Flux instinctif libre

Le flux instinctif libre[1] (free flow instinct) consiste à ne pas utiliser de protection hygiénique et à contrôler l'écoulement du sang menstruel pendant ses règles (menstruation) par la contraction du périnée[2], l'objectif étant de retenir le sang dans son corps pour le déverser dans des sanitaires au moment voulu, à la manière de l'urine. Cette méthode reste peu répandue[3].

D'autres femmes qui pratiquent cette méthode affirment au contraire qu'il ne s'agit pas de retenir le sang à l'intérieur par une contraction du périnée mais plutôt d'apprendre à sentir lorsque les règles vont s'écouler. En effet, pendant les menstruations, le sang ne s'écoule pas de façon continue mais par phases qu'il est possible de ressentir. Il s'agit donc de se rendre aux sanitaires au bon moment pour que les règles s'écoulent d'elles-mêmes dans la toilette.

Histoire

Cette méthode est originaire des États-Unis[4],[5],[3]. Elle apparaît en France sur internet en 2015[6] via des blogs ou des chaînes YouTube[3], via un livre en 2018[7]. Pour la journaliste Élise Thiébaut, le fait que le flux instinctif libre croisse en popularité est lié à une libération de la parole autour du sujet des règles[6].

Le nombre de personnes qui pratiquent cette méthode est inconnu[6].

Fonctionnement

Le contrôle de l'écoulement du sang est opéré par la contraction volontaire du périnée[3], qui maintient le sang à l'intérieur des fornix vaginaux[3], pour ensuite le faire s'évacuer aux toilettes[8].

Ce fonctionnement est souvent comparé par les personnes pratiquant le flux instinctif libre à l'acquisition de la continence urinaire chez l'enfant[9],[8]. Cependant, la continence de l'utérus est impossible, celui-ci n'étant pas équipé d'un sphincter contrôlable[9].

Toutes les femmes, même celles qui ont des règles abondantes, pourraient utiliser cette méthode[10]. Néanmoins, selon le gynécologue Teddy Linet, cette technique nécessiterait « que les muscles releveurs (en bas) soient suffisamment fermés » ce qui pourrait ne pas fonctionner « chez les patientes ayant une vulve plus évasée comme après un accouchement ». D'après lui, cette technique requiert un flux normal ou faible ainsi que de l'entraînement[5]. Une rééducation du périnée pour le muscler peut être nécessaire[3].

Apprentissage

Cette technique s'apprendrait en quatre ou cinq cycles. Il est parfois nécessaire de se rendre aux toilettes toutes les dix minutes au début[4].

Avantages et inconvénients

Il s'agit d'une méthode simple, économique et écologique par rapport à l'utilisation de protections classiques[3]. De plus, elle ne nécessite pas l'organisation qui est requise en cas d'utilisation de protections hygiéniques[9].

Il faut avoir une pleine conscience de son corps afin de réaliser les contractions du périnée au bon moment (quand on se lève, quand on se penche...)[3].

De faibles écoulements peuvent arriver, mais sont très faibles[3]. Il est nécessaire d'avoir à disposition des toilettes où évacuer le sang, et il ne s'agirait pas d'une technique très adaptée aux flux abondants[3],[8],[9], même si le contraire est avancé par les gens qui le pratiquent[3],[6],[10].

Les personnes pratiquant le flux instinctif libre l'évoquent parfois comme une « libération »[4],[9]. Pour Teddy Linet, il s'agirait davantage d'un « exploit » que d'une technique adaptée à toutes les femmes[5].

Aspect sanitaire

Certains déconseillent cette pratique avançant que le sang retenu pourrait entraîner une prolifération bactérienne[11], alors que d'autres pensent que le contrôle est équivalent à une coupe menstruelle et qu'il n'y a aucun risque[1].

Approche

Sur internet, le flux instinctif libre est abordé par certains adeptes sous un angle presque spirituel, et qui serait issu d'un pouvoir inné des femmes à maîtriser leur corps[8]. Selon Élise Thiébaut, le flux instinctif est perçu par ses pratiquantes comme une volonté de réappropriation et de maîtrise de son corps[6]. Certaines personnes affirment par exemple mieux vivre la période de leur règles en pratiquant le flux instinctif[6].

Références

  1. « le-flux-instinctif-libre-ou-l-art-de-se-passer-de-protection-hygienique »
  2. Camille Emmanuelle, Sang tabou. Essai intime, social et culturel sur les règles, Groupe CB, , 174 p. (ISBN 978-2-36490-789-8, lire en ligne), section 5
  3. « Flux instinctif pendant les règles, comment ça marche ? », sur Bio à la une (consulté le )
  4. Élise Thiébaut, Ceci est mon sang : Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font, Paris, La Découverte, , 248 p. (ISBN 978-2-7071-9292-9), p. 140-142.
  5. Cécile Thibert, « Contrôler son «flux», une alternative peu crédible aux protections hygiéniques », sur Le Figaro, (consulté le ).
  6. r Ophélie Ostermann, « Elles ne portent aucune protection pendant leurs règles », sur Madame Figaro, .
  7. Le flux instinctif libre, ou l'art de se passer de protections périodiques, Jessica Spina
  8. Jack Parker, Le grand mystère des règles : pour en finir avec un tabou vieux comme le monde, Paris, Flammarion, , 250 p. (ISBN 978-2-08-140864-7), p. 86-91.
  9. Lucile Sourdès, « Le « flux instinctif libre », les règles sans serviettes ni tampons », .
  10. Auriane Hamon, « Elles pratiquent le Flux Instinctif Libre ou zéro protection pendant les règles », sur marieclaire.fr, (consulté le )
  11. « Ni tampons, ni serviettes : Que risquent les femmes à «retenir» leurs règles ? », 20minutes.fr, (lire en ligne, consulté le )
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