Esclarmonde de Babylone

Esclarmonde est un personnage d’une des chansons de geste du cycle de Charlemagne, Huon de Bordeaux, composée à la fin du XIIe siècle.

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L'intrigue

D’après ces récits, Esclarmonde, Sarrasine d’une grande beauté (« qui a tant de biautés » (H B, p. 70)), était la fille de Gaudise, émir de Babylone en Égypte, le vieux Caire, sur le Nil.

Elle serait tombée amoureuse de Huon de Bordeaux, preux chevalier envoyé par Charlemagne parmi les infidèles car il avait tué par accident l’héritier de la couronne. D’abord réticent à une liaison avec une infidèle (« Sarrasine estes, je ne vous puis aimer », H B p. 175), Huon se laisse séduire, d’autant plus que Esclarmonde se déclare prête à la conversion (« par vostre amour qerré en Damedé », HB p. 176).

Plus tard, Huon succombera à la tentation de la chair, lors d’un voyage en bateau de retour vers la France (« Ou lit se coucha sans plux de l'arester, de la pucelle ait fait sa vollanteit », HB bis, page 392). Une tempête se déchaîne et les amants font naufrage, mais après de nouvelles épreuves leur mariage est célébré à Rome par le pape, après que le Saint Pontife ait lui-même baptisé Esclarmonde (« la damoiselle ont au moustier menér, la baitissant en l'onnour Dammedei », HB bis, page 500).

Autres écrits

Des manuscrits ultérieurs à Huon de Bordeaux rajoutent d’autres épisodes aux aventures des deux amants : la Chanson d'Esclarmonde et l’histoire de leurs enfants, Clarisse et Florent, Yde et Olive, permettant ainsi au public médiéval de suivre cette saga familiale et série d’aventures passablement invraisemblables.

Le personnage

Eclarmonde est le personnage précurseur des grandes héroïnes du Moyen-Orient qui ont fasciné les Européens : Zaïre (Zara) de Voltaire, Zaïde, titre d’un opéra inachevé de Mozart, Konstanze de Die Entführung aus dem Serail (« L'Enlèvement au sérail ») de Mozart, Amanda de l’Oberon de Christoph Martin Wieland et Rezia de l’Obéron de Carl Maria von Weber, les deux derniers textes étant directement issus de l’histoire de Huon de Bordeaux.

Femmes orientales ou européennes captives des Sarrasins, enfermées dans des harems, et par conséquent soumises à un esclavage sexuel, elles n’attendraient autre chose que d’être libérées par un héros occidental, qui les destinait à sa propre jouissance.

Notes et références

    Annexes

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Huon de Bordeaux, chanson de geste : publiée pour la première fois d'après Les Manuscrits De Tours, De Paris Et De Turin, par François Guessard, Charles de Grandmaison, Paris, 1860 (HB)
    • Huon de Bordeaux : chanson de geste du XIIIe siècle, publiée d'après le manuscrit de Paris BNF fr. 22555 (P) / éd. bilingue, établie, trad., prés. et annotée par William W. Kibler et François Suard, Paris, 2003 (HB bis)
    • La Chanson D'Esclarmonde, Erste Fortsetzung Der Chanson De Huon De Bordeaux par Hermann Schafer, Worms, 1895
    • Esclarmonde, Clarisse et Florent, Yde et Olive. Drei Fortsetzungen der Chanson von Huon de Bordeaux, nach der einzigen Turiner Handschrift zum erstenmal veroeffentlicht von M. Schweigel. Marbourg, 1889, Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der romanischen Philologie, LXXXIII, p. 126-152
    • Caroline CAZANAVE, « Amour et amitié dans la tradition des Huon de Bordeaux-Oberon », Ethiopiques n°84. Littérature, philosophie et art, 1er semestre 201
    • Caroline CAZANAVE, D'Esclarmonde à Croissant: Huon de Bordeaux, l'épique médiéval et l’esprit de suite, Presses universitaires de Franche-Comté, 2007
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