Effet Janzen-Connell

L'effet Janzen-Connell est un mécanisme expliquant le maintien de la biodiversité des arbres des forêts tropicales humides, proposé indépendamment par Daniel Janzen (en)[1] et Joseph Connell (en)[2] en 1970 et 1971. Selon ce mécanisme les herbivores, agents phytopathogènes (bactérie, virus, mycète, nématode, etc.) et autres ennemis naturels spécifiques d'une espèce d'arbre (ses prédateurs[1], au sens large) rendent les zones proches d'un arbre parent (producteur de graines) inhospitalières pour la survie des semis (mais pas pour les semis d'autres espèces). Les jeunes plants de la même espèce s'installent à distance des adultes où les prédateurs, peu mobiles, sont plus rares ou absents. Il existe aussi un effet inverse, l'effet Janzen-Connell inversé :

  • l'effet Janzen-Connell est un processus de rétroaction négative[3], la présence d'un arbre défavorisant dans son voisinage le développement de plantules de la même espèce, permettant au contraire celui d'autres espèces. Cet effet explique l'hyperdiversité des forêts tropicales qui abritent plusieurs centaines d'espèces d'arbres par hectare (jusqu'à 650 dans la forêt de Bornéo alors que le territoire européen abrite au total moins de 500 espèces d'arbres, en incluant les espèces introduites). Les successions végétales qui s'opèrent lors de la pédogenèse sont liées à un mécanisme proche ;
  • l'effet Janzen-Connell inversé[3] est au contraire un processus de rétroaction positive, favorisant la multiplication de l'espèce dans le voisinage d'un arbre déjà installé et rendant difficile l'implantation d'espèces concurrentes (la compétition interspécifique aboutissant à des exclusions de niche). Il est à l'origine de la faible diversité des forêts des régions tempérées (peuplements oligospécifiques) et s'explique par le développement de facteurs favorables tels que les mycorhizes.

L'effet Janzen-Connell et son inverse s'appliquent à bien d'autres groupes d'organismes que les arbres, comme les prairies, les bactéries du sol ou le plancton océanique. Les facteurs conduisant à l'un ou à l'autre sont variés et parfois complexes, et peuvent différer d'un écosystème à l'autre. Une espèce introduite, notamment, peut devenir envahissante par l'effet inverse alors qu'elle était freinée par l'effet Janzen-Connell dans son environnement d'origine ; c'est par exemple le cas du Cerisier noir ou du robinier faux-acacia, devenus envahissants en Europe alors qu'il ne l'était pas en Amérique du Nord[3].

Notes et références

  1. (en) Daniel H. Janzen, « Herbivores and the Number of Tree Species in Tropical Forests », The American Naturalist, vol. 104, no 940, , p. 940 (DOI 10.1086/282687).
  2. (en) Joseph H. Connell, « On the role of natural enemies in preventing competitive exclusion in some marine animals and in rain forest trees », dans P. J. Den Boer et G. R. Gradwell, Dynamics of Population, Wageningen: Pudoc, .
  3. Selosse (2021).

Bibliographie

  • Marc-André Selosse, « Comment les parasites sculptent les paysages végétaux », Pour la science, no 528, , p. 40-48
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