Flaithbertach Ua Néill
Flaithbertach Ua Néill (né avant 978 mort en 1036) est un roi d' Ailech, un royaume situé dans le nord-ouest de l'Irlande. Il abdique en 1030 et entreprend un pèlerinage à Rome, d'où son surnom Flaithbertach an Trostáin (i.e: Flaithbertach du pèlerinage). À la suite de la mort de son fils Áed en 1033, Flaithbertach abandonne sa retraite et reprend le commandement des Uí Néill du nord. Selon le Baile In Scáil il est même considéré comme un « Rig Érenn co fressabra » (i.e: Haut roi en opposition)[1].
Situation régionale
Flaithbertach, un petit-fils de Domnall mac Muircheartach, règne sur le Cenél nEógain une des familles des Uí Néill. Les Familles Uí Néill du Nord postérieures, rois de Tír Eógain et ensuite comte de Tyrone, descendent de la lignée de Flaithbertach une des familles du Cenél nEógain, et leur nom dérive de celui de son arrière-arrière-grand-père Niall Glúndub. la lignée rivale des Mac Lochlainn, autre branche du Cenél nEógain, dont l'importance croitra dans les générations postérieures à celle de Flaithbertach descend probablement du frère de Niall Glúndub Domnall mac Áeda[2]
La plus grande partie de la province d'Ulster, de la rivière Bann à l'est à la rivière Foyle dans l'ouest constitue le domaine du Cenél nEógain et de ses nombreux vassaux comme l'Airgíalla le plus important. Leur domaine propre est compris dans l'actuel Comté de Tyrone, qui porte leur nom s'étend du Lough Neagh au Lough Foyle et vers le nord à Inishowen.
À l'est se trouve le royaume d'Ulster, réduit à guère plus que le moderne Comté de Down et au sud de celui d'Antrim; à l'ouest le Tír Conaill dans l'actuel Comté de Donegal) est divisé entre les branches d'une autre famille des Uí Néill, le Cenél Conaill. Et plus au sud se trouvent le royaume de Breifne et le royaume de Mide[3].
Les rois d'Ailech du Cenél nEógain tirent leur nom de Grianan d'Aileach, une forteresse de pierre de l'âge du fer qui a servi de site pour l'intronisation des anciens rois. Au IXe siècle le pouvoir du Cenél nEógain s'est étendu vers l'est dans les domaines du royaume d'Ulster et de l'Airgíalla, et les rois sont désormais élus à Tulach Óg (Tullyhogue Fort dans le comté de Tyrone) et inhumés à Armagh[4].
Armagh n'est pas directement sous le contrôle des rois d'Ailech mais reste sous leur influence et il est précisé les souverains y possédaient une maison. Bien que la Province ecclésiastique d'Armagh ait été divisée lors du synode de Kells-Mellifont en 1152, son autorité sur les églises du nord et du centre de l'Irlande à l'époque de Flaithbertach était très grande comme le montrent les première limites fixées entre les provinces établies par le Synode de Ráth Breasail en 1111, lequel avait divisé l'Irlande entre Armagh et Cashel dans le comté de Tipperary. Armagh était non seulement la ville de Saint Patrick mais aussi dans une certaine mesure celle du Cenél nEógain[5].
Avant la bataille de Clontarf
La date de naissance de Flaithbertach n'est pas connue avec précision mais son père Muirchertach est tué en 977 par Amlaíb Cuarán[6]. Une entrée complémentaire des Annales d'Ulster précise que Flaithbertach est né cette même année[7]. Sa mère est Cres Cumal des Uí Maine[8]. Son grand-père paternel Domnall ua Néill, Ard ri Erenn, meurt en 980, et le royaume d' Ailech échoit d'abord à Fergal mac Domnaill meic Conaing, qui abdique peut-être en 989 et meurt en 1001. Fergal a comme successeur après un interrègne d'une année l'oncle de Flaithbertach; Áed mac Domnaill, qui est réputé être dans sa 29 année lors de sa mort la 10e année de son règne en 1004[9].
