Duché de Brabant
Le duché de Brabant est un État féodal issu du démembrement de la Basse-Lotharingie en et intégré au Saint-Empire romain germanique. Il fut partagé de fait en 1581 et en droit en 1648 : le nord devint une des entités des Provinces-Unies et le sud resta dans le Saint-Empire jusqu'en , où il fut divisé en deux départements français.
Pour les articles homonymes, voir Brabant.
(wa) Dutcheye do Braibant
(li) Hertogdom Braobant
(pcd) Dutchè Brabant
(nl) Hertogdom Brabant
Statut | Successivement landgraviat de la Lotharingie, duché du Saint-Empire romain germanique jusqu'en 1795, faisant partie du cercle de Bourgogne et des Pays-Bas espagnols, puis autrichiens. |
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Capitale | Cuve de Bruxelles |
Langue(s) | Brabançon, flamand oriental, français, hollandais, limbourgeois, néerlandais, picard, wallon. |
Religion | Catholicisme, une minorité protestante |
Gentilé | Brabançon(ne) |
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1190 | Diète de Schwäbisch Hall : l'autorité du duc de Basse-Lotharingie est limitée à ses fiefs. On peut parler de duc de Brabant. |
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1430 | Le Brabant passe à la maison de Bourgogne. |
1789 | Révolution brabançonne, États belgiques unis. Défaite des troupes impériales. |
1792 | Invasion par les troupes révolutionnaires françaises. |
1793 | Retour des troupes impériales. |
1794 | Retour des troupes françaises. |
1795 | Création des départements de la Dyle et des Deux-Nèthes, fin définitive du duché. |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Selon les époques, il a couvert l'actuelle province néerlandaise de Brabant-Septentrional, les provinces belges d'Anvers, du Brabant wallon et du Brabant flamand. Il contenait alors les villes de Berg-op-Zoom, Anvers, Louvain, Malines, Ninove, Grammont, Vilvorde, Tirlemont, Grimbergen, Nivelles, Gembloux, Sombreffe, Jodoigne, Turnhout et Bruxelles. Bruxelles en devint la capitale au XVe siècle.
Histoire
Fondation du duché de Brabant
Articles détaillés : La fin du duché de Basse-Lotharingie, Premiers dynastes ayant régné sur le futur duché de Brabant
XIe siècle
Vers , les comtes de Louvain fusionnent les comtés de Louvain et de Bruxelles[1]. Ceux-ci sont également nommés landgraves de Brabant.
XIIe siècle
En 1106, Godefroid Ier, landgrave de Brabant est nommé duc de Basse-Lotharingie — sous le nom de Godefroid V — par Henri V et reçoit le marquisat d'Anvers.
Frédéric Barberousse fusionne les comtés de Louvain et Bruxelles avec le Landgraviat de Brabant et l'élève en duché en en faveur de Henri Ier de Brabant, premier duc de Brabant.
Article détaillé : Liste des ducs et duchesses de Brabant.
Henri Ier de Brabant fonde Bois-le-Duc en .
Le , à la diète de Schwäbisch Hall, le duc de Basse-Lotharingie perd son autorité territoriale en dehors des terres des comtes de Louvain. En même temps, Henri Ier de Brabant reçoit le pouvoir ducal dans ses propres territoires et le titre honorifique de duc de Lothier. Il s'ensuivit un conflit ouvert avec les comtes du Hainaut et de Namur (devenu marquis du Saint-Empire en ), connu sous le nom de guerres de Lembeek dans lequel chacun essayait de reprendre des territoires à l'autre. Un traité de paix fut finalement signé en , fixant définitivement les frontières entre le Brabant et le Hainaut.
XIIIe siècle : un état fort et moderne
En 1262, Adélaïde de Bourgogne, veuve d'Henri III de Brabant, fonde le prieuré de Val Duchesse qui s'étendra sur plus de 12 hectares[2].
Le premier château de Gaesbeek est construit en pour protéger le duché et Bruxelles contre les velléités des comtés de Hainaut et de Flandre.
Marie de Brabant (1254-1321), fille d'Adélaïde et d'Henri III, épouse Philippe III le Hardi (1245-1285), roi de France, en .
