Elizabeth Holmes
Elizabeth Holmes (née le à Washington) est connue pour avoir fondé et dirigé l'entreprise américaine Theranos, une société spécialisée dans les services médicaux. Elle a été reconnue coupable de fraudes sur les preuves des technologies mises en œuvre par cette entreprise et sur les résultats financiers de cette société.
Pour les articles homonymes, voir Holmes.
Ne doit pas être confondu avec Lizzie Holmes.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Elizabeth Anne Holmes |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation |
Université Stanford (-) St. John's School (en) |
Activité |
Fondatrice et PDG de la société Theranos |
Père |
Christian Holmes IV (d) |
Mère |
Noel Anne Daoust (d) |
Parentèle |
Charles Louis Fleischmann (en) (arrière-arrière-arrière-grand-père) |
A travaillé pour |
Theranos (- |
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Condamnée pour |
Fraude () |
Distinction |
Horatio Alger Award (d) () |
Le 3 janvier 2022, elle est condamnée pour escroquerie envers des investisseurs.
Biographie
Origine
Elizabeth Holmes est la fille de Noel Anne et Christian Holmes IV.
Son père poursuivit une brillante carrière, notamment chez Tenneco, en Chine, ce qui l'amène à apprendre le mandarin[1], en tant que vice-président d'Enron, avant que cette société ne soit objet d'une retentissante faillite frauduleuse, puis a occupé des postes de direction dans des agences gouvernementales telles que l' US Agency for International Development (USAID), US Environmental Protection Agency (EPA) et l' US Agency for Trade and Dévelopment international (USTDA) et la Global Environment and Technology Foundation (GETF).
Son frère cadet est Christian Holmes V.
L'un de ses ancêtres est le fondateur du géant céréalier Fleischmann's Yeast (en)[2]. Son arrière-arrière-grand-père, Christian R. Holmes, d'origine danoise, fut directeur de l'université de Cincinnati[3].
En 2002, Elizabeth Holmes entre à l'université Stanford pour étudier la chimie. Elle fait un stage au Genome Institute de Singapour où elle travaille sur la détection du coronavirus du SRAS dans le sang[4].
En 2003, elle dépose un brevet pour un appareil de suivi et de dosage de médicament intégré dans un téléphone portable. Elle abandonne ses études et crée la société Theranos. Les activités de l'entreprise sont centrées sur une méthode d'analyse sanguine entièrement automatisée, prétendument rapide et peu coûteuse, qui permettrait de réaliser plus de 1 000 analyses en quelques heures à partir d'une goutte de sang[5].
Theranos établit un partenariat avec la chaîne de pharmacies Walgreens Co. permettant d'effectuer un test sanguin en pharmacie[6].
En 2014, elle a fait la une de Forbes, Business Week et Fortune et est régulièrement comparée à Steve Jobs, le fondateur d'Apple. Elle est présentée comme une prodige notamment par l'ancien président Bill Clinton et comme une visionnaire par le vice-président Joe Biden[7].
Escroquerie et poursuites
En , un article d'investigation de John Carreyrou paru dans le Wall Street Journal affirme que Theranos a probablement exagéré la qualité et la fiabilité de sa technologie[8]. Par la suite, plusieurs experts médicaux ainsi que l'administration américaine expriment leur scepticisme à propos de la technologie de Theranos, notant que celle-ci n'a jamais été évaluée par des experts indépendants, et que Theranos n'a en outre jamais apporté de preuves que sa technologie est fiable et précise. De plus, des inspections dans les locaux de Theranos révèlent des problèmes majeurs dans la gestion de ses laboratoires[9]. En réalité, Theranos sous-traitait les analyses à des laboratoires traditionnels tout en vantant sa technologie innovante ; Elizabeth Holmes falsifiait ensuite des documents pour cacher la supercherie[10].
Elizabeth Holmes tente sans succès de bloquer la parution du dossier du journaliste John Carreyrou en s'adressant à Rupert Murdoch. Celui-ci, propriétaire du Wall Street Journal qui employait John Carreyrou, avait lui-même investi 125 millions de dollars dans la startup[11].
Après le début de la controverse, plusieurs institutions médicales et entreprises pharmaceutiques cessent leurs relations avec Theranos. L'entreprise et sa dirigeante sont menacées par le Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS), autorité fédérale américaine de contrôle des laboratoires de biologie médicale, de perdre l'autorisation d'opérer des analyses sanguines[12]. De fait, en , le CMS notifie à Theranos sa décision d'interdire à Elizabeth Holmes toute activité dans le domaine de l'analyse sanguine pour une période de deux ans[13],[14].
Plusieurs experts et média ont exprimé publiquement leurs doutes quant à la valeur financière de l'entreprise, considérée comme hautement fantaisiste, et estimé que l'entreprise aurait été construite sur une fable[15],[16].
En , dans une lettre ouverte, Elizabeth Holmes indique que l'entreprise va fermer ses laboratoires et licencier 340 salariés[17],[18].
En , elle conclut une transaction à l'amiable avec la Securities and Exchange Commission : en échange de l'abandon d'une partie des poursuites engagées contre elle, elle paye une pénalité de 500 000 $ et cède une partie du capital de son entreprise, de manière à abandonner sa majorité de contrôle. Elle s'engage aussi à ne diriger aucun groupe coté en bourse jusqu'en 2028. Elle reste toutefois poursuivie pour fraude par le département américain de la justice[19]. Après son inculpation dans cette affaire, elle quitte son poste de chief executive officer (directrice générale) de Theranos en , demeurant toutefois présidente du conseil d'administration[20]. Le nouveau CEO de Theranos annonce la dissolution de la société en [21].
