District d'Analalava
Analalava est l'un des districts de la région de Sofia, situé dans le Nord-Ouest de Madagascar. il borde les districts d'Ambanja au nord, de Bealanana et Antsohihy à l'Est , Boriziny (Port-Bergé) et Mahajanga II au Sud. Il a une surface de 4 380 km2 et la population était estimée à 119 605
Analalava | |
Administration | |
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Pays | Madagascar |
Région | Sofia |
Chef-lieu | Analalava |
Nombre de kaominina | 15 |
Démographie | |
Population | 119 605 hab. (2001[1]) |
Densité | 27 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 14° 34′ sud, 47° 54′ est |
Superficie | 438 000 ha = 4 380 km2 |
en 2001[2]. Le district est divisé en 15 communes.
La plus grande des îles en face d'Analalava, Nosy Lava, abrite un bagne, autrefois île sacrée où se trouve les tombeaux de dynastie royale des ampanjaka sakalava bemihisatra de la région du Nord-Ouest. Ce bagne pénitencier est inauguré par le gouvernement colonial français à l'époque du Gouverneur général Augagneur (1905-1911) sous la présence de Tondroko II,Ndramamahana , le roi au pouvoir à l'époque.
Les habitants de la région pêchent des poissons , des concombres de mer, des crabes, des crevettes avec des pirogues, des petits bateaux à voile latine.
Situation géographique
Analalava, littéralement « Là où il y a de longues forêts », qui se trouve dans la partie Nord-ouest de Madagascar, dans l’actuelle Région Sofia, situé dans la province de Mahajanga.
Au Nord, le district partage ses frontières avec le district d’Ambanja par la commune rurale d’Ankaramy Be; à l’Est le fleuve de Maevarano le sépare du district de Bealanana et d’Antsohihy. Au sud, le fleuve Sofia constitue sur la limitrophe avec les districts de Port-Bergé et du chef-lieu de la région Boeny (Mahajanga). À l’ouest, le canal de Mozambique fait la limite de son territoire.
Par ailleurs, le district possède tant de petites îles et ilôts (Ifaho , Ilagna et Soihy) ; Nosy Lava, à 25 km au large de sa côte, ainsi que Nosy Saba (Morintsa), Nosy Valiha, Nosy Tanifaly(autre nom, Kalikajôro), Nosy Birafia, qui se trouvent plus au Nord. Et des baies s’étalent tout au long des côtes à savoir : baie de Narindra (mot d’origine soihili, narendre « on y va » , en français, parmi la plus belle du monde après celle de Diego-Suarez (Antsiranana) et de Rio de Janeiro (au Brésil). Il dispose de quinze (15) communes à savoir Analalava-centre, Ambaliha, Ambolobozo, Antonibe, Andribavontsona, Angoaka-sud, Ambarijeby-Sud, Ankaramy Be, Andrevorevo, Maromandia , Marovantaza, Marovatolena, Mahadrôdroko , Befotaka-nord et la commune de Bejofo plus à l’Est.
La ville d’Analalava est composée de six quartiers : le Central, puis Ampasikely, quartier des originaires des Hautes terres centrales (les Hova et Betsileo), puis Befitina (avant, c’est un quartier des indiens), puis Fongony (quartier des Zanatany « enfants de la terre », où se trouvent les commerçants Arabes, les Comoriens, les Makoa, les Tsimihety, et les Sakalava ; en plus Fongony est aussi un quartier des pêcheurs) ; le quartier d’Ambalahonko (c’est aussi quartier des Zanatany mais actuellement, rattaché à Fongony) ; le quartier d’Anjialava, un quartier royale ou quartier d’Ampanjaka et ses sujets ; qui se trouve à l’extrémité sud de la ville.
La géographie régionale d’Analalava
L’étude de l’organisation de l’espace nous mène à comprendre le comportement des groupes de population qui occupent ces espaces, car l’environnement dicte la mentalité et l’esprit de l’individu. En principe, la « relation à l’espace est (…) universellement garante de la particularité des identités». Avant 1930, la région est limitée à l’Est par le canton de Befandriana-nord et celui de Bealanana, des zones qui entretiennent d’étroite relation avec l’Androna (Mandritsara), habitées essentiellement par les Tsimihety. À l’Est, la région constitue des montagnes et des plaines favorables à l’agriculture et à l’élevage. En plus, des forêts denses, de grands fleuves comme Sofia, Mangarahara, Simboana, et Maevarano assurent l’humidité de la région. Sur les berges de ces grands fleuves, la concentration humaine est importante. Ces fleuves qui facilitent l’évacuation des produits locaux demeurent cependant presque infranchissables durant la saison de crue. Vu cette optique de l’environnement, les groupes de population appelés « Tsimihety » se forme car ils s’habituent à la montagne et la forêt. Grâce aux réserves forestières, les gens peuvent se réfugier contre les oppressions d’autorités, aussi bien pendant l’époque royale que durant la période coloniale. La partie ouest de la région, sur le littoral notamment, on rencontre une zone des Sakalava. Les côtes sont constituées en baies où tous les grands fleuves se jettent et d’îlots. On peut citer quelques baies célèbres de la région, les baies (Narindra, de Ramanetaka, de Mahajamba) qui jouent un rôle commercial très important car par là que les grands bateaux, les boutres arabes et indiens peuvent accoster, c’est un ancien comptoir commercial des Antalaotra.
À Analalava, il existe des cours d’eau, qui sont presque navigables et des baies favorables à l’accostage. D’un côté, à l’époque coloniale, l'administration, faute des infrastructures routières, depuis son implantation, choisit les côtes pour faciliter les communications maritimes et fluviales. Analalava figure parmi les régions qui répondent à ces projets. Quatre grands fleuves parcourent la région d’Analalava, il s’agit de Maevarano, de Sofia, de Mangarahara, de Droa, de Vavan’Anatambo(Ilailoza), de Manambaro, et d’autres comme Mafirinaina, Vavan’i Maromandia, Vavan’Analalava ,…
Par ailleurs, vu l’espace géographique d’Analalava dominé par la mer, les Sakalava sont habitués à la mer. Outre l’élevage, ils sont en majorité des marins. Donc, Analalava n’est pas une zone isolée, il partage toujours des liens avec les autres zones littorales de la Grande île. Quant au climat, le climat d’Analalava est doux, attire l’attention des étrangers grâce à l’alternance de deux vents frais du Varatraza (Alizé) et Talio(Mousson). Le district figure parmi les zones qui abritent les palétuviers de la Grande île et regorge aussi des ressources halieutiques. Les activités économiques ainsi que l’attitude des populations dépendent étroitement des réalités historiques et spatiales de la région. Les Français construisent les aérodromes pour communiquer aux zones isolées qui relient les différentes régions à la capitale (Tananarive) en 1949. En un mot, c’est une région géostratégique.
Par ailleurs, la région d’Analalava jouit d’une forte migration tsimihety. En outre, les Sakalava de la région ont une forte intégration avec les autres groupes de population notamment les Tsimihety par le biais des mariages et des alliances ou rohim-pihavanana. Cette alliance s’effectue par la pratique de Fatidrà ou Fizivàna. Dans cette forme d’alliance, la cohésion se raffermit davantage, car les relations avec les ziva ou lohateny semblent plus intenses que celles de la parenté. Le fait de faire du mal à ces derniers provoque des malédictions des ancêtres la descendance. Les Tsimihety et les Sakalava sont culturellement identiques. Chacun de ces deux groupes fonde la structure qu’il juge meilleure. Les Tsimihety adoptent une organisation sociale souple, capable d’assimiler un nouveau mode de vie basé sur la démocratie et sur les conseils des Sojabe ou raiamandreny. Cette organisation traditionnelle, les forces d’armée n’existent pas, tandis que les Sakalava sont protégés par les Jiriky, armées royales.
Par ailleurs, les Tsimihety ont une organisation sociale qui repose sur la vie familiale contrairement aux Sakalava dont l’organisation sociale se base sur le « pouvoir royal ». Ils ont en commun le goût de déplacements. La raison des migrations sakalava est plutôt d’ordre religieux qu’économique. Ce mouvement se pratique par le changement des lieux sacrés (des doany, villages sacrés). Quant aux Tsimihety, ils se déplacent pour la recherche des ravinahitra (richesses), ils sont des cultivateurs plutôt qu’éleveurs. Leur mouvement s’effectue par conséquent sur la recherche des baiboho ou tany lonaka(plaines fertiles). Ils sont plus modérés et plus prolifiques que leurs voisins sakalava et démographiquement, l’accroissement de la population est rapide dans les zones qu’ils occupent et leur nombre dépasse largement à celui des Sakalava. L’analyse de ce phénomène se résume par le dynamisme psychologique et spatial. Au rythme des phénomènes sociaux, l’administration coloniale comprend les Tsimihety depuis la domination de leur territoire. Pourtant, l’histoire de ce groupe est longtemps éclipsée par les royaumes sakalava à leur territoires celui des Betsimisaraka à l’Est. Ces deux groupes de la population figurent parmi les composants majeurs des Tsimihety. En un mot, les Tsimihety s’attachent à leur territoire, malgré les migrations, car après leur mort, ils doivent toujours retourner aux terres de leurs ancêtres (Tanindrazana). Enfin, leur territoire dicte leur identité. En gros, le district appartient aux Sakalava et Tsimihety ; mais l’organisation sociale repose jusqu’à maintenant sur le respect d’Ampanjaka (pouvoir royale).
Histoire
Origines
La ville d’Analalava littéralement « Au pays des longues forets », est fondée au début du XVIIIème par les Antalaotra, en 1710. Ces derniers ont fondé cette ville pour faire un comptoirs commercial. Puis, les Sakalava, les Makoa, les Soihilis et Tsimihety qui cohabitaient ensemble pour créer des royaumes sakalava bemihisatra vers la fin du XVIIIe siècle (1795). « Tsimontimontirana », est un ancien nom donné à la ville d’Analalava par les Antandrano (navigateurs et commerçants arabes). Ce nom est un mot d’origine Vezo, qui signifie « il est interdit d’y entrer, car c’est un endroit sacré ». Donc, l’actuelle ville d’Analalava est un endroit sacré autrefois, il faut des rites pour s’y installer.
