Fédor Rostopchine
Le comte Fédor Rostopchine (en russe : Фёдор Васильевич Ростопчин, Fiodor Vassilievitch Rostoptchine) né à Kozminka dans le Gouvernement d'Orel le et mort à Moscou le , est un général russe, ministre des Affaires étrangères de 1799 à 1801, puis gouverneur général de Moscou de 1812 à 1814.
Pour les articles homonymes, voir Rostoptchine.
Gouverneur général (d) Moscou | |
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Président du Collège des Affaires étrangères de l'Empire russe | |
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Maréchal de la cour | |
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Comte |
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Sophie Rostoptchine, comtesse de Ségur Andrey Fedorovich Rostopchin (d) Sergueï Rostopchin (d) Natalya Naryshkina (d) |
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C'est également le père de Sophie Rostopchine, qui devint un auteur célèbre durant la seconde moitié du XIXe siècle, sous le nom de Comtesse de Ségur.
Biographie
Rostopchine descendait d’une ancienne famille russe d’origine mongole. On le dit même « descendant de Gengis Khan »[1]. Entré de bonne heure dans la carrière des armes, il était lieutenant à 21 ans dans la garde impériale. Il quitta alors la Russie pour voyager et résida quelque temps à Berlin, où il était encore en 1778.
Sous Paul Ier
L’esprit et la vivacité du jeune Rostopchine plurent au comte Romanzov, chancelier de l’Empire, frère du ministre des Affaires étrangères, alors ambassadeur à Berlin. Sous le règne de Paul Ier, son avancement fut aussi rapide que brillant. Il fut décoré du grand ordre de Russie et fait comte, ainsi que son père ; mais bientôt ils tombèrent l’un et l’autre, pour des raisons inconnues, dans une disgrâce à laquelle le comte Nikita Petrovitch Panine ne fut pas étranger, et eurent ordre de se retirer dans leurs terres.
Guerre de 1812
Le comte Rostopchine retrouva grâce auprès d'Alexandre Ier qui le chargea du gouvernement de Moscou, lorsque les Français parurent sous les murs de Moscou en 1812. Le , trois jours avant l'arrivée de l’empereur Napoléon Ier à la tête de la Grande Armée, il adressa à la garnison une proclamation conçue en termes étranges, mais énergiques et propres à enflammer l’enthousiasme patriotique et religieux des Moscovites. Le , il se rendit auprès du prince Koutouzov, général en chef de l’armée russe, en annonçant son départ en style plus singulier encore.
Le à midi, selon le 19e bulletin, les Français entrèrent à Moscou ; le même jour (20e bulletin), les Russes mirent le feu à plusieurs édifices publics de cette grande ville[2]. Les rapports officiels annoncèrent que des forçats libérés, des bandits de toute espèce mirent le feu dans cinq cents endroits différents par ordre du gouverneur. Mais Monsieur Rostopchine écrit «...les prisons de Moscou renfermaient les prisonniers des gouvernements de Witepsk, de Mohilov, de Minsk et de Smolensk. Leur nombre, compris ceux du gouvernement de Moscou, montait à huit cent dix individus, qui sous l'escorte d'un bataillon pris dans un régiment de garnison, furent envoyés à Nijni-Novgorod, deux jours avant l'entrée de l'ennemi à Moscou.» [3]. À Voronovo, dit le 23e bulletin, le comte Rostopchine mit le feu à sa maison de campagne[4].
