Elisabeth Kübler-Ross

Elisabeth Kübler-Ross, née le à Zurich en Suisse et morte le à Scottsdale (Arizona) aux États-Unis, est une psychiatre helvético-américaine, pionnière de l'approche des soins palliatifs pour les personnes en fin de vie.

Pour les articles homonymes, voir Kübler et Ross.

Elisabeth Kübler-Ross
Biographie
Naissance
Décès
(à 78 ans)
Scottsdale
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Enfant
Ken Ross (en)
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Œuvres principales

Elle est connue pour sa théorisation des différents stades émotionnels par lesquels passe une personne qui apprend sa mort prochaine (modèle Kübler-Ross). Elle a initialement appliqué sa théorie à toute forme de perte catastrophique. Elle s'est intéressée également aux expériences de mort imminente.

Le prix de recherche « Elisabeth Kübler-Ross » est décerné tous les deux ans par l'unité « Recherches en soins palliatifs, thanatologie et éthique en fin de vie » de l'institut universitaire Kurt-Bösch à Sion en Suisse.

Biographie

Elisabeth Kübler naît le à Zurich. Elle est l'aînée de triplées : « on ne s'attendait pas à ce que je vive. »[1]

En 1942, désirant devenir médecin, elle travaille dans la clinique du docteur Karl Zehnder[1]. L'arrivée des nazis en Europe de l'Ouest provoque un flux de réfugiés dont certains aboutirent dans cette clinique. Elisabeth Kübler prend en charge les besoins de nourriture et de vêtements[1]. En 1945, avec les Volontaires pour la paix (IVSP, International Voluntary For Peace, voir Service civil international), elle se rend en France, principalement dans le village d'Écurcey[1], puis en Pologne en 1947, au milieu d'une épidémie de typhoïde. Au camp de concentration nazi de Majdanek, elle découvre les papillons noirs dessinés sur les murs par les enfants juifs avant de mourir (ce qui selon eux signifiait qu'ils « s'envoleraient », comme une chenille devient papillon) et qui deviendront plus tard les symboles de son travail. Elle déclare alors que c'est cette visite qui l'a convaincue de travailler pour les mourants[2]. Atteinte de typhoïde, elle rentre en Suisse[1].

En 1951, elle passe l'équivalent du bac et est reçue à l'université de Zurich et reçoit son diplôme de médecin en 1957, se marie avec le médecin américain Emanuel Ross[1] et se rend avec lui aux États-Unis[3].

Elle obtient son titre de psychiatre en 1963 à l'université du Colorado[4]. À Chicago, en 1965, elle suit une psychanalyse qui se passe mal[5]. À l'hôpital, elle dialogue avec des patients en phase terminale à l'aide d'un miroir sans tain[6]. Après un article dans Life Magazine, elle publie son premier livre en 1969 : On Death and Dying (traduit en français sous le titre : Les derniers instants de la vie[7]) qui lui apporte un énorme succès qui la submerge[8] et où elle expose ses cinq étapes du deuil pour la première fois. Selon le docteur Mignot, ses confrères et l'hôpital où elle travaille n'apprécient pas ce succès qui évoque la mortalité dans les hôpitaux[9].

En 1972, elle s'intéresse aux expérimentations sur le voyage astral de Robert Monroe[10]. Elle écrit la préface du livre de Raymond Moody Life after life (1975). L'hostilité des universités envers elle grandit. Elle s'installe à Escondido, au sud de la Californie, où elle établit le centre de soin Shanti Nilaya. Elle organise des séminaires, dont le but était, selon elle de « traverser la couche du déni professionnel qui empêche les patients d'exprimer leurs inquiétudes les plus intimes[11]. » Elle se consacre ensuite aux enfants qui vont mourir et aux victimes du SIDA[11].

Elle prend sa retraite en 1996 et, après plusieurs accidents vasculaires cérébraux qui vont l'handicaper, elle meurt à 78 ans, le , à Scottsdale, en Arizona, en compagnie de son fils Kenneth et de sa fille Barbara[12].

