Emmanuelle de Dampierre
Emmanuelle de Dampierre[1], qui portait les titres de courtoisie de duchesse d’Anjou et duchesse de Ségovie, née à Rome en Italie, le et morte dans la même ville le [2],[3],[4], est la première épouse de Jacques-Henri de Bourbon, duc d'Anjou et duc de Ségovie, prétendant légitimiste au trône de France et prétendant alphonsiste et carliste au trône d'Espagne, et est donc considérée par ses partisans comme duchesse d’Anjou et duchesse de Ségovie.
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Titres
Épouse du prétendant légitimiste
aux trônes de France et de Navarre
–
(6 ans et 6 jours)
Prédécesseur | Victoire-Eugénie de Battenberg |
---|---|
Successeur | Carmen Martínez-Bordiú y Franco |
Épouse du prétendant carliste
au trône d’Espagne
–
(6 ans et 6 jours)
Prédécesseur | Victoire-Eugénie de Battenberg |
---|---|
Successeur | Carmen Martínez-Bordiú y Franco |
Titulature |
Duchesse d’Anjou Duchesse de Ségovie |
---|---|
Dynastie |
Maison de Dampierre Maison de Bourbon |
Distinctions |
Dame de la Croix-Rouge Dame de la société royale d’équitation de Séville |
Nom de naissance | Vittoria Jeanne Emmanuelle Joséphine Pierre Marie de Dampierre |
Naissance |
Rome (Italie) |
Décès |
Rome (Italie) |
Père | Roger de Dampierre (1892-1975) |
Mère | Vittoria Ruspoli (1892-1982) |
Conjoints |
Jacques de Bourbon (1935-1947) civilement : Antonio Sozzani (1949-2007) |
Enfants |
Alphonse de Bourbon Gonzalve de Bourbon |
Religion | catholicisme |
Famille
Emmanuelle de Dampierre est la fille aînée de Roger de Dampierre (1892-1975), vicomte de Dampierre[5], duc pontifical de San Lorenzo Nuovo[6], et noble de Viterbe, et de son épouse italienne donna Vittoria Ruspoli (1892-1982), des princes de Poggio Suasa et de Cerveteri[7].
Le , elle épouse à Rome, en l'église Saint-Ignace-de-Loyola, Jacques-Henri de Bourbon (1908-1975), duc de Ségovie, deuxième fils du roi Alphonse XIII, parti en exil puis déchu par la République espagnole[8].
Le couple a eu deux enfants :
- Alphonse de Bourbon (1936-1989), duc de Bourbon et de Bourgogne (1950-1975), duc de Cadix (1972-1989) et duc d’Anjou (1975-1989), qui épouse Carmen Martínez-Bordiú (1951). D’où deux fils, François, duc de Bretagne puis duc de Bourbon et Louis, duc de Touraine, puis duc de Bourbon et ensuite duc d’Anjou ;
- Gonzalve de Bourbon (1937-2000), duc de Bretagne (1950-1972) puis duc d’Aquitaine (1972-2000), qui épouse d’abord civilement María del Carmen Harto Montealegre (1947), puis religieusement María de las Mercedes Licer García (1963) et enfin Emanuela Pratolongo (1960).
Sur un plan purement civil, le mariage d’Emmanuelle de Dampierre et de Jacques-Henri de Bourbon est annulé[9] par le tribunal civil d’Ilfov, à Bucarest, en Roumanie, le . L'annulation civile est ensuite validée en Italie par la cour d’appel de Turin présidée[10] par Domenico Riccardo Peretti Griva (it), qui en ordonne la transcription à l’état civil de Rome le . Cependant, l’union n’est jamais annulée par l’Église et reste valide en France[N 1] et en Espagne. En 2012, le duc d'Anjou fera part du décès de sa grand-mère paternelle en la qualifiant de « veuve de Mgr Jacques de Bourbon, duc d'Anjou et de Ségovie »[12].
Le , Emmanuelle de Dampierre se remarie civilement à Vienne, en Autriche, avec le Milanais Antonio Sozzani (1918-2007), agent de change et fils du banquier Cesare Sozzani et de Cristina Alemani.
Biographie
L'adolescence d'Emmanuelle de Dampierre est durement marquée par le divorce de ses parents en 1930 et par les difficultés financières que connaît sa mère à la suite de cet événement. Désargentée, la famille d’Emmanuelle la pousse donc à trouver un bon parti, ce qui semble se produire lorsqu'elle épouse en 1935 le deuxième fils du roi déchu Alphonse XIII[13], le prince Jacques-Henri de Bourbon, qui porte le titre de courtoisie de duc de Ségovie (dont Franco ne leur fera jamais concession officielle).