Les chartes
Les ducs Henri II de Brabant et Henri III de Brabant conçurent leur testament comme des outils politiques destinés à assurer la continuité du pouvoir et la stabilité du duché et accorder droits et privilèges à leurs administrés[3]. Ainsi, Henri II, quelques jours avant sa mort, fixe quelques principes pour la gestion future du duché, en concertation avec son fils, héritier, et après discussion avec ses vassaux et les représentants de l'Église : modérer les dépenses, ne pas lever d'impôt sans le consentement des sujets, abolition de la mainmorte. C'est la charte du . Henri III, à son tour, soulage la population de « la taille, exactions et précaires » — sauf en certaines circonstances, énumérées — dans une charte testamentaire du . En 1312, Jean II poursuivra sur cette lignée avec la charte de Cortenbergh (voir ci-dessous).
À partir de 1215, se développe une nouvelle entité, la cuve de Bruxelles ((nl) Kuype van Brussel). Elle se compose de l'ensemble des territoires où s’appliquent les mêmes privilèges que ceux accordés à la Ville de Bruxelles intra muros. C'est un espace qui acquiert une certaine autonomie à l'égard du pouvoir ducal et qui, partant, forme progressivement une unité socio-économique susceptible de se développer distinctement et qui préfigure l'espace socio-économique actuel autour de la région de Bruxelles-Capitale.
Henri II fut enterré avec sa deuxième épouse Sophie de Thuringe au chœur de l'église de l'abbaye de Villers-la-Ville ; Henri III et Adélaïde de Bourgogne furent inhumés au chœur de l'église Notre-Dame des Dominicains (nl) de Louvain, alors en construction[4].
Vie culturelle
Henri III cultivait la poésie française et serait l'auteur de quelques chansons[5].
Le roman d'aventures en vers Sone de Nansay, qui aurait été rédigé vers 1275 à l'instigation[6] d'Adélaïde de Bourgogne, fait des allusions à des situations réelles et des personnages qui vivent à la cour de Brabant. Il sert à l'éducation du second fils d'Adélaïde, Jean Ier.
Intégration du duché de Limbourg
Le duché s'étend vers l'est, et, après sa victoire à Worringen en 1288, formera avec le duché de Limbourg une alliance qui durera près de cinq siècles — les ducs de Brabant portent désormais également le titre de duc de Limbourg.
Devenu riche et puissant, le duché de Brabant peut aussi s'affranchir du Saint-Empire romain, sans pour autant quitter son allégeance à celui-ci. Économiquement, le duché va jouer un jeu égal avec son voisin, le comté de Flandre.
XIVe siècle
Une constitution
En 1312, dans l'esprit des chartes testamentaires de 1248 et 1261 de ses prédécesseurs (voir ci-dessus), le duc Jean II de Brabant donne une constitution au duché en signant la Charte de Cortenbergh qui constitue un des premiers actes de constitution d'un État de droit moderne. Elle prévoit en particulier la constitution du Conseil souverain de Brabant. Sa portée fut confirmée et étendue par la charte dite la Joyeuse entrée de 1356.
Guerre de succession
Après la mort de ses fils, le Duc Jean III de Brabant se retrouva sans héritier mâle. Pour limiter le risque de conflit entre ses trois filles et gendres après son décès, il désigna pour lui succéder l’ainée de ses filles, Jeanne de Brabant, qui avait épousé Wenceslas de Luxembourg. Il fit promettre aux époux ainsi qu'aux villes du duché d’en maintenir l’intégrité territoriale, avant de mourir le [7].
En dépit de ces dispositions, le seigneur du comté de Flandre voisin, Louis II de Flandre, dit Louis de Male, époux de Marguerite (la sœur cadette de Jeanne), réclama le démembrement du duché et une partie de celui-ci en compensation du fait que, selon lui, lors de son mariage avec Marguerite, le Duc Jean III de Brabant lui avait promis une dot qui n’aurait jamais été payée[8]. Il affirmait en outre n'avoir jamais reçu l’entièreté du payement pour la vente de Malines par le comté de Flandre au duché de Brabant quelques années plus tôt, en 1347.
Face au refus de Jeanne et Wenceslas, Louis de Male déclara la guerre au duché de Brabant le . La paix ne fut signée que le à Ath, à la suite de l'arbitrage du comte de Hainaut, favorable au comte de Flandre. En vertu de ce traité, en échange de la reconnaissance officielle par le comte de Flandre de la souveraineté de la Duchesse Jeanne sur le duché de Brabant, le comte fut autorisé à conserver le titre honorifique de Duc de Brabant jusqu’à sa mort. En outre, Malines dut être cédée à la Flandre et Marguerite reçut la ville d’Anvers et ses dépendances[9].
Successions difficiles
En 1384, à la mort de Louis de Male, le duché de Brabant voit l'État bourguignon s’étendre à ses frontières, Philippe le Hardi (duc de Bourgogne et quatrième fils du Roi Jean II de France) ayant épousé en 1369 Marguerite III de Flandre, la fille de Louis de Male et de Marguerite, unique héritière du défunt comte de Flandre.