Modèle Kübler-Ross

Selon Elisabeth Kübler-Ross (1969), après un diagnostic de maladie terminale, on observe « cinq phases de deuil » (Five Stages of Grief)[13]. Kübler-Ross a initialement appliqué ces étapes à toute forme de perte catastrophique (emploi, revenu, liberté). Cela comprend également la mort d'un être cher, le divorce, la toxicomanie, ou l'infertilité.

  1. Déni (Denial). Exemple : « Ce n'est pas possible, ils ont dû se tromper. »
  2. Colère (Anger). Exemple : « Pourquoi moi et pas un autre ? Ce n'est pas juste ! »
  3. Marchandage (Bargaining). Exemple : « Laissez-moi vivre pour voir mes enfants diplômés. », « Je ferai ce que vous voudrez, faites-moi vivre quelques années de plus. »
  4. Dépression (Depression). Exemple : « Je suis si triste, pourquoi se préoccuper de quoi que ce soit ? », « Je vais mourir… Et alors ? »
  5. Acceptation (Acceptance). Exemple : « Maintenant, je suis prêt, j'attends mon dernier souffle avec sérénité. »

Kübler-Ross a également fait valoir que ces étapes ne sont pas nécessairement dans l'ordre indiqué ci-dessus, toutes les étapes ne sont pas non plus vécues par tous les patients, mais chaque victime en vivra toujours au moins deux.

Elle déclara être passée elle-même par les deux premières phases lors des huit dernières années de sa vie[12].

Hommage

Culture populaire

Les cinq stades de la mort annoncée sont cités et illustrés dans de nombreux films comme La Vie de David Gale (avec Kevin Spacey) ou All That Jazz (Que le spectacle commence) de Bob Fosse.

De nombreuses séries évoquent également le concept comme l'épisode 11 de la deuxième saison des Simpsons (Un poisson nommé Fugu). Dans la série Dr House saison 2 épisode 1, Cameron qui s'occupe d'une patiente atteinte d'un cancer du poumon demande de l'aide au Dr House et reçoit comme unique réponse les cinq phases d'approche de la mort. Dans l'épisode 404 de la série Newport Beach (The O.C.), un psychologue explique les différentes étapes du deuil à Summer qui essaie de faire face à la mort de sa meilleure amie, Marissa. Ils sont aussi cités dans le premier épisode de Dead like me, lorsque George vient de mourir écrasée par le siège des toilettes de la station MIR. Les cinq étapes sont également citées dans Grey's Anatomy (saison 6, épisodes 1 et 2, après le décès de Georges O'Malley), servant de fil conducteur aux scénarios des deux épisodes ou dans la série Les Frères Scott, dans l'épisode 17 de la saison 3. Lucas et ses amis doivent faire face au décès de Keith et le scénario de l'épisode se découpe en cinq parties, celles des cinq stades de la Mort. Il y a aussi la sixième saison de la série Frasier (épisode 1 Good Grief) où le protagoniste perd son travail à la radio, et son frère, Niles, explique les cinq étapes du deuil à son père. Thomas Magnum dans Magnum P.I y fait également référence dans un épisode. Son nom est cite dans un épisode de la série American Dad.

Dans la mini-série Fallen Son: The Death of Captain America, chaque numéro a pour sujet les cinq stades de la mort annoncée : le déni est la réaction de Wolverine, la colère des deux équipes des Vengeurs (New Avengers et Mighty Avengers), le marchandage de Clint Barton, la dépression de Spider-Man, et l'acceptation de Iron Man.

Les cinq phases du deuil sont aussi évoquées à propos d'une séparation tout au début de l'épisode 2 de la saison 5 de Fais pas ci, fais pas ça, diffusé le mercredi à 21 h 25 sur France 2.