Pour certains royalistes espagnols, qui tiennent pour nulle la renonciation de son époux (que celui-ci récusera en 1949), elle est même la future reine d’Espagne[14].
Cependant, le mariage fait long feu. Emmanuelle de Dampierre ne tarde pas à découvrir que son époux est infidèle, qu'il est dépensier et qu'il a également des problèmes d'alcoolisme[15]. Au fil des années, les relations du couple se dégradent donc et cela malgré la naissance de leurs deux fils, Alphonse et Gonzalve. Finalement, le couple se sépare en 1947 et ses deux enfants sont envoyés dans un internat en Suisse, où ils passent la plupart de leurs vacances scolaires.
Quelque temps après, Emmanuelle se remarie civilement en Italie avec Antonio Sozzani, duquel elle se sépare deux décennies plus tard.
Les années 1980 sont une période très difficile pour Emmanuelle de Dampierre. Après trois ans de séparation, son fils aîné, Alphonse de Bourbon, et l’épouse de celui-ci divorcent en 1982. Deux ans plus tard, en 1984, un grave accident de voiture coûte la vie au fils aîné du duc, François de Bourbon (1972-1984), tandis qu'Alphonse et son deuxième fils sont grièvement blessés. Enfin, en 1989, Alphonse de Bourbon meurt d'une grave blessure au cou dans un accident de ski aux États-Unis.
Emmanuelle de Dampierre cherche dès lors à prendre sous son aile son dernier petit-fils, Louis de Bourbon, duc d'Anjou, mais c'est finalement chez son autre grand-mère, María del Carmen Franco y Polo (1926-2017), que celui-ci s’installe. Emmanuelle de Dampierre accompagne cependant le prétendant légitimiste ou le représente lors de diverses cérémonies officielles, comme la messe anniversaire de la mort de Louis XVI qui a lieu tous les 21 janvier. La duchesse d’Anjou et de Ségovie s'implique également dans les querelles qui opposent Orléans et Bourbons, comme le montrent ses déclarations lors de l'attribution du titre de courtoisie de duc d'Anjou à Charles-Philippe d'Orléans par son oncle, le comte de Paris[16].
En 2003, la presse espagnole offre une large couverture médiatique à la publication des mémoires d'Emmanuelle de Dampierre : El Mundo et ¡Hola! en publient de longs extraits tandis que le journal ABC[17] et le quotidien El País en font des critiques peu flatteuses.
Elle meurt le 2 mai 2012 à Rome à l'âge de 98 ans. Ses funérailles sont célébrées le 11 mai 2012, en l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce, par l'aumônier familial Christian-Philippe Chanut. Elle est ensuite inhumée au caveau familial de Dampierre du cimetière de Passy[18].
Titulature de courtoisie
Indirecte | Son Altesse Royale |
---|---|
Directe | Votre Altesse Royale |
Alternative | Madame |
Les titres portés actuellement par les membres de la maison de Bourbon n’ont pas d’existence juridique en France — ni le titre ducal de Ségovie[19] en Espagne — et sont considérés comme des titres de courtoisie. Ils sont attribués par l'aîné des Bourbons. Épouse puis veuve du duc d'Anjou et de Ségovie, Emmanuelle de Dampierre porta les titres suivants :
- — : Mademoiselle Emmanuelle de Dampierre ;
- — : Son Altesse Sérénissime la duchesse de Ségovie (son mari étant prince du sang royal de France) ;
- — : Son Altesse Royale la duchesse de Ségovie (son mari étant devenu fils de France) ;
- — : Son Altesse Royale la duchesse de Ségovie, dauphine de France ;
- — : Madame la duchesse de Ségovie ;
- — : Madame la duchesse d'Anjou et de Ségovie ;
- — : Madame la duchesse d'Anjou douairière, duchesse de Ségovie (pendant que sa belle-fille était duchesse d'Anjou) ;
- — : Madame la duchesse d'Anjou et de Ségovie ;
- — : Madame la duchesse d'Anjou douairière, duchesse de Ségovie (depuis que l'épouse de son petit-fils était duchesse d'Anjou).
Armoiries
Depuis le , Emmanuelle de Dampierre portait[20] des armoiries composées à dextre des pleines armes de France, et à senestre des armes de la maison de Dampierre, écus surmontés de la couronne fleurdelisée des rois de France.
