Fort Saint-Jean (Marseille)
Le fort Saint-Jean doit son nom à la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem établie sur cet éperon, prolongement de la butte Saint-Laurent, vers la fin du XIIe siècle. Il est situé à Marseille dans le quartier de l'Hôtel de ville. À cet emplacement, des vestiges de la toute première occupation grecque au VIe siècle av. J.-C. ont été découverts.
Pour les articles homonymes, voir Fort Saint-Jean.
Destination initiale |
Fort militaire |
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Construction |
XIIe et XIIIe siècles, XVe et XVIIe siècles |
Propriétaire |
État |
Patrimonialité |
Pays | |
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Région | |
Département |
Bouches-du-Rhône (13) |
commune |
Coordonnées |
43° 17′ 41″ N, 5° 21′ 45″ E |
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Au milieu du XVe siècle, la puissante tour carrée est construite par le roi René pour garder la passe du port. La tour ronde du fanal est construite en 1664. La construction du fort, exigée par Louis XIV, est réalisée de 1668 à 1671 par le chevalier de Clerville après expropriation des Hospitaliers et de nombreuses maisons. Sur instruction de Vauban, le creusement en 1679 d’un large fossé l'isole totalement de la ville.
Pendant la Révolution française, le fort sert de prison pour Philippe Égalité et à deux de ses fils. Des Jacobins arrêtés à Marseille et à Aubagne seront enfermés dans le fort et massacrés le par des royalistes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes y entreposent un dépôt de munitions dont l'explosion à la libération de Marseille provoque la destruction de nombreux bâtiments anciens.
Le fort Saint-Jean a été classé monument historique par arrêté du [1].
Après avoir abrité le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), le fort Saint-Jean est intégré depuis 2013 au musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM).
Le fort Saint-Jean a disposé jusqu'en 1944 d'une échelle de marée en marbre dont la cote 0,329 m a servi de point zéro au nivellement général de la France et donc à toutes les altitudes données en France. L'échelle de marée a été détruite par le dynamitage et l'effondrement du fameux pont transbordeur. En 2020, le zéro de nivellement est à 1,661 m sous le repère fondamental situé dans le local du marégraphe de Marseille qui est exactement au même niveau que la cote 0,329 m du fort Saint-Jean.
Site
Le site de la ville antique de Marseille fondée par les Grecs au VIe siècle av. J.-C. se trouve au nord du Vieux-Port. À l'intérieur des anciens remparts, visibles aux jardins des vestiges, se dressent trois buttes alignées du sud-ouest au nord-est : la butte Saint-Laurent puis celle des moulins et enfin celle des carmes. Actuellement, on trouve respectivement sur ces buttes le fort Saint-Jean et l'église Saint-Laurent, puis la place des Moulins et enfin l'église des carmes[2].
La première butte est constituée de deux hauteurs sur l'une desquelles a été édifié le fort Saint-Jean et sur l'autre l'église Saint-Laurent. Une restitution de l'ancienne topographie du fort Saint-Jean a été possible grâce aux travaux de sondage effectués par les archéologues Vasseur en 1908 et Gantés en 1991. Cette hauteur s'élève à 19,76 m NGF et était séparée de la seconde culminant à environ 26 m NGF par une dépression située à 8 m NGF seulement[3].
C'est dans cette dépression qu'a été créé en 1679 un fossé pour la protection du fort, puis en 1845 un canal de jonction entre le Vieux-Port et le port de la Joliette et enfin le quai de la Tourette après comblement du canal en 1937[4].
Phase d’occupation grecque
Le site du fort Saint-Jean a été occupé dès le début du VIe siècle av. J.-C. (600-580) par les Phocéens. Des fouilles ont été entreprises par Vasseur en 1908 à l'occasion des travaux de construction d'une caserne située près de la tour du fanal. Cette ancienne caserne est actuellement occupée par le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) et a été dénommée bâtiment Georges-Henri Rivière. Les recherches se sont portées dans cinquante puits de forage exécutés pour la réalisation du bâtiment. Les fragments de poterie trouvées sont caractéristiques du début de l’âge du fer et datent de la première moitié du VIe siècle av. J.-C.[5].