Avec Vivre la fin des temps (2011) , Slavoj Žižek analyse les différentes façons d'appréhender la crise du capitalisme. L'issue fatale que Zizek annonce renvoie au schéma des « cinq phases du mourir » de la psychologue Elizabeth Kübler-Ross : le déni (l'idée que la misère ou les cataclysmes, « Cela ne peut pas m'arriver »), la colère, le marchandage (« Laissez-moi le temps de voir mes enfants diplômés »), la dépression (« Je vais mourir, pourquoi me préoccuper de quoi que ce soit » et l'acceptation (« Je n'y peux rien, autant m'y préparer »).

Une courbe inspirée des travaux d'EKR a déjà été mise en cause dans la série de suicides qui a touché France Télécom. Le titre du document transmis à ses cadres par Orga Consultants : « Le Positionnement du salarié, les phases du deuil ». La société de coaching en management avait d'ailleurs ajouté, aux phases décrites par la psychiatre, une sixième étape très encourageante : celle de « l'intégration ».

D'après certaines théories également échafaudées par les fans de la franchise, le jeu vidéo The Legend of Zelda: Majora's Mask serait en fait le parcours de la mort de Link, tout dépend de l’interprétation du jeu. En effet selon cette théorie Link passe par les cinq phases du deuil comme inspiration pour les cinq environnements : "La ville de Bourg Clocher" (le déni : personne ne croit que la lune va tomber), "le palais Mojo" (la colère : ils sont tous violents et méchants, ivres de rage), "Le pic des neiges ou la vallée Goron" (le marchandage : le fantôme de Darmani, un héros Goron, négocie sa résurrection ), "la grande baie, peuple Zora" (la dépression de Lulu qui a perdu sa voix), enfin "le canyon Ikana ou la vallée des morts" (l'acceptation : aucun être vivant ne peuple cette vallée, tous acceptent que la vie est finie, le temple figure le paradis, la tour inversée renvoie en enfer). Une autre théorie émet l’hypothèse qu’il s’agit en fait du deuil de Link face à sa séparation avec Navi à la fin de Ocarina of Time.

Dans le dernier livre de la trilogie Les fourmis, la révolution des fourmis, l'auteur Bernard Werber consacre un chapitre aux papillons dessinés par les enfants juifs[14].

Bibliographie

Œuvres

  • Les Derniers Instants de la vie (On Death and Dying, 1969), trad. Cosette Jubert, Labor et Fides, 1975, (ISBN 2-8309-0096-0)
  • Accueillir la mort : questions et réponses sur la mort et les mourants (Questions and answers on death and dying, 1972), Pocket, 2002, (ISBN 2-266-09642-7)
  • La mort, dernière étape de la croissance (Death: The Final Stage of Growth, 1975), trad. de l'an. Pierre Maheu, Pocket, 2006, 249 p. (19 contributions dont 4 de E.K.R.)
  • Avant de se dire au revoir (Live Until We Say Goodbye, 1978), Presses du Châtelet, 1999
  • Une lettre à un enfant devant la mort (The Dougy Letter. A Letter to a Dying Child, 1979), Éditions du Tricorne, 1992
  • La Mort, porte de la vie (Working it through, 1981), trad. Étienne Menanteau, LGF, 1995
  • Vivre avec la mort et les mourants (Living with death and dying, 1981), avec Renée Monjardet, Éditions du Rocher, 1997, (ISBN 2-268-02465-2)
  • La Mort et l'Enfant : souvenirs, lettres, témoignages (On children and death, 1985), Éditions du Tricorne, 1986, (ISBN 978-2-268-01750-1)
  • La mort est un nouveau soleil (Über den Tod und das Leben Danach, 1984), trad. Renate Prym-Khoshkish, Pocket, 2002, (ISBN 2-266-12219-3) (articles de 1977, 1980, 1982).
  • Le Sida, un défi à la société (AIDS, The Ultimate Challenge, 1988), InterÉditions
  • La mort est une question vitale (Death is of Vital Importance, 1995 ; puis The Tunnel and the Light, 1999), Pocket, 2000, (ISBN 2-266-08028-8)
  • Mémoires de vie, Mémoires d'éternité : la mort n'existe pas (The Wheel of life: A Memoir of Living and Dying, 1997), avec Loïc Cohen, Pocket, 1999, (ISBN 2-266-08518-2) - ou bien : Traduction : Loïc Cohen, J.C. Lattès (1997), (ISBN 2-7096-1845-1) (avec photos).
  • La Nostalgie de sa maison (1997), trad. de l'all. Claude Dhorbais, Le Courrier du Livre, 1998, (ISBN 2-7029-0382-7)
  • Leçons de vie : Deux experts de la mort et des phases terminales nous révèlent les mystères de la vie (Life Lessons, 2001), Poche, avec David Kessler, Loïc Cohen, 2004, (ISBN 2-266-12819-1)
  • Sur le chagrin et sur le deuil : trouver un sens à sa peine à travers les cinq étapes du deuil (On grief and grieving : finding the meaning of grief through the five stages of loss, 2005), avec David Kessler, trad. Joëlle Touati, Éditions Jean-Claude Lattès, 2009, (ISBN 978-2-7096-3034-4) ; Pocket, 2011 (ISBN 978-2-266-20333-3)

