Diane Lamoureux

Diane Lamoureux est professeure émérite d'idées politiques au département de science politique de l'Université Laval au Québec. Après avoir fait une maîtrise en science politique à l'Université du Québec à Montréal, elle obtient un doctorat en sociologie à Paris [1]portant sur l'émergence du féminisme québécois au cours des années 70. Ses recherches portent sur la philosophie politique et la sociologie politique féministe[2]. Chercheuse prolifique, elle compte à son actif un nombre important de publications ayant fait autorité sur le féminisme, les antiféminsimes sur le nationalisme et sur les mouvements sociaux[3]. Par le truchement de ses réflexions sur ces enjeux, elle offre un prisme d'analyse original qui permet de mieux cerner le monde pour ce qu'il est dans sa toute sa complexité[4]. En cherchant à scruter les conditions de radicalité du féminisme, elle rompt avec la tentation du conformisme. De ses derniers apports, retenons que le féminisme ne fait pas mouvement : il est mouvement[5].

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Diane Lamoureux
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La professeure Diane Lamoureux est une figure de premier plan du domaine des études féministes au Québec et dans la francophonie[3].

Intérêts de recherche

En plus de son travail de recherche considérable portant sur le féminisme, l'antiféminisme, le nationalisme, les mouvements sociaux et l’impact conjugué du néolibéralisme et du néoconservatisme sur les femmes, Diane Lamoureux a étudié les évolutions du féminisme et certains enjeux de société, notamment sur la place des femmes dans différentes sphères de la vie et sur l'avortement. Elle a analysé également l'apport intellectuel de certaines théoriciennes, dont Simone de Beauvoir, Colette Guillaumin, Nancy Fraser, Iris Marion Young, Patricia Hill Collins et Françoise Collin. Elle a été l'une des premières chercheuses francophones à circonscrire l'importance de la théorie queer en organisant notamment un colloque sur ce thème et a publié un collectif intitulé Les limites de l'identité sexuelle[3].

Une notoriété dans la francophonie

L'Université Laval a salué le travail de Diane Lamoureux qui est reconnu à l'international:

La pertinence des travaux de Diane Lamoureux lui a valu une reconnaissance au Québec et outre-mer, plus précisément en France, en Belgique, en Suisse, en Martinique et en Haïti. Elle a été professeure invitée à l'Institut d'études politiques de Lille et à l'Université libre de Bruxelles où elle a été titulaire de la Chaire Suzanne Tassier. Au chapitre de la diffusion des connaissances, elle a fait paraître quatre ouvrages et en a codirigé dix. Le manuel d'histoire des idées politiques qu'elle a coécrit avec son collègue Michel Duquette, Les idées politiques de Platon à Marx, a été réédité à deux reprises et réimprimé onze fois. Elle a aussi publié activement dans deux revues françaises de renom, Les Cahiers du CEDREF et Les Cahiers du genre. Au total, elle a signé 36 articles dans des revues avec comité de lecture ainsi que 54 chapitres dans des ouvrages collectifs. À cette impressionnante liste s'ajoute 211 communications scientifiques[3].

Voici un extrait de l'hommage rédigé par le professeur de science politique, Guy Laforest à l'égard de Diane Lamoureux le 30 janvier 2017[6]:

Liberté, autonomie, libération, émancipation, tels sont les maîtres mots du premier faisceau sémantique, ou registre conceptuel, de l’œuvre de Diane Lamoureux,  que je considère comme un travail exemplaire d’approfondissement de l’inspiration initiale du père Lévesque. Dans ce registre conceptuel, l’œuvre de Diane Lamoureux est l’une des plus belles et des plus fortes produites en sciences sociales à l’Université Laval et dans l’ensemble du Québec au cours des 50 dernières années.

Citations

Notre propre « printemps érable » au Québec a d’abord été un printemps, c’est-à-dire une saison des renouveaux, où une partie de la jeunesse québécoise a proclamé « nous sommes avenir » et a fait un accroc majeur non seulement à la gangue néolibérale qui nous étouffe, mais surtout à la torpeur qu’entretient la classe politique. (Faire place à l’avenir, p.26)[7]

Arendt peut aussi nous inspirer avec son principe de pluralité. Celui-ci ne renvoie pas qu’au pluralisme des idées ou qu’au relativisme des valeurs, mais à la capacité de chacun et de chacune de penser et de prendre sa responsabilité à l’égard du monde tout en tenant compte du fait que nous ne sommes pas seuls à l’habiter et que c’est avec nos semblables, et non à leur encontre, qu’il importe de le façonner. La pluralité nous invite à cultiver autant l’esprit de la rébellion que celui de la discussion. Elle invite à penser par soi-même, sans se contenter du prêt-à-penser, mais aussi à argumenter et écouter ce que les autres ont à nous apporter. (Faire place à l’avenir, p.27)[8].

