Famille Wittgenstein
La famille Wittgenstein est une famille juive puis protestante d'industriels, d'intellectuels et d'artistes originaire du comté de Wittgenstein en Westphalie. Les descendants du commerçant Hermann Christian Wittgenstein (1802–1878) qui s'installa à Vienne (Autriche), en particulier, ont connu une renommée internationale.
Pour l'écrivain Olivier Todd, les Wittgenstein forment une « tribu avec une rare densité de talents, de génies, de névrosés, de psychoses et de suicides », en particulier chez les enfants de Karl Wittgenstein, « le Wendel et le Krupp autrichien, le père autocrate »[1].
Historique
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Les plus anciens membres de la famille que l'on connaît, Ahron Moses Meier († 1804) et son épouse Sarah, étaient au service de la maison de Sayn-Wittgenstein à Laasphe. Leur fils Moses Meyer (1761–1822) a d'abord été engagé par les comtes pour en être un régisseur ; néanmoins, le comté fut médiatisé en faveur du grand-duché de Hesse en 1806. Lors de l'émancipation des Juifs sous la juridiction de Napoléon Ier, en 1808, Moses a choisi le nom patronymique de Meyer-Wittgenstein. Afin d'éviter les situations de conflits avec le prince Guillaume de Sayn-Wittgenstein-Hohenstein, homme d'État prussien, il s'installe à la principauté de Waldeck, toute proche, où il a a fondé un commerce de gros avec des lainages à la ville de Korbach.
C'était Hermann Christian Wittgenstein (1802–1878), le plus jeune fils de Moses Meyer-Wittgenstein et de son épouse Bernhardine (Breindel) née Simon (1768–1829), qui quitte la ville en 1839 pour s'établir à Leipzig en Saxe. La même année, il fut baptisé à l'église Sainte-Croix de Dresde et il épousait Franziska (Fanny) Figdor (1814–1890), fille d'une famille juive convertie d'entrepreneurs originaire de Kittsee près de Vienne, la cousine du violiniste Joseph Joachim. En 1851, la famille déménage à Vösendorf au sud de Vienne.
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Le fils de Hermann Christian, Karl Wittgenstein (1847–1913), compte parmi les entrepreneurs les plus riches de la monarchie danubienne. Un bourgeois caractéristique du Gründerzeit (« époque des fondateurs »), il est le père du philosophe Ludwig Wittgenstein (1889–1951) et du pianiste Paul Wittgenstein (1887–1961), ainsi que de la mécène Margarethe Stonborough (1882–1958). La famille a possédé notamment le palais Wittgenstein et la maison Wittgenstein à Vienne. L'épouse de Karl Wittgenstein, Leopoldine née Kalmus (1850–1926), n'était pas juive selon la Halakha, et leurs enfants n'étaient donc pas non plus considérés comme juifs. Cependant, ayant trois grands-parents juifs, ils furent en butte aux persécutions raciales du Troisième Reich.
Membres de la famille
- Karl Wittgenstein (1848–1913), capitaine d'industrie, père de :
- Margarethe Stonborough-Wittgenstein (1882–1958), mécène,
- Paul Wittgenstein (1887–1961), pianiste, dédicataire du Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel et du Concerto pour piano nº 4 de Prokofiev,
- Ludwig Wittgenstein (1889–1951), philosophe et logicien.
- Paul Wittgenstein (1907–1979), philosophe, cousin des précédents, héros du roman Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard.
Généalogie
Arbre généalogique simplifié[2] :
- Herman Christian (Herz) Wittgenstein ( à Korbach – à Vienne-Hietzing), commerçant, ép. Franziska (Fanny) Figdor ( à Kittsee – à Vienne-Hietzing), onze enfants :
- Anna Friederike ( à Leipzig-Gohlis – à Vienne-Hietzing), ép. Heinrich Emil Franz ( à Vienne – à Vienne)
- Marie (1841–1931), ép. Moritz Christian Pott (1839–1902), marchand de fer
- Paul Josef Gustav (1842–1928), industriel, ép. Justine Hochstetter (1858–1918)
- Johanna (1877–1953)
- Hermann Christian (1879–1953)
- Paul Karl « Carletto » (1880–1948)
- Paul Karl Heinrich Justus ( à Traunkirchen – à Linz), excentrique
- Josephine (1844–1933), ép. Johann Oser (1833–1912), chimiste
- Ludwig « Louis » (1845-1925), magnat immobilier, ép. Maria Franz (1850–1912)
- Karl Otto Clemens ( à Leipzig-Gohlis – à Vienne), industriel, ép. Leopoldine Kalmus ( à Vienne – à Vienne)
- Hermine « Mining » (1874-1950)
- Dora (1876-1876)
- Johannes « Hans » (né en 1877, disparu en 1902)
- Konrad « Kurt » (1878-1918)
- Helene « Lenka » (1879-1956), ép. Max Salzer (1868-1941)
- Maria Salzer (1900-1948)
- Friedrich Salzer (1902-1922)
- Felix Salzer (1904-1986), musicologue, ép. Hedwig Lindtberg, sœur de Leopold Lindtberg
- Clara Salzer (1913-1978), ép. Arvid Sjögren
- Rudolf « Rudi » (1881-1904)
- Margarethe Anna Maria « Gretl » ( à Vienne – à Vienne), ép. Jerome Steinberger/Stonborough (1873–1938)
- Paul ( à Vienne – à Manhasset), pianiste, ép. Hilde Schania (1915–2001)
- Ludwig Josef Johann « Lucki » ( à Vienne – à Cambridge), philosophe
- Ottilie Ida Bertha (1848–1908), propriétaire à Pyhra, ép. Karl Kupelwieser (1841–1925), fils du peintre Leopold Kupelwieser
- Klara (1850–1935)
- Lydia (1851–1920)
- Emilie (1853–1939)
- Klothilde (1854–1937)
Notes et références
- Olivier Todd, préface in Alexander Waugh, Les Wittgenstein : Une famille en guerre, Perrin, 2011, p. 10.
- D'après Alexander Waugh, Les Wittgenstein : Une famille en guerre, Perrin, 2011, p. 14-15.
Bibliographie
En français
- Alexander Waugh, Les Wittgenstein : Une famille en guerre, préf. d'Olivier Todd, Perrin, 2011 (ISBN 978-0-7475-9673-8)
Autres langues
- Georg Gaugusch, Die Familien Wittgenstein und Salzer und ihr genealogisches Umfeld. In: Adler, Zeitschrift für Genealogie und Heraldik. 21. (XXXV.) Band (2001–2002) S. 120–145 (2001).
- Birgit Schwaner, Die Wittgensteins. Kunst und Kalkül. Metro Verlag, Wien 2008.
- Nicole L. Immler, Das Familiengedächtnis der Wittgensteins. Zu verführerischen Lesarten von (auto-)biographischen Texten. Transcript, Bielefeld 2011.
- Hermine Wittgenstein hrsg. von Ilse Somavilla, Familienerinnerungen. Haymon Verlag, Innsbruck/ Wien 2015, (ISBN 978-3-7099-7200-7)
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