D’abord, le mot « Analalava », prend référence aux « longues forêts » qui longent sur le bord de la ville. Deuxièmement, « Analalava » est la jonction de « Analan’i Lava », Forêt de Lava. Alors, Lava est un homme, notable qui dirigeait ses peuples de s’y installer lors de l’arrivée des armées Françaises en octobre 1895.
Le premier endroit où la ville était fondée, est sur l’actuel quartier d’Ampasikely ; c'est-à-dire, lieu où se trouve la Jetée. A l’époque, c’était le port d’accostage des boutres, goélettes, barques, des bateaux et navires des Antalaotra.
L’arrivée des colonisateurs français en octobre 1895, marque le début du processus d’urbanisation de la ville d’Analalava.
Histoire administrative
La ville d’Analalava change souvent de statut tout au long de la période de son histoire. Les royaumes sakalava bemihisatra, dépendant du gouvernement du royaume merina depuis 1851, se transforme en Cercle militaire des français, après les révoltes des Sakalava à Antonibe, en juillet 1898. À partir de 1905, le « Cercle » se transforme en « Province civile » entre 1905 à 1930. C’était un Chef lieu de province des Sakalava et Tsimihety de la partie Nord-ouest de Madagascar.
D’ailleurs, l’École normale et professionnelle d’Analalava fondée en 1897, devient l’ « École Régionale d’Analalava » (ERA) à partir de 1900. Cette institution scolaire est une grande étape pour accéder à l’École supérieure d’Antananarivo, Le Myre de Vilers.
À l’ERA, le recrutement est sélectif et par voie de concours, une minorité d’élèves peut y accéder. Cette École de grande envergure couvre la circonscription du Nord et du Nord-Ouest. Elle était chef-lieu de la circonscription scolaire de Mahajanga, de l’île d’Anjouan, de Diego-Suarez, de Nosy Be, de Vohemar, de Mandritsara, de Maevatanana, de Port-Bergé, Bealanana, Befandriana-nord, Ambilobe et d’Antsohihy jusqu’en 1958. En outre, la ville d’Analalava détient le Chef lieu de province de Majunga et Diego-Suarez, jusqu’à l’arrivée du Gouverneur général Leon Cayla en 1932.
Administrativement parlant, Analalava devient chef-lieu de région, à la place d’Antsohihy actuel, à partir de 1932, puis devenu district en 1952 et sous-préfecture à partir de 1960, date marquant le début de la Première République Malgache. Analalava détient le statut de sous-préfecture à partir de 1960 jusqu’en 2004, durant l’administration de président de la république Marc Ravalomanana ; puis intégré parmi les sept (7) districts qui contiennent la région Sofia.
Résumé
Cercle militaire: 1898 -1904
Chef lieu de province: 1905 -1932
Chef lieu de région: 1932 -1951
District: 1951-1960
Sous-préfecture: 1960 - 2004
District au sein de la région Sofia: 2004 - ???
Circonscription Scolaire d’École Régionale: 1900 -1965
Historique des six Fokontany de la commune urbaine d'Analalava
1. Ampasikely: littéralement, « au petite plage ou au petit sable ». C’est le premier quartier de la ville d’Analalava. Créé par les Antalaotra en 1710, lieu de comptoir commercial, port des boutres, des kotria et des goélettes. Après les révoltes des sakalava à Antonibe en juillet 1898, les armées françaises ont mis ce quartier comme lieu de résidence pour surveiller les originaires des Hauts Plateaux(les Merina et Betsileo). C’est dans ce quartier qu’on trouve la prison ; la Caserne, les services de Poste Télégraphe et de Télécommunication (PTT), l’ancien Travaux publics, la jetée et l’Aérodrome d’Analalava.
2. Central: c’est un quartier administratif de la ville d’Analalava. On y trouve la bureaucratie de la ville: l’Hôtel de ville, bureau de la Commune urbaine d’Analalava, le Trésor, le terrain de l’indépendance, la résidence du chef de district (avant, c’est une résidence du gouverneur colonial). Puis, les institutions scolaires publiques s’y trouvent comme le CEG (Ex-École Régionales, créée en 1898), le Tribunal de 1ère instance, l’EPP (Ex-École officielle, créée en 1900), le Bazar be, le Tranombarotra ROSO (Ex- Compagnie Marseillaise de Madagascar), le Bureau de CISCO, l’Hôpital, le Malibu, le Bureau des Eaux et foret. C’est un quartier historique, car c’est là sont vendus les esclaves noirs déportés d’Afrique et du Mozambique. On y trouve « Vodimangabe » datant plus 300 ans ; où étaient attachés les « Zazamanga » ou les Makoa, esclaves noirs pour le commerce.
3. Befitina: mot d’origine arabe « fit’nat », tentation. Donc, « be » (beaucoup, plusieurs) et « fitina » (tentations, rumeurs) ; avant tout, c’est un quartier où les tentations ou des rumeurs étaient en abondances. Les « Tsimonty » c’est quelqu’un d’indiscret, semeur de zizanie dont Befitina est leur quartier général. C’est aussi le quartier des indiens, où se trouvent leurs magasins et leurs boutiques. À Befitina se trouve la source naturelle de « Vôvolamina » « Puit de Lamine », Haut-commissaire français (vers 1948).
4. Fongony: vient de « fongo » « dune », puis « ny » « son, sa, ses,.., adjectif possessif », littéralement, « ses dunes de sable ». C’est un quartier des Zanatany « enfants de la terre », où se trouvent les commerçants arabes, les Comoriens, les Makoa, les Tsimihety, les Sakalava (traditionalistes), les Antandrano(marins) et les pêcheurs. Là aussi qu’on trouve la station balnéaire de la ville d’Analalava. En gros, c’est le Ghetto de la ville.
5. Ambalahônko: c’est aussi le quartier des Zanatany, même statut que Fongony. Actuellement, il est rattaché à Fongony, a un statut administratif commun, même chef de Fokontany.
6. Anjialava: « au long sable », c’est un quartier sablonneux où se trouve le Zomba (palais royale) des Sakalava bemihisatra ; un quartier des traditionalistes et les sujets royaux. Les gens qui y habitent sont presque les adeptes et les sujets de l’Ampanjaka. Le quartier se trouve à l’extrémité sud de la ville. Là où s’installe la Centrale thermique de JIRAMA. Il est limité au Sud par la rivière d’Ambavan’Analalava….Actuellement ces quartiers d’Analalava ne cessent pas de s’étendre grâce à l’arrivée des migrants, mpiavy…..
Histoire des royaumes sakalava Bemihisatra d’Analalava
Deux clans sakalava zafinimena se partagent les régions du Boina au bord du Canal de Mozambique, tout au long de littoral ouest de Madagascar. Ce sont les sakalava Bemihisatra et les Bemazava. Ces deux branches dynastiques du Boina se sont formées à l’issue des conflits des petits fils du roi Tsimanato ou Andriamandisoarivo et fils d’Andrianamboeninarivo à savoir Andriamahatindriarivo, l’ainé (fondateur de Bemazava) et Andriananilitriarivo, le cadet (fondateur de Bemihisatra), à partir de 1732.
Pour le royaume de Bemihisatra, sa première capitale était à Ambatoboeni dès sa création en 1732, puis il s’étend du district de Marovoay, Soalala, Ambato-boeni, Mahajanga, Analalava, Nosy Be et Mayotte qui sont les principales villes de Bemihisatra.
Quant aux royaumes Bemazava, actuellement, se trouvent dans le territoire d’Ambanja (Sambirano), dans la région Boeny dont les villes principales sont: Ankify (Sambirano), Ambanja, Majunga (Boeny), puis Maromandia (Analalava).
Etymologiquement, le mot « bemihisatra » est la jonction de « be » nombreux, grand, énorme et « mihisatra » qui déplace lentement. Alors ces deux termes signifient des « nombreux Sakalava qui s’étaient déplacés d’un endroit à l’autre » à cause des conflits dynastiques et intercommunautaires du XVIIIe et XIXe siècles.
Chaque communauté à Madagascar a sa particularité historique. Pour le cas de Bemihisatra d’Analalava, le royaume s’est fondé par l’accord des Sakalava Zafinifotsy et Zafinimena dans la deuxième moitié du XIXème siècle, qui sont les deux grandes divisions du royaume sakalava par les arrières - arrières petits-enfants du roi fondateur Andriandahifotsy (1610-1685).
En particulier, le royaume bemihisatra d’Analalava s’est fondé en 1851 sous le règne du roi Añono (Ndramagnetry, son nom posthume) dans la partie Nord du Boina, le chef-lieu de district d’Analalava. Il s’installait à Antonibe en 1851.
Par ailleurs, le roi Tsimilômo (Andriamanisarivo au pouvoir entre1812-1818 à Mahajanga), le petit fils de Grande reine Ravahiny bemihisatra (1745-1808), frère ainé de Andriantsoly( Ndramagnavakarivo), était contraint de quitter son trône à Mahajanga à cause de son conflit avec Maka ou Boanamaka (roi bemazava) qui voulait dominer le territoire du Boina tout entier à partir de 1818. Il quitta Ambatoboeni et se dirige vers l’actuel ville d’Analalava. Il ne restait pas si longtemps à Analalava et continua sa route vers l’Ankarana (Ambilobe) en 1823.
Entre 1808 et 1835 le « bras de fer » entre Bemihisatra et Bemazava était très intense, dont beaucoup de princes sakalava se réfugiaient dans la région d’Analalava pour fuir les batailles. Parmi les villages célèbres sont : l’îlot de Nosy Lava, Antonibe, Andronjana, Ambalahônko (Ambolobozo), Ambolobozo, Ampasimena (Maromandia), Nosy Antanifaly, Nosy Berafia, Maromandia, Anorotsangana(district d’Ambanja).
Cette émigration s’intensifie lorsque Andriantsoly (petit frère de Tsimilômo) prit le pouvoir en 1822, a été attaqué par l’armée de Radama Ier en 1824 et 1825. Cependant, Andriantsoly s’enfuit à Mayotte en 1832 dont sa sœur Oantitsy lui remplaça et se fonda la capitale du royaume de Bemihisatra à Ampasimena, près d’Ankatafana(Maromandia) et à Nosy be en 1839.
En ce qui concerne la petite nièce d’Andriantsoly, la reine Tsiomeko dont les armées Merina continuaient d’attaquer vers le Nord alors que Tsiomeko s’exilait à Nosy be en 1837 et demanda la protection du gouvernement français déjà présent à Mayotte. Ce dernier fut inhumé à Mayotte.
