Famille Dollfus

La famille Dollfus est l'une des plus anciennes familles de Mulhouse. Son nom est associé à celui de l'entreprise textile DMC, à l'histoire de Mulhouse et au protestantisme français.

Dollfus

Armes de la famille.

Demeures Château de la Martinière
Château de Soisy
Château de Bertranet
Château Montrose
Villa Dollfus
Charges Député
Maire de Mulhouse

Historique

Originaire de Rheinfelden, en Suisse, Gaspard[1] Dollfus s'installe comme forgeron à Mulhouse en 1553, accompagné de son fils Jean[2]. On suppose que cette migration est provoquée par des menaces proférées par l’évêque de Bâle contre les protestants. La ville libre de Mulhouse, alliée aux cantons helvétiques de Berne et de Soleure depuis 1515, était en effet passée en bloc au protestantisme en 1523. Jean Dollfus épouse à 20 ans une jeune veuve issue du patriciat de Mulhouse, de 5 ans son aînée, Ursula Geyelin. Dès 1568, il est nommé au conseil de sa corporation[3], puis à sa tête en 1584, et, en 1586, sénateur de la République de Mulhouse. Son fils Gaspard sera maire de Mulhouse de 1618 à sa mort en 1634, et son petit-fils Jean-Gaspard de 1655 à sa mort en 1690. Ce dernier participa à la mission diplomatique helvétique auprès de Louis XIV afin de renouveler l'alliance franco-helvétique en 1663. En tout, sa descendance fournira 15 chefs de corporation[4] et 6 maires à la ville de Mulhouse[5].

Expansion économique

Beaucoup des descendants de Gaspard Dollfus jouent un rôle important dans l'essor économique très rapide de Mulhouse à partir du XVIIIe siècle. Plus particulièrement, en 1746, Jean-Henri Dollfus fonde avec deux autres jeunes entrepreneurs Jean-Jacques Schmalzer et Samuel Koechlin une entreprise qui devient la pionnière en Europe de la fabrication industrielle des imprimés indiens, jusqu’alors peints à la main. Par la suite, l'entreprise se consacre exclusivement à la production de tissus imprimés. Les deux frères Jean-Henri et Jean Dollfus en assurent la direction. Devenue Dollfus-Mieg et Compagnie à l'occasion d'un mariage, la société sera connue dès lors, et très largement sous le nom de DMC.

Parmi les nombreuses autres entreprises nées dans le giron de la famille Dollfus, citons :

  • Riesler, Dollfus et Compagnie, indiennerie à Mulhouse, qui essaime ainsi[5] :
    • (Nicolas) Dollfus et Compagnie, indiennerie, à Mulhouse
    • Indiennerie Jean-Jacques Dollfus et Compagnie, à Bièvres
    • Lischy & Dollfus, filature et tissage à Bollwiller
  • Heilmann, Dollfus et Compagnie, indiennerie à Mulhouse[5]
  • Dollfus & frères, gravure pour impression à Mulhouse, qui développe ensuite[5] :
  • Dollfus Frères, fabrique de produits chimiques à Chemnitz[5]
  • Gerber-Keller & Dollfus, fabrique de couleur d'aniline à Bâle[5]
  • Dollfus-Dettwiller et Compagnie, fabrique de drap à Sausheim[5], d'où :
  • Tissage Pierre Dollfus à Lapoutroie[7].

Émile Dollfus (1805-1858) est à l'origine en 1826, avec 22 autres industriels, de la création de la Société Industrielle de Mulhouse (SIM), qu'il présidera pendant plusieurs années. Le but de la SIM est d'abord le développement technologique et économique de Mulhouse, mais, à partir de 1853, elle développe le « modèle mulhousien » d’habitat ouvrier, fondé sur l’habitat individuel et l’accès à la propriété, puis, à partir de 1860, elle ajoute la dimension historique et archéologique. Elle est à l’origine de la fondation de la nouvelle bibliothèque municipale de Mulhouse, ainsi que des premiers musées de Mulhouse, notamment celui d’histoire naturelle[8].

