Ekoadjom
Ekoadjom ou Hikoadjom (en langue bassa, langue natale des autochtones) est un village de la région du Centre du Cameroun, situé dans la commune de Makak, département du Nyong-et-Kelle.
Ekoadjom | |
Lép Lia, le lac d'Hikoadjom | |
Administration | |
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Pays | Cameroun |
Région | Centre |
Département | Nyong-et-Kellé |
Démographie | |
Population | 590 hab. (2005) |
Géographie | |
Coordonnées | 3° 36′ 00″ nord, 11° 12′ 00″ est |
Altitude | 764 m |
Localisation | |
Étymologie
Ekoadjom a pour nom original en langue bassa « Hikoadjom ». En référence au Fromager, grand arbre tropical appelé en langue locale « Djôm » sur le site où vécut le fondateur du village, premier chef du village. Ce site est situé sur une colline « Hikoa ». Hikoadjom signifie donc « La colline du fromager ».
Ekoadjom est la version francisée, administrative et officielle du nom de ce village. Cependant, c’est la version originale Bassa « Hikoadjom » qui parle le plus aux habitants car elle traduit dans leur langue la réalité géographique du lieu de création de leur village.
Histoire
Origine et fondation de la chefferie d'Hikoadjom
Hikoadjom est fondé vers la fin du XIXe siècle, entre 1880 et 1890, par Mbinack Binong. Il devient le premier chef vers 1892 alors que le Cameroun est sous administration coloniale allemande. Sur ces terres vivaient déjà des populations. La langue officielle parlée dans ce village est le français. Il rivalise cependant avec le Bassa, dialecte local.
En 1925, Nwind Mbinack, devient chef du village. C’est au cours de son règne qu’il sera investi « Mbombog[1] » selon les rites traditionnels. Il est désormais appelé Mbombog Nwind Mbinack. N’ayant jamais été à l’école, ne sachant ni lire ni écrire le français, il va se positionner en faveur d’une éducation de proximité. Il va amener l’école au village en offrant aux pouvoirs publics une parcelle de ses terres. C’est sur ce site que se trouve depuis 1952, l’école publique d’Ekoadjom.
En 2012, plus de 60 ans après la création de l’école primaire, l’école maternelle publique d’Hikoadjom a été créée. À sa mort en Mbombog Nwind Mbinack est remplacé par Augustin Minka mi Nwind né le 3 juillet 1928 à Hikoadjom, décédé le 10 août 1987 à Yaoundé. Pendant son règne de 32 ans, Ekoadjom devient un Centre d’État-civil en 1965, évitant aux ressortissants du village et ceux des villages environnants des pénibles déplacements vers Makak – Chef-lieu d’arrondissement situé à 29 km pour l’obtention des documents d’état-civil.
Depuis le 12 mai 1987, Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind Minka préside aux destinées du village.Il a été nommé Officier d'État-civil le 3 octobre 1989.
Ekoadjom a eu 4 chefs traditionnels :
- Mbinack Binong 1892 – 1925
- Mbombog Nwind Mbinack 1925 – 1955
- Minka mi Nwind Augustin 1955 – 1987
- Nwind Minka Bienvenu Claude - depuis le 12 mai 1987
Rôle de la chefferie
Dans la structure de l’administration camerounaise[2], les chefferies traditionnelles sont des auxiliaires de l’administration. Elles assurent une administration de proximité, permettant de perpétuer une organisation sociale ancestrale déjà existante et ce bien avant la colonisation. Traditionnellement, chez les Bassa, c’est le Mbombog, chef spirituel qui est le dépositaire de l’organisation, de la paix sociale et de l’ordre public. Certaines de ses missions sont confiées aujourd’hui aux chefferies traditionnelles. Idéalement elles l’assument en collaboration avec les Mbombog lorsque les fonctions de Chef du village et de Mbombog ne sont pas exercées par la même personne. Cela peut créer une dualité de repère culturel et administratif chez les populations en zone Bassa. Mais l’objectif pour l'un ou l'autre personnage est de maintenir la paix sociale dans les villages et de promouvoir le développement économique et social des populations[3]. Les chefferies traduisent la survivance d'une culture et des modes d'organisation traditionnelle ancestrales.
Pour son fonctionnement, la chefferie d’Ekoadjom s’est dotée de 2 organes majeurs depuis 1987 sous la houlette de Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind Minka :
- Un conseil des notables : dont les missions sont similaires à celles d’une assemblée. Le Mbombog est alors le 1er notable.
- Un comité de développement qui impulse toute l’activité économique
Hikoadjom est par ailleurs, une chefferie du 3e degré en zone rurale, dans les limites territoriales d'un village.
