Empreinte eau
L'empreinte eau (on parle également d'empreinte sur l'eau) est le volume total d'eau virtuelle utilisée pour produire un produit ou un service. Comme on le fait pour l'empreinte écologique, on peut également évaluer l'empreinte eau d'une entreprise, d'un pays, d'un individu, d'une ville etc. L'empreinte de l'eau ou Water footprint en anglais est un indicateur basé sur la consommation effective d’eau aux différents stades de la production d’un produit par le consommateur ou le producteur. On distingue l'eau verte, bleue et grise :
- l'eau bleue[1] est l'eau captée pour les usages domestiques et agricoles. Elle est aussi définie comme l'eau douce de surface ou souterraine, autrement dit l'eau douce des lacs, des rivières et des aquifères ;
- l'eau verte[1] est l'eau de pluie stockée dans le sol : elle est incorporée dans les végétaux, transpirée ou évaporée[2];
- l'eau grise est l'eau polluée par les processus de production[3],[4]. Dans la terminologie émergente de l'empreinte eau, l'eau grise désigne aussi la quantité d'eau bleue nécessaire pour diluer suffisamment l'eau usée rejetée et rendre l'eau à nouveau disponible pour un autre usage[5].
Mis au point en 2002 par le Professeur A. Y. Hoekstra de l’UNESCO-IHE, cet indicateur a par la suite été développé par l’Université de Twente (Pays-Bas). Actuellement, c’est le Water Footprint Network qui s’occupe des standards de la comptabilité de l’empreinte eau et qui en assure sa diffusion[6].
L'eau virtuelle désigne le volume d'eau nécessaire à la production d'un produit. Le concept est surtout utilisé pour décrire les quantités d'eau associées au commerce des produits. Il a été introduit par Tony Allan au début des années 1990. La notion d'eau virtuelle est particulièrement utilisée en géopolitique, en établissant des cartes des échanges d'eau : ainsi on met en évidence qu'un pays important des céréales est également importateur d'eau virtuelle[7].
L'ISO étudie la mise en place d'une norme pour définir un système d'évaluation de l'empreinte eau harmonisé sur le plan international[8].
Quelques exemples
- 15 415 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de viande de bœuf[9]. L'eau verte (la pluie qui tombe sur les surfaces agricoles) représente 90% de ce chiffre[10].
- 1,5 litres pour une bouteille en plastique d'1 litre d'eau (vide !)[réf. nécessaire]
Les biocarburants ont une empreinte eau importante[11].
- pour le maïs, plus de 250 m3 d'eau par Tonne d'équivalent pétrole (tep)- éthanol
- pour le soja, plus de 150 m3/tep - biodiesel
Selon certaines estimations, la production d'une voiture consomme plus de 39 000 gallons US d'eau (150 000 litres) d'eau et la production de pneus varie selon les estimations. Les principales utilisations de l'eau dans l'industrie automobile comprennent le traitement de surface et le revêtement, les cabines de peinture au pistolet, le lavage, le rinçage, les tuyaux, le refroidissement, les systèmes de climatisation et les chaudières. Les segments de fabrication de composants ont leur propre liste de processus à forte consommation d'eau[12]. Selon le fabricant, la Gigafactory à Grünheide de Tesla devrait consommer jusqu'à 372 m3 par heure, ce qui pose un problème étant donné sa situation[13].
Empreintes sur l’eau de quelques pays
Chaque cubage ci-dessous représente l'empreinte eau (moyenne) par personne, c'est-à-dire le volume d’eau nécessaire pour la production des biens et des services consommés par le pays concerné chaque année :
- 2 500 m3 à 2 664 m3/personne/an en Belgique (soit 28 milliards de m3/an)[14],[15]
- 2 483 m3/personne/an aux États-Unis (soit 696 milliards de m3/an)[16]
- 2 332 m3/personne/an en Italie[16]
- 1 875 m3/personne/an en France (soit 110 milliards de m3/an)[16]
- 1 682 m3/personne/an en Suisse (soit 12 milliards de m3/an)[16]
- 1 103 m3/personne/an en Pologne (soit 43 milliards de m3/an)[16]
- 675 m3/personne/an en Éthiopie (soit 43 milliards de m3/an)[16]
Monde : 1 243 m3/personne/an (soit 7 452 milliards de m3/an)[16]
Comme dans le cas de l'empreinte écologique, de l'empreinte carbone, etc. une partie importante, voire très importante de l'empreinte d'un pays riche peut être délocalisée dans d'autres pays où sont produits des biens ou services nécessitant une consommation importante d'eau. La France exporte ainsi l'équivalent du prélèvement de 7 km3 d'eau (dont environ 1,5 pour les céréales), et importe des marchandises dont la production représente un prélèvement de 15 km3[17].