La signature de l’accord de protectorat français s’est faite en 1841 et les sakalava bemihisatra du Nord sont protégés par le gouvernement français. En 1841, plus précisément, le 05 mars de cette année-là, Nosy Be et Nosy Komba deviennent sous « protectorat français » en contrepartie de la protection des sakalava contre les attaques merinas. Malheureusement, Tsiomeko était morte en couche, en juin 1843 laissant son fils orphelin Agnono. Elle fut enterrée à Nosy Be dont le Commandant français Morel, gouverneur de Nosy Be à l’époque, lui accorda des funérailles dignes d'un officier de 6 Yoloff (ordre de mérite). Par contre, ce dernier interdit le meurtre rituel d'esclave pour arroser de sang humain, la fosse ainsi que le tombeau de la reine. Ainsi, elle fut remplacée par le roi Andriamamalikiarivo, en juillet 1843.
La reine Tsiomeko de Nosy Be a laissé à Doromany de Beramanja(Ambanja), son Manantany (Premier Ministre), un jeune fils du nom de Rano ou Agnono ou encore Andriamagnetry en 1843.
À partir de 1848, les royaumes sakalava bemihisatra du Nord furent dans le désarroi total à cause de l’interdiction de l’esclavage par le gouvernement français à Nosy Be. Plusieurs troupes de pillards se sont formées en 1848, un peu partout au sein de royaumes. Ils se cachaient dans les forêts. Le jeune prince de 5ans, Agnono (fils du roi antakarana), successeur illégal de sa mère Tsiomeko s’enfuit de Beramanja vers le Sud, vers Maromandia puis à Nosy Lava (ilot au large d’Analalava) en 1848. Les nobles, l’entourage de jeune prince Agnono, ont envoyé une lettre à Antananarivo, à la reine merina Ranavalona Ière, en 1850. Ranavalona a accepté la royauté d’Agnono à Antonibe, à 60km au Sud d’Analalava, dans le confins de la baie de Narindra. Alors le royuame Bemihisatra d’Analalava est fondé en 1851, à Antonibe sous protectorat du gouvernement de Ranavalona Ière dont plusieurs gouverneures merinas se succédèrent dans la région d’Antonibe jusqu’à l’arrivée des troupes français en octobre 1895.
L’arrivée des armées françaises a provoqué des zizanies dans la région d’Analalava ainsi qu’en juillet 1898, les Merinas et les princes sakalava d’Antonibe lançaient des « rébellions » contre les Français. En effet, le roi Agnono (Ndriamagnetry) était tué avec certains nobles sakalava, par l’armée française mais son fils Tôndroko II était épargné.
En septembre 1898, le jeune prince Tondroko II, fils du roi Ndriamagnetry qui participait au rébellion de juillet, était capturé par les militaires français et les tirailleurs sénégalais et était transféré à Manongarivo (actuel village de Tsimahasenga), à 7km au sud d’Analalava, en résidence surveillée.
En 1901, Tôndroko avait 19 ans, il était nommé le premier gouverneur autochtone à titre politique (1898-1925), par le Gouverneur Général de Madagascar Joseph-Simon Galliéni (1896-1905 au pouvoir) à Analalava. Il est le chef traditionnel des Sakalava bemihisatra QUI représentait la province d’Analalava dans les affaires coloniales. Il s’occupait de la zone sud d’Analalava (au sud du fleuve La Loza jusqu’à la rive nord du fleuve Sofia) à Mahadrodroka. Tôndroko était connu par les Sakalava bemihisatra d’Analalava, un roi généreux, aimé par son peuple dont son nom posthume est « Ndramamahagna », littéralement « le roi qui nourrit ses sujets ». Il avait un fils unique appelé Tsimo son nom de garçon ; Andrianterognarivo ou Ambilahikely, Tale sont ses noms posthumes. Le prince Tsimo est né vers 1900 à Manongarivo, premier enfant de Tondroko II, connu par ses camarades d’école, un étudiant assidu, major de classe et de promotion depuis l’Ecole officielle(EPP) d’Analalava en 1915, puis à l’école Régionale d’Analalava en 1919, jusqu’ à Le Myre de Vilers en 1923 (l’actuel INFP à Mahamasina).
Il était décédé subitement durant ses vacances en mars 1923 à Analalava, alors qu’il était encore étudiant à Antananarivo. Ce prince était renommé par son intégrité, sa générosité, son amitié envers tout le monde. Sa mort a causé des douleurs et des tristesses à ses camarades, surtout à son père qui conduit plus tard à la mort de ce dernier en septembre 1925.
Le prince Tsimo, demi-frère ainé de futur reine SOAZARA Augustine était mort en 1923, laissant son père sans successeur. En revanche, le roi Ndramamahagna s’est forcé de trouver une femme pour avoir de progéniture. Il trouva Soamanoro une femme tsimihety, ex-femme de son camarade RAMENA, gouverneur merina d’Antonibe (entre 1818-1924) (Voir RAISON-JOURDE F., 2000. « Préface » in BALLARIN M. P., Les reliques royales à Madagascar. Source de légitimation et enjeu de pouvoir (XVIIIe-XXe). Paris, Karthala : 8-13.1982, p.145-154).
