Françoise Bonvin
Françoise Bonvin est une Valaisanne accusée de sorcellerie et acquittée en 1467 dans le Valais épiscopal dans le cadre des chasses aux sorcières en Valais.
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Biographie
Françoise Bonvin est une guérisseuse, veuve, qui vit à Chermignon[1],[2],[3],[4],[5], à l'époque de ce qu'on appelle le Valais épiscopal de la deuxième moitié du XVe siècle. Durant cette période, le Valais est gouverné par un évêque. Françoise a une fille et emploie également deux serviteurs[6]. Elle a été dans le passé employée par le bailli Petermand de Platea.
Contexte du procès
On trouve des traces de procès en sorcellerie dès 1424 en Dauphiné et 1428 en Valais, ce phénomène de chasses aux sorcières s'étendant progressivement à l'arc alpin[7].
En 1467, lors d'un procès en sorcellerie, trois inculpés, parmi lesquelles Pierrette Trotta[8], dénoncent Françoise Bonvin comme ayant été présente lors de leurs exactions[9]. Ils auraient déterré l'enfant de Jean Jota, alors inhumé au cimetière, et l'auraient mangé. Des rumeurs circulent au sujet d'une secte dont les membres se rendraient au sabbat en volant sur des tabourets. On dit également qu'ils auraient fait tomber la neige un jour de juillet 1465[2] dans le but de détruire les récoltes. Ils seraient à l'origine d'une crue ayant détruit en partie la maison d'un certain Pierre Chedal[6].
Françoise Bonvin tente de s'enfuir car elle sait que la torture d'office attend quiconque est dénoncé par trois personnes condamnées pour sorcellerie.
Elle a la chance d'être défendue par Heyno am Troyen, officier épiscopal et avocat. 67 témoins vont se succéder[9] et la décrire comme une bonne catholique allant à la messe, donnant l'aumône, recevant la communion et confessant ses péchés. Des témoins à décharge affirment l'avoir vu très affectée par l'arrivée de la neige au point de faire apporter par ses domestiques du sel aux vaches restées aux alpages. Les accusations dont elle fait l'objet sont réfutées une à une et elle dispose d'alibis pour les jours où l'on affirme qu'elle a provoqué des intempéries. De plus, certains témoins évoquent des inimitiés que lui voue une des accusatrices, Françoise Barras, à la suite d'un conflit concernant des droits de pâturage[10]. L'évêque décrète alors son innocence : elle est relâchée et retrouve la jouissance de tous ses biens le [5]. Elle est par la suite accusée une nouvelle fois, à nouveau arrêtée et torturée, mais à nouveau bien défendue et elle s'en sort sans condamnation.
Importance historique d'un procès atypique
Selon Sandrine Strobino, historienne, le procès de Françoise Bonvin est atypique en ce qu'il n'aboutit pas à sa condamnation et qu'il offre dès lors un point de vue autre que celui de l'Inquisition, en ce que les pièces du procès permettent de comprendre le point de vue de la défense[6]. Pour Brian P. Levack, ce procès montre l'existence de possibilités régionales exprimant un fort scepticisme par rapport à la croyance que les sorcières puissent se rendre au sabbat en volant, même s'il est généralement admis que les sorts d'intempéries et d'envoûtement amoureux existent[9].
Postérité
En 2015, la metteuse en scène et comédienne Sylvia Fardel monte une pièce intitulée Françoise sauvée des flammes[4],[3], racontant l'histoire de Françoise Bonvin. Selon Sylvia Fardel, c'est par son refus de se marier et sa volonté de rester une femme indépendante que Françoise Bonvin s'est attirée l'opprobre conduisant à son procès[11].
Références
- « Françoise Bonvin - vs.ch », sur www.vs.ch (consulté le )
- Fabrice Mouthon et Nicolas Carrier, Paysans des Alpes : Les communautés montagnardes au Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, , 420 p. (ISBN 978-2-7535-1302-0, lire en ligne).
- « Nos créations », sur helvetesunderground (consulté le ).
- « Sauvée des Flammes, Exposition à Sierre », sur tempslibre.ch, (consulté le ).
- « Sorcellerie : Françoise Bonvin ou le destin d’une Valaisanne sauvée des flammes », sur www.lenouvelliste.ch (consulté le )
- Sandrine Strobino, Françoise sauvée des flammes? : une Valaisanne accusée de sorcellerie au XVe siècle, Section d'histoire, Faculté des lettres, Université de Lausanne, (lire en ligne)
- Pierrette Paravy, « À propos de la genèse médiévale des chasses aux sorcières : le traité de Claude Tholosan, juge dauphinois (vers 1436) », Mélanges de l'école française de Rome, vol. 91, no 1, , p. 333–379 (DOI 10.3406/mefr.1979.2490, lire en ligne, consulté le )
- Hans-Robert Ammann, Chantal Ammann-Doubliez, « Vin et sorcellerie : de la vigne au pressoir », