Estrellita de Palma

Estrellita de Palma (Margarita Rodríguez Pérez), née en [1] à Palma de Majorque et morte le à Llucmajor[2], est une chanteuse espagnole de flamenco (ou cantaora), mais aussi de tonadilla et de copla andalouse (dite aussi tonadillera, donc).

Estrellita de Palma
Biographie
Naissance
Décès
(à 91 ans)
Llucmajor
Nom de naissance
Margarita Rodríguez Pérez
Pseudonyme
Estrellita de Palma, et parfois aussi : la "Campanera" d’après son plus grand succès.
Nationalité
Activité

Comme interprète, elle a connu un succès national dans les années 1950 avec le paso doble : Campanera[3],[4], chanson qui inspirera, l'année suivante, en 1956, l'intrigue du premier film de Joselito (le jeune chanteur prodige) : El pequeño ruiseñor (« Le petit rossignol »), titre du film en français : Le Petit Vagabond[5]. Dans la foulée du grand succès de ce film révélant le talent, la voix et l'interprétation hors norme du jeune acteur  film qui a su d'ailleurs exploiter aussi le potentiel narratif de la chanson et sa popularité déjà bien affirmée , en retour la renommée de la chanson rebondira et vaudra à Estrellita une reconnaissance désormais internationale[2].

Biographie et carrière

Les débuts précoces

Dans une interview du 26 novembre 1960, Estrellita dit qu’elle avait seulement dix ans pour ses débuts en public qui eurent lieu au « G Nuevo » de Barcelone[6]. Auparavant, elle avait déjà chanté au Teatro Balear de Palma, à sept ans à peine, accompagnée par son père à la guitare[2]. Et c'est dès cette époque qu'on lui donna son surnom d'« Estrellita de Palma », porté avant elle à la génération précédente par Estrellita Castro, la créatrice de la Copla andaluza. Surnom prestigieux, donc, qui « avait été donné par un ami et représentant circonstanciel », comme l’a noté Miguel Soler lors d’une des dernières interviews de la chanteuse accordées à Última Hora, à l’été 2015[2].

Estrellita de Palma a commencé sa carrière dans les années 1940. Une de ses premières interventions théâtrales conséquente était la participation à un spectacle musical organisé dans "les jardins de Bagdad", où étaient invitées aussi Teresita Abad et Margarita Sánchez[7].

Elle a donc commencé à chanter très jeune dans les tablaos et les salles des fêtes, où la maison de disques Gramófono-Odeón (connue en français sous le nom de « Disques Odéon ») la repéra et la mit sous contrat en 1948[8] pour enregistrer, sous le label Regal, un disque 78 tours, avec le pasodoble ¡Qué bonito es el querer! (« Mais que le désir est joli ! /ou bien/ Comme c’est beau de vouloir ! ») de Isidro López López et Marino García González sur la face A, et la samba ¡Caramba! sur la face B, accompagnée par le Trío Vocal Hermanas Russell et l’orchestre de Casas Augé.

Le succès

Ce premier enregistrement a rencontré le succès (surtout le pasodoble ¡Qué bonito es el querer!, qu’elle enregistrera à nouveau plus tard, mais seule et avec une performance vocale plus spectaculaire et plus « flamenca ») et a été suivi rapidement de plusieurs disques.

En 1952, Estrellita de Palma chante avec la Compagnie Bonavía-Maestres au Théâtre Poliorama (es) de Barcelone pour le spectacle ¡Este año estoy de moda! (« Cette année, je suis à la mode ! »), où figuraient aussi Lolita Piquer, Pepe de los Ríos, Miguel Heredia, María de los Ángeles Castillo[7]. C'est aussi à cette époque qu'elle enregistre le pasodoble Nos quisimos (« Nous nous sommes aimés »), le tanguillo (ou tango flamenco) A la una pasa (« Il passe à la une / à une heure ») et surtout le très populaire pasodoble Manolo de mis amores (« Manuel de mes amours »), qui a lancé définitivement sa carrière[7].

En 1954, elle participe à un hommage à Eugenia Roca (es) à Barcelone, au Théâtre Victoria avec Amalia Molina (es), Juanita Cruz et Lolita Benavente [qui avait joué et chanté en 1933 avec Carlos Gardel dans le film musical La maison est sérieuse (es)][7]. Cette même année elle enregistre deux 78 tours qui seront repris en 1958 en un super 45 tours EP (sous label Regal, n° de catalogue : SEDL 19.118) de quatre titres : • Face A : 01 - La cinta de tu chaleco (« Le ruban de ton gilet ») → bulería. 02 - Un hombre cabal (« Un homme intègre ») → pasodoble. • Face B : 01 - Cariñito de mi “vía” (« Petit câlin de ma vie »). 02 - ¡Caray, con el ay! (« Au diable les soupirs ! ») → tanguillo[7].

La nièce d'Estrellita, Maria Antonia Suñer, confie à Última Hora que « sa carrière professionnelle s’est surtout basée et développée à Barcelone où elle résidait [même si sa participation aux revues — dont les premières étaient à Barcelone — l’emmenait en tournée dans tout le pays et aussi en Amérique latine - NDLR]. Mais je me souviens très bien que dans les années 50 ou 60 elle a joué au Théâtre Principal de Palma et que s’était formée une très longue file de gens qui attendaient pour la voir »[2].