En septembre 1925, Ndramamahagna mourut pendant que sa femme porte sa futur fille Soazara. La mort de ce dernier a provoqué les troubles au niveau des nobles sakalavas ainsi que l’administration coloniale française d’Analalava en 1925.
SOAZARA est née deux mois après la mort de son père.(Voir la Monographie de district d’Analalava, années 1920-1940, Archives de la République Madagascar, Tsaralalana - Antananarivo), mais elle n’a pas vu le visage de son père.
Biographie de la reine SOAZARA d’Analalava[1925 -2017]
Selon la Gazette Midi de Madagascar paru, le 16 août 2008: « A la pointe Nord du territoire des sakalava, c’est la reine Soazara qui commande les populations du Boina. La reine Soazara occupe toujours une place importante dans la tradition et le respect des coutumes. Elle est une « Mpanjaka Be » Sakalava, soit une autorité de sang royal, descendante directe des anciens rois de la région. Malgré la modernité et l’exode de ses sujets vers le centre du pays, elle conserve une autorité traditionnelle importante, d’autant plus que la région est isolée. Ressortissants malgaches, pratiquants d’autres religions, soumis à l’autorité administrative du préfet de région, ses sujets lui vouent pourtant un culte fanatique. Chaque année, de grandes festivités sont préparées en son honneur et pour les ancêtres, accompagnées d’offrandes et de sacrifices. Elles ont lieu dans la semaine précédant la pleine entre juin et lune d’août à Nosy Lava. Pour l’occasion, ils sont des milliers, venus des villages de la baie de Narindra, des bourgades de la région mais aussi de la capitale malgache ». (Article de journal, Midi Madagascar, paru, le 16 aout 2008, page 15). Cet article révèle la place de la reine Soazara, dans la société sakalava de Bemihisatra du nord.
Biographiquement, la reine Soazara Augustine était née à Ankarafamamy, fokontany de Tsaradokitra, commune urbaine d’Analalava centre, en Novembre 1925. Elle était agrandie à Antonibe jusqu’ à l’âge de 10 ans. Depuis septembre 1898, le royaume d’Antonibe a été transféré à Analalava-ville sa capitale. Après son étude à l’Ecole Officielle (Actuelle EPP) d’Analalava en 1941, Soazara continuait son parcours scolaire à l’Ecole Régionale d’Analalava (CEG) entre 1942-1944. A l’époque Analalava n’a pas de monarque depuis la mort de Ndramamahana ; donc en tant que reine légitime, elle était choisie par l’administrateur colonial local pour être reine d’Analalava en 1946 (Voromahery, Journal Officiel, ARM, décembre 1946, p.18).
Depuis, l’Affaire Soazara qui éclata en 1935, des nobles sakalavas se disputèrent au sujet de son couronnement, voulait prendre le prince du Nord c’est-à-dire sur région de Nosy Be pour succéder Ndramamahagna (SOLOFO Randrianja, « La nation malgache au défi de l’ethnicité », p.205) car elle était encore petite mais l’administration la protégeait.
Alors, en 1946, Soazara est devenue reine d’Analalava dont son royaume (territoire) est limité au Nord par le fleuve Loza et au Sud par le fleuve Sofia, jusqu’à Antsakoabe (Mahadrodroka). Entre 1946-1960, elle jouait un grand rôle dans les affaires politiques coloniales. Ainsi, grâce à son mariage avec le gouverneur autochtone Salimo Ben Issa, son pouvoir ne cesse de prendre son ampleur, malgré sa jeunesse.
Elle jouait des rôles majeurs dans les conflits inter-dynastiques « Bemihisatra‑pro-colonisateurs » et les « Bemazava‑pro-nationalistes » durant des élections des députés et des conseillers provinciaux entre 1946-1958, dans le cadre de l’émancipation pour l’indépendance de Madagascar du parti PADESM(Bemihisatra) « profrançais » et MDRM « nationaliste et anticoloniaux » (Bemazava) dans le cadre de la décolonisation. Elle jouait aussi des rôles majeurs sur les cultes des ancêtres d’« Andriamisara efa-dahy », ancêtres des tous les Sakalava (Zafinifotsy et Zafinimena) et le culte de la relique protectrice du royaume bemihisatra d’analalava qui s’appelle « Vy lava tsy roamanjaka », une tige de fer, conservé à Antonibe.
Soazara Augustine, reine des Sakalava bemihisatra d’Analalava, était fonctionnaire d’Etat, administrateur, a ténu aussi une grande responsabilité dans la Maire de la Commune urbaine (Firaisam-pokotany) d’Analalava entre 1976-1988. Elle avait résidé quelque temps à Antananarivo et à Antsohihy, mais son cœur restait toujours attaché à Analalava, était une reine bienaimée des Sakalava dont son nom posthume, « Andriamaminiarivo ». Elle se déclina « nihilagna » le 03 Février 2017 dans son palais, à Analalava. Par ailleurs, des représentants du Gouvernement malagasy ainsi que les autorités provinciales et locales ont assisté ses obsèques pour lui rendre son honneur. Après quelques mois, la défunte reine était inhumée à Mahabo, à l’îlot sacré de Nosy Lava, au cimetière royale des Sakalava, à côté de son père.