Le procès d'Elizabeth Holmes et de l'ancien président de la société, Ramesh Balwani, commence le 31 août 2021[22]. Elle est reconnue coupable d'escroquerie le lundi 3 janvier 2022 [23].
Le 3 janvier 2022, elle est condamnée pour escroquerie envers des investisseurs et relaxée des autres chefs d'accusation[24]. Elle attend sa condamnation définitive en étant « en liberté sous caution » (de 500.000 $). Elle encourt une peine maximale de vingt ans de prison et une amende de 250.000 $. Le jugement est prévu pour le 17 octobre 2022.
Fortune
En 2015, le magazine Forbes, la classait à la 121e place de son classement « Forbes 400 » et plus jeune milliardaire à ne pas avoir hérité de sa fortune (4,5 milliards de dollars)[25].
Le , Forbes estime que Theranos ne vaut plus que 900 millions de dollars[26].
Holmes possède 50 % des actions ordinaires de l'entreprise, les autres investisseurs possédant des actions de préférence ; en cas de vente des actifs, ces derniers seraient donc payés en priorité, laissant peu de valeur à se partager entre les actionnaires ordinaires[27].
Bibliographie
- (en) John Carreyrou, Bad blood : Secrets and Lies in a Silicon Valley Startup, New York, Knopf, , 352 p. (ISBN 978-1-5247-3165-6).
Filmographie
- 2022 : Bad Blood (film américain) de Adam McKay avec Jennifer Lawrence.
- 2022 : The Dropout (mini-série américaine) de Rebecca Jarvis avec Amanda Seyfried.
Notes et références
- (en) Ron Leuty, « Theranos: The biggest biotech you’ve never heard of », San Francisco Business Times, (consulté le ).
- (en) Roger Parloff, « This CEO is out for blood », Fortune Magazine, (consulté le ).
- (en) Caitlin Roper, « This Woman Invented a Way to Run 30 Lab Tests on Only One Drop of Blood », Wired, (consulté le ).
- Anthony Verdot-Belaval, « Elizabeth Holmes, la plus jeune milliardaire de la planète », sur parismatch.com, (consulté le ).
- « Une femme milliardaire non héritière, Elizabeth Holmes », sur contrepoints.org, (consulté le ).
- « Cette femme est devenue milliardaire grâce à... une prise de sang », sur journaldunet.com, (consulté le ).
- Procès Theranos : Comment Elizabeth Holmes, présentée comme la prochaine Steve Jobs, a trompé tout le monde, 20minutes
- (en) John Carreyrou, « Hot Startup Theranos Has Struggled With Its Blood-Test Technology », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Ken Alltucker, « Arizona inspectors find Theranos lab issues », sur usatoday.com (consulté le ).
- Jean-Louis Tremblais, « Elizabeth Holmes, sang pour sans arnaqueuse », Le Figaro Magazine, semaine du 23 mars 2018, pp. 20-21.
- Philippe Corbé, « États-Unis : l'incroyable arnaque Theranos en livre et bientôt sur grand écran », RTL, (consulté le ).
- (en) John Carreyrou et Christopher Weaver, « Regulators Propose Banning Theranos Founder Elizabeth Holmes for at Least Two Years », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le ).
- (en) John Carreyrou, Michael Siconolfi et Christopher Weaver, « Theranos Dealt Sharp Blow as Elizabeth Holmes Is Banned From Operating Labs », Wall Street Journal, (lire en ligne, consulté le ).
- « Deux ans d'interdiction d'exercer pour Elizabeth Holmes, patronne de Theranos », Les Échos, (lire en ligne).
- (en) « The fable of the unicorn », The Economist, (ISSN 0013-0613, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Nick Stockton, « Everything You Need to Know About the Theranos Saga So Far », Wired (consulté le ).
- « An Open Letter From Elizabeth Holmes », sur Theranos Newsroom, (consulté le ).
- Reed Abelson, « Theranos to Close Labs and Lay Off 340 Workers », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
- Jérôme Marin, « Tests sanguins : la trop belle histoire de la start-up Theranos », lemonde.fr, (lire en ligne).
- (en) « Theranos founder Elizabeth Holmes and former president Balwani charged by feds with wire fraud », CNBC, (lire en ligne).
- Jérôme Marin, « Clap de fin pour Theranos, la start-up qui a berné la Silicon Valley », Silicon 2.0, lemonde.fr, (lire en ligne).
- Vincent Fagot, « Theranos, la start-up qui voulait révolutionner les tests sanguins, devant la justice américaine », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Elizabeth Holmes, la fondatrice de Theranos, condamnée pour escroquerie aux Etats-Unis », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/04/etats-unis-au-proces-theranos-le-jury-reste-indecis-sur-la-culpabilite-d-elizabeth-holmes_6108076_3234.html
- (en) « Elizabeth Holmes », Forbes (consulté le ).
- (en) Oliver Staley, « Forbes just cut its estimate of Theranos CEO Elizabeth Holmes’s net worth from $4.5 billion to zero », Quartz, .
- Alexandre Delaigue, « Comment perdre 4,5 milliards de dollars », FranceTVInfos, (consulté le ).
Liens externes
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- Ressource relative à la vie publique :
- (en) C-SPAN
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