Sur scène, Estrellita était habituellement accompagnée par un groupe de musiciens flamencos appelés "Los Gitanos" qui changea bientôt de nom pour celui de "Trío Guadalajara"[7].

La confirmation

La carrière d'Estrellita de Palma connaît un rebond de popularité considérable et change d’échelle grâce à l’enregistrement, en 1955, du pasodoble Campanera de Naranjo, Murillo y Monreal[4]. Pourtant elle n’a pas été la première à enregistrer cette chanson, puisque la chanteuse Ana María Catalán López l’avait enregistrée quelques années auparavant, mais elle était alors passée inaperçue. C’est peut-être la raison pour laquelle, comme Estrellita le rappelle en 2015 (dans l'article de Miguel Soler déjà cité), son enregistrement de Campanera avait d’abord été rejeté à la publication par sa maison de disques, mais qu'elle avait insisté « avec ténacité jusqu’à ce qu’ils acceptent »[2]. C'est aussi pourquoi cette interprétation de Campanera par Estrellita, pour sa première édition, n’occupait que la face B du disque, l’enregistrement considéré comme principal étant en face A un bolero interprété par Jorge Sepúlveda.

Mais le succès de cette chanson fut tel qu’elle a été rapidement et plusieurs fois rééditée en album propre à Estrellita. C’est elle qui l’a fait connaître au monde, et celle-ci le lui a bien rendu, au point que la chanteuse en est venue à être connue pour un moment par le titre de la chanson en guise de surnom : « Estrellita la Campanera » (soit « la Carilloneuse »)[3]. Succès de la chanson qui redoublera, on l'a vu, lorsque celle-ci sera utilisée pour le scénario et la musique du premier film de Joselito en 1956[5].

Au cours de la même interview de 1960[6] à Vinaròs, Estrellita retient comme marquantes, parmi toutes celles auxquelles elle a participé, les revues suivantes : Locura de Amor (« Folie d'Amour »), El Lirio de los deseos (« Le Lys de tous les désirs »)[9], et Gilacolor[10].

Les autres succès d’Estrellita de Palma furent dans des genres musicaux variés :

  • bayón[11] : « De tu novio, qué » de Rodemor et Aldeny, et « Tanto tienes, tanto vales », de Quintero, León et Quiroga.
  • pasodoble : « La cruz de mayo » de Valverde et Font, « Qué bonito es el querer », de Marino García, et « Manolo de mis amores » de Marino García et Antonio Villena.
  • rumba flamenca : « Río Manzanares » (dite aussi « rumba gitane populaire »).
  • copla, parfois chantée dans le style canción-rumba flamenca : « ¿Será una rosa? » de Francisco de Val, qui fut créée avant elle par la sévillane Gracia Montes (es)[12].
  • autres genres : des passacailles, ainsi que divers palos flamencos dont des bulerías et des tangos flamencos.

Discographie

  • Tanto Tienes Tanto Vales, Regal.
  • Mi Mañica, Regal, 1968[13].