La première mention relative à Flaithbertach est de 1005 lorsqu'il dirige une expédition contre le Leth Cathail, une des composantes du royaume d'Ulster dont le roi Áed mac Tommaltaig, est tué. Flaithbertach pille de nouveau le Leth Cathail en 1007 et tue le successeur d' Áed Cú Ulad, ce qui détermine la situation prise en compte lorsqu'en 1005Brian Bóruma vient à Armagh avec une grande armée et reçoit la soumission de Flaithbertach.
Brian revient en 1006 et de nouveau en 1007, à cette occasion il prend avec lui une partie des otages que Flaithbertach avait obtenus de l'Ulster, par la force selon les Annales d'Innisfallen[10]. C'est peut-être à cette époque que Flaithbertach épouse dans un souci d’apaisement Bé Binn une fille de Brian dont au moins deux fils sont issus Áed et Domnall[8].
Flaithbertach continue à manifester son agressivité envers ses voisins. Il aveugle un roi du Cenél Conaill puis le met à mort en 1009, il pille ensuite la plaine centrale jusqu'au cours inférieur de la rivière Boyne plus tard dans l'année. Cette activité incite Brian Boru à revenir dans le nord en 1010, à recevoir de nouveau la soumission de Flaithbertach et à prendre des otages du Cenél nEógain avant de revenir à Kincora.
la Cenél Conaill est envahi en 1011, cette fois Flaithbertach agit comme allié de Brian, et son armée accompagne celle des fils de Brian Domnall et Murchad. Une seconde expédition menée par Brian lui-même plus tard dans l'année entraine la soumission du Cenél Conaill. Flaithbertach, cependant revient à ses vieux démons et attaque de nouveau l'Ulster, prenant Dún Echdach (Duneight, au sud de Lisburn) et reçoit la soumission du principal roi d'Ulster Niall mac Duib Tuinne. Il attaque de nouveau l'Ulster et le Cenél Conaill en 1012[11].
En 1013 Flaithbertach effectue un raid contre le royaume de Mide, sur lequel règne l'ancien Ard ri Erenn Mael Seachnaill II Mór. Les deux armées se rencontrent près de Kells, mais Máel Sechnaill se retire sans combattre. Cet incident mineur incite les voisins et concurrents de Máel Sechnaill à la considérer comme affaibli et vulnérable et une guerre avec le Leinster et Dublin en découle. Le conflit se généralise et se termine par la bataille de Clontarf le , au cours de laquelle Brian Bóruma est tué bien que ses armées alliées à celle de Máel Sechnaill aient écrasé celles du Leinster et de Dublin[12].
Après la bataille de Clontarf
Après la mort de Brian, Máel Sechnaill et Flaithbertach entreprennent une série de campagnes qui aboutissent au rétablissement de Mael Seachnaill II Mór comme Ard ri Erenn. Selon le Cogad Gáedel re Gallaib, une œuvre de propagande composée à l'époque du petit-fils de Brian, Muirchertach, en 1002, peu après que Brian se soit substitué à Mael Seachnaill II Mór comme Ard ri Erenn, Máel Sechnaill aurait offert d'abandonner sa souveraineté sur l'Irlande en faveur de Áed mac Domnaill, l'oncle de Flaithbertach et son prédécesseur comme roi Ailech en échange de son aide contre Brian. Le Cogadh avance que Áed aurait refusé et qu'aucune aide n'est parvenue à Máel Sechnaill de la part du Cenél nEógain et du nord de l'Irlande mais seulement du Connacht. On ignore pourquoi Flaithbertach accorde à Máel Sechnaill l'appui que son oncle lui avait refusé[13].
