L'Esprit de la ruche

L'Esprit de la ruche (El Espíritu de la colmena) est un film espagnol réalisé par Víctor Erice, sorti en 1973. Ce film date des débuts d'Erice, et est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre du cinéma espagnol[1]. Il a été réalisé durant les dernières années de la dictature de Francisco Franco. L'action se déroule dans les années 1940.

L´esprit de la ruche
Boris Karloff dans le rôle du monstre de Frankenstein (photographie publicitaire de La Fiancée de Frankenstein, 1935).
Titre original El Espíritu de la colmena
Réalisation Víctor Erice
Scénario Víctor Erice
Ángel Fernández Santos
Acteurs principaux

Fernando Fernán Gómez
Teresa Gimpera
Ana Torrent
Isabel Tellería
Ketty de la Cámara

Pays de production Espagne
Durée 97 minutes
Sortie 1973

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film tourne autour d'une petite fille nommée Ana, et de sa fascination pour le film d'horreur américain datant de 1931 Frankenstein. Le long-métrage explore également sa vie familiale et scolaire. Le film a été décrit comme « un portrait envoûtant de la vie intérieure d'un enfant tourmenté »[2].

Synopsis

Dans les années 1940, la projection du film Frankenstein dans un village perdu du plateau castillan va impressionner deux petites sœurs. Si pour Isabel l'énigme se résout par un jeu de l'imagination, pour Ana au contraire le monstre existe et elle se met à sa recherche…

Âgée de 6 ans, Ana est une petite fille qui vit avec ses parents Fernando et Teresa, ainsi que sa grande sœur Isabel, dans un manoir d'un village isolé du plateau castillan. Le film se déroule en 1940, et la guerre vient juste de se terminer avec la victoire des franquistes sur la Seconde République espagnole. Son père passe la plupart de son temps à tenter d'écrire à propos de ses abeilles ; sa mère est absorbée par ses rêveries dédiées à un amant éloigné, à qui elle envoie des lettres. On ne voit jamais la famille entière réunie dans un seul plan du film.

Au début du film, un cinéma ambulant amène le film Frankenstein au village, et les deux sœurs vont le voir. Ana est tout particulièrement impressionnée par la scène où le monstre de Frankenstein joue avec une petite fille, avant de la tuer. Ana demande à sa sœur « Pourquoi a-t-il tué la fille, et pourquoi est-ce qu'ils le tuent après ça ? ». Isabel dit à sa sœur que le monstre n'a pas tué la petite fille, et qu'il n'est pas vraiment mort. Elle lui dit que tout est faux dans le film. Isabel explique que le monstre est tel un esprit, et qu'Ana pourrait même lui parler en fermant les yeux et en disant « C'est moi, Ana ».

La fascination d'Ana pour cette histoire ne fait qu'augmenter lorsqu'Isabel lui parle d'une bergerie abandonnée, où elle prétend que le monstre de Frankenstein habite. Ana retourne plusieurs fois seule à la bergerie pour le chercher, mais ne trouve rien d'autre qu'une large trace de pas. En classe, la maîtresse d'Ana et Isabel, se montre intriguée lorsqu'elle voit Ana, chuchoter, en lisant, un poème de Rosalía de Castro, Xa nin rencor nin desprezo[3], alors que ce poème est lu en classe à voie haute, par une de ses camarades. Un jour, alors qu'elles sont au manoir dans des pièces différentes, Isabel pousse un hurlement depuis l'autre bout de la maison. Ana vient pour voir ce qui se passe, et trouve Isabel parfaitement immobile sur le sol, feignant d'être morte. Ana sort chercher de l'aide, mais ne trouvant personne, elle revient dans la pièce, qui est alors vide. Isabel la surprend alors par derrière, l'effrayant en lui attrapant le visage avec ses mains glissées dans les gants d'apiculteur du père. Cette nuit-là, Ana s'échappe de la maison et regarde le ciel avant de fermer les yeux.

Dans la scène suivante, on voit un soldat républicain fugitif sauter hors d'un train en marche, et se réfugier dans la bergerie abandonnée.

Ana trouve le soldat qui se cache dans la bergerie. Plutôt que de s'enfuir terrifiée, elle lui donne sa pomme, puis revient et lui donne le manteau de son père, ainsi que la montre qui était dans sa poche. Cette amitié étrange et sans parole prend fin très rapidement, lorsque la police franquiste vient durant la nuit, trouve le soldat républicain et lui tire dessus. La police fait rapidement le lien entre le fugitif et le père d'Ana, et supposent alors qu'il lui a volé ces affaires.

Durant un souper, le père ouvre sa montre qui se met à faire une petite musique. Il remarque alors l'expression pétrifiée d'Ana, et comprend que c'est elle qui a aidé le soldat. Lorsqu'Ana retourne lui rendre visite à la bergerie, elle découvre qu'il a disparu, et qu'il y a des taches de sang au sol. Son père arrive alors qu'elle regarde le sang, et elle s'enfuit.

Elle erre seule la nuit dans les bois, et trouve un champignon vénéneux, dont son père lui avait déjà expliqué qu'il tuerait quiconque tenterait de le manger. On la voit le toucher, puis dans une scène suivante, Ana a une vision du monstre de Frankenstein alors qu'elle regarde son reflet dans l'eau. Il la regarde avec une grande tristesse dans le regard, puis, comme dans le film de 1931, il s'agenouille à ses côtés alors qu'elle regarde l'eau. À ce moment, on voit Teresa lire et brûler une lettre, signifiant la fin de son aventure avec son amant.

La famille est très inquiète de la disparition de la petite Ana, et la battue permet finalement de la retrouver le lendemain matin, intacte. Mais elle se replie sur elle-même, refusant de parler à sa famille ou de manger. Le docteur assure à la mère qu'elle oubliera petit à petit le choc émotionnel qu'elle vient de vivre. On voit ensuite Teresa mettre une veste sur les épaules de Fernando alors qu'il s'est endormi à son bureau.

À la fin du film, Ana se souvient de ce qu'Isabel lui a raconté sur la façon d'appeler le monstre, elle se lève du lit, se dirige vers la porte-fenêtre et ferme les yeux.

Fiche technique

Distribution

Distinctions

Notes et références

  1. Curran, Daniel, ed. Foreign Films, film review and analysis of The Spirit of the Beehive, page 161-2, 1989. Evanston, Illinois: Cinebooks. (ISBN 0-933997-22-1).
  2. The Criterion Collection Accessed 2010
  3. Rosalía de Castro, Xa nin rencor nin desprezo

Voir aussi

Bibliographie

  • Centre d'études et de recherches hispaniques du XXe siècle (Dijon), L'esprit de la ruche : voir et lire Victor Erice, Dijon, Centre d'études et de recherches hispaniques du XXe siècle, Université de Dijon, Hispanistica XX, coll. « Critiques et documents », , 93 p.
  • Pierre Arbus, Le cinéma de Victor Erice : aventures et territoires d'enfance dans l'Espagne franquiste, Paris, L'Harmattan, coll. « Audiovisuel et communication », , 361 p. (ISBN 978-2-343-12780-4, présentation en ligne).
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  • (en) Jan Baetens, « « Transmedial Aesthetics is Ordinary » : Some Remarks on Victor Erice's The Spirit of the Beehive », Kritika Kultura, no 17, , p. 57-69 (lire en ligne).
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  • (en) Sarah Wright, The child in Spanish cinema, Manchester University Press, , 224 p. (ISBN 978-0-7190-9052-3, présentation en ligne).

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