Embryon

Un embryon (du grec ancien ἔμϐρυον / émbruon) est un organisme en développement depuis la première division de l'œuf ou zygote jusqu'au stade où les principaux organes sont formés.

Embryon dans un œuf de Petite roussette (Scyliorhinus canicula).
Embryon de souris commune.

L'embryologie est l'étude de la croissance d'un organisme durant toute la gestation, c'est-à-dire à la fois pendant la période embryonnaire et la période fœtale.

Chez l'humain

Un embryon humain âgé d'environ 7 semaines.

Développement

Embryon humain de cinq semaines (grossesse tubaire) ; on note la tête en haut avec l'ébauche des yeux ; les bras et les jambes sont à l'état de bourgeons.
Embryon humain d'environ six semaines.

Chez l'être humain, le stade embryonnaire dure huit semaines (soit dix semaines d'aménorrhée). Cette période aboutit à la formation du fœtus. Au-delà et jusqu'au terme de la grossesse, on parle de fœtus.

Lors de la fécondation se forme un zygote (ou cellule-œuf), issu de l'union de deux gamètes : un ovocyte et un spermatozoïde. Chacune apporte, sous la forme de chromosomes, une part d'information génétique. L'ensemble du matériel génétique humain ainsi réuni sera reproduit lors des divisions successives de l'œuf, par le processus de mitose. Lors de sa première semaine, l'embryon est nourri par des sécrétions des glandes utérines stimulées par la progestérone produite par le corps jaune de l'ovaire.

Au septième jour du développement, c'est la nidation : l'œuf s'implante dans l'endomètre.

L'embryon humain est totalement indifférencié morphologiquement jusqu'à la septième semaine après la conception : il ne possède alors que des gonades primitives et les canaux de Wolff et de Müller. Lors du développement du système reproducteur femelle les ovaires produisent des œstrogènes. Cette hormone permet le maintien des canaux de Müller[1], qui se transforment peu à peu en oviductes[2]. Chez la femme, les canaux de Wolff dégénèrent par l'absence de testostérone[2],[3] et la différenciation est favorisée par le gène DAX1, qui inhibe les caractères masculins[1]. Chez l'embryon masculin, à partir de la huitième semaine, le gène SRY porté par le chromosome Y déclenche le développement du système reproducteur mâle[3],[2].

Statut juridique

Juridiquement, l'embryon, n'ayant ni sensibilité, ni personnalité n'est pas considéré comme une personne à part entière dans la plupart des pays.[réf. nécessaire]

L'interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite dans certains pays en raison du statut juridique de l'embryon[4]. Selon certains points de vue (notamment religieux[5],[6] et philosophique), le statut d'être humain est acquis dès la conception : selon cette interprétation, mettre fin à la vie de l'embryon équivaut à un assassinat.

En France, l'IVG est autorisée jusqu'à 16 semaines d'aménorrhée (14 semaines de grossesse) depuis le [7] ; en Belgique, jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée — soit au-delà du stade de l'embryon. Le statut juridique du fœtus est incertain.

Recherche

Le Parlement français a adopté mardi 6 août 2013[8], par un vote des députés, un texte autorisant la recherche sur l’embryon et les cellules souches. Cette recherche est possible sous des conditions très strictes établies dans l'article L2151-5 du Code de la santé publique[9] liées au but des expériences menées,à la nécessité d'utilisation de l'embryon, à l'absence de projet parental entourant l'embryon et au consentement des parents, ou du membre survivant du couple. Il faut noter qu'il s'agit d'embryons conçus in vitro[9]. Ce projet de loi fut soutenu par le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault[10].

Statut dans les différentes religions

L'Église catholique ne s'est pas formellement prononcée sur le moment précis de l'animation de l'être humain. Son instruction romaine Donum Vitae suggère que l'embryon possède une âme spirituelle dès sa conception[11].

