Dora Richter
Dora « Dorchen » Richter (1891-1933) a été la première personne connue à subir une opération de réattribution sexuelle masculin-féminin complète[1]. Elle a été l'une des nombreuses personnes transgenres confiées aux soins de Magnus Hirschfeld, un pionnier de la sexologie, à l'Institut de sexologie de Berlin dans les années 1920 et au début des années 1930. Elle a subi une orchiectomie en 1922, suivie en 1931 d'une pénectomie et d'une vaginoplastie[2]. Elle serait morte dans une attaque nazie contre l'Institut.
Biographie
Richter est née dans une famille d'agriculteurs pauvres[3] en 1891. Elle a grandi en tant que garçon. Tôt dans l'enfance, Richter affiche une « tendance à agir et à se comporter de manière féminine[1] ». À l'âge de 6 ans, elle a apparemment tenté de s'ôter le pénis avec un garrot[1],[4]. Utilisant le prénom Dora, elle a commencé à porter des vêtements féminins et à se présenter comme une femme, travaillant sous son nom de naissance comme serveuse dans des hôtels de Berlin pendant la saison estivale, et vivant en femme le reste de l'année. Elle a été arrêtée de temps en temps pour travestissement, purgeant une peine de prison avant d'être libérée par un juge et confiée aux soins de Hirschfeld[5].
Portant des vêtements féminins par autorisation spéciale de la police, Richter a travaillé, avec d'autres personnes transgenres, comme domestique à l'Institut de recherche sexuelle[1],[6] (l'un des rares endroits où une personne trans pouvait être employée), où elle était affectueusement connue sous le nom de Dora, et Dorchen (Petite Dora) pour Hirschfeld[1]. En 1922[1],[7],[8], elle a subi une orchidectomie. Le Dr Felix Abraham (de), un psychiatre travaillant à l'institut, a publié une étude de cas sur la transition de Richter, dans laquelle il indique : « Sa castration a eu pour effet — bien que peu étendu — de rendre son corps plus plein, de restreindre la croissance de sa barbe, de rendre visibles les premiers signes du développement des seins et donner aux tissus adipeux pelviens (...) une forme plus féminine[1] ».
Au début de 1931, Richter a subi une pénectomie pratiquée par le médecin de l'institut, le Dr Ludwig Levy-Lenz (de), et en juin de la même année, un vagin artificiel lui a été greffé chirurgicalement par le chirurgien berlinois Erwin Gohrbandt (de)[4],[1],[7], faisant d'elle la première femme transgenre dont on garde la trace à avoir subi une vaginoplastie.
En mai 1933, sous l'influence croissante du nazisme en Allemagne (Hirschfeld avait fui le pays), une foule d'étudiants attaqua l'institut, et les autorités de l'État brûlèrent alors ses archives. On n'a pas connaissance que Richter ait survécu à cette attaque[5].
Hirschfeld a publié dans ses travaux Geschlechtskunde (« Études de sexe/genre »), des éléments concernant le processus de transition de Dora Richter[1].
Notes et références
- Harald Rimmele, « Rudolph R./Dorchen », sur www.hirschfeld.in-berlin.de (consulté le )
- (en) E. Mancini, Magnus Hirschfeld and the Quest for Sexual Freedom: A History of the First International Sexual Freedom Movement, Springer, (ISBN 978-0-230-11439-5, lire en ligne)
- Edward Ball, Peninsula of Lies: A True Story of Mysterious Birth and Taboo Love, Simon and Schuster, , 89 p. (ISBN 9781451603712)
- « Trans Media Watch », sur www.transmediawatch.org (consulté le )
- « Dorchen's Day », sur Providentia (consulté le )
- (en-US) Margaret Talbot, « The Trump Administration’s Plan to Redefine Gender Recalls an Earlier Rejection of Science », sur The New Yorker (consulté le )
- (en) Sherry Nolk, « Milestones in human transplantation surgery », partie "Gender reassignment", sur CBC News (Canada), (consulté le )
- (en) Lydia Smith et Laura Davis, « 100 years of transgender rights », sur International Business Times UK, (consulté le )
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