En 1405[10], un an avant son décès, Jeanne de Brabant abdiqua. Sans enfant, elle désigna pour lui succéder à la tête des duchés de Brabant et de Limbourg son petit-neveu Antoine de Brabant, petit-fils de sa sœur Margueritte, né en 1384, et petit-fils, par son père (Philippe le Hardi) du roi Jean II de France. Son autre sœur, Marie, n’ayant comme elle pas eu d’enfant, Jeanne permettait par ces dispositions qu’à travers la descendance de sa sœur Marguerite, le futur duc de Brabant soit l’un des arrière-petits-fils de Jean III de Brabant.
En dépit des liens fraternels qui unissaient Antoine de Brabant et Jean sans Peur de Bourgogne (tous deux fils de Philippe le Hardi), le duché de Brabant restera encore indépendant de l’État bourguignon pendant 25 ans.
Le fils d’Antoine, Jean IV de Brabant, fondera l'université de Louvain en 1425.
Jean IV n'ayant pas eu d'enfant, à sa mort en 1427 le duché revint en héritage à son frère Philippe de Saint-Pol. Celui-ci décède trois ans plus tard seulement, le . À défaut, à nouveau, d'héritier, le duché passe aux mains de leur cousin, Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur. Le duché de Brabant relève ainsi, désormais, de la dynastie bourguignonne et en particulier des Pays-Bas bourguignons.
Depuis 1383, le duché est gouverné par une femme déjà âgée et ensuite par trois princes dont les règnes avaient été relativement courts. Les deux derniers princes sont très jeunes quand ils arrivent au pouvoir. Ce qui laisse penser que l'entourage en profita pour asseoir son influence.[11]
Règne de Philippe le Bon (duc de Brabant de 1430 à 1467)
Sous Philippe le Bon, Bruxelles conforte son statut de siège du pouvoir brabançon, et devient l'une des villes majeures de la cour de Bourgogne. Le palais du Coudenberg est agrandi et embelli pour accueillir les souverains bourguignons.
Ambitieux, Philippe le Bon réunit par héritages et achats ce qui devient un vaste territoire englobant ce qui sera plus tard les Pays-Bas, la Belgique et le nord de la France. Le nom de Leo Belgicus commence à apparaître.
Règne de Charles le Téméraire (duc de Brabant de 1467 à 1477)
Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon, espère joindre la Franche-Comté et la Bourgogne aux Pays-Bas bourguignons dans le but de constituer un royaume cohérent, mais Charles meurt devant Nancy, dont il avait prévu de faire sa capitale, sans arriver à ses fins.
Le duché sous Charles Quint (1515-1555)
Héritier et descendant direct de Charles le Téméraire, Charles Quint hérite du titre de duc de Bourgogne en 1506 et est inauguré duc de Brabant en 1515[12]. Il résidera essentiellement à Bruxelles, au palais du Coudenberg, entouré d'une cour brillante où se côtoient des nobles issus de l'Empire, de l'Espagne et des Pays-Bas. Son règne correspond à une période de grande prospérité pour le duché de Brabant.
Organisation politique
Charles Quint intègre en un état les territoires des ducs de Bourgogne[13] ; le duché relève ainsi de la confédération des Dix-Sept Provinces. Chaque province y conserve une large autonomie, mais la fédération est gérée de façon centrale, à travers les états généraux tels qu'institués par Philippe le Bon.
En 1531, Charles Quint crée trois conseils centraux : le Conseil d'État (pour les questions juridiques), le Conseil privé (grands enjeux politiques) et le Conseil des Finances. Cette organisation traduit la volonté de mieux contrôler les rouages financiers et juridiques complexes. Elle permet aussi de limiter le pouvoir de l'aristocratie aux questions juridiques, en les confinant au Conseil d'État, alors que les deux autres organes, aux missions plus techniques, sont confiés à un personnel mieux formé et issu de milieux plus modestes.
La Pragmatique Sanction en 1549 fixa que les provinces devaient demeurer unies sous une même couronne. Charles Quint crée en ce sens le titre de seigneur des Pays-Bas que seuls lui-même et son fils Philippe II d'Espagne porteront.
Politique religieuse
L'apparition du protestantisme est fixée à 1517. De nombreux paysans appauvris se révoltent et se rallient au nouveau culte — qui tend à condamner les excès du clergé catholique. Lors de la diète de Spire de 1526, les électeurs du Saint-Empire conviennent du décret de l'état d'urgence et décident que chaque prince choisit le culte à pratiquer dans son État — les opposants étant contraints de fuir vers un autre État favorable à leur foi — et s'engagent mettre en œuvre des mesures pour améliorer les conditions des populations qui se sont révoltées.
Charles Quint se montre hostile à ces dispositions, décidées en son absence. Il convoque en 1529, avec son frère Ferdinand Ier, une seconde diète de Spire lors de laquelle il fait révoquer les concessions de 1526 : condamnation des idées réformistes, lutte contre leur développement, réinstauration du culte catholique et de la messe en latin et renforcement de l'édit de Worms de (1521). Sur ces bases, Charles-Quint entame alors une lutte contre le protestantisme et édicte des lois sévères, sous peine de mort, pour contrer son développement.
Période espagnole (1555-1711)
Après l'abdication de Charles Quint en 1555, son fils Philippe II recueille la totalité des possessions de son père, à l'exception de l'Empire allemand. Le nouveau souverain accroît les persécutions contre les protestants et limite les pouvoirs des états généraux (qui constituaient un Parlement) et du Conseil d'État (gouvernement).
Causes
De cette politique de concentration des pouvoirs, résulte une rébellion de la noblesse qui ne veut pas se couper du peuple. Les seigneurs catholiques adhèrent au compromis des nobles, liste de revendications qui est présentée à Marguerite de Parme, gouvernante des Dix-Sept Provinces donc à fortiori des affaires concernant le duché de Brabant, représentant Philippe II à Bruxelles. Mais la réaction espagnole est très dure.
Deux chefs de la coalition, les comtes d'Egmont et de Hornes sont arrêtés par traîtrise et décapités sur la Grand-Place de Bruxelles devant la population horrifiée d'une ville en état de siège.
C'est le début d'un soulèvement général sous la direction de Guillaume Ier d'Orange-Nassau, qui avait été un proche de Charles Quint, et de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde, protestant issu d'une famille de Savoie. Initialement, le duché de Brabant fera sécession en vue de former les Provinces-Unies avec les provinces du nord des Pays-Bas, mais il sera en fait coupé en deux à l'issue de la guerre de Quatre-Vingts Ans. Cette guerre entraînera des destructions massives et verra Bruxelles en ville protestante pendant dix ans, avant d'être reprise par les troupes catholiques d'Espagne au terme d'un siège d'un an.
Pendant quatre-vingt ans, les milices du Brabant et les troupes des états généraux se heurteront inlassablement à deux sortes d'adversaires : d'une part les troupes espagnoles et, d'autre part, de plus en plus, au fur et à mesure que les années passent, les armées des Pays-Bas du nord groupant une majorité de mercenaires allemands. C'est que la solidarité initiale des provinces du Leo Belgicus n'est plus qu'un souvenir car les provinces du nord sont définitivement passées au protestantisme. Des catholiques y ont droit d'exercer leur culte dans certaines régions et l'hostilité à l'Espagne sert de ciment pour assembler les habitants de confessions opposées. Tandis que, dans le sud, Brabant compris, l'hostilité aux Espagnols va de pair avec une restauration de la religion catholique que les rebelles finissent par avoir en commun avec l'Espagne. D'où des situations complexes dans lesquelles la fidélité religieuse et la rébellion politique se contredisent souvent, engendrant des événements inextricables dans lesquels des nobles et des commandants d'armées changent parfois de camp.
Issue
Les Dix-Sept Provinces se séparent : les provinces du nord, protestantes, se constituent en Provinces-Unies, emportant avec elles une partie du duché de Brabant — la future province hollandaise du Nord-Brabant. Les provinces du sud restent aux mains de l'Espagne catholique, tout en conservant une autonomie relative. On les désigne sous le nom de Pays-Bas méridionaux. Cette séparation établit la future frontière entre la Belgique et les Pays-Bas.
Bombardement de Bruxelles par la France (1695)
Bruxelles sera encore attaquée, cette fois par l'armée française commandée par le maréchal de Villeroy. Inutile d’un point de vue militaire, le bombardement de Bruxelles contribuera à faire pâlir en Europe l’étoile du Roi Soleil.
C'est l'époque où la France cherche à s'étendre vers le nord. Quelques Français sont tués par la riposte des « pierriers » (canons des remparts à courte portée). Mais les canons français, qui visent la flèche gothique de l'hôtel de ville, ne peuvent atteindre leur cible et c'est le centre de la cité qui est ravagé. Il en résultera la reconstruction de la Grand-Place en style baroque.
Période autrichienne (1711-1795)
La branche des Habsbourg d'Espagne s'éteint au début du XVIIIe siècle. Charles VI, de la branche autrichienne est nommé empereur des Romains en 1711 et dirige désormais l'ensemble des territoires détenus par Charles-Quint.
Les premiers gouverneurs qu'il envoie se font détester, s'efforçant, comme leurs prédécesseurs espagnols de rabaisser les pouvoirs locaux. Le peuple se révolte contre le marquis de Prié, un Piémontais[14].
Les rapports se firent meilleurs à partir de Wirich, comte de Daun, et Marie-Élisabeth d'Autriche, de Marie-Thérèse, puis de Charles de Lorraine, personnage débonnaire, mais efficace gestionnaire qui patronne l'urbanisation du quartier de la place Royale et du parc de Bruxelles dans un style classique appelé style français[réf. nécessaire] qu'il conserve encore aujourd'hui — fût-ce au niveau des façades seulement.
Incendie du Coudenberg
La nuit du 3 au , le Palais du Coudenberg est ravagé par les flammes. Au matin, l’incendie a fait des victimes, le palais est en ruine et avec lui se perdent de nombreux chefs-d’œuvre ainsi qu’une large partie des archives.
Révolution brabançonne
En 1789, le Brabant et les provinces voisines se révoltent contre les réformes politiques et religieuses de Joseph II, empereur et duc de Brabant, qui avait entrepris de moderniser et de démocratiser les institutions. Au niveau du Brabant et des Pays-Bas en particulier, l'objectif était de réformer la justice, de permettre aux protestants et aux Juifs d'exercer un métier dans les corporations, d'instaurer la séparation des pouvoirs, de diviser les Pays-Bas en neuf cercles (qui deviendront les neuf départements puis les neuf provinces), règlementer les jours de congé des corporations qui, à son estime, entraînent beaucoup trop de journées perdues. De plus, en bon adepte du fébronianisme il désire s'attaquer aux privilèges du clergé et des abbayes qui possèdent les deux tiers du territoire brabançon[15], réglementer les fêtes religieuses. Il entreprend aussi de fermer certaines abbayes et couvents ne remplissant aucun rôle social considérés comme improductifs mais vivant grassement de la dîme donnée par le peuple.
Irrités par ce qu'ils considèrent comme des atteintes à leurs chartes séculaires, les Brabançons, épaulés par les provinces voisines du Brabant, se soulèvent le et, sous le commandement d'un enfant du pays, le général Jean-André van der Mersch battent les troupes impériales le 27 octobre. Les Pays-Bas autrichiens se proclament alors indépendants sous le nom d'États belgiques unis le . Mais les révolutionnaires, absorbés par les différends entre les progressistes, représentés par l'avocat Vonck, et les conservateurs représentés par l'avocat Henri van der Noot, ne pourront organiser le pays et l'armée, avant le retour en force des troupes et du pouvoir impérial[16].
Période française
La France, en guerre avec tous les souverains européens, qui finit par l'emporter en 1795. Et les Pays-Bas du Sud, Brabant compris, sont cédés officiellement par l'empereur François II, dernier empereur élu du Saint-Empire, à la France par le traité de Campoformio en 1797. La partie méridionale du duché de Brabant est partagée en 1795 entre deux départements, celui de la Dyle au sud (chef-lieu Bruxelles) et celui des Deux-Nèthes au nord (chef-lieu Anvers).
Évolutions ultérieures
Le territoire couvert par les départements de la Dyle et d'Anvers fera partie, tout comme la partie nord, du Royaume uni des Pays-Bas créé par le congrès de Vienne pour reconstituer les Pays-Bas bourguignons. Puis, après la sécession des provinces du sud, il se retrouvera inclus dans la Belgique lors de sa création en 1830. Le nouvel État se compose alors de neuf provinces, dont la province de Brabant qui conserve le nom attribué à la région depuis au moins 1 100 ans[17]. Cette province sera scindée en Brabant wallon et Brabant flamand en 1995.
Par arrêté royal du , le titre honorifique de duc de Brabant est donné à l'héritier du trône, fils ou fille du Roi des Belges.
Institutions brabançonnes
Historique de cette cour
Cette institution remonterait au XIe siècle, dès que des fiefs apparaissent, donc de l'époque des princes, comtes ou ducs de Brabant et de Lothier[18]. Au début, l'institution n'est pas permanente, mais s'assemble là où est le prince, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, ou bien dans une abbaye ou quelque résidence favorite[18]. Le suzerain en personne préside la cour jusqu'à ce que Philippe le Bon crée en 1430 un lieutenant pour le remplacer durant ses absences du duché de Brabant[19]. Dès lors, le siège de la cour se situe à Bruxelles et parfois à l'hôtel de ville au XVIe siècle[19]. Ce tribunal, par la nature de ses attributions, est toujours resté étranger aux événements politiques et n'a pas joué de rôle aussi important que le conseil de Brabant[19].