Bibliographie

  • (en) Derek L. T. Gill, Quest: The Life of Elisabeth Kübler-Ross, New York: Harper & Row, 1980.
  • Suzanne Shaup, Elisabeth Kübler-Ross, Le Courrier du livre, 1997.
  • (en) Richard Worth, Elisabeth Kübler-Ross: encountering death and dying, Chelsea House Publishers, 2005
  • Anne Bancroft, Femmes en quête d'absolu : De Simone Weil à Elisabeth Kübler-Ross, Albin Michel, Coll. Spiritualités vivantes, 1991 (ISBN 978-2-226-05270-4)

Notes et références

  1. (en) Richard Worth, Elisabeth Kübler-Ross : encountering death and dying, Chelsea House Publishers, (présentation en ligne), p. 6
  2. Psychologies.com, « Elisabeth Kübler-Ross », sur www.psychologies.com, (consulté le )
  3. (en) Jennifer Fecio McDougall,Martha Gorman,Carolyn S. Roberts, Euthanasia : a reference handbook, ABC-CLIO, (présentation en ligne), p. 137
  4. rédaction BMJ, « Obituary: Elisabeth Kübler-Ross. Psychiatrist and pioneer of the death-and-dying movement », BMJ, (lire en ligne, consulté le )
  5. Patrice van Eersel, « Extrait de La Source noire, P. van Eersel, éd. Grasset », sur nouvellescles.com (consulté le )
  6. (en) Elisabeth Kübler-Ross, « On Death and Dying par Elisabeth Kübler-Ross », sur crti-bc.net (consulté le ) p. 94
  7. « Les derniers instants de la vie( Compte-rendu ) »
  8. Dr Hervé Mignot, « Elisabeth Kübler-Ross : elle a apprivoisé la mort », sur nouvellescles.com (consulté le ) « Un raz de marée atteint Elisabeth, sollicitée de toute part pour prendre la parole ; des sacs entiers de courrier lui parviennent des mois durant, qui mobilisent tout son entourage afin que chaque lettre reçoive une réponse. Le destin a basculé »
  9. Dr Hervé Mignot, « Elisabeth Kübler-Ross : elle a apprivoisé la mort », sur nouvellescles.com (consulté le )
  10. (en) Joan Kron « The out-of-body trip: what a way to go! » New York Magazine 1976. Report on an experience at the Monroe Institute and discussion of OBE/NDE
  11. « Changing the face of medicine : Elisabeth Kübler-Ross », sur nlm.nih.gov (consulté le )
  12. Dr Hervé Mignot, « Un destin étonnant », sur ekr.france (consulté le )
  13. « Le deuil, un temps à traverser », sur EKR France (consulté le )
  14. Bernard Werber, La révolution des fourmis, Paris, Albin Michel, , 670 p. (ISBN 978-2-253-14445-8), p. 277-278

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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