Tir ami
Le tir ami, feu ami, tir fraternel ou tir fratricide est un euphémisme militaire désignant le fait d'être touché par les tirs venant de son propre camp ou de ses alliés.
Distinction
Dans la terminologie militaire américaine, également adoptée par certains de ses alliés, l'expression « tir ami » désigne uniquement le cas où un militaire est involontairement touché par ses alliés. Il peut avoir été identifié comme ennemi au moment du tir, et touché en visant juste, touché parce que le tir n'a pas atteint la cible visée ou touché par les retombées d'une attaque réussie sur celle-ci.
Dans ce dernier cas on peut aussi parler de « dommage collatéral », mais les dommages collatéraux incluent également les tirs touchant accidentellement des civils, et en pratique la communication militaire parle de tirs amis pour les militaires touchés par erreur, et de dommages collatéraux pour les civils.
Les bombes pour avions, obus d'artillerie et autres explosifs peuvent provoquer des pertes hors de la zone visée. Les obus classiques de 155 mm par exemple ont une probabilité d’erreur qui peut atteindre 106 m à 25 km de distance sur terrain plat (plus de 300 m sont évoqués en terrain montagneux) et un rayon létal d'environ 150 m[1].
Les tirs amis n'incluent pas les tirs volontaires entre soldats du même bord, soit à titre de sanction (dans le film Stalingrad, l'Armée rouge tire sur ses propres soldats battant en retraite malgré les ordres), soit lors de règlements de comptes personnels (fragging dans le jargon militaire américain). Le tir ami est une simple erreur, le fragging est un crime, et le coupable a tout intérêt à le faire passer pour un tir ami.
Proportion des tirs amis
Le taux de pertes dû à ces tirs fratricides est relativement important dans les grands conflits, d'où l'importance accordée aux moyens identification friend or foe dans les armées des pays développés.
Des études des forces armées des États-Unis ont indiqué les pourcentages de pertes dans ses rangs dues à des tirs amis durant les guerres et opérations suivantes[2] :
- Première Guerre mondiale : 10 % des blessés au combat ;
- Seconde Guerre mondiale : 14 % des pertes totales ;
- Guerre de Corée : 7 % des pertes de la 25e division d'infanterie des États-Unis ;
- Guerre du Viêt Nam : Entre 11 et 14 % des pertes ;
- Invasion du Panamá par les États-Unis : Entre 5 et 12 % des blessés au combat, 13 % des tués au combat ;
- Tempête du désert : 15 % des blessés au combat, 24 % des tués au combat.
Les chiffres donnés dans une étude de The American War Library sont cependant jusqu'à plusieurs fois plus élevés[3].
Notes et références
- Joseph Henrotin, « Combat moderne : quelles mutations pour l’artillerie à l’aune de l’expérience afghane ?< », sur Défense et Sécurité internationale, (consulté le ).
- (en)[PDF] An Analysis of U.S. Army Fratricide Incidents during the Global War on Terror (11 September 2001 to 31 March 2008) by Catherine M. Webb and Kate J. Hewett, U.S. Army Aeromedical Research Laboratory, March 2010
- (en) The American War Library's best estimates on friendly fire casualties since WW2