Devops
Le devops — ou DevOps (selon la graphie habituellement utilisée en langue anglaise) — est un mouvement en ingénierie informatique et une pratique technique visant à l'unification du développement logiciel (dev) et de l'administration des infrastructures informatiques (ops), notamment l'administration système.
Apparu autour de 2007 en Belgique avec Patrick Debois, le mouvement Devops se caractérise principalement par la promotion de l'automatisation et du suivi (monitoring) de toutes les étapes de la création d'un logiciel, depuis le développement, l'intégration, les tests, la livraison jusqu'au déploiement, l'exploitation et la maintenance des infrastructures. Les principes Devops soutiennent des cycles de développement plus courts, une augmentation de la fréquence des déploiements et des livraisons continues, pour une meilleure atteinte des objectifs économiques de l'entreprise[1],[2],[3],[4].
Origine du nom
Devops est la concaténation des trois premières lettres du mot anglais development (développement) et de l'abréviation usuelle ops du mot anglais operations (exploitation), deux fonctions de la gestion des systèmes informatiques qui ont souvent des objectifs contradictoires. À la conférence "Agile" de Toronto en 2008, Patrick Debois et Andrew Shafer introduisent le mot "Agile Infrastructure"[5] pour la première fois dans leur conférence. Le terme a été largement repris notamment pour la création d'une séries de conférence sur le sujet appelée Devopsdays [6] dont la première a été organisée à Gand en Belgique, en octobre 2009.
Apparition du concept devops
Pourquoi séparer dev et ops ?
Aux débuts de l'informatique d'entreprise, les applications étant de taille limitée et peu intégrées les unes avec les autres, la distinction entre dev et ops n'avait pas lieu d'être : l'équipe qui s'occupait de l'administration du système se chargeait également d'y apporter les changements nécessaires pour le développement de nouvelles fonctionnalités.
Mais l'évolution de l'information d'entreprise a introduit de nouvelles contraintes qui ont conduit à un nouveau paradigme :
- l'apparition de systèmes intégrés comme les ERP ou progiciel de gestion intégré a augmenté la taille des applications et leur interdépendance ;
- il est aussi apparu que l'état d'esprit ops était assez différent de l'état d'esprit dev, ce qui créait de facto une certaine polarisation des membres de l'équipe, soit plutôt ops, soit plutôt dev ;
- l'inefficacité de mélanger tâches de type ops et tâches de type dev ainsi que le coût (en termes de temps de travail) du passage continuel d'un type à l'autre.
Pour ces raisons, il est alors apparu plus efficace de séparer les aspects dev et ops en plaçant les responsabilités respectives dans des équipes séparées. On parle alors souvent de « build » pour la conception, de « run » pour l'exploitation et de « change » pour l'évolution, généralement réalisée en mode projet. Dans ce nouveau paradigme, les équipes sont organisées autour des mêmes systèmes et sont donc amenées à travailler main dans la main.
Antagonisme des objectifs
Dans la réalité, cette séparation des devoirs entre les deux types d'équipes a rapidement mené à un conflit perpétuel du fait de l'incompatibilité des objectifs respectifs. Ceci peut être illustré en considérant les trois contraintes de la gestion de projet : coût, qualité/cadre de fonctionnalités et temps.
En effet, l'objectif principal d'une équipe ops est de garantir la stabilité du système. De ce fait, l'équipe se concentre sur la contrainte qualité, au détriment du temps et du coût. La meilleure manière d'atteindre son objectif est de contrôler sévèrement la qualité des changements qui sont apportés au système qu'elle maintient.
De son côté, l'équipe de développement a pour objectif principal d'apporter les changements nécessaires au moindre coût et le plus vite possible, souvent au détriment de la qualité lorsque des retards viennent mettre le plan en péril.
L'antagonisme de ces objectifs, intrinsèques à l'activité de chaque type d'équipe, est encore exacerbé par la séparation des devoirs, au point de conduire à un rejet de sa propre responsabilité et au blâme de l'équipe « sœur », l'équipe de développement blâmant son alter ego ops pour les retards, et l'équipe d'exploitation tenant l'équipe de développement responsable des problèmes de qualité du code et des incidents survenus en production de ce fait.
Plus généralement, organiser une entreprise comme un ensemble d'équipes ayant des objectifs indépendants les uns des autres avec des indicateurs spécifiques à chaque équipe va générer des optimums locaux et des guerres entre équipes, ce qui globalement pour l'entreprise n'est pas la meilleure chose. Un changement de paradigme est donc à nouveau nécessaire.
Lien avec l'agilité
Le mouvement devops est né d'une part de la volonté de globaliser les méthodes agiles à l'ensemble du système d'information et d'autre part de l'application des principes de l'agilité à la production. Il est cependant possible d'être agile dans une équipe uniquement de développement, comme il est possible de mettre en place certains principes devops dans un environnement de développement en cascade.
Devopsdays
Les DevOpsDays sont une série mondiale de conférences techniques sur le développement de logiciels, les opérations d’infrastructure informatique et entre leurs interactions. Chaque événement est organisé par des bénévoles de la région.
La plupart des événements de DevOpsDays proposent une combinaison de conférences organisées et de contenu auto-organisé par l'espace ouvert à tous[7].
Les premiers devopsdays ont eu lieu à Gand, en Belgique, en 2009. Depuis, les événements de devopsdays se sont multipliés.
Changement culturel
Les initiatives DevOps peuvent créer des changements culturels dans les entreprises[8] en transformant la façon dont les opérations, les développeurs et les testeurs collaborent pendant les processus de développement et de livraison. Faire en sorte que ces groupes travaillent de manière cohérente est un défi critique dans l'adoption de DevOps d'entreprise.[9],[10] DevOps concerne autant la culture que la chaîne d'outils.[11]
Construire une culture DevOps
Le rapport State of DevOps 2015 a révélé que les sept principales mesures présentant la plus forte corrélation avec la culture organisationnelle sont:
- Investissement organisationnel
- Expérience et efficacité des chefs d'équipe
- Livraison continue
- La capacité des différentes disciplines (développement, opérations et infosec) à obtenir des résultats gagnant-gagnant
- La performance organisationnelle
- Douleur de déploiement
- Pratiques de gestion Lean
Adoption
De nombreuses sociétés dans le monde adoptent les principes DevOps, entre autres Google[12], Linkedin[13], Amazon[14], Oui.sncf[15], Blablacar[16] et Groupe Fnac Darty[17]. D'autres pratiques industrielles sont parfois comparées au DevOps, à l'exemple des équipes de Site Reliability Engineering (SRE) mises en place par Google à partir de 2003, dédiées à l'amélioration de la disponibilité et la fiabilité des sites web et applications. En 2017, 35 % des directions informatiques ont adopté la démarche DevOps[18].
Comment atteindre cette fluidité entre développement et exploitation
Sanjeev Sharma et Bernie Coyne[19] recommandent :
- un déploiement régulier des applications, la seule répétition contribuant à fiabiliser le processus ;
- un décalage des tests « vers la gauche », autrement dit de tester au plus tôt ;
- une pratique des tests dans un environnement similaire à celui de production ;
- une intégration continue incluant des tests continus ;
- une boucle d'amélioration courte (i.e. un feed-back rapide des utilisateurs) ;
- une surveillance étroite de l'exploitation et de la qualité de production factualisée par des métriques et indicateurs clés.
Notes et références
- Mike Loukides, « What is DevOps? »,
- Dmitriy Samovskiy, « The Rise of DevOps », Fubaredness Is Contagious,
- Gene Kim, « DevOps Culture Part 1 »
- Jay Lyman, « DevOps mixing dev, ops, agile, cloud, open source and business », 451 CAOS Theory
- Patrick Debois, « Agile 2008 Toronto: Agile Infrastructure and Operations Presentation », sur www.jedi.be (consulté le )
- (en) Patrick Debois, « devops Cafe Episode 12 », devops Cafe (consulté le )
- (en) « Devopsdays - Openspace Concept », sur devopsdays.org (consulté le ).
- Emerging Technology Analysis: DevOps a Culture Shift, Not a Technology, Gartner
- « Gartner IT Glossary – devops », sur Gartner (consulté le )
- Stephen Jones, Joost Noppen et Fiona Lettice, Proceedings of the 2nd International Workshop on Quality-Aware Dev Ops - QUDOS 2016, , 7–11 p. (ISBN 9781450344111, DOI 10.1145/2945408.2945410, S2CID 515140, lire en ligne)
- Mandi Walls, « Building a DevOps culture »,
- (en) « Here’s How Google Makes Sure It (Almost) Never Goes Down », Wired, (consulté le ).
- (en) « Autometrics: Self-service metrics collection », sur engineering.linkedin.com, Linkedin.
- (en) « Velocity Culture by Amazon.com » [PDF], sur assets.en.oreilly.com, Oreilly.
- « Devops ou l’agilité de la production chez Voyages-sncf.com », Voyages-sncf.com, (consulté le ).
- « Comment BlaBlaCar a automatisé sa production IT », Silicon.fr, (consulté le ).
- « DevOps - Les techniques de la Fnac pour développer sans bruit et sans douleur », Groupe Fnac Darty, (consulté le ).
- Nexworld, « DevOps expliqué à mon boss », (consulté le ).
- DevOps for Dummies, Sanjeev Sharma and Bernie Coyne
Liens externes
- Site de Devops France
- [vidéo] DevOps expliqué à mon boss
- [vidéo] Accelerate : la science derrière DevOps
- Portail de l’informatique
- Portail des entreprises