Elle avait deux filles, l’ainée s’appelle Antoria et la cadette, Zalifa Bente Salim. Cette dernière était née en 1958 à Analalava, fille de Soazara et l’ancien gouverneur autochtone d’Analalava Salim Ben Issa. La princesse Antoria était jugée incapable par les notables locaux et les peuples sakalava à cause de sa maladie. Donc, elle était refusée d’accéder au trône.
Par ailleurs, la cadette, Zalifa Bente Salim est devenue reine d’Analalava ; couronnée en octobre 2018 dans son zomba, cour royale à Anjialava. Elle est une reine renommée, instruite, administrateur, politicienne comme était sa mère. En plus, elle était ancienne membre du Parlement Malagasy, élue député de Madagascar deux mandats, en 1998, puis en 2007, actuellement étant membre de Conseil Fampihavanana Malagasy(CFM) depuis 2018….
La généalogie des rois et reines sakalava bemihisatra d’Analalava:
Andriamanilitriarivo: 1711-1744, fondateur de la dynastie de sakalava Bemihisatra du Boina en 1732.
Ravahiny (Andriamamelonarivo) : 1745-1808, grand-mère d’Andriantsoly et son frère Tsimilômo.
Tsimilômo (Andriamanisarivo) :1782-1726, le petit fils de grande reine Ravahiny.
Il était au pouvoir entre 1812-1818 à Mahajanga, parmi le premier roi sakalava bemihisatra, qui était en passage à Analalava.
Andriantsoly (Andriamanavakarivo):1798-1845, né à Mahajanga en 1798, petit fils de Ravahiny, grand-père de la reine Tsiomeko. Il se convertit en « Islam » grâce à sa relation avec les Antalaotra. Il est enterré à Mayotte. Il est le grand-père d’Agnono.
Tsiomeko (1828-1843) : née à Maropapango (Maromandia), elle règnait à Nosy Be. Elle mourut ne couche de son fils Agnono et enterrée à Nosy Be en 1843.
Binao (1862-1923) : née à Maromadia, petite fille d’Andriantsoly. Elle régnait à Ampasimena (Maromandia).
Agnono (Andriamagnetry):1843-1898, roi fondateur du royaume Bemihisatra d’Antonibe, née à Nosy Be, agrandi à Beramanja (Ambanja), à Nosy Lava et à Antonibe. Il règnait entre 1851-18895 à Antonibe. Il est le roi réconciliateur de dynastie « zafinifotsy et zafinimena » dans la région d’Analalava qui était en conflit depuis longtemps. Il participait au « rébellion » de juillet 1898 contre les Français et mourut cette année même.
Tondroko II (Ndramamahagna) :1882-1925 : Fils de Ndramagnetry, père de Soazara. Tondroko est né à Antonibe et participa au rébellion anti-francais en juillet 1898 à côté des gouverneurs merina. Devenu gouverneur sakalava autochtone à titre politique entre 1901-1925 et mourut à Manongarivo et inhumé à l’îlot de Nosy Lava.
REM : Donc, après la mort de Tôndroko, Manongarivo devient Tsimahasenga, actuel dispensaire des lépreux, lieu catholique depuis 1951.
Soazarara Augustine (Andriamaminarivo): née vers 1925 à Ankarafamamy (Tsaradokitra), à doany Miadana, fille de Ndramamahagna et Soamanoro ; elle régnait entre 1946-2017 à Analalava. Elle mourut en février 2017 à Analalava.
Zalifa Bente Salim: 1958 - 20?? : est née en 1958 à Analalava, fille de Soazara et de gouverneur Salimo Ben Issa, gouverneur autochtone d’Analalava entre 1951-1959. Aujourd’hui, elle est la reine d’Analalava ; couronnée depuis octobre 2018. En plus, c’est une reine instruite, elle était ancienne membre du Parlement, élue député de Madagascar deux mandats ; en 1998, puis en 2007, actuellement, étant membre de Conseil Fampihavanana Malagasy(CFM) depuis 2018…. Elle a trois enfants, deux garçons et une fille.
APPELLATION ET ATTRIBUTIONS DE LA VILLE D’ANALALAVA PAR LES OCCUPANTS SUCCESSIFS.
Tsimontimontiragné:1710-1822 : comptoirs commerciaux des Swahilis et les Antalaotra de la partie Nord-Ouest de Madagascar et village des Antandrano (vezo).
Boeny hely:1822-1895: après la chute de Mahajanga par l’armée de Radama Ier (1782-1828), entre 1822-1826 ; Analalava est surnommée région « Boeny hely » ou région Boeny du Nord par l’administration merinas ainsi que les sakalava du Nord sous son protectorat, jusqu’à l’arrivée des militaires français en octobre 1895 à Antonibe.
Analalavabe:: Durant la période de la pacification de l’armée française entre 1895-1902 l’actuel chef-lieu de district d’Analalava portait le nom d’Analalavabe selon le statut des régions du Nord - ouest.
Analalava :1904 - ???: depuis 1904, Analalava porte son nom actuel dans le cadre du statut de Province civile du Nord et du Nord-ouest.
Sources et documents consultés
BARE (Jean-François) : LE SABLE ROUGE, « une monarchie nord-ouest malgache dans l’Histoire », Anthropologue, directeur de recherche à la retraite de l’IRD et de l’Université de Paris I, Panthéon, (1980)
- CHRETIEN (J. P., PRUNIER G.), (dir.), 1989. Les ethnies ont une histoire. Paris, Karthala.