Attributions de cette cour
La cour féodale enregistre l'existence et le contour des fiefs des vassaux, jugeant les contestations sur les droits réels des fiefs, qui peuvent se mouvoir soit entre vassaux, soit entre un vassal et son suzerain[20]. Elle forme une cour souveraine et ne reçoit d'ordres que du gouvernement, en étant nullement soumise au ressort du conseil de Brabant[20]. Elle juge par arrêt et sans appel, sauf quand Charles Quint établit par un édit de 1523 que la sentence peut être révisée par l'intervention de huit juges pris dans d'autres tribunaux supérieurs ou parmi les docteurs en droit de l'université de Louvain[21].
Ressort de cette cour
Le territoire sur lequel la cour féodale exerce sa juridiction est très-étendu[22]. Il embrasse le duché de Brabant, le duché de Limbourg et les pays d'Outremeuse[22]. En outre, un grand nombre de seigneuries très importantes, étrangères au Brabant, relèvent directement d'elle, comme celles de Petersheim , Limborch, Breiten bend, Kerpen, Lommersum, Witthem, Rinsberg, Schaesberg, Bocholtz, Alstorff, Kerkrode, Ubach, Bolland, Mopertingen, Kessenich, comté de Meghem, comté de Geleen, Hoensbroeck, Herstal, Argenteau, Russon, Nederen, Peen et d'autres encore[22].
États de Brabant
Durant la période autrichienne, les États du Brabant sont divisés en quatre catégories de membres de droit : deux évêques, onze grandes abbayes, les membres de la haute noblesse et les représentants des trois chef-villes, lesquels votent en corps.
- Les représentants du clergé sont l'archevêque de Malines et l'évêque d'Anvers.
- Les représentants des abbayes sont les onze abbés des abbayes de Vlierbeck, Villers, Saint-Bernard, Saint-Michel, Grimbergen, Parc, Heylissem, Averbode, Tongerloo, Dieleghem et Sainte-Gertrude de Nivelles.
- Les représentants de la haute noblesse sont ceux qui portent au moins le titre de baron, titre affecté sur une terre seigneuriale du Brabant, en disposant, de plus, d'un certain revenu et d'une noblesse à quatre quartiers. L'abbé de Gembloux est le premier noble des États.
- Les représentants des villes, souvent nobles ou patriciens, sont uniquement ceux des trois chefs-villes, Louvain, Bruxelles et Anvers. A priori, chaque ville peut envoyer autant de députés qu'elle le souhaite. Cependant, le Magistrat élit toujours le premier bourgmestre et le conseiller pensionnaire. Bruxelles leur adjoint son premier échevin. Chacune des chef-villes a trois corps délibérants, qu'on appelle les trois membres : le collège des bourgmestres ou le Magistrat, le large conseil, composé des personnes sorties du Magistrat, et enfin les nations, dans lesquelles se retrouvent les corporations de métiers. Cette participation aux États de Brabant (en) n'est pas une représentation par ordre (comme en France, le clergé, le noblesse et le tiers état) mais une représentation suivant les diverses puissances territoriales ou urbaines du duché. Ainsi des membres du clergé siégeaient comme barons, des représentants des villes étaient nobles. Les nobles n'étaient pas représentés comme ordre, et la plupart des membres du clergé et de la noblesse étaient exclus.
Subdivisions administratives
Dans un contexte féodal et évolutif de répartition du pouvoir à une époque où il n'y avait pas de séparation des pouvoirs et dans la mesure où des sources précises font défaut, comprendre le partage du territoire en unités administratives s'avère complexe. Selon les compétences — judiciaires ou fiscales, par exemple — les ressorts (territoires où elles s'appliquent) peuvent se chevaucher[23]. Ce chapitre vise donc à présenter les différentes divisions qui ont pu exister au sein du duché de Brabant.
Le duché est principalement divisé en diverses seigneuries vassales du duc de Brabant, où les seigneurs disposent de la haute ou de la basse justice. De nombreuses villes fortifiées échappent au système féodal et ont reçu une charte de franchise leur permettant de se gouverner elles-mêmes et de donner à certains de leurs habitants le droit de bourgeoisie qui permet à leur titulaires d'échapper au droit seigneurial et de ne relever que des tribunaux de leur ville.
