Fausse route
Une fausse route ou fausse-route est (dans le domaine médical et en particulier de l'ORL) un étouffement par l'inhalation involontaire de fragments d'aliments au cours de la déglutition[1],[2]. Ensuite, une partie du bol alimentaire (aliments liquides ou solides) est orientée vers le larynx puis les voies aériennes inférieures au lieu de passer vers l'œsophage puis l'estomac.
Pour le livre, voir Élisabeth Badinter#Essais et prises de position.
L'usage de premiers secours spécifiques peut résoudre l'étouffement (plus de détails ci-dessous).
Premiers secours
Certaines techniques manuelles peuvent résoudre l'étouffement par fausse route. Et certains dispositifs anti-étouffement sont également disponibles sur le marché (LifeVac et Dechoker)[3],[4].
Premiers secours pour les victimes ordinaires
La première chose est de tousser. Si la victime est incapable de tousser, on peut utiliser[5] deux techniques manuelles: des "coups dans le dos" et des "pressions abdominales". Pour de meilleurs résultats, elles peuvent être combinées à tour de rôle: chaque technique est répétée environ 5 fois, puis un changement est effectué en passant à l'autre technique. Les tours sont ensuite répétés en continu.
Les femmes enceintes et obèses ont besoin adaptations pour les techniques manuelles, et aussi les bébés de moins de 1 an (tous détaillés ci-dessous).
Si l'étouffement continue, il faut appeler les services d'aide médicale urgente. La victime peut perdre connaissance après un certain temps et avoir besoin d'une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement".
Premiers secours pour les femmes enceintes ou les personnes obèses
La première chose est de tousser. Si la victime est incapable de tousser, il faut utiliser[6] deux techniques manuelles: des "coups dans le dos" et des "pressions thoraciques anti-étouffement" (représentés ci-dessous). Pour de meilleurs résultats, on peut les combiner à tour de rôle: chaque technique est répétée environ 5 fois, un changement est effectué en passant à l'autre technique. Les tours sont ensuite répétés en continu.
Si l'étouffement continue, il faut appeler les services d'aide médicale urgente. La victime peut perdre connaissance après un certain temps et avoir besoin d'une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement".
Premiers secours pour des bébés (de moins de 1 an)
Il faut combiner[7] deux techniques manuelles modifiées pour des bébés: des "coups dans le dos" et des "pressions thoraciques anti-étouffement". Pour de meilleurs résultats, on peut les combiner à tour de rôle. Chaque technique est répétée environ 5 fois, puis un changement est effectué en passant à l'autre technique, et les tours sont répétés en continu.
Si l'étouffement continue, il faut appeler les services d'aide médicale urgente. Le bébé peut perdre connaissance après un certain temps et avoir besoin d'une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement pour des bébés".
Quand la victime est inconsciente
Il faut[8] une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement" (commune) ou une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement pour des bébés" (de moins d'un an).
Réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement, commune
Il est nécessaire d'appeler les services d'aide médicale urgente.
La victime est allongée, face vers le haut. Il faut alors donner à la victime une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement" en continu:
- 30 pressions dans la moitié inférieure du centre de la poitrine.
- Si l'objet coincé est visible, on peut essayer de le retirer. L'objet peut être retiré ou non, mais cette réanimation doit continuer jusqu'à ce que la victime respire normalement.
- Après la fermeture du nez de la victime, de l'air est introduit avec une ventilation bouche-à-bouche une première puis une seconde fois.
- Il faut alors déplacer la tête de la victime d'avant en arrière pour changer un peu sa position. De l'air est ensuite à nouveau introduit avec une ventilation bouche-à-bouche une première puis une deuxième fois.
Ces étapes doivent être répétées, en commençant par la première (les 30 compressions).
Réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement, pour des bébés (de moins de 1 an)
Il est nécessaire d'appeler les services d'aide médicale urgente. Le bébé est allongé, face vers le haut. La tête du bébé doit rester vers l'avant. Il faut alors donner à le bébé une "réanimation cardio-pulmonaire anti-étouffement pour des bébés" en continu:
- Sur un côté du bébé: 30 compressions, réalisées avec deux doigts, dans la moitié inférieure du centre de la poitrine.
- Si l'objet coincé est visible, on peut essayer de le retirer. L'objet peut être retiré ou non, mais cette réanimation doit continuer jusqu'à ce que le bébé respire normalement.
- La bouche est utilisée pour couvrir simultanément la bouche et le nez du bébé. De l'air de cette façon (ventilation) une première puis une deuxième fois.
- Il est recommandé que la tête du bébé sout toujours vers l'avant parce que ses inclinations peuvent rétrécir les voies respiratoires d'un bébé.