Centre d'état civil
À sa création en 1965, le Centre d’État-civil d’Hikoadjom était un Centre dit Spécial rattaché à la Sous-préfecture de Makak . À cette époque, l’arrondissement de Makak avait à sa tête un Sous-Préfet –Maire. Aujourd’hui le Centre d’état-civil est directement rattaché à la Mairie de Makak. C’est un Centre secondaire depuis 2015. Il existe d'autres Centres secondaires du même genre dans les villages de l'arrondissement à Boumkok, Libamba, Mom 1,Sepp, Nguimakong, Ngougoum II, Minkot-Mbem, Kaya, Mboglom, Likongue et Mbeng. C'est un service communal décentralisé près des populations pour les formalités relatives à une naissance, un mariage ou un décès. Le Centre d’état-civil le plus proche est celui d’Otélé situé dans la Commune voisine de Ngoumou, département de la Mefou et Akono.
Population et développement
En 1962, la population de Ekoadjom était de 449 habitants et de 590 habitants lors du recensement de 2005[4]. La population est constituée pour l’essentiel de Bassa.
Vie associative et culturelle
Il y a une vie associative et culturelle à Ekoadjom. Plusieurs associations culturelles participent au développement social et économique du village. Parmi elles, on peut citer: HISSIS – Association des femmes rurales d’Hikoadjom et l'AJEK – Association des Jeunes d’Ekoadjom.
HISSIS – Association des femmes rurales d’Hikoadjom
Le nom HISSIS est composé de 3 matrices qui correspondent respectivement au lieu, à l’action et à l’actrice.
H indique la situation géographique, lieu de rattachement des membres de l’association à Hikoadjom.
HISS en langue locale, le Bassa signifie ancrer, solidifier, implanter, asseoir. HISS symbolise toutes les actions durables de renforcement des capacités des femmes : solidarité, activités génératrices de revenus, de gestion responsable de l’environnement, de sécurisation de leurs droits, et de formations.
ISIS, c’est la femme rurale d’Hikoadjom, actrice et ressource clé du développement durable. Elle rappelle la déesse Isis de la mythologie égypto-nubienne. Dans leur récit mythique, les Bassa viendraient d’Égypte. Isis est le symbole de l’énergie créatrice, déesse de la santé, de la maternité, de la stabilité des éléments de la nature : la terre, le feu et l’eau.
Les femmes de l’ethnie Bassa ont coutume de chanter « HISS - HISS, Makoo ndig Hiss » en tapant leurs pieds au sol pour affirmer justement leur ancrage, pour inviter une personne à s’ancrer, à s’intégrer. C’est un hymne au courage, à la solidité.
L'AJEK – Association des Jeunes d’Ekoadjom.
L’AJEK rassemble sans distinction de sexe, de religion, de famille ou de clan, tous les jeunes natifs et/ou vivant à Ekoadjom.
De par son esprit fédérateur et ses activités, l’AJEK au fil du temps s’impose comme un acteur majeur de rassemblement et de développement du village.
En 1991, les descendants (arrière-petits-fils) de Mbinack Binong décident sous l’impulsion d’Ernest Nouind, de regrettée mémoire, de se constituer en association. L’AWAMBI (Adna Wandas Mbinak Binong) est ainsi constituée et tiendra son premier congrès en 1991. Son succès est retentissant. À la fin du congrès, les autres jeunes du village, observateurs lors des assises, émirent l’idée fédératrice d’associer tous les jeunes des autres familles du village. L’AWAMBI, victime de son succès, cède le pas à l’AJEK, Association des Jeunes d’Ekoadjom. Le premier congrès de l’AJEK a lieu en aout 1992. C’est le début d’une fantastique aventure qui rythme des générations entières de jeunes du village.
Attractions
À l'entrée du village d'Ekoadjom sur la route Ngoumou-Makak via Otélé se trouve le lac appelé Lép Lia par les autochtones. Lép signifie, eau et Lia, le rocher en langue Bassa . Ainsi, traduit littéralement Lép Lia signifie l'eau du rocher.
Bibliographie
- Dictionnaire des villages du Nyong et Kellé, Centre ORSTOM de Yaoundé, , 55 p.
- La colline du fromager, Daniel Etounga Manguélé, Éditions CLE, Yaoundé, 1979[5]
Notes et références
- NEBEU DANIEL, « LE MBOMBOG PRECOLONIAL CHEZ LE PEUPLE BASSA AU CAMEROUN », sur www.litenlibassa.com (consulté le )
- Contribution à l'étude de la dynamique structurelle et normative de l'administration publique en Afrique noire francophone: le cas de l'administration camerounaise, Roger Gabriel Nlep
- Décret n°77/245 du 15 juillet 1977 Portant l’organisation des chefferies traditionnelles.
- Troisième recensement général de la population et de l’habitat (3e RGPH), Bureau central des recensements et des études de population du Cameroun (BUCREP), 2005.
- Daniel Etounga Manguéllé, La colline du Fromager, Cle Editions, (ISBN 9782723500227, lire en ligne)
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