Domaine de Fountain
Le Domaine de Fountain est une ancienne plantation située près de Basseterre à Saint-Christophe-et-Niévès. Il se situe dans les collines au-delà de Basseterre, à environ 250 mètres d'altitude et plus au nord de la rivière Fountain, dans ce qui était la partie française de la ville.
Domaine de Fountain | |
Géographie | |
---|---|
Pays | Saint-Christophe-et-Niévès |
Commune | Basseterre |
Historique
Famille de Poincy
Il appartenait à l'origine à Pierre Belain d'Esnambuc qui l’a probablement développée en tant que plantation de tabac. Après sa mort, il fut acheté par Philippe de Longvilliers de Poincy. Le gouverneur, qui était chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, arriva à Saint-Christophe) le . Il amena avec lui un certain nombre d'artisans et d'ouvriers qualifiés qu'il utilisa à bon escient à Basseterre mais aussi sur son domaine où il construisit une résidence à l'image des auberges construites par les Chevaliers à Malte. Il possédait également une bibliothèque comprenant des livres sur les fortifications.
Le domaine de De Poincy était une forteresse. Des documents récemment découverts à ce sujet dans les archives du Vatican montrent qu’il était entouré de fortifications, d’un fossé et d’une entrée à contreforts avec des emplacements pour armes à feu. Il possédait des écuries, des réserves de fourrage, une chapelle, un cabinet de chirurgien, une pharmacie, une cuisine, un réfectoire et des ateliers, ainsi que des citernes à eau. La maison avait quatre étages et son toit était une plate-forme d'observation. Les terrains étaient aménagés comme ceux d'une villa italienne. De Poincy a été le premier sur l'île à introduire la production de sucre mais, bien que l'approvisionnement en eau se soit révélé problématique au début, ses esclaves, au nombre de 300, ont été en mesure de trouver des solutions et le gouverneur a rapidement eu des moulins dans ses domaines.
De Poincy mourut en 1660. Un compte-rendu de la succession fut envoyé au Grand Maître de l'Ordre à Malte. Ayant des dettes, certains membres du Conseil de l'Ordre ont estimé que les colonies, comprenant les parties françaises de Saint-Christophe) et de Saint-Martin, ainsi que les îles de Sainte-Croix et de Saint-Barthélemy, devaient être vendues pour plusieurs raisons. D'une part, la distance qui les sépare du siège du gouvernement à La Valette et, d'autre part, le fait que les neveux de De Poincy revendiquent leur droit aux colonies rendent la vente encore plus attrayante. Cependant, De Poincy avait laissé de l’argent en France pour permettre à l’Ordre de rester en possession des colonies et d’autres rapports favorables de Charles De Sales (le successeur de De Poincy) ont mis la vente en suspens. Cependant, en 1665, Jean-Baptiste Colbert, Contrôleur général des finances du roi Louis XIV commença à revendiquer avec vigueur la propriété des colonies. Comme l’Ordre espérait obtenir l’aide du roi de France sur d’autres sujets, il avait été convenu que les îles seraient vendues à la France pour 500 000 livres. Le 1er octobre 1665, l'Ordre vendit les colonies à la Compagnie française des Indes occidentales et les paiements s'étalèrent entre 1668 et 1672. En 1690, le château de De Poincy fut gravement endommagé par un tremblement de terre.
Famille Stapleton
À la suite du traité d'Utrecht, la Grande-Bretagne obtint Saint-Christophe et certaines des terres furent attribuées à des personnes ayant servi pendant la guerre, des favoris des commandants ou du gouverneur de l'île ou à des protestants français ayant juré allégeance à la Couronne britannique. Les terres françaises de Saint-Christophe) étaient considérées comme faisant partie du patrimoine royal et, à ce titre, représentaient la propriété du monarque qui pouvait en disposer à sa guise. Mais il fallut un certain temps pour régler la question de la propriété.
En 1712, le colonel William McDowell assura la succession du domaine en faveur du général Walter Hamilton, qui fut nommé gouverneur des Îles Sous-le-Vent pour la deuxième fois en 1715. Entre-temps, il épousa Frances Stapleton qui l'accompagna lui dans les Caraïbes et il mourut en 1722. En 1726, une commission composée de trois hommes fut autorisée à vendre les terres françaises au plus offrant dans des parcelles n'excédant pas 200 acres. Comme elle possédait plus de 200 hectares de terres en une seule plantation, Lady Stapleton devait en céder une partie. John Harries en acheta quatre-vingt-sept acres et le reste fut confié à Gilbert Fleming, l'un des commissaires qui le vendit en 1732 à Augustus Boyd, arrivé à Saint-Christophe dans le but de faire fortune. Bien qu'assez réussi, il découvrit qu'il pourrait gagner beaucoup plus d'argent à Londres en expédiant des fournitures pour les plantations. En 1748, avec d'autres associés à Londres, il acquit l'Île de Bunce, au large des côtes de la Sierra Leone, et commença à fournir des travailleurs esclaves aux colonies d'Amérique du Nord.
Les entreprises de Boyd ont porté leurs fruits et au milieu du siècle, son fils John occupait le poste de directeur de la Compagnie britannique des Indes orientales et était en mesure d'acheter 200 acres ainsi que la propriété où il devait construire sa maison (Maison Danson). Le registre des esclaves de 1817 montre que les Boyd avaient le droit de propriété de 438 travailleurs réduits en esclavage sur leurs deux domaines à Saint-Christophe. À la veille de l'abolition de l'esclavage, le domaine était la propriété de George Boyd, deuxième petit-fils d'Augustus.
Famille Berkeley
En 1860, le domaine passa aux mains de la famille Berkeley. La propriété est restée dans la famille jusqu'au milieu du XXe siècle. La maison qui fut construite sur les fondations de la forteresse de De Poincy est passée entre les mains de J. Pereira, le gérant du domaine, quelque temps après 1964 et reste aujourd'hui encore entre les mains de ses héritiers[1].
Notes et références
- Portail des espaces verts
- Portail de Saint-Christophe-et-Niévès