Mael Seachnaill II Mór meurt en 1022. Flaithbertach entreprend une campagne dans le Mide en 1025 et reçoit la soumission du royaume de Dublin, mais Donnchad mac Briain fait de même en 1026, et Flaithbertach également la même année. Le Dublin semble avoir été également une proie tentante pour Niall mac Eochada, le roi d'Ulster, qui effectue aussi un raid en 1026. Cette même année l'Ulster est pillée et le Cenél Conaill l'année suivante[14].
Flaithbertach avait à cette époque près de 50 ans. Son fils Domnall meurt en 1027 et en 1030 il part en pèlerinage à Rome d'où il revient en 1031. C'est à cette époque qu'il reçoit le surnom de Flaithbertach an Trostáin, c'est-à-dire Flaithbertach du Pèlerinage (textuellement du personnel du pèlerin) [15]. Cette même année Niall mac Eochada lance une expédition contre Telach Óg tandis que le fils de Flaithbertach Aed entreprend un raid de représailles. En 1031 Flaithbertach et Aed attaquent la partie sud de Cénel Conaill [16].
À cette époque Flaithbertach abdique et la succession comme roi d' Ailech est assurée par Áed, mais ce dernier meurt dès le . Flaithbertach sort de sa retraite et redevient roi une nouvelle fois les Annales d'Innisfallen relèvent : "Flaithbertach Ua Néill prend Ailech de nouveau et le nord de l'Irlande se soumet à lui en raison de son ancienneté."
Cependant il se peut que ce ne soit pas la mort d'Aed qui soit la cause du rétablissement de Flaithbertach et les Annales d'Innisfallen composées dans le sud de l'Irlande place cet événement après la mort de Domnall Ua Maíl Doraid du Cenél Conaill[17]. Le second règne de Flaithbertach ne laisse aucune trace . Il meurt en 1036 comme roi d'Ailech[18].
Flaithbertach n'est pas inclus dans les listes modernes d'Ard ri Erenn[19].
Néanmoins plusieurs auteurs médiévaux l'identifient avec un roi inclus dans la liste d'Adr ri Erenn Baile In Scáil, et il est peut-être évoqué dans le texte en vers sur l'histoire des rois d'Irlande et d'Écosse composé dans un style prophétique nommé la Prophétie de Berchán.
Ces deux sources sont problématiques et ne sont généralement pas considérées comme des listes de roi d'Irlande, contrairement au très antérieur Baile Chuinn Chétchathaig, sur lequel elles ont pris modèle[20]. Sans doute plus concluant est le fait que le poème historique du contemporain de Flaithbertach Flann Mainistrech et les compilateurs pro-Uí Néill de la chronique d'Armagh ne le reconnaissent par comme Ard ri Erenn[21].
Postérité
À la suite de la mort de Flaithbertach les Ua Néill sont exclus pour plusieurs générations de la royauté d' Ailech par les Mac Lochlainn et les autres branches familiales. En 1167 Áed in Macáem Tóinlesc reçoit finalement une partie du royaume lorsque Ruaidrí Ua Conchobair divise le Cenél nEógain entre les Mac Lochlainn et les Ua Néill [22].
Les entrées des Annales d'Ulster mentionnent le nom de plusieurs fils de Flaithbertach.
Notes et références
- T.W. Moody F.X. Martin, F.J. Byrne A new history of Ireland, Oxford University Press réédition 2001, (ISBN 9780199593064), tome IX p. 19 note no 32.
- Francis John Byrne, Irish Kings and High-Kings, Four Courts Press, Dublin 2011 réédition (ISBN 1851821961) « High-Kings of the Cenél nÉógain », Appendix II p. 284.
- Duffy, Atlas of Irish History, p. 26–31.
- Byrne, Irish Kings, p. 125.
- Byrne, Irish Kings, p. 255.
- Annales d'Ulster: AU 977.1.
- Annales d'Ulster: AU 977.2.
- Duffy, "Flaithbertach".
- Duffy, "Flaithbertach"; Annales d'Ulster: AU 1001.2 & AU 1004.5.
