches-Rouges
- Les ombres
- Les seigneurs loups
- L’étincelle
- L’étoile du roi Boris
- L'exilée
- L'héritage de Cendrillon
- L'héritier des ducs de Sailles
- L'illusion orgueilleuse
- L'infidèle
- L'ondine de Capdeuilles
- Lysis
- Ma robe couleur du temps
- Magali
- Malereyne
- Mitsi
- Reinette
- Rue des Trois-Grâces
- Sainte Nitouche
- Un amour de prince
- Un marquis de Carabas
- Une femme supérieure
- Une misère dorée ou Le secret noir
- Une mésalliance (il s'agirait de la même histoire que Fleurs du foyer, fleur du cloître, avec des noms de personnages différents)
Séries
- Aélys :
- Aélys aux cheveux d'or
- L'Orgueil dompté
- Ahélya :
- Le Feu sous la glace
- Ahélya fille des Indes
- Bérengère :
- Le sphinx d'émeraude
- Bérengère, fille de roi
- Cœurs ennemis :
- Laquelle ?
- Orietta
- Gwen :
- L'orpheline de Ti-Carrec
- Gwen, princesse d'Orient
- Hoëlle :
- Hoëlle aux yeux pers
- La fée de Kermoal
- La maison des Belles Colonnes :
- La louve dévorante
- L'accusatrice
- Le Maître du silence :
- Sous le masque
- Le secret de Kou-Kou-Noor
- Le secret de la Sarrasine :
- Le roi de Kidji
- Elfrida Norsten
- L'enfant mystérieuse :
- L'enfant mystérieuse
- Sous l'œil des brames
- Ourida :
- Ourida, la petite princesse
- Salvatore Falnerra
- Pour l'amour d'Ourida
- Le mystère de Ker-Even :
- Le mystère de Ker-Even, tome 1
- Le mystère de Ker-Even, tome 2
- La lune d'or :
- La lune d'or, tome 1
- La lune d'or, tome 2
Nouvelles
- Gabrielle et son mystère [ou Dans l’ombre du mystère (seule le prénom de l'héroïne change)]
- L’appel du Seigneur (parue à la suite de La colombe de Rudsay-Manor dans l’édition de la Bonne-presse de 1927)
- L'étoile du roi Boris (parue à la suite de Lysis)
- La citoyenne Orlogan
- Le seigneur de Barbelaine (parue à la suite de La colombe de Rudsay-Manor dans l’édition de la Bonne-presse de 1927)
- La voie divine (parue à la suite de L'illusion orgueilleuse)
Annexes
Bibliographie
- C'était la vie en rose, Marie Guérin, Dominique Paulvé, éd. Hors-Collection, 2007
- Delly: Marie Petitjean-de la Rosière, Avignon 1875-Versailles 1947 : bibliographie critique par Daniel Fromont, publiée pour le centenaire de la parution du premier roman de Delly en 1903.
- Julia Bettinotti, Guimauve et Fleur d'Oranger, Nuit Blanche, 2005
- Dominique Paulvé, Marie Guérin Le roman du roman rose, J.-C. Lattès, 1997
- Yveline Baticle, Delly : autopsie du roman rose, Communication et langages, 1984, Volume 61, Numéro 1, pp. 77-86
- L'Œuvre de Delly, sous la dir. de Jean-Luc Buard et Angels Santa, Le Rocambole no 55-56, , 352 p. (ISBN 978-2-912349-48-4). Avec des contributions de Ellen Constans, Georges Monnet, Daniel Fromont, M. Carme Figuerola, Claude Schopp, Charles Moreau, Marie Palewska, Matthieu Letourneux, Gina Guandalini, Ica Carbognin, Teresa Lozano Sampedro. Avec un conte inédit de Delly "La Ronde sous les eaux".
Références
- (de) Nicola Bardola, Elena Ferrante. Meine geniale Autorin, Reclam Verlag, (ISBN 978-3-15-961444-1, lire en ligne)
- Ellen Constans, Parlez-moi d'amour : le roman sentimental : des romans grecs aux collections de l'an 2000, Presses Univ. Limoges, , 349 p. (ISBN 284287112X et 9782842871123), p. 201.
Liens externes
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- WorldCat
- Site consacré à Delly.
- Delly, roman Entre deux âmes.
- Plusieurs romans de Delly sur le site de la Bibliothèque électronique du Québec : http://beq.ebooksgratuits.com/.
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