Dorothy Wrinch

Dorothy Wrinch de son nom complet Dorothy Maud Wrinch () est une mathématicienne et théoricienne en biochimie britannique connue pour l’interprétation, aujourd'hui désuète, des structures de protéines, fondée sur des principes mathématiques.

Dorothy Wrinch
Dorothy Wrinch en 1921
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Dorothy Maud Wrinch
Nom de naissance
Dorothy Maud Wrinch
Pseudonyme
Jean Ayling
Nationalité
Formation
Girton College (-)
Surbiton High School (en) (jusqu'en )
Activités
Conjoints
John William Nicholson (de à )
Otto C. Glaser (en) (de à )
Autres informations
A travaillé pour
Distinction
Archives conservées par
Smith College Archives (en)

Biographie

Dorothy Wrinch nait à Rosario[1] en Argentine en 1894, elle est la fille d'Hugh Edward Hart Wrinch, ingénieur, et d'Ada Souter. La famille retourne en Angleterre et Dorothy grandit à Surbiton, près de Londres. Elle effectue sa scolarité à Surbiton High School et entre en 1913 au Girton College[1], à l'université de Cambridge, pour étudier les mathématiques. Elle est diplômée en 1916 comme wrangler[1]. Elle reste une quatrième année en sciences morales pour étudier la logique symbolique avec Bertrand Russell[2]. Quand Russell est emprisonné pour ses activités anti-guerres, Wrinch lui sert d'assistantes de recherche bénévole et de secrétaire personnel. Plus tard quand Russell part en Chine il lui laisse la tâche d'arranger la publication du Tractatus de Wittgenstein en Angleterre.

La carrière de Wrinch est divisée en deux périodes. Entre 1918 et 1932, elle publie vingt articles sur des sujets de mathématiques pures ou appliquées et 16 articles sur la méthodologie scientifique et sur la philosophie des sciences. Russell exerce alors une influence prépondérante sur ses idées[2]. Elle écrit également un certain nombre d'articles sur la méthode scientifique avec Harold Jeffreys ; cela forme la base de son livre de 1931 Scientific Inference. Dans la nécrologie de Nature, Jeffreys écrit : « Je voudrais faire part de ma satisfaction sur la contribution substantielle qu'elle a apportée à notre travail commun, ce qui est la base de tout mon travail postérieur sur l'inférence scientifique[3]. »

En 1932 Wrinch est un des fondateurs du Biotheoretical Gathering un groupe interdisciplinaire que cherche à expliquer la vie en découvrant comment fonctionnent les protéines. Joseph Needham, C. H. Waddington, J. D. Bernal et Dorothy Crowfoot Hodgkin appartiennent aussi à ce groupe. À partir de ce moment peut être considérée comme une théoricienne de la biologie. Elle développe un modèle de la structure des protéines qu'elle appelle structure « cyclol. » Le modèle crée de nombreuses controverses et est attaqué par le chimiste Linus Pauling. Dans ce débat, le manque de formation de Wrinch en chimie est une faiblesse pour elle. En 1939, des preuves que son modèle est faux mais Wrinch continue à travailler dessus. Cependant, des expériences menées par Irving Langmuir en collaboration avec Wrinch pour valider sa théorie ont catalysé le principe d'effet hydrophobique comme la force principale de repliement de protéine[4].

Wrinch est une chercheuse productive qui accumule les distinctions universitaires, par exemple, elle est en 1929 la première femme à recevoir un Oxford DSc. Cependant sa position professionnelle n'est jamais sûre. En 1918, elle est nommée enseignante en mathématiques à l'University College London mais deux ans après elle retourne à Girton en tant que chercheuse. En 1922, elle se marie avec le physicien mathématicien John William Nicholson[1]. Nicholson est membre du Balliol College, et Wrinch vient vivre à Oxford et pendant les 16 années suivantes se succèdent pour elle des emplois temporaires. Le couple a un enfant, Pamela, née en 1927. Le livre de Wrinch sur la parentalité, dédicacé à Russell, était un projet sociologique plutôt que d'un manuel pour élever les enfants. La santé mentale de Nicholson se détériore à la fin des années 1920 et, en 1930, il est déclaré malade mentalement et interné. En 1937, Wrinch obtient le divorce[1].