Parmi ces villes les quatre chefs-villes de Louvain, Bruxelles, Anvers et Bois-le-Duc, seules villes représentées aux États de Brabant, sont à la tête d'un quartier.
Les quatre quartiers des chefs-villes de Brabant
Le duché de Brabant était divisé en quatre quartiers (kwartier en néerlandais). Le quartier est une unité territoriale pour la fiscalité et la représentation aux États de Brabant. Le duché comptait quatre quartiers : Bruxelles, Louvain, Anvers et Bois-le-Duc.
Quartier de Louvain
Le quartier de Louvain couvrait :
- la ville de Louvain
- les douze mairies de Heverlee, Kumtich, Grez, Mont-Saint-Guibert, Incourt, Gest, Jauche, Dongelberg, Jodoigne, Orp, Hannut et Landen
- le pays de Hageland — zone délimitée par les villes de Louvain, Diest, Aarschot et Tirlemont, soit l'est de l'actuelle province du Brabant flamand
- le pays de Sichen[24]
- le duché d'Aerschot
Quartier de Bruxelles
Le quartier de Bruxelles comprenait :
- la ville de Bruxelles
- le territoire couvert par la cuve de Bruxelles (Kuip van Brussel), composée de Saint-Josse-ten-Noode, Ixelles, Saint-Gilles, Schaerbeek, Molenbeek-Saint-Jean, Laeken, Forest et Anderlecht
- l'ammanie de Bruxelles, composée des six mairies de Vilvorde, Kampenhout, Rhode, Asse, Merchtem et Kapelle
- les mairies de La Hulpe, Genappe, Nivelles, Gaesbeek, Enghien, Grez, Mont-Saint-Guibert et Grimbergen
L'extension du quartier de Bruxelles fait bien apparaître que le quartier, la cuve, l’ammanie et la mairie sont des entités distinctes en termes de compétences.
Quartier d'Anvers
Le quartier d'Anvers comprenait :
- le marquisat d'Anvers composé, outre la ville d'Anvers, des mairies de Ryen, Turnhout, Zandhoven, Herentals, Geel et Arkel
- la seigneurie de Malines (Heerlijkheid Mechelen)
- le marquisat de Berg-op-Zoom (ou de Bergues-sur-le-Zon)
- la baronnie de Breda
- la seigneurie de Steenbergen
- la seigneurie de Willemstad
Quartier de Bois-le-Duc
Le quartier de Bois-le-Duc comprenait :
- le bailliage de Bois-le-Duc
- le pays de Cuijk
- la ville de Grave
L'ammanie
L'ammanie est un ressort judiciaire, placée sous la responsabilité d'un amman. Cette fonction existe à Bruxelles depuis le XIIe siècle.
Annexes
Notes et références
- le titre de comte de Bruxelles n'apparaît plus dans le protocole diplomatique à partir de 1138).
- Il ne reste du prieuré d'origine que quelques pans de murs et une chapelle dédiée à sainte Anne, restaurée à la fin des années 1960. Joseph Delmelle, Abbayes et béguinage de Belgique, Bruxelles, Rossel, 1973, p. 54.
- Mina Martens, A propos des testaments d'Henri II (22 janvier 1248) et d'Henri III (26 février 1261), ducs de Brabant, Revue belge de philologie et d'histoire, 1944 (vol. 23), no 1, 289-294 ; G. Bolland, Le testament d'Henri III, duc de Brabant (26 février 1261), R.H.E., 1942, no 38, p. 59-96 ; G. Bolland, E. Lousse, Le testament d'Henri II, duc de Brabant (22 janvier 1248), Revue historique de droit français et étranger, 1939, p. 386-387.
- (nl) Anna Bergmans, Vincent Debonne, "Onze-Lieve-Vrouw-ten-predikherenkerk en klooster", De Inventaris van het Bouwkundig Erfgoed, 2010 ; Thomas Coomans, Anna Bergmans, L’église Notre-Dame des Dominicains à Louvain (1251-1276) : le mémorial d’Henri III, duc de Brabant, et d’Alix de Bourgogne, Bulletin Monumental, 2009 (vol. 167), no 2, p. 99-125.
- Nicolas Viton de Saint-Allais, L'Art de vérifier les dates des faits historiques, tome quatorzième, Paris, Valade, 1819, p. 97.
- Voir passage relatif à la note 8 de bas de page La Flandre au Moyen Âge de Walter Prevenier et Thérèse de Hemptinne
- Sergio Boffa, Warfare in Medieval Brabant, p. 3, The Boydell Press, Woodbridge, 2004.
