Ère du Verseau

L'ère du Verseau est l'une des douze ères astrologiques ou zodiacales déterminées par le phénomène astronomique de la précession des équinoxes. Non scientifiques, les ères astrologiques appartiennent au monde de l'astrologie, de l'occultisme et de la théosophie. Elles n'ont pas cours en astronomie[1].

L'ère du Verseau est une étape de l'évolution humaine caractérisée par :

  • le progrès ;
  • la technologie ;
  • la pensée scientifique ;
  • la raison critique ;
  • la liberté.

Cette théorie fut d'abord développée à la fin du XVIIIe siècle, en France, chez Delaulnaye, Volney, et Dupuis dans L'Origine de tous les Cultes.

La théorie des ères équinoxiales survalorise le symbolisme du zodiaque, en conciliant deux paramètres fort différents : l'un astronomique et l'autre religieux. L'Ère du Verseau est ainsi censée suivre celle des Poissons, symbolique de la religion chrétienne[2]. Il existe différentes datations de l'ère du Verseau, selon notamment que le zodiaque utilisé est celui (astrologique) des signes ou celui (astronomique) des constellations (voir ci-après).

Point de vue scientifique

Les périodes du cycle de la précession peuvent être déterminées par deux espaces différents « traversés » par le Soleil d'équinoxe : le mois astrologique (correspondant au signe du zodiaque tropical de 30 degrés d'angle comptés à partir du point vernal) du Verseau ou la constellation écliptique du Verseau. Le premier jour du mois astrologique du Verseau (le 22 janvier), le Soleil est pour le troisième jour devant la constellation du Capricorne. Quant à la constellation du Verseau, le Soleil y entre le 16 février, soit le 27e jour du mois astrologique du Verseau. De sorte que le signe astrologique du Verseau ne coïncide avec la constellation du même nom que durant les 3 derniers jours du mois astrologique.

D'un point de vue astronomique, le Soleil d’équinoxe ne se lèvera vraiment dans la constellation du Verseau, telle qu'elle a été définie en 1930 par l'Union astronomique internationale, que vers 2600/2700 ap. J-C. Cela n'a plus rien à voir avec le concept purement astrologique d'ères de 2160 ans ; en effet, le « découpage » des constellations est nécessairement artificiel (une constellation peut réunir des étoiles situées à des milliers d'années-lumières les unes des autres, qui n'ont comme point commun que d'être vues sous un même angle depuis la Terre, alors que la constellation suivante peut contenir des étoiles plus proches). De plus, il y a des constellations qui se chevauchent, et d'autres où il existe un grand espace vide entre elles. Enfin, certaines constellations sont géantes, comme celle des Poissons (55 degrés d'écliptique), alors que d'autres ont une dimension très réduite, comme celle du Bélier (la constellation du Verseau embrasse 27°).

Selon Rudolf Steiner et Alice Bailey

Selon Rudolf Steiner (1861-1925), l'ère du Verseau, faisant suite à l'Ère des Poissons, ne commencerait qu'en l'an 3573. Pour lui et l'anthroposophie, une ère astrologique ne débuterait pas quand le point vernal entre dans la constellation correspondante, mais quand il arrive à peu près en son milieu. Rudolf Steiner établit une correspondance entre les différentes Églises de l'Apocalypse de Jean et les différentes ères. À l'ère du Verseau, il fait correspondre l'Église de Philadelphie, et prétend que la civilisation dominante sera de nature slave. Après l'accomplissement du processus d'individuation au cours de l'ère des Poissons, durant l'ère du Verseau de nombreux individus percevraient les mondes suprasensibles de manière objective et consciente. Ils pourraient alors former des communautés spirituelles fraternelles. Cette ère durerait 2160 ans, jusqu'en 5733.

Pour Alice Bailey, l'ère du Verseau était imminente. Elle serait inaugurée par le retour du Christ, qui instaurerait une religion mondiale et même un gouvernement universel. Alice Bailey a déclaré dans certains de ses livres, et notamment dans Le Retour du Christ, que cette venue se ferait par l'entremise de l'humanité, à travers une prise de conscience massive, plutôt que par l'incarnation d'une personnalité divine, comme ce fut le cas dans le passé pour chaque religion mondiale. D'après certains disciples de Rudolf Steiner, le retour du Christ étant impossible dans un corps physique, il s'agirait d'une toute autre entité, à savoir Ahriman, qui serait appelée à s'incarner et à se faire passer pour le Christ comme cela est narré dans le Court récit sur l'Antéchrist de Vladimir Soloviev. Cela correspondrait en outre à l'affirmation de Steiner qu'une incarnation d'Ahriman aurait lieu au début du troisième millénaire[3].