Chez les animaux

Le développement de l'embryon de la plupart des animaux multicellulaires, ou métazoaires, comprend successivement :

  1. Le clivage ou la segmentation qui correspond aux premières mitoses de l'embryon ;
  2. La gastrulation qui met en place les deux (ectoderme, endoderme) ou trois (+ mésoderme) feuillets embryonnaires qui vont former les tissus et organes caractéristiques de l'espèce. L'organisation de l'embryon est souvent bouleversée au cours de ce processus qui implique de nombreuses migrations cellulaires ;
  3. La neurulation et l'organogénèse au cours desquels le système nerveux et les organes se forment à partir des feuillets.

Les embryons des métazoaires peuvent respirer soit par diffusion directe à travers le tégument (exemple : embryons d'amphibiens), soit à l'aide d'une annexe embryonnaire qui joue le rôle de « poumon » ou de « branchie » transitoire (embryons d'amniotes, pour la plupart des mammifères c'est le placenta qui assure ce rôle).

Les embryons des métazoaires peuvent se nourrir à partir des réserves contenues dans leurs cellules et déposés initialement dans l'ovocyte par leur mère (embryons d'arthropodes, d'amphibiens), ou se nourrissent à l'aide d'annexes embryonnaires (embryons d'amniotes, pour la plupart des mammifères c'est le placenta qui assure ce rôle).

Chez les plantes

Embryon de Fusain d'Europe (en jaune).

En botanique, l'embryon est l'ensemble de cellules issues de la division de l'œuf jusqu'au stade de la plantule, organisme maintenu en vie latente, pendant un temps variable, au sein de la graine et qui comprend quatre parties : la gemmule, la tigelle, le(s) cotylédon(s) et la radicule.

Polyembryonie

La polyembryonie se définit par la formation d'au moins deux embryons viables à partir d'une seule cellule-œuf. Elle correspond chez les humains à la formation de jumeaux monozygotes (univitellins, « vrais » jumeaux ou jumeaux « identiques »).

Voir aussi

Bibliographie

  • Rosine Chandebois, L'embryon cet inconnu,  éd. L'Âge d'Homme, 2004, 163 p. (suivi de : Michel Lefeuvre, La réflexion d'un philosophe, p. 165 à 174)
  • Pierre-Olivier Arduin, La bioéthique et l'embryon,  éd. de l'Emmanuel, 2007 (ISBN 978-2353890170)
  • Armand Tandeau de Marsac, Regard intérieur sur l'embryon,  éd. Arsis, 2007
  • La physique de l'embryon, CNRS, 2015, piste vidéo, 04m10.

Notes et références

  1. Gilles Furelaud, Nabila Devos et Amélie Sabouret, « La mise en place de l'appareil génital : Contrôle génétique des différentes étapes », sur www.snv.jussieu.fr, Faculté de Biologie UFR (consulté le )
  2. Gilles Furelaud, Nabila Devos et Amélie Sabouret, « La mise en place de l'appareil génital : Différenciation morphologique de l'appareil génital », sur www.snv.jussieu.fr, Faculté de Biologie UFR (consulté le )
  3. « Sexe et différenciation sexuelle », sur www.stresshumain.ca, Centre d'études sur le stress humain (consulté le )
  4. (en) « Abortion laws around the world : from bans to personal choice », sur cnn.com, (consulté le )
  5. « Catéchisme de l'Eglise catholique », sur vatican.va (consulté le )
  6. « Que dit l'Islam sur l'avortement ? », sur muslim.fr (consulté le )
  7. Loi no 2022-295 du visant à renforcer le droit à l'avortement (1)
  8. « LOI n° 2013-715 du 6 août 2013 », sur legifrance.gouv, (consulté le )
  9. « Code de la santé publique », sur http://www.legifrance.gouv.fr, (consulté le )
  10. « Eric Brunet: "Le Parlement adopte le texte autorisant la recherche sur l’embryon humain" », la-croix.com, (consulté le )
  11. « Donum Vitæ sur le respect de la vie humaine naissance et la dignité de la procréation », sur vatican.va, (consulté le )
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