Les couches archaïques sont coiffées par un niveau sableux surmonté d'une couche de remblais qui a livré des fragments de céramiques hellénistiques datables de la première moitié du IIe siècle av. J.-C. Une campagne de carottages géotechniques effectués en 1991 à proximité de la caserne a permis de découvrir la trace de couches des IIIe et IIe siècles av. J.-C.[6].
Le château Babon
Au VIIIe et Xe siècles, Marseille fait l'objet de nombreux raids des Sarrasins et pirates grecs : 736, 739, 838 et 848. Ruinée et en partie délaissée, la ville revêt un nouveau visage : les habitants se réfugient dans un réduit fortifié construit entre l'entrée du port et la place de Lenche. Ces fortifications sont connues sous le nom de château Babon, du nom d'un évêque. D'après l'historien Joseph-Hyacinthe Albanès, le diacre Babon mentionné dans la charte 28 du cartulaire de Saint-Victor en 840 serait ce futur évêque[7]. Le château est édifié sur le sommet de la colline où se trouve l'actuelle église Saint-Laurent, appelée au Moyen Âge Saint-Laurent du château Babon. En 884 les Sarrasins débarquent près de Saint-Tropez et ravagent la Provence. En 923 ils dévastent le monastère de Saint-Victor mais ne peuvent s'emparer du château Babon[8].
L'existence de ce château est notamment connue par une lettre de l'empereur Frédéric Barberousse en date du confirmant à l'évêque Pierre les droits et les possessions de l'église de Marseille parmi lesquelles il cite le « castellum Babonis ». Le tracé de cette fortification peut être approximativement restitué : à l'ouest il suit le rivage, et à l'est il sert de limite entre la ville vicomtale et la ville épiscopale ; la limite nord se trouve au niveau de l’actuelle rue Fontaine-des-Vents, à hauteur de la place de Lenche[9].
Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Les ordres militaires, Templiers et Hospitaliers, apparaissent à Marseille à la fin du XIIe siècle, leur installation étant liée au développement des relations commerciales du port avec l’Orient[10]. Les deux commanderies sont situées chacune à une extrémité du port de Marseille, celle des Templiers se trouve à l'emplacement de l'actuelle église des Augustins et celle des Hospitaliers à l'entrée du port où se situe le fort Saint-Jean[11].
La commanderie des Hospitaliers est construite sous les murailles du château Babon[12]. Elle est mentionnée dès 1178[13]. En 1202 le pape Innocent III accorde aux Hospitaliers des droits de sépulture, ce qui entraîne un conflit avec l’église des Accoules. À cette époque la commanderie a une grande influence, d'où le souhait du comte de Provence, Alphonse II d'y être enterré[12].
Au début du XIIIe siècle, les Hospitaliers construisent une église à nef unique, dénommée église Saint-Jean, à proximité de l'église Saint-Laurent. Elle est englobée au cours du XVIe siècle à l'intérieur des remparts du fort Saint-Jean.
Au milieu du XIVe siècle, les Hospitaliers font construire un nouveau bâtiment contigu à la tour Saint-Jean (actuellement tour du roi René) en bordure de la passe et appelé par la suite palais du commandeur. C'est dans ce palais que sont reçus les cardinaux de la suite papale lors de la venue d'Urbain V à Marseille en 1365[14]. Après transformation au XVIIe siècle ce palais devient une des plus belles demeures de la ville, la seule susceptible de loger princes et personnes de haute qualité[15].