Toutes ces étapes sont répétées en continu, en commençant par la première (les 30 compressions).
Causes et facteurs de risque
Une fausse route peut être d'origine accidentelle ou pathologique. Elle peut être associée à une dysphagie, une odynophagie ou une aphagie (qui sont respectivement une gêne, une douleur ou un blocage induit lors de la déglutition), mais ne doit pas être confondue avec ces trois symptômes.
Le risque est accru quand le réflexe tussigène est aboli ou retardé (phénomène retrouvé chez 40% des patients explorés pour troubles de la déglutition[9]).
Plusieurs maladies (neurologiques notamment) peuvent empêcher l'épiglotte (structure cartilagineuse) de fonctionner normalement au niveau du larynx (c'est-à-dire de se rabattre pour protéger le pharynx lors de l'ingestion d'aliments).
Un défaut de coordination réflexe de la succion, déglutition et respiration peut être présent dès la naissance, ou accidentellement survenir chez le nouveau né[10], notamment prématuré[11] ou chez l'enfant IMC ou polyhandicapé[12]. La personne âgée est également vulnérable à ce risque[13],[14],[15] qui augmente lui-même le risque de pneumopathie[16].
Ce trouble peut faire suite à certaines opérations chirurgicales (ex : chirurgie du larynx[17] ou du pharynx, trachéotomie, thyroïdectomie[18]), une décanulation[19], une intubation[20] ou survenir lors de la réalimentation de cérébrolésés[21].
Conséquences potentielles et prévalence
La fausse-route peut être très dangereuse, notamment pour les patients fragilisés.
Les voies respiratoires peuvent se boucher (risque d'asphyxie) ou être fortement irritées.
C'est un trouble très fréquent chez les personnes âgées (10 % à 30 % chez celles vivant à leur domicile[22] et plus de 50 % de celles qui sont institutionnalisées[22]. Chez ces personnes âgées, c'est l'une des causes fréquentes de broncho-pneumopathie, d'insuffisance respiratoire chronique, d'abcès du poumon, d'insuffisance respiratoire aigüe et parfois d'arrêt respiratoire[22].
Dépistage et traitements avancés
Comme pour la dysphagie (problèmes neurologique courant source de gêne importante pour le patient), une neurostimulation laryngée et orofaciale par électrostimulation (éventuellement associée à une rééducation orthophonique classique) peut apporter une amélioration de la situation, voire parfois une guérison[23].
De nouvelles méthodes de dépistage (ex: pléthysmographie[24] et de prise en charge (ex: rééducation de la déglutition chez des patients victimes de reflux gastro-œsophagien[25]) ont été mises au point, notamment pour l'enfant[26].
De même pour les personnes âgées[27]. Chez ces dernières une très bonne hygiène buccale orale réduira fortement le risque de pneumopathies d'aspiration induite[22].
Le choix des aliments et d'une position de compensation peuvent limiter le risque de fausse-route[28].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
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- Guinvarch, S., Preux, P. M., Salle, J. Y., Desport, J. C., Daviet, J. C., Lissandre, J. P., ... & Dudognon, P. (1998). Proposition d'une échelle clinique prédictive du risque de fausses-routes. Revue de laryngologie, d'otologie et de rhinologie, 119(4), 227-232 (résumé).
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- Schmitt, M. F., & Hewer, W. (1993). Lebensbedrohliche Situationen durch Bolusaspiration bei stationär behandelten psychisch Kranken. Klinik, Risikofaktoren, Prophylaxe, Therapie. Fortschritte der Neurologie, Psychiatrie, 61(9), 313-318.
- Trivalle C (2007) Fausses-routes: que faire avant, pendant, après ? Fiche pratique NPG. Neurologie, Psychiatrie, Gériatrie ;39:24-6
- Woisard-Bassols, V., & Puech, M. (2011). La réhabilitation de la déglutition chez l'adulte: le point sur la prise en charge fonctionnelle. Groupe de Boeck (résumé).
Notes et références
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- GUATTERIE, M., & LOZANO, V. (2005). Quelques éléments de physiologie de la déglutition. Kinéréa, (42), 2-9. (résumé)
- « Advocates say anti-choking device saved two lives in Idaho | Local | idahostatejournal.com », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) « Carers used suction device to save woman who choked on sausage », sur Kidderminster Shuttle (consulté le )
- American Red Cross, Conscious Choking
- National Safety Council and Oklahoma State University, Choking and CPR safety talk
- American Heart Association, Guidelines for First Aid
- American Red Cross, CPR/AED and First Aid, p. 22 ("Unconscious Choking")
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