Musée

Auguste Dollfus, industriel comme ses aïeux depuis 4 générations, est un passionné de généalogie et d’histoire ; il est l'auteur des premières généalogies familiales (celle des Dollfus en 1879 et celle des Koechlin en 1881) et collabora à l’histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse au XIXe siècle. Pendant sa présidence de la Société industrielle de Mulhouse (SIM), celle-ci créa le Musée des beaux-arts en édifiant le bâtiment qui est devenu depuis le Musée de l'impression sur étoffes. Son fils Max Dollfus, également industriel, publie à son tour en 1909 son imposante histoire et généalogie de la famille Dollfus de Mulhouse. La même année, il sollicite plusieurs membres de la famille à propos de son projet de création d'un musée réunissant les tableaux et souvenirs historiques de la famille. L'assemblée constitutive du Musée des familles Dollfus et Mieg se tient le en présence de 48 personnes, et le musée ouvre en 1913 dans l'hôtel particulier acquis trois ans plus tôt par Max Dollfus à cette fin. La collection, miraculeusement préservée malgré les destructions de la deuxième Guerre mondiale, dort dans des caisses jusqu'au début des années 1990. La collection est inventoriée en 1992 et ses plus belles pièces sont à présent visibles au Musée historique de la ville de Mulhouse.

Arbre généalogique simplifié

  • Caspar Dollfus, maréchal-ferrant de Rheinfelden, venu à Mulhouse en 1553
    • Hans Dollfus (1540-1591), maréchal-ferrant à Mulhouse, épouse Ursula Geyelin en 1560
      • Caspar Dollfus (1570-1634), maréchal-ferrant, maire de Mulhouse, diplomate, épouse successivement en 1593 Ursula Schlosser (décédée sans descendance), en 1604 Catharina Risler et en 1625 Magdalena Heilmann
        • Hans-Heinrich Dollfus (1604-1638), épouse successivement en 1625 Maria Marx et en 1633 Anna Gerwin
          • Johannes Dollfus (1635-1716), maire de Mulhouse
          • Caspar Dollfus (1629-1685)*
            • Hans-Heinrich Dollfus (1667-1747), maire de Mulhouse*
              • Johannes Dollfus (1694-1736)*
                • Jean-Henri Dollfus (1724-1802), peintre, industriel, fondateur de DMC*
                • Jean Dollfus, dit de la Cour des Trois Rois (1729-1800), industriel, maire de Mulhouse*
        • Hans Caspar Dollfus (1608-1690), maire de Mulhouse, épouse Elisabeth Engelmann en 1629*
        • Johannes Dollfus (1619-1701)*
        • Peter Dollfus (1625-1677)*

* De chacune de ces branches résulte une nombreuse descendance qui ne peut figurer ici.

Cousinade

Le , 155 descendants Dollfus, Mieg et Koechlin regroupés au sein de l' "association DMK" se sont réunis au Siège de la Société industrielle de Mulhouse pour une cousinade et une évocation historique du passé mulhousien[9].

Notes et références

  1. En alsacien, Caspar.
  2. En alsacien, Hans.
  3. En alsacien, Zunft, parfois traduit par "tribu". Ces corporations, au nombre de six, étaient un rouage important de l'organisation politique de la république de Mulhouse.
  4. En alsacien, Zunftmeister.
  5. Michel Hau et Nicolas Stosskopf, Les dynasties alsaciennes, Paris, Perrin, , 607 p. (ISBN 2262015880), p. 27-28
  6. « Valdoie 1944 : Sur les chemins de la liberté », sur le site du collège René-Goscinny de Valdoie (consulté le )
  7. Philippe Jehin, « Les débuts de l'industrie dans le canton de Lapoutroie dans la première moitié du XIXe siècle », Bulletin de la société d'histoire du canton de Lapoutroie-Val d'Orbey, pp.41-47, (lire en ligne).
  8. Catherine Chambaud, « Les sociétés d'histoire de l'Alsace et leurs fédérations, 1826 : Société industrielle de Mulhouse », Revue d'Alsace, vol. 139, (lire en ligne).
  9. "Tous descendants de grands industriels", article de l'Alsace (édition de Mulhouse), du 29 octobre 2017, p. 38.

Sources

Articles connexes

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