Fernando Haddad
Fernando Haddad [feɾˈnandu aˈdad͡ʒ][1], né le 25 janvier 1963, est un enseignant et homme politique brésilien, membre du Parti des travailleurs (PT). Candidat à l'élection présidentielle brésilienne de 2018 en remplacement de Lula da Silva, rendu inéligible, il est battu au second tour par le candidat du Parti social-libéral (PSL), Jair Bolsonaro.
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Fernando Haddad | ||
Fernando Haddad en 2018. | ||
Fonctions | ||
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Maire de São Paulo | ||
– (4 ans) |
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Élection | 28 octobre 2012 (pt) | |
Prédécesseur | Gilberto Kassab | |
Successeur | João Doria | |
Ministre de l'Éducation (pt) | ||
– (6 ans, 5 mois et 26 jours) |
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Président | Luiz Inácio Lula da Silva Dilma Rousseff |
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Gouvernement | Lula Rousseff (pt) |
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Prédécesseur | Tarso Genro | |
Successeur | Aloizio Mercadante | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | São Paulo, État de São Paulo (Brésil) | |
Nationalité | Brésilienne | |
Parti politique | Parti des travailleurs (depuis 1985) | |
Diplômé de | Université de São Paulo | |
Profession | Enseignant | |
Religion | Christianisme orthodoxe | |
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Biographie
Famille
Fernando Haddad est le fils de Khalil Haddad, un Libanais arrivé au Brésil en 1947[2]. Sa mère, Norma Teresa Goussain, descend de Libanais nés au Brésil. Ses parents développent un lucratif commerce de textile en gros[3]. Il est le deuxième d'une famille de trois enfants. La famille est chrétienne orthodoxe[3].
Formation et carrière
Étudiant à la faculté de droit à l’université de São Paulo, il connaît ses premiers engagements politiques en participant à des mouvements étudiants contre la dictature militaire[4]. Il devient ensuite professeur de sciences politiques et d'économie à l'université de São Paulo[2].
Débuts
En 1983, il adhère au Parti des travailleurs (PT)[3].
Ministre de l’Éducation
Il est ministre de l'Éducation de 2005 à 2012, sous la présidence de Lula puis de Dilma Roussef. Il met en œuvre une politique de démocratisation des universités, dont l'accès était auparavant largement réservées aux classes aisées. L’attribution massive de bourses aux étudiants permet aux enfants des classes moyennes inférieures et, dans une moindre mesure, à ceux des classes très pauvres, d’entamer des études supérieures[5].
Son « plan de développement de l’éducation » se traduit en outre par une augmentation significative du budget, l’instauration d’un salaire minimum national pour les professeurs et l’élargissement de l’éducation préscolaire rendant l’école obligatoire dès quatre ans[6].
Maire de São Paulo
En 2012, soutenu par le Parti des travailleurs, il devient maire de São Paulo[2]. Durant son mandat, il parvient à réduire la dette de la ville[4]. Le , il perd la mairie dès le premier tour en obtenant seulement 16,7 % des voix, contre 53,3 % pour le candidat de droite João Doria Júnior[7].
Élection présidentielle de 2018
En vue de l'élection présidentielle de 2018, son nom est régulièrement évoqué pour devenir candidat du Parti des travailleurs en cas d'inéligibilité de Lula, condamné pour corruption. Aux côtés de celui-ci, le 4 août 2018, il est désigné candidat à la vice-présidence de la République[8].
Le 11 septembre 2018, il est désigné candidat par le Parti des travailleurs, le Tribunal supérieur électoral ayant rejeté la candidature de Lula[9],[10]. Selon La Nación, il est réputé orgueilleux et n’avait pas les faveurs initiales de l’ancien président[3]. Il déclare que s'il était élu, il ne gracierait pas Lula, arguant que celui-ci, ne voulant pas faire l'objet de « faveurs », préfère prouver qu'il a été victime d'une erreur judiciaire devant les tribunaux et les forums internationaux[11]. Manuela d'Ávila (Parti communiste du Brésil) devient sa colistière[12].
Durant la campagne, il souffre de la baisse de popularité du PT, d'un manque de charisme par rapport à Lula, dont il s’affiche comme le candidat de substitution, ainsi que d'un manque de notoriété dans les bastions traditionnels du PT, notamment la région du Nordeste[13],[14]. S’il est confronté à l’hostilité de la majorité des médias brésiliens, il bénéficie du deuxième temps d’antenne le plus important, derrière Geraldo Alckmin, mais devant son principal concurrent, Jair Bolsonaro[15],[16],[17].