- BY. II, p. 545 ; Chronicon comitum Flandrensium, p. 229 ; Rymkronyk van Vlaenderen, p. 848 ; cités par Sergio Boffa, Warfare in Medieval Brabant, p. 3, The Boydell Press, Woodbridge, 2004
- Sergio Boffa, Warfare in Medieval Brabant, p. 9-10, The Boydell Press, Woodbridge, 2004.
- Voir aussi Le duché de Brabant à la veille de 1406, Connaître la Wallonie, [connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/histoire/atlas/le-duche-de-brabant-la-veille-de-1406 en ligne].
- André Uyttebrouck, Le gouvernement du duché de Brabant au bas moyen âge (1355-1430), Bruxelles, éditions de l'université de Bruxelles, , 552 p. (ISBN 2-8004-0604-6), p. 40
- Les délices des Pays-Bas, Liège, 1759, p. 172 : « il fut inauguré, en 1515, Duc de Brabant ».
- Avec le duché de Gueldre, le comté de Zutphen et les seigneuries d'Utrecht, d'Overijssel et de Groningue.
- Louis Verniers, Un millénaire d'histoire de Bruxelles, Bruxelles, 1965, p. 376 : « Cependant le marquis de Prié étant tombé en disgrâce et l'empereur chargea sa propre sœur, l'archiduchesse Marie-Elisabeth, d'assumer le Gouvernement général des Pays-Bas (1725). La nouvelle de cette décision impériale fût accueillie avec satisfaction et, à partir de cette date, les Belges en général et les Bruxellois, en particulier, commencèrent à se rallier progressivement au régime autrichien ».
- Robert Devleeshouwer, L'arrondissement du Brabant sous l'occupation française 1794-1795. Aspects administratifs et économiques, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, Institut de Sociologie, 1964, p. 35: « En Brabant, le clergé est réputé posséder les deux tiers de toutes les propriétés. Dans cette province, en 1785, les abbayes les plus importantes jouissent des revenus suivants : Tongerloo, 123 375 florins; Afflighem, 120 000; Villers, 103 117; Saint-Bernard, 101 737; Saint-Michel, 74 063; Forest, 64 444; Averbode, 63 864; Grimberge, 56 994; Parc, 46 674 et La Cambre, 40 000 florins. »
- Louis Verniers, Un millénaire d'histoire de Bruxelles, Bruxelles, De Boeck, 1965, p. 286.
- Elle partage par ailleurs encore avec le Brabant-Septentrional, province des Pays-Bas dont le territoire relevait du Duché de Brabant jusqu'en 1648.
- Louis Galesloot 1870, p. III.
- Louis Galesloot 1870, p. IV.
- Louis Galesloot 1870, p. XII.
- Louis Galesloot 1870, p. XIII.
- Louis Galesloot 1870, p. XXI.
- Cette réalité est comparable à la confusion des compétences et des ressorts qui prévaut dans la Belgique fédérale de 2015 : le ressort dépend de la compétence considérée
- Pays de Sichen. Sichen (la)Sichemium) est une ville petite & ancienne sur le Demer. Elle a un couvent de filles & titre de baronnie. Voir Béranger, Géographie de Busching, volume 2, Lausanne, Société typographique, 1777, p. 229.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- André Uyttebrouck, Le gouvernement du duché de Brabant au bas Moyen Age : 1355-1430, Université libre de Bruxelles, 1975, (ISBN 2-8004-0603-8), 552 p., (en ligne).
- Louis Galesloot (Chef de section aux Archives du Royaume de Belgique), Charles-Quint et les États de Brabant en 1549, tiré-à-part, p. 145-158.
- (nl) F. Vanhemelrijck, De criminaliteit in de Ammanie van Brussel van de late middeleeuwen tot het einde van het Ancien Régime (1404-1789), 1968.
- Mina Martens, L'administration du domaine ducal en Brabant au Moyen Âge, 1250-1406, Palais des Académies, 1954, 608 p.
- Mina Martens, Le Censier ducal pour l'ammanie de Bruxelles de 1321, 1958, 377 p.
- Mina Martens, La politique de Clément VI, 1342-1352, dans les principautés belges d'après les registres aux lettres secrètes, 1947, 47 p.
- Louis Galesloot (chef de section aux Archives générales du Royaume), Inventaire des archives de la cour féodale de Brabant, t. premier, Bruxelles, F. Hayez, imprimeur de l'Académie royale de Belgique, , 492 p., « Préface ».
Articles et catégorie connexes
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- Liste des duchesses de Brabant
- Catégorie « Famille originaire du duché de Brabant »
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