La tour Maubert
Le système de défense du port est au XIIe siècle concentré au niveau de la passe du port. Pour atteindre les eaux calmes du port, les navires doivent d'abord pénétrer dans une baie formant avant-port située entre le pharo et la butte Saint-Jean / Saint-Laurent. À l'est de cette baie s'ouvre la passe très resserrée qui donne accès au port. Cette passe située entre les actuels fort Saint-Jean et fort Saint-Nicolas présente aujourd'hui une largeur de 100 m environ alors qu'elle était au Moyen Âge beaucoup plus étroite. La partie sud était obstruée, sur un peu plus des deux tiers, par des rochers affleurants interdisant tout passage de navires. Un pilier en maçonnerie était construit sur un haut fond situé à une trentaine de mètres de la tour Maubert qui s'élevait à l'emplacement de la tour du roi René du fort Saint-Jean. Une chaîne était tendue entre ce massif et la tour Maubert pour interdire le passage aux navires ennemis[16]. Les statuts municipaux de Marseille de 1268 interdisent aux bateaux de jeter l'ancre au niveau de cette passe[17].
Cette tour est également appelée tour de la Chaîne (turris cathene portus). L'entretien de cette chaîne amovible et les frais de garde sont à la charge du comte de Provence qui néglige souvent ses obligations. La chaîne est tendue au moyen d'un cabestan placé dans la tour : la présence d'un treuil est en effet mentionné dans un inventaire de 1302[18].
Ce système de défense se montre défaillant lors de l'attaque de la ville et de sa mise à sac par les troupes du roi Alphonse V d'Aragon le . En effet un détachement ennemi débarque dans une crique, l'actuelle anse des Catalans qui a pris ce nom pour d'autres raisons bien ultérieurement, neutralise la garnison du fort Saint-Nicolas et ouvre le passage du port. La ville est prise et pillée. La chaîne du port qui a été emmenée comme trophée, est toujours exposée dans la cathédrale de Valence (Espagne).
La tour du roi René
Après la mise à sac de la ville en 1423, la tour Maubert et les remparts de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem menacent ruine. Le roi René décide d'édifier à la place de la tour Maubert, une tour plus importante construite de 1447 à 1452 : c'est la tour carrée actuelle du fort Saint-Jean[19].
La construction est confiée en 1447 à l'ingénieur Jean Pardo et à Jean Robert. Les coûts des premiers travaux s’élèvent à 4 322 florins financés à hauteur de 2 000 florins par la ville, 1 200 florins par les pêcheurs du quartier Saint-Jean qui perçoivent pendant quatre ans une taxe sur les poissons et le solde soit 1 122 florins par le roi René. Pour achever la tour il est nécessaire de réaliser en 1452 une deuxième tranche de travaux pour 3 200 florins financés pour 2 000 florins par la ville et 1 200 florins par les pêcheurs de Saint-Jean auxquels le roi concède à perpétuité la propriété de la calanque de Morgiou avec le droit exclusif d'y établir une madrague pour la pêche au thon[18].
- Tour vue de l'extérieur.
- Terrasse de la tour.
- Salle du premier étage.
- Tour du roi René
Coupe réalisée en 1821. - Passerelle du fort à l'église Saint-Laurent.
- Vue depuis la tour du roi René.
Tour du fanal
À la demande des armateurs marseillais, la tour du fanal est érigée en 1644 à l'extrémité ouest du promontoire Saint-Jean. Elle est construite à l'emplacement d’une ancienne tour complètement ruinée. Les travaux sont adjugés à trois maçons : Bœuf, Gay et Alluys[20].
- Vue depuis le MuCEM.
Construction du fort
De 1655 à 1660, Marseille traverse une période d'agitation et de troubles, et entre en pleine rébellion, ce qui est intolérable pour Louis XIV. Le roi décide de punir les Marseillais et vient en personne réaffirmer son autorité. Le il entre dans Marseille par une brèche ouverte dans les remparts. Afin de rappeler et imposer aux Marseillais l'obéissance mais également pour renforcer le port, deux ouvrages sont construits à l'entrée du port : au sud la citadelle Saint-Nicolas et au nord le fort Saint-Jean dont l'enceinte s’appuiera sur la tour du roi René et englobera la tour du fanal. Un arsenal des galères sera également construit.