Le 7 octobre 2018, Bolsonaro arrive en tête du premier tour avec 46,03 % (49 millions de voix), contre 29,28 % (31 millions de voix) pour Haddad, qu'il affrontera au second tour le 28 octobre[18]. Largement devancé par son adversaire auprès des classes moyennes et aisées, il obtient le soutien des classes les plus pauvres[19]. Dans l’entre-deux tours, il cesse de rendre visite à Lula en prison et abandonne toute référence au PT afin de séduire l'électorat centriste[14]. Mais face à son adversaire du Parti social-libéral, qui refuse de débattre avec lui lors d'un débat télévisé, il ne parvient pas à rallier le soutien de l’ensemble des candidats éliminés au premier tour[14],[20]. Il recueille 44,87 % au second tour[21].
Affaire judiciaire
Le , le juge Leonardo Barreiros accepte une plainte du parquet datant de septembre 2018 pour des faits présumés de corruption liés à sa campagne pour les élections municipales de 2012 : il est soupçonné d'avoir reçu 2,6 millions de réais (soit un million d'euros au taux de change de l'époque) de la part d'une entreprise du bâtiment, UTC Engenharia, qui aurait en retour espéré des faveurs dans l'obtention de marchés publics[22],[23]. Son service de presse dénonce une accusation sans preuve, fondée sur la délation d'un cadre de l'entreprise ayant noué un accord de collaboration avec la justice pour obtenir une remise de peine[22].
En , pour ces irrégularités, il est condamné à quatre ans et six mois de prison en régime semi-ouvert[24]. Le juge Francisco Carlos Inouye Shintate ne retient pas les chefs d'accusation d'association criminelle et de blanchiment d'argent mais indique qu’Haddad a procédé à la « falsification de documents à des fins électorales », avec « 258 faux relevés de dépenses »[24]. Le prévenu fait appel de la décision[24].
Vie privée
Il est marié à Ana Estela Haddad. Le couple a deux enfants.
Notes et références
- Prononciation en portugais brésilien retranscrite selon la norme API.
- Shobhan Saxena, « Le maire qui révolutionne São Paulo », Courrier International (extrait et traduction depuis The Wire), no 1317, , p. 28-29
- https://www.courrierinternational.com/article/vu-dargentine-qui-est-fernando-haddad-le-remplacant-de-lula
- « Brésil : Fernando Haddad, le candidat de Lula, un intellectuel qui sort de l'ombre », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
- « Brésil : vers un duel entre gauche et extrême-droite à la présidentielle ? », Basta, (lire en ligne, consulté le )
- « Fernando Haddad, de l’ombre à la lumière », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
- Brésil/municipales : le parti de Lula perd des bastions historiques, Le Figaro, 3 octobre 2016.
- « Brésil : toujours en prison, Lula est désigné candidat à la présidentielle », sur Le Monde.fr (consulté le )
- « Brésil : Fernando Haddad remplace Lula comme candidat du PT à l'élection présidentielle - France 24 », sur France 24 (consulté le )
- « Brésil : Fernando Haddad remplace Lula comme candidat du PT à l'élection présidentielle - France 24 », sur France 24 (consulté le )
- « Brésil: Haddad exclut de gracier Lula s'il est élu président », sur Le Figaro (consulté le )
- (pt) Lauriberto Brasil, « PT oficializa Haddad candidato a presidente e Manuela como vice », sur }poder360.com.br,
- Aglaé de Chalus (correspondante à Rio), « Au Brésil, « Fernando Haddad, c’est Lula » ! », La Croix, (lire en ligne).
- https://www.lepoint.fr/monde/bresil-haddad-fragile-rempart-contre-l-extreme-droite-21-10-2018-2264591_24.php
- « Brésil. Haddad et D’Avila rattrapent leur retard face à l’extrême droite », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
- Glenn Greenwald, Victor Pougy, « Au Brésil, la fabrique des démagogues », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
- https://www.lepoint.fr/monde/bresil-face-a-bolsonaro-l-ultra-favori-les-bien-maigres-espoirs-de-haddad-15-10-2018-2262990_24.php
- https://g1.globo.com/politica/eleicoes/2018/apuracao/presidente.ghtml
- Les habitants nord-est du Brésil, l’une des régions les plus pauvres du pays, ont placé Fernando Haddad en tête, à 42 %, contre 23 % pour Bolsonaro. Cf. Ivan du Roy, « Présidentielle au Brésil : une radicalisation de la droite et des classes dominantes », Basta, (lire en ligne, consulté le )
- « Election au Brésil : le favori de la présidentielle Jair Bolsonaro refuse le débat avec son rival », sur Le Monde.fr (consulté le )
- Le Monde avec AFP, « Election au Brésil : Jair Bolsonaro félicité par ses homologues sud-américains », Le Monde, (lire en ligne).
- « Brésil: Haddad, colistier de Lula, accusé formellement de corruption », sur RTBF Info (consulté le )
- Le Monde avec AFP, « Brésil : comme Lula avant lui, Fernando Haddad sera poursuivi pour corruption », Le Monde, (lire en ligne).
- « Brésil: Fernando Haddad condamné pour financement illégal de campagne », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
Annexes
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