District de Charcana

Charcana est un district situé dans la province de La Unión, dans la région d'Arequipa, au sud du Pérou. Deux étymologies sont possibles ; la première : du quechua « Chaccay » (altitude) ou « Characceana » (bruit des avalanchas) ; la deuxième : de l'aymara « Charccana »(lueur des névées).

District de Charcana
Géographie
Pays
Région
Province
Superficie
165,27 km2
Altitude
3 417 m
Coordonnées
15° 14′ 28″ S, 73° 04′ 47″ O
Démographie
Population
577 hab. ()
Densité
3,5 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut

Présentation

Situation géographique

À l'extrême nord-ouest de la province de la Union (la province la plus pauvre et isolée de la région d'Arequipa), Charcana est selon ses habitants le village le plus isolé du Pérou. À 3 417 mètres d'altitude le froid est vigoureux pendant la nuit ou lors de passages nuageux.
La vue est magnifique sur les monts enneigés de Solimana et de Firura. Les cultures sont en terrasses. De nombreuses petites cascades et des ruines pré-incas jalonnent les environs.

Saisons

La saison sèche (d'avril à octobre) est plus pratique pour venir se promener sur les chemins et visiter les sites mais la route est fragile. La saison des pluies offre cependant des paysages très beaux et colorés, ainsi qu'une profusion de fruits et légumes savoureux dans la vallée.

Trajet

Lima-Arequipa en avion 1h20) ou en bus (16h), puis Arequipa-Cotahuasi en bus (10h), et enfin Cotahuasi-Charcana (45 km) en combi (3h). Dans certains cas, il n'y a plus de piste et il faut compter 8h de cheval ou à pied !).

Coutumes

Ce village de 900 habitants est connu pour la préservation de ses coutumes et traditions. Cet orgueil est visible à travers leur création de chansons. Alors que beaucoup de jeunes partent en quête de modernité après l'école (jusqu'à 17 ans), les anciens restent et gardent les coutumes. Les enfants de moins de 15 ans peuplent ainsi le village et l'emplissent d'une joie innocente, épanouie dans ce cadre merveilleux.

Croyances

On honore la Pachamama (déesse-mère de la terre) en versant quelques gouttes sur le sol (en guise d'offrande) ou sur les vaches (pour les protéger) avant et après avoir bu de l'alcool.
À Ccaysampo, on fait toujours un " chapcho ", une offrande de feuilles de maïs et de graisse de lama, sur lesquelles on crache, puis qu'on laisse se consumer sur les braises. Dans les chambres pendent des protections (laine de lama, cœurs de coton, rosaires). On croit aussi beaucoup aux lutins colorés et aux fantômes des trépassés, même si on lit parfois " Dios es amor " ("Dieu est amour") sur les murs.
Le travail dans les champs leur est un gagne-pain rudimentaire mais authentique et amical. Ils portent tous ce tissu coloré, tissé à la main (comme beaucoup d'autres œuvres d'artisans). Ils sert à porter les bébés, l'eau, les herbes, les vêtements…

Loisirs

La traditionnelle partie de volley-ball commence vers 16h sur la place principale, rassemblant adultes et enfants. Des spectateurs viennent bavarder, assis sur les pierres des maisons. Des enfants jouent aux billes avec des graines noires, avec une concentration impressionnante. Certains jouent au football, d'autres à la toupie avec une sorte d'écorce. Quelques-uns s'entraînent à la fronde sur les colombes qui passent, jouent aux chatouilles ou encore promènent de vieilles roues de métal (jeu créé lorsqu'on sut que la route serait construite !).

Animaux

Ils font partie du quotidien pour leurs fonctions (chiens-gardiens, chats-attrappeurs de souris (et réchauffeurs de lit !), coqs-fécondeurs de poules, poulets et cochons d'Inde pour la viande, poules-pondeuses, chevaux, ânes et mules pour le transport, bœufs et ânes-laboureurs, vaches laitières (traites à la main) mais aussi pour le fromage et la viande, taureaux "bravos" vendus à Cotahuasi pour la viande, ou fécondeurs de vaches, ou pour les corridas, moutons pour la laine et la viande, lamas, alpagas et vigognes pour le transport, la laine et la viande.

Habitat

La maison est faite de briques faites main en les laissant sécher. Les cactus morts donnent un bois très dur qui sert à faire les porteset les lits (aussi en bambous). Les toits sont souvent en paille, avec des pierres dessus pour les maintenir. Les portes sont petites et les fenêtres rares, parce que chères et laissant passer le froid.
Toute la famille et les quelques travailleurs réguliers viennent s'asseoir sur les peaux de mouton jetées sur des pierres. Elle comporte une cour extérieure où sont les WC, les vêtements et les tranches de viande qui sèchent, ainsi que les chambres à l'étage.
L'électricité est attendue pour 2007 mais quelques batteries solaires sont déjà installées.