La citadelle Saint-Nicolas et l'arsenal des galères sont mis en chantier rapidement tandis que la construction du fort Saint-Jean est plus lente car elle nécessite le départ des Hospitaliers et la démolition d'une partie des maisons du quartier. Ainsi le corps des pêcheurs est obligé de vendre au roi leur maison commune qu'ils possédaient près de l'église Saint-Jean[21].
À l’intérieur du fort on peut distinguer deux parties :
- au sud, une partie basse peu élevée, composée de la tour du roi René qui est conservée en l’état et de l’ancienne commanderie qui est transformée pour servir de logement au premier commandant du fort, Henri de Beringhen à partir de 1664. L'église des Hospitaliers est partiellement recouverte de remblais ;
- au nord, une partie haute, probablement déjà commencée lorsque le premier président du parlement Henry de Maynier d’Oppède pose la première pierre, sur laquelle sont construites des casernes[22].
Ces deux niveaux sont reliés par un tunnel qui permet le passage des canons depuis la partie basse pour les hisser à la partie haute.
En 1671, à la mort de Louis Nicolas de Clerville, les travaux sont pratiquement terminés. Vauban, son successeur, est nommé en 1677 commissaire général des fortifications ; il vient à Marseille en 1679 et estime insuffisant le système de défense du fort. Il fait creuser dans la dépression topographique dont il a été question au paragraphe 1, un large fossé inondable entre le fort Saint-Jean et l'église Saint-Laurent. De plus il fait également construire de l'autre côté du fossé une fortification triangulaire, appelée demi-lune, située face à l’entée principale du fort qui se trouvait à hauteur de l’actuel mémorial des camps de la mort.
La période révolutionnaire
Mort du major de Beausset
Le , la foule révolutionnaire décide d'investir les bastilles marseillaises : le fort Notre-Dame de la Garde qui domine la cité et les forts Saint-Nicolas et Saint-Jean qui gardent l'entrée du port. Si la prise des deux premiers forts s'effectue sans problème particulier, il n'en est pas de même pour le fort Saint-Jean. Louis Sauveur Hipolythe de Beausset dit le chevalier de Beausset, major du régiment de Vexin qui y tenait garnison, refuse de capituler. Le voulant s'enfuir, il est reconnu et massacré : sa tête est promenée au bout d’une fourche[23].
Détention des princes d’Orléans
En 1793, le duc d’Orléans Philippe Égalité, ses deux fils les ducs de Montpensier et de Beaujolais, sa sœur la princesse de Bourbon ainsi que le prince de Conti, sont enfermés au fort Notre-Dame de la Garde[24]. Puis, le le duc d’Orléans est transféré au fort Saint-Jean, les autres prisonniers le rejoignent le [25].
Philippe Égalité est interné au troisième étage avec le duc de Beaujolais. Le duc de Montpensier est logé au deuxième étage et rejoint son frère au troisième étage lorsque son père est transféré à Paris le où il sera guillotiné le [26]. Le les princes sont transférés de la tour dans les appartements du commandant en second[27]. Fin le prince de Conti et la duchesse de Bourbon sont libérés. Les ducs de Montpensier et de Beaujolais ne seront libérés que fin 1796. Le ils s'embarquent sur le vaisseau « la Fortune » à destination de l’Amérique. Cette longue détention a ruiné leur santé. Ils sont atteints l’un et l’autre d’une maladie de poitrine (tuberculose ?) : Montpensier meurt à Londres en 1807 à l’âge de 32 ans ; il laisse un récit de sa détention au fort Saint-Jean, ouvrage récemment publié[28]. Beaujolais décède à Malte à l’âge de 29 ans.
Massacre des Jacobins
Après la chute de Robespierre le , cent vingt-sept jacobins sont incarcérés dans le fort Saint-Jean. Le , une bande d'hommes armés sous le commandement de Robin, quitte l’hôtel des ambassadeurs situés rue Beauvau et se dirige vers le fort Saint-Jean. Forçant les portes des cachots ils égorgent et fusillent plus de cent prisonniers[29].