En 1939, Wrinch et sa fille Pamela déménagent aux États-Unis. En 1941, elle se marie avec Otto Charles Glaser[1], directeur du département de biologie et vice-président de l'Amherst College. Il lui trouve une chaire de professeur invité dans trois universités du Massachusetts, Amherst College[1], Smith College et Mount Holyoke College[1]. De 1942 jusqu'à sa retraite en 1971, Wrinch a des postes de chercheuses au Smith College. Sa fille unique meurt dans un incendie en décembre 1975[1].

La biologiste Crowfoot-Hodgkin écrit dans la nécrologie de Wrinch qu'elle était « une personnalité brillante et controversée qui a pris part aux débuts de la recherche en biologie moléculaire. » D'un point de vue plus personnel, elle ajoute « J'aime me souvenir d'elle la première fois que je l'ai rencontrée : gaie, enthousiaste et aventureuse, courageuse face à bien des malheurs et très gentille[3]. »

Publications

(publications non exhaustive de Dorothy Wrinch)

  • (en) Dorothy Wrinch et Jeffreys Harold, « On Some Aspects of the Theory of Probability », Philosophical Magazine, no 38, , p. 715-731
  • (en) Dorothy Wrinch, The Retreat from Parenthood, Londres, K. Paul, Trench, Trübner, , sous le pseudonyme de Jean Ayling
  • (en) Dorothy Wrinch, Fourier transforms and structure factors, American Society for X-Ray and Electron Diffraction,
  • (en) Dorothy Wrinch, Chemical aspects of polypeptide chain structures and the cyclol theory,
  • (en) « Liste de publications philosophies de Wrinch », sur http://macserver.ius.indiana.edu
  • (en)Selected papers of Dorothy Wrinch, from the Sophia Smith Collection in Structures of Matter and Patterns in Science, inspired by the work and life of Dorothy Wrinch, 1894-1976, The Proceedings of a Symposium held at Smith College, Northampton, Massachusetts September 28–30, 1977, Schenkman Publishing Company, 1980.

Notes et références

  1. D'après « Dorothy Wrinch, Biochemist, Dies », New York Times, , p. 67 (lire en ligne).
  2. Marjorie Senechal, I died for beauty : Dorothy Wrinch and the cultures of science, Oxford, Oxford University Press, USA, , 272 p. (ISBN 978-0-19-973259-3 et 0-19-973259-0, OCLC 785874210, lire en ligne)
  3. Cf. Dorothy Crowfoot-Hodgkin et Harold Jeffreys, « Dorothy Wrinch », Nature, no 260, , p. 564 (DOI 10.1038/260564a0).
  4. Tanford C, Protein Sci 1997 1358

Annexes

Bibliographie

  • (en) D. Crowfoot Hodgkin et H. Jeffreys, « Obituary », Nature, no 260, , p. 564
  • (en) P. G. Abir-Am, « Synergy or Clash: Disciplinary and Marital Strategies in the Career of Mathematical Biologist Dorothy Wrinch », Uneasy Careers and Intimate Lives, Women in Science 1789-1979, New Brunswick NJ, P. G. Abir-Am & D. Outram, Rutgers University Press, , p. 239-280
  • (en) Mary R. S. Creese, « Wrinch, Dorothy Maud (1894-1976) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press,
  • (en) Charles W. Carey, Jr., « Wrinch, Dorothy Maud », American National Biography Online,
  • (en) John Jones, « Nicholson, John William (1881-1955) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press,
  • (en) David Howie, Interpreting Probability : Controversies and Developments in the Early Twentieth Century, New York, Cambridge University Press, (Le chapitre 4 décrit la collaboration entre Wrinch et Jeffreys.)
  • (en) Marjorie Senechal, « A Prophet without Honor: Dorothy Wrinch, Scientist, 1894-1976 », Smith Alumnae Quarterly, vol. 68, , p. 18-23
  • Marjorie Senechal, I Died For Beauty : Dorothy Wrinch and the Cultures of Science, Oxford University Press, .
  • (en) Charles Tanford et Jacqueline Reynolds, Nature's Robots : A History of Proteins, Oxford, Oxford University Press, (Les chapitres 10 et 12 parlent de la théorie cyclol de Wrinch.)
  • (en) Patrick Coffey, Cathedrals of science : the personalities and rivalries that made modern chemistry, New York, Oxford University Press, , 379 p. (ISBN 978-0-19-532134-0) (le prologue, le chapitre 9 et l'épilogue parlent de Wrinch.)

Liens externes

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