Revenu

Aujourd'hui, seuls quelques fruits, un peu de vin et de fromage peuvent apporter un revenu supplémentaire grâce à l'exportation. Sinon, pour surpasser l'autosurvivance, beaucoup d'espoir est mis dans le tourisme, étant donné le potentiel existant (sites, authenticité…).

Histoire

Les premiers habitants ont dû arriver vers -8000. Ensuite se succédèrent les invasions huaris, chancas et gentiles (qui ont initié les offrandes) ; puis les Aemaraes et les Umaccacha, habitant de chaque côté de la place, qui se sont affrontés pour avoir l'eau. La victoire des premiers explique l'orientation actuelle de la rivière.

Ensuite vinrent les Incas, qui ont donné les noms quechua aux sites touristiques. En voulant priver d'eau les charcaninos rebellés, ils les ont incités à faire des trous dans la réserve d'eau, ce qui est à l'origine des 5 sources.

Enfin, à partir du XVIe siècle, les espagnols envahirent le village. Le soldat Sebastian se rebella, fut capturé et percé de flèches. C'est ainsi qu'il est le protecteur légendaire de Charcana. Ils ont aussi envoyé beaucoup d'hommes aux mines d'or et d'argent près d'Ayacucho.

En 1834, un mouvement pour l'indépendance est actif au Cotahuasi et aussi à Charcana. En 1835 sont créés la province la Union et le district de Charcana.

L'organisation Sentier lumineux, dans les années 1990, ne passe pas loin dans la région mais évite Charcana.

Cotahuasi est déclaré réserve touristique en 1998. La Unión est proclamée Aire Naturelle Protégée par le décret du 18 mai 2005.

Centres d'intérêt

Église coloniales de Saint Sébastien,

Elle a été restaurée en 1932 mais elle est fermée la plupart du temps faute de prêtre ; celui-ci ne vient de Cotahuasi qu'une fois mandé pour les fêtes.

Ancien couvent

Il a été reconverti en commissariat.

Observations d'animaux

À la Union, il y a 211 espèces connues dont 2 que de la région, 18 protégées, et 19 menacées (Condors, aigles, perroquets, colombes, lamas, vigognes, couleuvres...)

Peintures rupestres d'Hancarama

Ce sont des peintures datant de -8000, située 3 700 mètres d'altitude et à 40 minutes à pied ou à cheval. Elles représentent les astres, la flore et la faune (scorpion, camélidés…), la fuite des anciens habitants face aux divisions. Ces dessins d'une peinture ineffaçable (malgré les tentatives avec de l'eau dont subsistent des traces) sont répartis en trois endroits d'un même roc immense, toujours plus perfectionnés quand on remonte le roc (on reconnaît ainsi des lamas, un éléphant, un dinosaure).

Arc de pierre de ccaysampo

Plus loin sur le chemin de Huancarama, à 4 000 mètres d'altitude et trois heures de cheval ou à pied, se dresse une impressionnante formation géologique. Ce pont naturel offre un point de vue spectaculaire sur le canyon et la vallée, traversés par le fleuve Cotahuasi. Les roches déchirées parsèment le sommet comme une forêt silencieuse.

Momies et pont de Pucunsali

A une demi-heure de Charcana trônent d'énormes blocs volcaniques au milieu d'une vallée. Dans des recoins existent de vieux squelettes, conservés par le froid. Ils paraissent pétrifiés de terreur (un volcan, un incendie…?) ; une femme serre son bébé sur elle, un homme crispe sa main dans l'air. Il y a des restes de dents, d'ongles, de vêtement, de peau.

Moulin de pierre

À 1h et demi, ce moulin, le plus vieux qu'on connaisse dans la région, était très utilisé avant qu'il n'y ait de métal. Brûlé il y a peu, il fonctionne toujours grâce à l'eau faisant tourner ses hélices de bois pour actionner une grosse meule de pierre qui mout le blé.

Forêt de Chanchauro

A 3 800 mètres d'altitude, on y déshydrate des patates pour en faire du chuno, mieux conservable. Les arbres forment un feu d'artifice de couleurs jaune (fleur de Chanchauro), violette (fleur de Tuna) et rouge (fleurs de Cantuta, dont on peut sucer le nectar en chemin). Certaines fleurs fatales attirent ; les belles ont des épines et les apétissantes Chochoka sont une drogue très nocive qu'absorbent pour leur malheur maints animaux !
Les arbres de Chanchauro, une fois morts, servent à faire du combustible pour la cuisine au feu de bois (lena) ; on les coupe à la machette et les ramène à dos d'âne.

Vallée de Chuasakay

(avec plus loin Plazuela, Allancay, Velinga, Qechuaya : à quatre heures à pied pour descendre, un peu plus pour monter à pied ou à cheval).

À l'origine, l'endroit était habité par l'ethnie des Chilpacas. On peut descendre jusqu'au fleuve Cotahuasi pour pêcher les truites avec un filet rond qu'on lance, lesté de poids (plus facile en saison des pluies, quand les eaux sont troubles et que les truites voient peu). Le climat est chaud et propice à la culture de fruits (mangue, orange, figue, …) et de vignes, avec son fameux vin naturel le "caballo viejo". Un peu plus loin s'élève une forêt de cactus géants (dont les "uma uma").

Les familles charcaninas possèdent souvent leur maison en cet endroit pour y travailler l'été (bien qu'en hiver, il faille aussi irriguer, couper les cordes reliant les vignes aux tutelles, replanter…).

Ruines d'Umaccacha

Littéralement "tête coupée", c'est un ancien site militaire où on trouve des collections de crânes ennemis.

Canyon de Sipia

Avec sa chute de 200 mètres, ce canyon le plus profond au monde est plus impressionnant en été. C'est le dernier site touristique avant de sortir du district de Charcana.

Mais il y a aussi à voir : le lac de Ojoya, le vieux village de Ccoyhua, la vallée de Trapira (un peu comme Chusakay), le mirador de Molle, Orcco, Huaccllaypata, ruines de Pucara, Qivio, Maucallacta, Aypallpa (Inca) et Concha, la forteresse d'Aemaraes.

Fêtes

On utilise la fougère pour décorer les chapeaux, on boit, on mange et on exécute des danses traditionnelles (Hualilla, Sumili) avec les vêtements adaptés (ponchos, chapeaux, illias, robes jaunes, rubans et écharpes …) sur les musiques Huayno ou du " Trio de Charcana ". Les principaux instruments sont les guitares, le charango (citharre), des cajones (sorte de caisse creuse servant de percussion), des tambours et des arbres décorés qu'on frappe sur le sol.

Saint Sébastien

Fête patronale du 20 janvier. De nombreux groupes de danse et de musique traditionnelle se déplacent à l'occasion, un chemin de fleurs est semé pour la procession religieuse et une messe a lieu. Des touristes viennent de tous pays pour y assister (États-Unis…).

Le Nettoyage des eaux

Le 30 juillet, en honneur de la Pachamama et de l'eau, cette tradition vient des Incas et d'un respect immémoriel envers la nature (dont témoignent de nombreux contes). Ainsi on nettoie les canaux et torrents, les étangs et les canalisations dans tout le district. Les travailleurs sont répartis par secteurs comprenant un chef, un propre groupe de musiciens et danseurs traditionnels les accompagne. Les villageoises cuisinent et les charcaninos donnent de l'argent. Il y a un grand repas à Aropuna, à côté de la plantation d'eucalyptus, où on regarde les défilés patriotiques des élèves et les rencontres sportives. À la fin, les travailleurs défilent dans le village et nomment les prochains chefs.

Fête d'Alca

Elle a lieu le 15 août, avec corridas, boissons, danses, musiques…

Virgen de la bandeleria

Elle se tient le 3 février. On célèbre les traditionnelles activités agricoles et viticoles, le pastorage. Des habitants d'autres villages viennent pour partager les danses, la musique des chanteurs de Charcana et le repas servi sur la place principale.

Fête du printemps

Elle a lieu le 3 septembre à Chuquibamba : il y a des rencontres sportives, des jeux, de la cuisine, et enfin l'élection du roi de la jeunesse et du printemps.

Corridas du 8 octobre

Certains disent qu'ici, on ne tue pas les taureaux comme à Lima. En plus que ce soit faux, il existe dans quelques villages reculés une tradition officiellement interdite consistant à tuer le taureau en réussissant à mettre un bâton de dynamite au bon moment sous l'animal !

Fête de la huahua

Elle est en novembre (huahua signifie "bébé" en qechua) à cause des nombreuses naissances ce mois là (du fait de la fête du carnaval 9 mois avant !). Les filles célibataires portent des pains en forme de bébé.

Concours de graines

Les élèves doivent ramener en un après-midi le plus de graines différentes.

Concours de sciences

Les élèves doivent proposer une expérience scientifique (les gagnants ont par exemple inventé une pommade à partir d'une herbe curative).