Le XIXe siècle : transformation des abords
Au début du XIXe siècle le port de Marseille devient de plus en plus encombré et ne répond plus aux impératifs économiques qu'impose l'apparition des navires à vapeur. Les projets d’extension portuaire se succèdent ; il est finalement décidé de créer au nord du vieux port, un port extérieur construit par devant le rivage, entièrement gagné sur la mer et protégé par une digue. La création du nouveau bassin de la joliette est autorisée par la loi du [30]. Les travaux durent neuf ans : le nouveau bassin de la joliette (20 ha) double presque celui du vieux port (26 ha).
Ces deux bassins sont reliés par un chenal de 150 mètres de longueur réalisé dans l'ancien fossé du fort Saint-Jean qui devient ainsi une île[31]. Pour laisser le fort Saint-Jean accessible aux véhicules, deux ponts tournants sont construits : le pont tournant du fort Saint-Jean d'une longueur de 2,65 mètres et celui de la Major d'une longueur de 3,80 mètres[32].
Ce canal est protégé de la mer par des enrochements confectionnés avec des « pierres plates » d'où le nom donné à cette zone qui devient le lieu d'élection des baigneurs du quartier et des pêcheurs à la ligne.
Le long du quai de ce canal stationnent souvent quelques bricks en attente de chargement ainsi que des voiliers italiens qui viennent régulièrement embarquer de la ferraille[33].
Le XXe siècle
Le pont transbordeur
Le pont transbordeur est inauguré le pour permettre le passage d'une rive à l'autre du vieux port, il fonctionne jusqu'à son dynamitage en 1944. Le fort Saint-Jean se trouve indissociablement lié à l’image du port.
Nouvelle caserne
En 1908 une nouvelle caserne actuellement appelée bâtiment H ou Georges Henri Rivière, est construite sur le front ouest du fort à proximité de la tour du fanal. Les travaux de fondation seront suivis par l'archéologue Vasseur (voir paragraphe 2).
Comblement du canal de liaison
À peine achevé en 1853, le bassin de la Joliette s'avère insuffisant et doit être prolongé par les bassins du Lazaret et d'Arenc dont la construction est décidée par la loi du [34]. D'autres bassins sont successivement créés : bassin impérial (actuellement bassin national), de la Pinède, du président Wilson et Mirabeau. Le bassin de la Joliette, le plus ancien, doit être modifié. Le a lieu le début des travaux pour changer l'orientation des quais avec la construction de la digue du fort Saint-Jean et des moles J1, J2, J3 et J4[35]. Le canal de jonction joliette – vieux port qui ne se justifie plus est comblé à partir de 1938.
La Seconde Guerre mondiale
Après le débarquement allié en Afrique du nord, les troupes allemandes occupent Marseille dès le et prennent possession du fort Saint-Jean où des explosifs sont stockés dans la partie basse. Ce dépôt explose en lors d'un bombardement effectué pour la libération de Marseille. Des constructions datant du XIIe et XIXe siècles sont détruites.
Le XXIe siècle
Les travaux successifs
Après la libération, l'armée française reprend possession du fort bien que l'ensemble ne présente plus guère d'intérêt stratégique. Devant l'ampleur des réparations, les autorités militaires renoncent à reconstruire les bâtiments détruits et effectuent seulement un nivellement des déblais dans la partie basse du fort, enterrant ce qui restait de l’ancienne commanderie.
En 1960 le fort est cédé au Ministère des affaires culturelles qui le fait classer monument historique par arrêté du . De nouveaux bâtiments sont construits de 1967 à 1971 dans la partie basse du fort sur les restes du palais du commandeur pour loger le service des antiquités sous-marines, aujourd'hui Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Ces locaux sont occupés par le MuCEM, car depuis janvier 2009, le DRASSM a été transféré dans de nouveaux bâtiments à l’Estaque.