Les calculs ne prennent généralement pas en compte les fuites d'eau des réseaux (Selon le CAS, en 2012, 1 litre sur 4 d'eau prélevée, traitée et mise dans les réseaux n'arrive jamais au robinet[18]) ni l'eau utilisée une ou plusieurs fois pour produire de l'électricité via le fonctionnement des barrages hydroélectriques et/ou le refroidissement des centrales thermiques (charbon, gaz, fioul ou nucléaire).
Voir aussi
Articles connexes
- Eau
- Gestion de l'eau
- Analyse du cycle de vie
- Association du flocon à la vague
- Développement durable
- Éco-conception
- Empreinte écologique
- Métabolisme social
Liens externes
Notes et références
- « Eau bleue, eau verte - Eaufrance », sur www.eaufrance.fr (consulté le )
- (en) Lan Wang-Erlandsson, Arne Tobian, Ruud J. van der Ent et Ingo Fetzer, « A planetary boundary for green water », Nature Reviews Earth & Environment, vol. 3, no 6, , p. 380–392 (ISSN 2662-138X, DOI 10.1038/s43017-022-00287-8, lire en ligne, consulté le )
- Introduction aux thématiques de l'eau, université de Genève
- A. Y. Hoekstra... [et al], "The Water Footprint Assessment Manual : setting the global standard", p. 187 et 189
- Daniel Zimmer, L'empreinte eau : les faces cachées d'une ressource vitale, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, , 212 p. (ISBN 978-2-84377-176-7, lire en ligne)
- Plateforme du développement durable, université de Genève
- Lysiane Roch et Corinne Gendron, « Le commerce de l’eau virtuelle : du concept à la politique », Géocarrefour, vol. 80/4, 2005, [En ligne], mis en ligne le 1er juin 2009. URL : http://geocarrefour.revues.org/1259. Consulté le 13 mai 2011
- L'ISO envisage une norme relative à l'empreinte eau
- (en) M.M Mekonnen et A.Y. Hoekstra, The green, blue and grey water footprint of farm animals and animal products, Value of Water Research Report Series no 48, UNESCO-IHE
- « Combien de litres d’eau faut-il pour produire 1Kg de viande ? », sur celagri.be
- Daphné Lorn, L’eau et les biocarburants, 2011, sur inis.iaea.org
- Water, water, everywhere in vehicle manufacturing Water conservation is becoming an increasingly important issue in sustainable vehicle manufacturing, writes David Isaiah. October 6, 2014. Sur automotiveworld.com
- « Tesla : ennuis écologiques en série sur le site de la future usine géante du constructeur en Allemagne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- violaine, « L’empreinte sur l’eau », sur Vivasciences (consulté le )
- « L'empreinte aquatique en Belgique | AQUAWAL, tout savoir sur l'eau », sur www.aquawal.be (consulté le )
- Water Footprint Network, 1997-2001 / Source : Water footprints of nations : Water use by people as a function of their consumption pattern, Water Resour Manage, 2007
- Pascal Maugis, « Des usages quantitatifs de l'eau », dans Aline Aurias, Roland Lehoucq, Daniel Suchet et Jérôme Vincent (dir.), Nos futurs : imaginer les possibles du changement climatique, ActuSF, , p. 184.
- recommandations du Centre d'analyse stratégique (CAS), en trois notes d'analyse publiées le 3 avril 2013
Bibliographie
- Daniel Zimmer, L'empreinte eau, les faces cachées d'une ressource vitale, Ed. Charles Léopold Mayer, 2013.Livre disponible en libre téléchargement : https://www.eclm.fr/livre/l-empreinte-eau
- Humbert S, Boucher J, Chappert B, Vionnet S (2012) Empreinte eau ; Introduction à cet outil stratégique ; Quantis, in AquaPris 2012, Saint-Omer,
- Portail de l’environnement
- Portail de l’eau
- Portail des lacs et cours d'eau