Dans la culture populaire
Le rôle d'Emmanuelle de Dampierre est interprété par l'actrice Fiorella Faltoyano dans le premier et le deuxième épisode de la mini-série espagnole Alfonso, el príncipe maldito (2010)[21].
Distinctions
- Dame de la Croix-Rouge italienne (Royaume d'Italie)[22].
- Dame de la société royale d’équitation de Séville (Royaume d'Espagne, 1938)[23].
Ascendance
16. Marquis Aymar de Dampierre, pair de France | ||||||||||||||||
8. Vicomte Henri de Dampierre | ||||||||||||||||
17. Vicomtesse Julie Charlotte d’Abbadie de Saint-Germain | ||||||||||||||||
4. Richard de Dampierre, 1er duc de San Lorenzo Nuovo | ||||||||||||||||
18. Francis Proteus Corbin | ||||||||||||||||
9. Elizabeth Tayloe Corbin | ||||||||||||||||
19. Agnes Rebecca Hamilton | ||||||||||||||||
2. Roger de Dampierre, 2e duc de San Lorenzo Nuovo | ||||||||||||||||
20. Antoine Carraby | ||||||||||||||||
10. Pierre Étienne Carraby | ||||||||||||||||
21. Jeanne Marie Leroy | ||||||||||||||||
5. Jeanne Marie Carraby | ||||||||||||||||
22. Charles Ybry, maire de Neuilly-sur-Seine | ||||||||||||||||
11. Marie Marguerite Ybry | ||||||||||||||||
23. Clotilde Delbar | ||||||||||||||||
1. Emmanuelle de Dampierre | ||||||||||||||||
24. Don Francesco Ruspoli, 3e prince de Cerveteri | ||||||||||||||||
12. Prince Don Bartolomeo Ruspoli | ||||||||||||||||
25. Comtesse Maria Leopoldina von Khevenhüller-Metsch | ||||||||||||||||
6. Don Emanuele Ruspoli, 1er prince de Poggio Suasa | ||||||||||||||||
26. Valerio Ratti | ||||||||||||||||
13. Carolina Ratti | ||||||||||||||||
27. Luigia Masucci | ||||||||||||||||
3. Princesse Donna Vittoria Ruspoli de Poggio Suasa | ||||||||||||||||
28. Lewis Agur Curtis | ||||||||||||||||
14. Joseph David Beers-Curtis | ||||||||||||||||
29. Mary Elizabeth Beers | ||||||||||||||||
7. Josephine Mary Beers-Curtis | ||||||||||||||||
30. George Washington Giles | ||||||||||||||||
15. Elizabeth Shipton-Giles | ||||||||||||||||
31. Elizabeth Ogden | ||||||||||||||||
Œuvres
- Emmanuelle de Dampierre, « Lettre-préface » dans Jean Silve de Ventavon (préf. Madame la duchesse d'Anjou et de Ségovie), La légitimité des lys et le duc d’Anjou, Paris, Éditions Fernand Lanore ; François Sorlot, éditeur, coll. « Reflets de l'histoire », , 233 p. (ISBN 2-85157-060-9, BNF 35023359, lire en ligne).
- Emmanuelle de Dampierre, « Lettre-préface » dans Jean-Louis Picoche (préf. S.A.R. Mme la duchesse d'Anjou et de Ségovie, ill. Daniel Lordey), La vie est un bal masqué : une chouannerie espagnole, Saint-Vincent-sur-Oust, Elor, , 248 p. (ISBN 2-907524-95-X, BNF 36984290).
- (es) Emanuela de Dampierre et Begoña Aranguren, Memorias. Esposa y madre de los Borbones que pudieron reinar en España, Madrid, La Esfera de los Libros, coll. « Biografías y Memorias », , 412 p. (ISBN 8497341414, présentation en ligne)
Notes et références
Notes
Références
- État civil du ministère des Affaires étrangères, Nantes, acte de naissance référencé « (CSL) ROME.1913..00004. » : Patrick Van Kerrebrouck avec la collaboration de Christophe Brun (préf. Hervé Pinoteau), Nouvelle histoire généalogique de l’auguste maison de France, t. 4 : La maison de Bourbon - 1256-2004, 2e éd., vol. 1, p. 265, note 29, Villeneuve d’Ascq : Patrick Van Kerrebrouck (auto-édition), 2004, 491 p. (ISBN 2950150950).
- Communiqué du décès par l’Institut Duc d’Anjou
- Esquela ABC, avec la date du 3 mai.
- Héraldique européenne... le blog
- Titre de courtoisie.