De 1975 à 1978 le mur d'enceinte sud qui avait été démoli par l’explosion en 1944 est partiellement reconstruit. Divers travaux sont effectués de 1980 à 2000 : restauration de la tour du roi René et de la tour du fanal, fouilles archéologiques à la chapelle Saint-Jean, aménagement de l'ancien bunker allemand situé à l'est du fort en mémorial des camps de la mort.
Les bâtiments actuels
À l'intérieur des remparts du fort Saint-Jean, les bâtiments se répartissent suivant deux niveaux :
Niveau inférieur
- La tour de plan carré du roi René : d'une hauteur de 28,50 mètres, elle se compose de quatre niveaux voûtés[36] desservies par un escalier à vis de 147 marches avec une première salle de 42 m2, une deuxième de 58,60 m2, une troisième de 44,20 m2 et une dernière de 42,20 m2. La terrasse d'artillerie a une superficie de 180 m2.
- La chapelle Saint-Jean dont le clocher a été restauré grâce au mécénat de l'Ordre de Malte et du Rotary club de Marseille.
- Le bâtiment moderne du DRASSM.
- Une petite place de laquelle part la galerie de la montée des canons passant sous la galerie des officiers pour aboutir au niveau supérieur.
Niveau supérieur
- La galerie des officiers.
- La tour ronde du fanal.
- Des anciens casernements démolis où les vestiges d'un moulin et d'une boulangerie sont encore visibles.
- L'ancienne caserne dénommée bâtiment « Georges Henri Rivière ».
Le MuCEM
Le musée national des Arts et Traditions populaires (MNAT) qui était situé à Paris a été fermé en 2005 et ses collections transférées au musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) implanté à Marseille. Ce musée s'étend sur deux sites : le fort Saint-Jean et le môle J4 où est construit un bâtiment conçu par l'architecte Rudy Ricciotti. Une passerelle de 130 m de long, surplombant une darse séparant les deux sites, permet de relier le fort au musée. Une autre passerelle permet l'accès direct du fort à partir de l'esplanade de l'église Saint-Laurent.
Le musée proprement dit est réalisé dans le nouveau bâtiment. Dans le fort Saint-Jean, les bâtiments sont affectés de la façon suivante : En partie basse :
- la tour du roi René est consacrée à l'histoire du site ;
- la chapelle est réservée à l'exposition permanente « le temps des loisirs » ;
- le bâtiment du DRASSM accueille l'Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine (I2MP).
En partie haute :
- la salle du corps de garde, en haut de la montée des canons, accueille un spectacle audiovisuel retraçant l'histoire du fort ;
- les casernements hébergent des ateliers et expositions permanentes ;
- le bâtiment Georges Henri Rivière est réservé à des expositions temporaires ;
- le chemin de ronde est agrémenté de plantations emblématiques de la Méditerranée (chênes blancs et verts ; orangers ; myrtes ; safran et aromates, etc.)
Gérald Passédat, chef trois étoiles de Marseille s'est vu attribuer la totalité des espaces de restauration du MuCEM. La Table, « bistrot chic » et La Cuisine, restauration « casual » sont situés au dernier étage du bâtiment Ricciotti. Le Café du Fort se situe dans le Fort Saint Jean, à proximité du bâtiment Georges Henri Rivière, et bénéficie d'un terrasse ombragée.
- Vue depuis le fort Saint-Nicolas. De gauche à droite : tour du fanal, bâtiment G.H. Rivière, galerie des officiers, tour du roi René.
- Le fort Saint-Jean.
- Bâtiment du DRASSM et galerie des officiers
Au fond bâtiment G.H.Rivière et fanal. - Église Saint-Jean au 1er plan
À gauche galerie des officiers avec en dessous tunnel de la montée des canons.
Notes et références
- Notice no PA00081344, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Musée d'histoire de Marseille, Naissance d'une ville, Marseille, Édisud, , p. 83.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 25.
- Adrien Blès 1989, p. 368.
- Michel et al. 1992, p. 73.
- Michel et al. 1992, p. 85.
