Diaschisis

Le diaschisis ou diaschèse est un phénomène d'inhibition fonctionnelle soudaine d'une partie du cerveau située à distance d'une lésion cérébrale, mais qui possède des liens anatomiques et physiologiques directs ou indirects avec la zone lésée.

Cette perte soudaine d'une fonction, à distance de la zone endommagée, est réversible[1].

Étymologie

Le mot diaschisis est formé à partir du grec ancien δια / dia, « à travers » et σχιζειν / skizein, « partager ».

Historique

Constantin von Monakov a créé ce nom[2],[3] pour tenir compte des paralysies ipsilatérales[Note 1] observées lors de lésions cérébrales, puis de leur récupération post-traumatique[4] : en effet, l'idée que les dommages à une partie du système nerveux peuvent avoir des effets à distance était populaire pendant le XIXe siècle lorsqu'a émergé la théorie du neurone à la suite des travaux de Santiago Ramón y Cajal puis de Heinrich Wilhelm Waldeyer. Cependant la découverte des « centres » au niveau du cerveau, notamment par Pierre Paul Broca, a allumé une controverse entre « localisationistes » et « anti-localisationistes ». Le neurologue Jean-Martin Charcot, propose : « il existe certainement, dans l’encéphale, des régions dont la lésion entraîne fatalement les mêmes symptômes. » pour défendre les théories localisationistes tandis que Charles-Édouard Brown-Séquard répond : « J’ai le regret d’être en complet désaccord avec M. Charcot. Je ne saurais accepter la théorie des localisations telle qu’elle est émise actuellement[5]. »

Von Monakow décrit en fait 3 types de diaschisis[2],[3] :

  • le diaschisis cortico-spinalis, impliquant des fonctions motrices spinales dues à des lésions corticales au niveau des aires motrices ;
  • le diaschisis associativo-cortical, dû à des lésions ipsilatérales ;
  • le diaschisis commisuralis-cortical, dû à des lésions contro-latérales.

La théorie de von Monakov développe trois aspects[5] :

  1. une lésion neurologique est rarement localisée à une structure histologique nerveuse définie ;
  2. n'importe quel point du cerveau est interconnecté avec des structures éloignées qui peuvent être « désafférentées » du territoire lésé ;
  3. ces structures dépendantes peuvent cependant reprendre quelque autonomie comme le révèlent les récupérations comportementales post-traumatiques observées en clinique.

Le diaschisis implique aussi le concept de plasticité neuronale[6].

Causes

Il est possible de rencontrer un diaschisis lors d'accidents vasculaires cérébraux[7], d'infections du type encéphalite[8] ou de tumeurs[9].

Le diaschisis cérébelleux croisé (DCC), résultant d'une lésion encéphalique, est expliqué par le fait que chaque hémisphère cérébelleux est étroitement lié à l’hémisphère cérébral controlatéral par des connexions axonales afférentes et efférentes[10].

Notes et références

Notes

  1. « Ipsilatéral » c'est-à-dire « du même côté que la lésion » par opposition à « controlatéral », « du côté opposé à la lésion »

Références

  1. (en) Jean-Claude Baron, « Stroke Research in the Modern Era: Images versus Dogmas », Cerebrovascular Diseases, Karger, vol. 20, , p. 154-163 (résumé)
  2. (de) Constantin von Monakow, Die Lokalisation im Grosshirn und der Abbau der Funktion durch kortikale Herde, Wiesbaden, Bergmann, (OCLC 230735957)
  3. (en) Constantin Von Monakow (trad. Harris G.), « Die lokalisation im Grosshirn und der Abbau der Funktion durch kortikale Herde. Wiesbaden: Bergmann 1914 », Brain and Behaviour: Mood, states and mind, Baltimore, Pribam KH, ed., , p. 27-36
  4. (en) S. Finger, P.J. Koehler et C. Jagella, « The Monakow concept of diaschisis : origins and perspectives », Archives of neurology, Chicago, American Medical Assn, vol. 61, no 2, , p. 283-288 (ISSN 0003-9942, 1538-3687 et 0003-9942, PMID 14967781)
  5. (en) Mario Wiesendanger, « Constantin von Monakow (1853-1930): a pioneer in interdisciplinary brain research and a humanist », CR Biol, Elsevier, vol. 329, nos 5-6, , p. 406-418 (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) H. Duffau, « Brain plasticity: from pathophysiological mechanisms to therapeutic applications », Journal of Clinical Neuroscience, Elsevier Ltd., vol. 13, no 9, , p. 885–897 (ISSN 0967-5868, PMID 17049865, résumé)
  7. (en) Kamouchi Masahiro et al., « Crossed cerebellar hypoperfusion in hyperacute ischemic stroke », Journal of the Neurological Sciences, Elsevier Ltd, vol. 225, nos 1-2, , p. 65-69 (résumé)
  8. (en) Thajeb Peterus et al., « Crossed cerebellar diaschisis in herpes simplex encephalitis », European Journal of Radiology, Elsevier, vol. 38, no 1, , p. 55-58 (résumé)
  9. (en) A. Otte et al., « Crossed cerebellar diaschisis and brain tumor biochemistry studied with positron emission tomography, [18F]fluorodeoxyglucose and [11C]methionine », Journal of the Neurological Sciences, vol. 156, no 1, , p. 73-77 (résumé)
  10. (en) Jean-Claude Baron et al., « Crossed cerebellar diaschisis in human supratentorial infarction », Transactions of American Neurology Association, vol. 105, , p. 459-461 (ISSN 0065-9479)
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