Ela Toghat Al Alaam

Ela Toghat Al Alaam (arabe : الى طغاة العالم), en français Aux tyrans du monde, est un poème écrit par le poète tunisien Abou el Kacem Chebbi (1909-1934) sous le régime du protectorat français de Tunisie (début du XXe siècle).

Chebbi compose le poème en avril 1934 à Tozeur, sa ville natale, alors qu'il est très malade et en fin de vie[1]. Il y dénonce les crimes du colonialisme français — sans toutefois le mentionner ouvertement mais en le désignant comme le « tyran oppresseur » —, menace les occupants et prédit une révolte contre le système.

En 2002, alors que la seconde Intifada touche le Proche-Orient, la chanteuse Latifa Arfaoui décide de mettre en musique le poème, en faisant clairement allusion au conflit israélo-arabe dans son clip[2]. En 2011, le poème devient un slogan populaire dans le cadre de la révolution tunisienne, puis de celle égyptienne[3].

Texte

ألا أيها الظالم المستبد
حبيب الظلام عدو الحياه
سخرت بأنات شعب ضعيف
و كفك مخضوبة من دماه
و سرت تشوه سحر الوجود
و تبذر شوك الاسى في رباه

رويدك لا يخدعنك الربيع
و صحو الفضاء و ضوء الصباح
ففي الافق الرحب هول الظلام
و قصف الرعود و عصف الرياح
حذار فتحت الرماد اللهيب
و من يبذر الشوك يجن الجراح

تأمل هنالك انى حصدت رؤوس الورى و زهور الأمل
و رويت بالدم قلب التراب و اشربته الدمع حتى ثمل
ســيجرفك الســيل ســـيل الدماء
و يأكلك العاصف المشتعل

Ô tyran oppresseur...

Ami de la nuit, ennemi de la vie...
Tu t'es moqué d'un peuple impuissant
Alors que ta main est maculée de son sang
Tu abîmes la magie de l'univers
Et tu sèmes les épines du malheur dans ses éminences

Doucement ! Que ne te trompent pas le printemps,
La clarté de l'air et la lumière du jour
Dans l'horizon vaste, il y a l'horreur de la nuit
Le grondement du tonnerre et les rafales du vent
Attention ! Sous la cendre, il y a des flammes
Celui qui plante les épines récolte les blessures

Regarde là-bas où tu as moissonné les têtes humaines
et les fleurs de l'espoir
Et tu as englouti de sang, le cœur du sol et tu l'as abreuvé de larmes à l'ivresse
Le flot, torrent du sang va t'entraîner

Et l'orageux brûlant va te dévorer.

Références

Article connexe

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