Notes et références

  1. D'autres sources, et notamment Wikipedia en espagnol, indiquent comme date de sa naissance ; mais il semble qu'au jour de sa mort en octobre 2020, elle ait été âgée de 91 ans [voir : (es) Clara Ferrer, « Fallece la tonadillera Estrellita de Palma, conocida por ‘Campanera’ » La chanteuse de tonadillas Estrellita de Palma, connue pour ‘Campanera’ est décédée »], Última Hora, (lire en ligne , consulté le )], ce qui est cohérent avec sa naissance en septembre 1929. D'autres sources encore indiquent pour sa date de naissance [voir : (es) Angel Giner, « Estrellita de Palma, usted tiene la palabra (vous avez la parole) », Vinaroz, semanario de divulgación e información local (« Vinaròs, hebdomadaire d'annonces et d'information locale »), vol. Année IV, no 192, , p. 4 (lire en ligne [PDF], consulté le )]. Pourquoi de telles incertitudes et contradictions entre les sources? Peut-être les journalistes ne vérifient-ils pas tous les dates, ou n'ont-ils pas eux-mêmes les mêmes sources. Peut-être aussi les dames de cette époque  et plus encore artistes  ne donnaient-elles décidément pas facilement leur âge, probablement pour éviter un tant soit peu les discriminations sexistes.
  2. (es) Clara Ferrer, « Fallece la tonadillera Estrellita de Palma, conocida por ‘Campanera’ » La chanteuse de tonadillas Estrellita de Palma, connue pour ‘Campanera’ est décédée »], Última Hora dernière heure »), (lire en ligne , consulté le ).
  3. En espagnol, le mot campanera est le féminin de campanero soit le sonneur (de cloches), et l'on pourrait traduire par « la sonneuse », mais en français le féminin, quoiqu'attesté, est peu usité en ce sens ; employé absolument la « sonneuse » désigne plutôt une musicienne d'instrument à vent qu'une sonneuse de cloche (à la différence de « sonneur ») ; on pourrait alors plutôt traduire par « carillonneuse ». Le mot peut désigner aussi le forgeron fondeur de cloches. Pour le mot espagnol, voir le : (es) Diccionario de la Lengua Española de la Real Academia de España, « Campanero, -ra », sur dle.rae.es, (consulté le ).
  4. Ce n'est pas Estrellita qui a écrit cette chanson de Campanera (composée par Camilo Murillo, Francisco Naranjo et Genaro Monreal), ni ne l'a enregistrée pour la première fois, mais c'est elle qui l'a rendue célèbre (et réciproquement). On pourra l'écouter ici : ▶ (es) Estrellita de Palma, « Campanera », sur YouTube (consulté le ), et ici : ▶ (es) Estrellita de Palma, « Campanera (Pasodoble) », sur YouTube (consulté le ). Et consulter ses paroles ici : ▶ (es) Diana Navarro, « Campanera », sur letras.com (consulté le ).
  5. On pourra voir l'extrait du film où Joselito chante ce "tube", et où l'intrigue se noue autour de la chanson et de son texte ici : ▶ (es) Antonio del Amo (réal.) / Joselito (act.), « Campanera / El pequeño ruiseñor » , sur YouTube, (consulté le ). Version en disque : ▶ (es) Joselito, « Campanera » , sur YouTube (consulté le ). À noter : dans l'article du site ultimahora.es qui sert ici de source (), il y a une erreur sur le titre du premier film de Joselito qui est bien El pequeño ruiseñor, et non El ruiseñor de las cumbres (« Le Rossignol des montagnes »), son troisième film sorti en 1958.
  6. (es) Angel Giner, « Estrellita de Palma, usted tiene la palabra (vous avez la parole) », Vinaroz, semanario de divulgación e información local (« Vinaròs, hebdomadaire d'annonces et d'information locale »), vol. Année IV, no 192, , p. 4 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. NB : pour ceux qui ne sont pas inscrits sur le site, passer directement par l'accès archivé ici après le titre du blog : « Reminiscencias de la copla : Estrellita de Palma » , sur blogspot.ch, (consulté le ).
  8. Selon sa date de naissance et selon les sources (voir note 1) elle avait donc lors de ce premier contrat 17 ou 19 ans, voire 12 ans si c'est 1936 qui est la vraie date, ce qui ferait d'elle aussi une jeune chanteuse prodige à l'instar de Joselito.
  9. Écouter ici un pasodoble extrait de ce spectacle (« Le Lys de tous les désirs ») interprété par la chanteuse de copla andalouse Imperio de Triana (es) qui y participa : (es) Textes : Antonio Quintero et Rafael de León, musique : Maestro Quiroga, « Manuela Ramos, extrait de "El lirio de los deseos" » , sur YouTube, (consulté le ).
  10. Nom d'un spectacle musical mettant en vedette les humoristes Miguel Gila et Eugenia Roca. Voir ici une affichette-annonce du passage de cette revue au Grand Théâtre d'Elche (province d'Alicante) le 24 septembre 1958 : (es) David Aníbal Rubio de Antón / José Guilló Pelegrín, « Gran Teatro : Gila en "Festival en Gilacolor" (24 de septiembre de 1958) » , sur elche.me : Memoria Digital de Elche, (consulté le ).
  11. Le bayón est une « danse populaire originaire d'Amérique du Sud, de rythme vif et joyeux, qui a été à la mode en Espagne dans les années 1950 et 1960 ». Notre traduction du : (es + en) Oxford English and Spanish Dictionary (« Dictionnaire "Oxford" Anglais/Espagnol »), « bayón », sur lexico.com (consulté le ).
  12. Premier enregistrement en 1955 par Gracia Montes, dans le style copla, avec orchestre : ▶(es) Francisco de Val, interprétation par Gracia Montes, « ¿Será una rosa? » Ce sera une rose ? »], sur YouTube, (consulté le ). Version rééditée en 2002 en CD de compilation consacré aux Grandes de la copla, Gracia Montes : ▶Gracia Montes, « ¿Será una rosa? », sur YouTube, Calé Records (n° cat. : CAL 10367?), 1955/2002 (consulté le ). Deuxième enregistrement en 1967 par Gracia Montes, dans un style plus flamenco de canción-rumba, accompagnée à la guitare par Rafael Castellón et “El Noy”, et avec palmas : ▶(es) Francisco de Val / Gracia Montes, « ¿Será una rosa? », . Et la version d'Estrellita de Palma : ▶Estrellita de Palma, « ¿Será una rosa? », sur Discogs, Regal, EMI (n° cat. : J 040-20.783), (consulté le ). Réédition en CD de compilation, dans la série Raíces De La Canción Española (Vol. 36 : Antología II) (« Racines de la chanson espagnole (vol. 36 : anthologie II ») : ▶Estrellita de Palma, « ¿Será una rosa? », sur Discogs, Calé Records (n° cat. : CD104), (consulté le ).
  13. « Estrellita De Palma », sur Discogs (consulté le )

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