- Duca di San Lorenzo. Maison de Dampierre
- Quid, « Descendants des anciens souverains »
- Les Cortes constituantes souveraines ont déclaré « coupable de haute trahison » et « hors-la-loi » « Alfonso de Borbón y Habsburgo-Lorena », « qui fut roi d'Espagne ». « Don Alfonso de Borbón sera privé de toutes ses dignités, droits et titres, qu'il ne pourra utiliser ni en Espagne ni hors d'Espagne, et dont le peuple espagnol, par la voix de ses représentants élus pour voter les nouvelles normes de l'État espagnol, le déclare déchu, sans possibilité de les revendiquer à l'avenir, pour lui comme pour ses successeurs. » : loi du 26 novembre 1931 ( et ). Franco abrogera cette loi en 1938, sans toutefois donner à Alphonse XIII le titre royal : .
- Wilde 2013, p. 127.
- Wilde 2013, p. 126.
- Patrick Van Kerrebrouck et avec la collaboration de Christophe Brun (préf. Hervé Pinoteau), Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, t. 4 : La maison de Bourbon - 1256-2004, vol. 1, Villeneuve d'Ascq, Patrick Van Kerrebrouck (auto-édition), , 2e éd., 491 p. (ISBN 2-9501509-5-0), p. 265.
- « Communiqué : Décès d'Emmanuelle de Dampierre » (version du 30 juin 2014 sur l'Internet Archive), sur le site de l'Institut Duc d'Anjou, .
- Pour certains auteurs, il s’agirait même d’un mariage forcé. El Mundo, « Don Alfonso, de visita en La Zarzuela: “Aquí debería estar yo” », 22 octobre 2003
- El Mundo, « Así presionaron a Jaime para que renunciara al trono », 19 octobre 2003 : selon la duchesse d'Anjou et de Ségovie, « en opinión del marqués de Villamagna y de otros muchos, nuestro matrimonio nunca debió ser un impedimento para que Jaime hubiera podido reinar. Según su tesis, el Rey debería haber sido Jaime y el heredero, mi hijo Alfonso ».
- El Mundo, « Memorias y olvidos de Emanuela de Dampierre », 23 octobre 2003.
- « Apanage en débat » sur Royal artillerie
- ABC, « Fantasmas de palacio », 18 octobre 2003
- Pure People
- « Ce titre n'a jamais eu existence légale en Espagne (c'était simplement un don d'Alfonso XIII en exil, qui n'a pas été officialisé par son petit-fils et successeur le roi Juan Carlos) » : Juan Balansó, ICC : L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, no 468, mai 1990, p. 432 (ISSN 0994-4532) (BNF 34412422).
- Héraldique européenne... le blog
- Informations sur l’IMDB.
- Numen Digital
- Ortiz de Pinedo
Voir aussi
Bibliographie
- (es) José Apezarena, Luis Alfonso de Borbón. Un príncipe a la espera, Barcelone, Plaza & Janés, , 604 p. (ISBN 978-84-01-30552-8, lire en ligne).
- (fr) Marc Dem, Le duc d’Anjou m’a dit — La vie de l’aîné des Bourbons, Perrin, Paris, 1989, 177 p. (ISBN 226200725X)
- (fr) Jean Silve de Ventavon, La légitimité des lys et le duc d’Anjou, Éditions Fernand Lanore, coll. « Reflets de l'histoire », Paris, 1989, 233 p. (ISBN 2851570609)
- (es) José María Zavala, Don Jaime, el trágico Borbón : La maldición del hijo sordomudo de Alfonso XIII, Madrid, La Esfera de los Libros, coll. « Historia del Siglo XX », , 424 p. (ISBN 978-84-9734-565-1 et 84-9734-565-7)
- Yvan de Wilde et Nicole Dubus Vaillant (préf. Patrick Esclafer de La Rode), À l'ombre du trône d'Espagne, Charlotte de Bourbon, duchesse de Ségovie, Antibes, Éditions Vaillant, , 256 p. (ISBN 978-2-916986-43-2)
- Presse en ligne
- (es) Rodolfo Vargas Rubio, « Emanuela de Dampierre, duquesa de Segovia » dans El Manifiesto.com du 8 novembre 2008.
- Daniel de Montplaisir, « On l’appelait « Madame » » (version du 16 juillet 2014 sur l'Internet Archive), sur le site de l'Institut Duc d'Anjou, .
- (es) La Claudis, « El milagro de la genética », sur Achilipú, (consulté le ). La extraordinaria resemblanza de los ancestros del duque de Cádiz : article d'un blog dominicain comparant des photographies des Dampierre et des ducs d'Anjou.
Articles connexes
Liens externes
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