Disparues de l'A6
Les disparues de l'A6 est un ensemble d'affaires criminelles et de dossiers judiciaires, dont les victimes sont des jeunes femmes dans un rayon de 200 kilomètres aux abords de l'autoroute A6 dans un triangle délimité par Mâcon, Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines, surnommé le « triangle de la peur », entre et , faisant envisager l'existence d'un ou plusieurs tueurs en série sévissant sur ce secteur.
Pour les articles homonymes, voir Les Disparues (homonymie).
Les victimes
Toutes les victimes étaient jeunes, âgées de 13 à 37 ans. Elles ont toutes disparu de façon brutale entre 1984 et 2005 sans donner d'explication, dans le périmètre restreint de la Saône-et-Loire, dans un rayon de 200 kilomètres le long de l'autoroute A6 dans une sorte de « triangle de la peur » entre Mâcon, Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines. Des morts non élucidées pour la plupart, regroupées sous le nom des « disparues de l'A6 ».
L'association « Christelle » regroupe certaines de ces familles de victimes. Elle compte actuellement 11 familles membres de droit. Entre le et le , une vingtaine de dossiers des « disparues de l'A6 » connaît de nombreux rebondissements, l'enquête policière ayant pu élucider certains meurtres mais hésitant pour les autres à y voir des coïncidences ou les actes d'un ou de plusieurs meurtriers ou tueurs en série[1].
La quatrième disparue, Christelle Maillery, meurt en . En , le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu. Selon Le Nouvel Observateur les pièces à conviction de l'affaire, notamment « les vêtements de la victime, ses bijoux, le couteau retrouvé à 200 mètres du lieu du crime », sont détruites par le service des scellés du tribunal de grande instance de Chalon-sur-Saône. Il faudra attendre et l'enquête menée par un détective privé travaillant pour l'Association d'aide aux familles victimes d'agression criminelle avait recueilli le témoignage de l'ancien petit copain de Christelle pour relancer l'affaire. Celui-ci avait affirmé qu'après le meurtre, Jean-Pierre Mura lui avait proposé de le dédommager de 300 euros pour la mort de la jeune fille. Le petit copain en question n'avait pas cru bon de signaler cet élément. L'information judiciaire est rouverte en . Jean-Pierre Mura, 44 ans, est arrêté par les policiers et entendu. Chez lui, des dizaines de couteaux sont retrouvés. Les lames sont comparées à celles du couteau de la scène de crime, détruit, mais pris en photo par les enquêteurs. « Les lames saisies et celle prise en photo ont été aiguisées par la même meule et par la ou les mêmes personnes ». L’expertise s’appuie sur « quatre points communs de stigmates d’affûtage » laissées par la meule, comme en balistique lorsque les experts comparent les traces laissées sur la balle par le canon d’un fusil. Ces éléments, ainsi que d’autres témoignages, permettent au juge de mettre en examen le suspect pour « homicide volontaire » le et placé en détention provisoire à la prison de Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire)[2]. Avant son arrestation par les enquêteurs de la police judiciaire de Dijon, il était interné en hôpital psychiatrique près de Chalon-sur-Saône. A la demande d'un de ses proches et sur avis médical, il avait été hospitalisé d'office par arrêté préfectoral au centre hospitalier de Sevrey. En décembre 1986, ce Creusotin d'origine, ouvrier métallier et jeune adulte de 19 ans est déjà père d'une petite fille. Il traînait dans le quartier des Charmilles, à proximité de la cité HLM où Christelle résidait. Il a été impliqué adolescent dans des cambriolages de caves dans cette même résidence[3]. Ce dernier était connu comme consommateur de drogue dont l'alcool[4],[5],[6],[7]. Jean-Pierre Mura est condamné en appel à Dijon à une peine de 20 ans de réclusion criminelle, comme en première instance il y a un an devant les assises de Chalon-sur-Saône. Le jury de la cour a également considéré que son discernement était altéré au moment des faits par les prémices de sa schizophrénie[8].
La septième disparue est Carole Soltysiak, 13 ans. Des chasseurs découvrent son corps nu et partiellement brûlé dans un bois près de Montceau-les-Mines. D'après La Gazette de Côte-d'Or, « quatre coups de poignard ont été portés au thorax. Des traces de strangulation sont relevées ». Les examens attestent que la fillette était saoule avant de subir des violences sexuelles. Le sperme isolé par les enquêteurs a la particularité de ne contenir aucun spermatozoïde. L'ADN qui en est extrait est comparé négativement à celui de Francis Heaulme et de deux autres hommes qui avaient reconnu être présents sur les lieux[4],[6].