C’est en expérimentant concrètement le plaisir de l’action concertée et en voyant l’enrichissement que cela apporte à nos vies que nous serons à même de soutenir l’intérêt pour le politique. Utopie? La démocratie est une construction qu’il faut reprendre sans cesse, nécessairement imparfaite et inachevée. Mais le rêve permet de ne pas se contenter du médiocre. (Renouveler la culture politique, p.22)[9].


Lutte contre les différentes formes d’assujettissement, promotion de l’autonomie individuelle et collective des femmes, dénonciation des injustices, revendication de droits, le féminisme ne peut se contenter de faire inclure des femmes au sein des élites et constitue, aujourd’hui comme hier, un projet révolutionnaire. Rien de ce qui concerne le vivre ensemble des êtres humains ne lui est étranger. (Les possibles du féminisme, p.10)[10]

Bibliographie sélective

  • Numéro thématique "Philosopher en féministes" (s.l.d. Naïma Hamrouni & Diane Lamoureux), Recherches féministes, Volume 31, Numéro 2, 2018.
  • Diane Lamoureux, « Les années 1968 au Québec » dans IdeAs, 11, printemps-été 2018
  • Diane Lamoureux, « Les impacts du néolibéralisme sur les femmes » Chroniques féministes, 119, janvier-juin 2017.
  • Diane Lamoureux, « Commentaire sur Décoloniser le féminisme », Philosophiques, 44 : 1, printemps 2017, p. 117-122
  • Les possibles du féminisme. Agir sans « nous », Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2016, 280 p.
  • Le trésor perdu de la politique : espace public et engagement citoyen, Ecosociété, Montréal, 2013, 112 p
  • Pensées rebelles: autour de Rosa Luxemburg, Hannah Arendt et Françoise Collin, Montréal, Les Éditions du Remue-Ménage, 2010.
  • « Féminisme et mouvement des femmes : entre émancipation et libération », dans Gaëtan Tremblay (dir.), L’émancipation hier et aujourd’hui, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2009 : pp. 47–61.
  • « Féminisme et démocratie libérale : un rapport paradoxal », dans Martin Breaugh et Francis Dupuis-Déri (dir.), La démocratie au-delà du libéralisme : perspectives critiques, Montréal, Athéna, 2009 : pp. 139–157.
  • Avec James Cohen, « La citoyenneté et les enjeux de la "diversité" », dans James Cohen et Martine Spensky (dir.), Citoyenneté et diversité, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2009 : pp. 9-31.
  • « Comment l’Égalité entre les femmes et les hommes est devenue une "valeur fondamentale de la société québécoise" », dans Robert Laliberté (dir.), À la rencontre d’un Québec qui bouge, Paris, Éditions du Comité des travaux historiques t scientifiques, 2009 : pp. 77-90.
  • « Et si le socialisme avait à apprendre du féminisme », dans Hal Draper, Les deux âmes du socialisme, Paris, Syllepses, 2008 : pp. 171-179.
  • « Reno(r/m)mer "la" lesbienne », Genres, sexualités, sociétés, no 1[11].
  • « Masculinismo en Quebec : fenomeno global y local », La Manzana, III(6), octobre-[12].
  • « Démocratiser radicalement la démocratie », Nouvelles pratiques sociales, 21(1), 2008 : pp. 121-138.
  • « Les mouvements sociaux, vecteurs de l’inclusion politique », dans Stephan Gervais, Dimitrios Karmis et Diane Lamoureux (dir.), Du tricoté serré au métissé serré ?, Québec, Presses de l’Université Laval, 2008 : pp. 207-226.
  • « Un terreau antiféministe », dans Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri (dir.), Le mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué, Montréal, Remue-ménage, 2008.
  • « Tabler sur les mouvements sociaux et la vigilance citoyenne », en collaboration avec Lorraine Guay, dans Pierre Mouterde (dir.), L’avenir est à gauche, Montréal, Éco-société, 2008.
  • « Québec 2001 : Un tournant pour les mouvements sociaux québécois ? », dans Francis Dupuis-Déri (dir.), Québec en mouvements, Montréal, Lux, 2008.
  • « Les féminismes : histoires, acquis et nouveaux défis », Recherches féministes, 2007, 20 (2) : pp. 1-5.
  • « Le mouvement pour l’égalité politique des femmes au Québec », dans Marie-Blanche Tahon (dir.), Les femmes entre la ville et la cité, Montréal, Remue-ménage, 2007 : pp. 145-163.
  • « Les féminismes », direction du volume 2, numéro 5, 2007 de la revue Recherches féministes.
  • « Les tentatives d’instrumentalisation de la société civile par l’État », dans Francine Saillant et Éric Gagnon (dir.), Communautés et socialistes, Montréal, Liber, 2005.
  • « Le féminisme et l’altermondialisation », Recherches féministes, 17 (2), 2004.
  • « Traces lesbiennes dans le paysage urbain montréalais », dans Christine Bard (dir.), Le genre des territoires, Presses de l’Université d’Angers, 2004.
  • « Conclusion », dans Francine Saillant et Manon Boulianne (dir.), Transformations sociales, genre et santé, Paris/Québec, Harmattan/Presses de l’Université Laval, 2003.
  • « Le mythe de l’État-nation dans le nationalisme québécois depuis la révolution tranquille », dans Raphaël Canet et Jules Duchastel (dir.), La nation en débat, Montréal, Éditions Athéna, 2003.
  • « Canada et Québec », dans Didier Éribon (dir.), Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Paris, Larousse, 2003.
  • « Les politiques identitaires : apports et limites », Contre-Temps, 7, .
  • « L’allocation universelle : un enjeu féministe ? », Actes de l’atelier La sécurité économique des femmes : les critiques féministes du discours économique dominant et les nouvelles avenues des politiques sociales, IREF, Montréal, 2003.
  • « Le paradoxe du corps chez Simone de Beauvoir », dans Christine Delphy et Sylvie Chaperon (dir.), Cinquantenaire du Deuxième sexe. Colloque international Simone de Beauvoir, Paris, Syllepses, 2002.
  • Avec Évelyne Pedneault, « Un féminisme international ? », dans Gilles Brunel et Claude-Yves Charron (dir.), La communication internationale. Mondialisation, acteurs et territoires socio-culturels, Montréal, Gaëtan Morin Éditeur, 2002.
  • « Mutations et limites de l’identitaire au Québec », Revue d’études constitutionnelles, 7(1-2), 2002 : pp. 255-271.
  • « Le dilemme entre politiques et pouvoir », Cahiers de recherche sociologique, 37, 2002.
  • L’amère patrie. Féminisme et nationalisme dans le Québec contemporain, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2001.
  • « La démocratie avec les femmes », Globe, 3(2), 2001 : pp. 23-42.
  • « La double postérité du Deuxième sexe », dans Cécile Coderre et Marie-Blanche Tahon (dir.), Le deuxième sexe. Une relecture en trois temps 1949-1971-1999, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2001.
  • « Le souci de soi comme substitut au souci du monde », dans Lucille Beaudry et Lawrence Olivier (dir.), Le politique par le détour de l’art, de l’éthique et de la philosophie, Sillery, Les Presses de l’Université du Québec, 2001.
  • Malaises identitaires. Échanges féministes autour d’un Québec incertain, (en collaboration avec Chantal Maillé et Micheline de Sève), Montréal, Éditions du remue-ménage, 1999.
  • « La posture du fils », dans Diane Lamoureux, Chantal Maillé et Micheline De Sève (dir.), Malaises identitaires. Échanges féministes autour d’un Québec incertain, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1999.
  • Les limites de l’identité sexuelle, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1998.
  • « La question lesbienne dans le féminisme montréalais », dans Frank Remiggi et Irène Demcuk (dir.), Sortir de l’ombre, VLB, Montréal, 1998.
  • « Le cœur à Sparte, la tête à Athènes », dans Lawrence Olivier et al. (dir.), Épistémologie de la science politique, Sillery, PUQ, 1998.
  • « Agir sans "nous" », dans Diane Lamoureux (dir.), Les limites de l’identité sexuelle, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1998.