- Abbé Joseph-Hyacinthe Albanès, Armorial & sigillographie des Évêques de Marseille avec des notices historiques sur chacun de ces Prélats, Marius Olive, Marseille, 1884, p. 31.
- Édouard Baratier 1990, p. 59.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 77.
- Jean-Rémy Palanque, Le diocèse de Marseille, Letouzey & Ané, Paris 1967, p. 84.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 270.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 272.
- Louis Bourrilly 1926, p. 35.
- Paul Amargier, Urbain V, un homme, une vie, Société des médiévistes provençaux, Marseille, 1987, p. 66.
- Bouyala d’Arnaud 1961, p. 87.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 168.
- Crémieux 1917, p. 6.
- Marc Bouiron, Henri Tréziny et Bruno Bizot 2001, p. 173.
- Paul Amargier, Marseille au Moyen Âge, édition La Thune, Marseille, 1996, p. 108 (ISBN 2-9509917-2-6).
- Botton et Valette 2002, p. 32.
- Augustin Fabre, Les rues de Marseille, édition Camoin, Marseille, 1869, 5 volumes, tome I p. 379.
- Botton et Valette 2002, p. 39.
- Raoul Busquet, Histoire de Marseille, Robert Laffont, Paris, 1978, p. 286.
- Samat 1993, p. 196.
- Samat 1993, p. 213.
- Bouyala d’Arnaud 1961, p. 90.
- Samat 1993, p. 240.
- Duc de Montpensier, Ma captivité pendant la Terreur, présentation et critique de Dominique Paoli, La bibliothèque d’Éveline Lever, éd. Tallandier, Paris 2009, (ISBN 978-2-84734-543-8).
- Marseille en Révolution, Editions Rivages, musées de Marseille, 1989, p. 116.
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- François Botton et Francine Valette, Marseille, fort Saint-Jean : Étude réalisée pour l’établissement public de maîtrise d’ouvrage des travaux culturels (EMOC), .
- Marc Bouiron, Henri Tréziny, Bruno Bizot, Armelle Guilcher, Jean Guyon et Mireille Pagni, Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René : Actes du colloque international d’archéologie: 3-5 novembre 1999, Aix-en-Provence, Édisud, coll. « Études massaliètes, no 7 », , 459 p. (ISBN 2-7449-0250-0, BNF 38857817)
- J. Bouis, Le site du fort Saint-Jean à Marseille, Comité du Vieux-Marseille, 1979.
- Victor Louis Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille des origines à la victoire de Charles d’Anjou (1264), Aix-en-Provence, A.Dragon, , 526 p. (BNF 31858623).
- André Bouyala d'Arnaud, Évocation du vieux Marseille, Paris, Les Éditions de Minuit, (1re éd. 1959), 447 p. (BNF 35319007)
- Raoul Busquet, Marseille autrefois, le fort Saint-Jean, dans la revue « Marseille », première série, no 6, août 1937.
- Raoul Busquet, Histoire de Marseille, Robert Laffont, Paris, 1945, 2 volumes avec une pagination continue, 476 p. Cet ouvrage a été réimprimé en un seul volume en 1978 avec une mise à jour de Pierre Guiral aux éditions Robert Laffont et en 2002 avec un complément de Constant Vautravers aux éditions Jeanne Laffitte.
- Adolphe Crémieux, Marseille et la royauté pendant la minorité de Louis XIV (1643-1660), Paris, Hachette Livre, , 894 p., 2 volumes (BNF 37180879)
- Jean-Rémy Palanque, Le diocèse de Marseille, Paris, Letouzey & Ané, coll. « Histoire des diocèses de France », , 337 p. (BNF 37374025).
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- Bruno Roberty, Quelques notes sur Saint-Jean, son fort et ses entours, Marseille, Imprimerie méridionale, , 47 p. (BNF 32575969).
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- Marc Bouiron, Henri Tréziny, Bruno Bizot et al., Marseille : trames et paysages urbains de Gyptis au roi René : actes du colloque international d'archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999, Aix-en-Provence, Édisud, (ISBN 978-2-744-90250-5)
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