Baptême des vaches

À l'aide d'un fer chauffé au rouge, on perce les oreilles des veaux et on marque les vaches. La fumée se répand en même temps que le rythme lancinant d'un tambour. Cinq hommes attrapent chaque vache au lasso, lui attachent les pattes pour la faire tomber, lui bourrent la gueule de feuilles de coca (dont ils se servent au passage, tout comme les spectateurs) et l'aspergent de vin ou de liqueur (pour la protéger au nom de la Pachamama). L'alcool circule pendant tout le processus. Les enfants essaient d'imiter, on crie pour savoir comment va s'appeler la prochaine vache… C'est un univers complètement décalé, fascinant.

Festival de la qiwicha

Il a lieu à Cotahuasi. On voit tous les produits possibles et imaginables faits à partir de la qiwicha, céréale d'altitude promise à un bel avenir exportateur (très riche en énergie).

Rencontres sportives

Elles ont lieu entre villages en pratiquant du football (à Pucunsali) ou du volley du 9 au 20 août.

Anniversaires

On célèbre particulièrement celui des 15 ans de la fille et des 18 ans du garçon.

Gastronomie

Repas

On mange dans une cuisine séparée, noircie par la fumée du feu de bois et traversée par nombre d'animaux (cochons d'Inde, poules…). On dit "gracias" après avoir mangé et "salud" avant de boire. Les quantités sont importantes, car destinées aux travailleurs. Il n'y a pas de dessert après de telles platées (à part la gélatine naturelle). L'alimentation saine et naturelle leur permet de se soigner et de vivre plus longtemps que leurs compatriotes (80, 90 voire 100 ans).

On mange ainsi beaucoup de pommes de terre (dont la "oca" sucrée) avec de la viande, frites ou en soupe. Le chuno, pensé par les incas, est une pomme de terre déshydratée qu'on peut ainsi conserver plus longtemps ; il s'utilise dans les soupes ou avec du fromage local (fameux !). De même, les céréales (qu'on voit partout sécher au soleil) s'utilisent surtout dans les soupes (comme la typique soupe "popata" (fromage, habas, pomme de terre, lait) ; les maïs blanc, rouge, brun (surtout pour les boissons) sont dits bons contre le cholestérol. Ils peuvent se manger grillés (seul ou avec du fromage), bouillis (au cours d'une promenade), ou moulu pour en faire une délicieuse soupe au fromage. Il y a aussi le blé, la qinua, la qiwicha, les habas grillés (goût d'amande, mais très dur à croquer!).

On sert beaucoup de viandes (vache, mouton, bœuf) dans les soupes ou avec un féculent. On mange le cochon d'Inde entier, et, à l'occasion, une truite frite au petit déjeuner.

Le piment, écrasé à la pierre, est servi avec les soupes, les plats, le pain (quand il y en a).

Si les fruits et légumes sont rares pendant la saison sèche, on en récolte beaucoup en été ; la sapayo (sorte de citrouille) qu'on mange en soupe, l'échalote (mangée crue dans des salades de betteraves), la carabassa, sorte de courge énorme qu'on fait chauffer sans l'ouvrir dont on retire la chair brûlante pour la manger avec du lait et du sucre au petit déjeuner. Les fruits, variés et savoureux, se mangent entre les repas : oranges, pommes, figues, chirimoyas (fruits verts à chair fine et laiteuse), lucumas (petit fruit rond et orange au goût fort)

Boissons alcoolisées

Après le travail et pendant les fêtes et événements, l'alcool se partage avec les amis et sert de prétexte à inviter les étrangers, les gens. Pour cela il doit se boire avec des verres.

La chicha de maïs blanc est la boisson principale et se boit continuellement pendant le travail, pendant la pause. Elle est plus ou moins macérée selon qui la prépare.

L'alcool d'anis ou de canne est aussi bu dans les champs mais est autrement plus fort !

Le vin de Chusakay « caballo viejo », se sert surtout lorsqu'on invite et après le travail.

La « diana » se sert pour les anniversaires (lait, coco, et mani).

Boissons sans alcool

La « cebada », orge grillée au goût de café, se boit chaude le matin ou froide plus tard.
Une boisson de coquilles d'œufs moulues avec de l'eau, du citron et du maïs (pour renforcer les os).

La « chicha morada » est un rafraîchissement à base de maïs noir.

La « mazamorra morada » est une épaisse boisson chaude de maïs noir avec du lait, de la cannelle, des clous de girofle et de l'orange.

L' « avena » se prend le matin : de l'avoine cuite dans du lait chaud, du sucre et des pommes.

Tisanes

La plupart des plantes sont curatives :

  • Herbe amère et « mouna » pour l'estomac
  • Eucalyptus contre la grippe
  • Cèdre contre la toux
  • « Alta misa » pour le ventre
  • Les feuilles de « coca » pour ses vertus stimulantes.

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