Liens externes

Notes et références

  1. « Diane Lamoureux », sur www.fss.ulaval.ca (consulté le )
  2. Mélissa Thériault, « Diane Lamoureux, Les possibles du féminisme. Agir sans « nous », Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2016, 280 p. », Recherches sociographiques, vol. 58, no 1, , p. 198–199 (ISSN 0034-1282 et 1705-6225, DOI https://doi.org/10.7202/1039940ar, lire en ligne, consulté le )
  3. Université Laval, « Diane Lamoureux, professeure émérite », https://www.ulaval.ca/notre-universite/prix-et-distinctions/emeritat/diane-lamoureux (consulté le )
  4. Edmée Ollagnier, « « Diane Lamoureux : Les possibles du féminisme » », Nouvelles Questions Féministes, vol. 37, no. 1, , pp. 148-151.
  5. Diane Lamoureux, Les possibles du féminisme. Agir sans « nous »., Montréal, Éditions du Remue-ménage, , 280 p.
  6. Guy Laforest, « Le parcours de liberté d'une féministe critique et rebelle: Diane Lamoureux à l'Université Laval, 1986-2016. »,
  7. Diane Lamoureux, « Faire place à l’avenir », Relation, Numéro 784, , p. 26-27
  8. Diane Lamoureux, « Faire place à l’avenir. », Relations, Numéro 784, , p. 27
  9. Diane Lamoureux, « Renouveler la culture politique », Relations, numéro 756, , p.20-22.
  10. Diane Lamoureux, Les possibles du féminisme : agir sans « Nous »,, Montréal, Les éditions du remue-ménage, , 277 p.
  11. Lamoureux, Diane, « Reno(r/m)mer « la » lesbienne ou quand les lesbiennes étaient fémin... », sur revues.org, Genre, sexualité & société, IRIS-EHESS, (ISSN 2104-3736, consulté le ).
  12. http://www.estudiosmasculinidades.buap.mx/num6/masculinistas.html
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