La neuvième victime est Virginie Bluzet, disparue en , quelques mois après Christelle Blétry. Le corps de la jeune Beaunoise de 21 ans est retrouvé le en bord de Saône, à Verdun-sur-le-Doubs, après cinq semaines passées dans l'eau. Elle a été menottée, bâillonnée et sa tête recouverte d'une taie d'oreiller. Des scellés non exploités jusqu'alors, permettent de relancer l'enquête en . Les gendarmes de la section de recherches de Dijon avaient conduit à la mise en cause du petit ami mais le juge avait conclu le à un non-lieu pour défaut de preuves. « Une tache de sang a été retrouvée dans le bâillon et malgré toutes ces années, on sait désormais que l’on peut retrouver des éléments probants, je croise les doigts » déclare serein mais déterminé Michel Bluzet le père de Virginie[4],[9],[6].
En , c'est du côté de Mâcon, également en bord de Saône, qu'est retrouvé le corps de Vanessa Thiellon, 17 ans, apprentie cuisinière. Vanessa a été sauvagement battue et est morte d'une overdose, sans avoir subi d'agression sexuelle[4].
Le , après un gala de danse à Mâcon, Anne-Sophie Girollet, 20 ans, étudiante en troisième année de médecine à Lyon, disparaît. Son corps flottant dans la Saône est repêché le 2 avril près d'un pont de Mâcon. D'après les médecins légistes, elle a subi des violences sexuelles, avant d'être étranglée et est morte par suffocation à la suite des coups reçus au thorax[4]. Jacky Martin est interpellé sept ans après les faits après de nouvelles expertises sur les traces génétiques prélevées dans sa voiture, une Peugeot 405 immatriculée dans le Rhône, également repêchée dans la rivière. L’homme étant inscrit au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) pour divers vols, recels de voiture et violences est condamné à Chalon-sur-Saône à 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sûreté de vingt ans pour la séquestration et le meurtre d'Anne-Sophie Girollet et fait appel[10],[11],[12],[13],[14].
En appel, Jacky Martin a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans, par la cour d'assises du Rhône, pour l'assassinat d'Anne-Sophie Girollet.
Notes et références
- Elsa Vigoureux, « Les étranges meurtres de l'autoroute A6 », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le ).
- « «Disparues de l’A6»: Jean-Pierre Mura devant les assises pour le meurtre de Christelle Maillery », sur 20minutes.fr, (consulté le )
- « « Disparues de l’A6 » : Jean-Pierre Mura condamné à vingt ans de prison », sur Le Monde, (consulté le )
- Elise Barthet, « Qui sont les disparues de l'A6 ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Judith Duportail, « Qui étaient les disparues de l'A6 ? », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- « Confondu par son ADN 18 ans après, un homme avoue le meurtre de Christelle Blétry », sur lexpress.fr, (consulté le )
- « Dijon : Jean-Pierre Mura est condamné en appel à 20 ans de prison pour le meurtre de Christelle Maillery - France 3 Bourgogne-Franche-Comté », sur francetvinfo.fr (consulté le )
- Emmanuelle Bouland, « Dijon : le père de la Beaunoise Virginie Bluzet se bat toujours », Le Bien Public, (lire en ligne, consulté le )
- « Meurtre d'Anne-Sophie Girollet: Jacky Martin fait appel », sur ledauphine.com (consulté le )
- « L'affaire Anne-Sophie Girollet », sur rtl.fr (consulté le )
- « Meurtre d'Anne-Sophie Girollet: 30 ans de prison requis contre Jacky Martin », sur francesoir.fr, (consulté le )
- « Meurtre d'Anne-Sophie Girollet: Jacky Martin fait appel », sur leprogres.fr (consulté le )
- « Anne-Sophie Girollet, abusée sexuellement puis étranglée à mort : 30 ans pour le meurtrier », sur faitsdivers.org (consulté le )
Articles de presse
- Jean-Marc Ducos, « L'énigme des disparues de l'A6 », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
Documentaires télévisés
- « Affaire Christelle Blétry » le dans Non élucidé sur France 2.
- « Les meurtres inexpliqués de Saône-et-Loire » en 2012 dans l'émission Présumé Innocent présenté par Adrienne de Malleray sur Direct 8.
- « Spécial "Les disparues de l'A6" » le 9, 16 et 24 février 2015 et « en direct L'appel des familles - Les disparues de l'A6 » le 28 septembre, 5, 13 et 28 octobre et 4 novembre 2015 dans Crimes sur NRJ 12.
- « Les disparues de l'A6 » dans Devoir d'enquête sur la Une (RTBF).
- « Les oubliées de l'A6 » dans Les dossiers Karl Zéro sur RMC Découverte.
- « Le combat de Marie-Rose » dans Faites entrer l’accusé le 18 octobre 2020 sur RMC Story.
- L'affaire Bluzet, dans Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ? sur France 2 (, 52 minutes).
Émissions radiophoniques
- « Les disparues de l'A6 » le 18 septembre 2014 dans L'Heure du crime de Jacques Pradel sur RTL.
- Fabrice Drouelle, « L’Affaire Christelle Blétry ou les "disparues de l'A6" », émission de 55 min [], sur France Inter, Affaires sensibles, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- site de l'association « Christelle » créé par les proches à la suite du meurtre de Christelle Blétry.
- Les disparues de l'A6 sur le site de l'association ARPD (Assistance et recherche de personnes disparues).
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