Selon Paul Le Cour

Dans son ouvrage ésotérique L'Ère du Verseau, ou le retour de Ganymède, Paul Le Cour invoque la position du point vernal dans les signes du zodiaque tropical par rapport à des secteurs égaux de l'écliptique, et non par rapport à la constellation du Verseau, pour déterminer les ères astrologiques. Le glissement relatif du Soleil par rapport aux signes permet ainsi de parler des « ères » du Bélier, des Poissons, etc, chacune durant environ 2000 ans. Période à dominance religieuse et belliqueuse, l'ère des Poissons sera suivie de celle du Verseau, époque d'harmonie retrouvée. Après les ères des Poissons, du Bélier et du Taureau, l'ère du Verseau serait la première depuis longtemps (l'ère des Gémeaux, située vers 6500-4300 av. J.-C., étant très ancienne) à être symbolisée par un être humain et non un animal. L'ère du Bélier a commencé en 2160 av. J.-C. et celle des Poissons avec la naissance du Christ. L'ère du Verseau devrait débuter en 2160[4]. Cependant, une phase de transition couvrirait plusieurs siècles entre les deux ères[5].

Le New Age

Symbole astrologique
des Poissons.

Le concept d'ère du Verseau a été intégré aux croyances New Age, notamment dans le mouvement hippie (ainsi, la comédie musicale Hair s'ouvre sur un hymne à la venue de « the age of Aquarius »). De nombreux mouvements ésotériques et plusieurs sectes prophétisent encore aujourd'hui l'imminence de cette « période bénie ». En effet, « le Verseau symbolise la solidarité collective, la coopération, la fraternité et le détachement des choses matérielles »[6].

Astrophile proche de Dom Néroman, Max Duval possède de solides connaissances en astronomie[7]. Au lieu de se focaliser sur le passage du point vernal de la constellation des Poissons dans celle du Verseau, il considère[8] que l'étoile royale Alpha Leonis (Régulus), qui reste toujours dans la constellation du Lion, passe du signe (zodiaque tropical) du Lion à celui de la Vierge vers 2012. De fait, l'année 2012, qui correspondrait à la fin de cycle du calendrier des Mayas, est souvent citée comme point culminant de cette période de transformation, ou « ascension » de l'humanité.

Symbole astrologique
du Verseau.

Selon les théoriciens du New Age, les dualismes propres à l'ère des Poissons[9], signe dont le symbole correspond à deux énergies qui vont à contre-courant l'une de l'autre, devraient laisser la place à une convergence des énergies vers l'Unité que symbolise le Verseau. Cette conception (unitaire) est caractéristique du New Age[10].

Références

  1. Campion, Nicholas (1994). «The Great Year: Astrology, Millenarianism and History in the Western Tradition».
  2. Jean Sendy, L'Ère du Verseau, fin de l'illusion humaniste, éd. J'ai Lu, 1980, (ISBN 2-277-51376-8), page 250-251.
  3. Sergej O. Prokofieff, Die Lehre von Alice Bailey aus der Sicht der christlichen Esoterik, Verlag am Goetheanum, Dornach 1997.
  4. L'Ère du Verseau, Paris, Dervy-Livres, [1937] 1986 (ISBN 2-85076-033-1).
  5. Ainsi Le Cour mentionne comme signes avant-coureurs de son ère du Verseau la Réforme (XVIe siècle.) et la Révolution française (XVIIIe siècle.).
  6. Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, éd. Robert Laffont, 2006, (ISBN 978-2221084977).
  7. Il est notamment l'auteur d'un ouvrage très technique sur La Domification et les Transits.
  8. François Villée le rapporte dans son ouvrage Précession des équinoxes et pratique de l'astrologie (Éditions traditionnelles, 1987, (ISBN 978-2713801266)), pp. 55-56.
  9. On note notamment l'opposition entre le Bien et le Mal, où on se confie en un Dieu extérieur et en sa bonté, la corruption (le péché) venant de l'intérieur de soi.
  10. Douglas R. Groothuis, Le Nouvel Âge sans masque, 1991, (ISBN 2-826-03249-6), p. 11.

Bibliographie

  • L'ère du Verseau - ou le retour de Ganymède, Paul Le Cour, 1937.
  • L'ère du Verseau, Jean Sendy (publié pour la première fois en 1970 aux Éditions Robert Laffont et réédité en 1980 chez "J'ai Lu" dans la collection "L'Aventure Mystérieuse", (ISBN 9782277513766)).
  • Aquarius ou la Nouvelle Ère du Verseau, collectif dir. Jacques Halbronn, Paris, Éd. Albatros- L'Autre Monde, 1979.
  • Les Enfants du Verseau. Pour Un Nouveau Paradigme, Marilyn Ferguson, Éd. Calmann- Lévy, 1981.
  • Vivons-nous les commencements de l'Ère des Poissons ?, Christian Lazaridès, Éd. anthroposophiques romandes, 1989.
  • La théorie de l'ère du Verseau, depuis les origines jusqu'à Paul Le Cour et ses successeurs (1780 - XXIe siècle), thèse d'Éveline Latour sous la direction d'Antoine Faivre, 1995.
  • Ère du Verseau, défis pour les temps à venir, Laura Winckler, Éditions des 3 Monts, 1999, (ISBN 978-2909735177).
  • Ère du Verseau ? : Enquête et Réflexions, François le Calvez, Éditions traditionnelles, 2001, (ISBN 2-7138-0175-3).
  • L'Ère du Verseau : mythe ou réalité?, Patrick Giani, 2013.

Articles connexes

Lien externe

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