- Duffy, "Brian"; Duffy, "Flaithbertach"; Annals of Ulster, AU 1005.3, AU 1005.7, AU 1007.6 & AU 1007.7; Annales de Innisfallen, AI 1007.3.
- Duffy, "Flaithbertach"; Annales d'Ulster, AU 1009.4, AU 1009.6, AU 1010.4, AU 1011.2, AU 1011.6, AU 1011.7, & AU 1012.2; Annales d'Innisfallen : AI 1010.4, AI 1011.2 & 1011.5.
- Duffy, "Brian"; Duffy, "Flaithbertach"; Hudson, "Máel Sechnaill"; Annales d'Ulster: AU 1013.3.
- Duffy, "Flaithbertach"; Hudson, "Máel Sechnaill".
- Duffy, "Flaithbertach"; Annals of Ulster, AU 1025.4, AU 1026.1, AU 1026.2, AU 1026.3, AU 1027.6 & AU 1028.8.
- Duffy, "Flaithbertach"; Annales of Ulster, AU 1027.3, AU 1030.4 & AU 1031.1. pour le surnom dans les annales, voir l'entrée à sa mort. Pour la signification du pèlerinage voir également par exemple, Edel Bhreathnach, "Abbesses, Minor Dynasties and Kings dans clericatu: Perspectives of Ireland, 700–850" in Michelle Brown & Carol A. Farr (eds), Mercia: An Anglo-Saxon Kingdom in Europe, p. 113–125, especially p. 121–124.
- Annales d'Ulster: AU 1031.4 & AU 1031.8.
- Duffy, "Flaithbertach"; Annales d'Ulster, AU 1033.10; Annales d' Innisfallen, AI 1034.8. En rapport avec la mort de Ua Maíl Doraid, Byrne, "Ireland and her neighbours", p. 881.
- Annales d'Ulster, AU 1036.4; Annales de Loch Cé, ALC 1036.7; Chronicon Scotorum, CS 1036; Annales des quatre maîtres, AFM 1036.4; Annales de Tigernach, AT 1036.4., Annales d'Innisfallen, AI 1036.2.
- par exemple il n'est pas pris en compte par Byrne, dans Irish Kings, appendix 1, ni dans Royal Irish Academy New History of Ireland Tome IX .
- Voir Hudson Prophecy of Berchán, pour une analyse de la Prophecy.
- Byrne, "Ireland and her neighbours", p. 868.
- Flanagan, "Ua Conchobair, Ruaidrí".
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Flaithbertach Ua Néill » (voir la liste des auteurs), édition du .
- Byrne, Francis John, Irish Kings and High-Kings, Four Courts Press, Dublin 2011 réédition (ISBN 1851821961).
- Byrne, Francis John (2005), Ireland and her neighbours, c.1014–1072, in Ó Cróinín, Dáibhí, Prehistoric and Ireland Ireland, A New History of Ireland, I, Oxford: Oxford University Press, p. 862–898, (ISBN 978-0-19-922665-8).
- Duffy, Seán (2004), Brian Bóruma (Brian Boru) (c.941–1014), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford: Oxford University Press, retrieved 2007-10-22
- Duffy, Seán (2004), Ua Néill, Flaithbertach (d. 1036), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford: Oxford University Press, retrieved 2008-03-06
- Flannagan, M. T. (2004), Ua Conchobair, Ruaidrí (Rory O'Connor) (c.1116–1198), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford: Oxford University Press, retrieved 2008-03-06
- Hudson, Benjamin (2004), Máel Sechnaill mac Domnaill (948–1022), Oxford Dictionary of National Biography, Oxford: Oxford University Press, retrieved 2008-03-06
- Hudson, Benjamin (2005), Viking Pirates and Christian Princes: Dynasty, Religion and Empire in the North Atlantic, Oxford: Oxford University Press, (ISBN 0-19-516237-4)
- Ó Cróinín, Dáibhí (1995), Early Medieval Ireland: 400–1200, The Longman History of Ireland, London: Longman, (ISBN 0-582-01565-0)
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