- RAISON-JOURDE F., 2000. « Préface » in BALLARIN M. P., Les reliques royales à Madagascar. Source de légitimation et enjeu de pouvoir (XVIIIe-XXe). Paris, Karthala : 8-13.1982.
- RANDRIAMARO J. R., 1997. PADESM et luttes politiques à Madagascar. De la fin de la deuxième guerre mondiale à la naissance du PSD, Paris, Karthala,1985.
- RANDRIANJA S., 1997. Le parti communiste de la région de Madagascar (1930‑1939), Antananarivo, Foi et Justice.
- La Gazette de la Grande île, paru le 8 février 2015, Recuillis par Faly R.
- Journal d’obédience gauchisante et nationaliste, paru de 1932 à 1934, JOM.
- ANSOM, Jeudi 23mars 1933, 2e année, n° 33 : « La question sakalava », « la question Soazara » sous la rubrique « Le coin (...) », Journal Officiel de Madagascar(JOM), Archives de la République de Madagascar(ARM), Tsaralalana-Tanananarive, 1937.
- Monographie de district d’Analalava (1900-1965), Archives de la République de Madagascar, Tsaralalana-Tanananarive (Archives Coloniales).
- Archives Royales du XIXème siècle de Madagascar.
- Le PADESM et le MDRM, Journal Official de Madagascar(JOM) entre 1945-1958, ARM, Tsaralalana.
Webographie : www.google.fr
Brève histoire du fleuve sacré « La Loza» à Analalava
Le district d’Analalava se trouve dans la partie nord-ouest Madagascar, dans l’actuelle région Sofia. Il possède plusieurs fleuves.La Loza est le plus remarquable parmi eux. D’abord le mot « Loza » est un nom du roi sakalava, ancêtre des dynasties royales « Sakalava-Zafinifotsy » au temps d’Andriandahifotsy(1610-1685), roi fondateur des royaumes sakalava. Loza est son fils issu de son mariage avec sa sœur Andiambolamena. Les Sakalava à l’époque, interdisaient l’inceste, c'est-à-dire mariage entre les familles proches (frère et sœur). Mandoza, signifie pratique d’une relation charnelle avec un membre de famille proche ou lointain.Donc,Loza est le fruit de cette union interdite, mais aussi des malheurs qui frappent l'individu. Ce dernier était chassé de sa région Menabe et se réfugia à Androna,(Manditsara) vers 1642.Il avait des progénitures avec les femmes de cette région, qui forment les dynasties royales Sakalava-zafinifotsy. Le temps passa, en 1823, les armées de Radama Ier conquirent Mandritsara et ont mis cette région en protectorat merina. Alors,vers 1869, les Sakalava de l’Androna étaient en désaccords avec les Merina,se révoltèrent contre le gouvernement Hova à Marangibato (Mandritsara). Cela entraina la fuite des familles royales zafinifotsy vers l’ouest c'est-à-dire vers Analalava pour sauver leur vie. En arrivant à Ampandrakofa,sans issue, ils étaient coincés aux alentours du fleuve Loza, se forçaient de se jeter dans l’eau.Ils sont tous noyés et deviennent« tromba andrano », ou« ancêtres royaux suicidés dans l’eau ». Ils se jetèrent sur des différents endroits. Certaines familles non royales qui les accompagnent, ne se jettent pas dans l’eau; créèrent des petits villages au bord du fleuve Loza comme Ambendrana, Binetry, Andampy, Ajilo, Managnaziry,... etc. L’endroit où se trouvent leurs cadavres se transforme en « doany », lieu sacré. Depuis, ce moment-là (1869), le Fleuve La Loza devient sacré, dont les rituels et les coutumes sont appliquées en guise de respect des traditions. Aujourd’hui, tous les navires et les embarcations y passent doivent pratiquer les traditions locales, dont les voyageurs enlèvent leurs chapeaux, leurs foulards (pour les femmes), sans porter des gingembres, oignons, vêtement noirs, de ne pas parler en dialecte merina. Si on ne respecte pas ces tabous, des mésaventures tombent durant les voyages. Ces doany, deviennent des lieux de sacrifice, d’invocation, destsakafara (vœux) etc.
Quatre doany : se trouvent sur les rivages du fleuve Loza : le doany « Managnaziry » à une heure de voyage d’Antsohihy, puis DoanyMagnangy ou Doany de reine Ampelabe, sur le rive de petit village d’Andampy. En allant vers l’Ouest, le Doany-Be (ou doany de grand roi Bivôko) sur le grand tournant à 40 minutes avant d’arriver à Analalava par vedette.
Message à tous les passagers, respectez ces tabous si vous voulez voyager paisiblement, ce n’est pas une légende, mais une réalité quotidienne.
Vavanagnantambo : littéralement « fleuve des générations de l’inceste ». C’est un nom vernaculaire du fleuve Loza. N’oubliez- pas de jeter le volafotsy ou argent, en passant par ces doany.
Mandrosoa hasigny havako ô !
Notes et références
- « Collectivité malgache », GeoHive, 2000-2008 (consulté le )
- « Madagascar Administrative units » (version du 23 avril 2009 sur l'Internet Archive), GeoHive
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