Stendhal écrit de lui dans son Journal (en date du ) : « Le général Kirgener l'avait dit devant moi à Louis : "Si l’on veut me donner quatre mille hommes je me fais fort, en six heures, de faire la part du feu, et il serait arrêté". Ce propos me frappa. (Je doute du succès. Rostopchine faisait sans cesse mettre le feu de nouveau ; on l’aurait arrêté à droite, on l’aurait retrouvé à gauche, en vingt endroits.) (…) Nous apercevions très bien l’immense pyramide formée par les pianos et les canapés de Moscou, qui nous auraient donné tant de jouissance sans la manie incendiaire. Ce Rostopchine sera un scélérat ou un Romain ; il faut voir comment son affaire prendra. On a trouvé aujourd’hui un écriteau à un des châteaux de Rostopchine ; il dit qu’il y a un mobilier de tant (un million, je crois), etc., etc., mais qu’il l’incendie pour ne pas en laisser la jouissance à des brigands. Le fait est que son beau palais d’ici n’est pas incendié[5]. » En tout cas, Stendhal note quelques pensées sur un volume de Chesterfield qu'il a pillé dans la maison de campagne de Rostopchine[5].
Le comte Rostopchine conserva le gouvernement de Moscou jusqu’au mois de . À cette époque, il donna sa démission et accompagna à Vienne l’empereur Alexandre. Cette même année, il avait été nommé membre du Conseil d'État de l'Empire russe. En 1817, il vint à Paris, où il paraissait avoir l’intention de fixer son séjour[6]. Dix ans après l'incendie de Moscou, le comte Fédor Rostopchine se défend contre l'accusation de l'incendie criminel de Moscou dans une brochure imprimée à Paris en 1823 où il expose sa version des faits[7]. Il accuse notamment Napoléon de détourner de sa personne la responsabilité de cet incendie et réfute les preuves présentées de sa culpabilité[7].
Le comte Rostopchine mourut à Moscou le et fut enterré au cimetière Piatnitskoïe.
Famille
Il eut de sa femme Ekaterina Rostoptchina, ancienne demoiselle d'honneur de Catherine II, huit enfants :
- Sergueï (1796-1839)
- Nathalie (1797-1866), épouse du gouverneur de Crimée Dimitri Narychkine,
- Sophie, Comtesse de Ségur, célèbre autrice française du XIXe siècle
- Pavel (1803-1806)
- Maria (1805)
- Elizabeth (1807-1825)
- Mikhaïl (1810)
- Andreï (1813-1882), qui s'est distingué dans la carrière militaire, marié à Ievdokia Souchkova.
Notes et références
- 2000 ans d'histoire, France Inter, émission du , rediffusée le
- L’incendie, qui ne tarda pas à s’étendre de tous côtés et à consumer presque entièrement l’immense capitale, ravit aux Français les ressources de tout genre qu’ils devaient y trouver pour leurs quartiers d’hiver, les força à une retraite précipitée et produisit les désordres de cette campagne.
- "L'incendie de Moscou raconté par Rostopchine et par Mme Narichkine, sa fille", page 107. Éditions Historiques Teissedre, 14, rue Séguier à Paris
- Il laissa l’écrit suivant attaché à un poteau : « J’ai embelli pendant huit ans cette maison de campagne et j’y ai vécu heureux au sein de ma famille. Les habitants de cette terre, au nombre de 1 270, la quittent à votre approche, et je mets le feu à ma maison, afin qu’elle ne soit pas souillée par votre présence. Français, je vous ai abandonné mes deux maisons de Moscou avec des meubles valant un demi-million de roubles ; ici vous ne trouverez que des cendres. »
- Stendhal, Journal, Paris, Gallimard (Folio), 1995/2010, p. 935, 938 & 940
- On n’y vit pas sans quelque étonnement dans celui que l’on se représentait comme un féroce vandale, l’un des hommes les plus remarquables de l’époque par la finesse et l’originalité de son esprit.
- Fedor Vasil'jevič Rostopčin, La vérité sur l'incendie de Moscou par le Comte Rostopchine suivi de ses Mémoires Ecrites en dix minutes: son mot sur Fouché, Talleyrand et Potier : Anecdote de la Pelisse, Ponthieu, (lire en ligne)
Sources
« Fédor Rostopchine », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]
Voir aussi
Liens externes
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- Fédor Rostopchine : Mes mémoires en dix minutes (1823?)
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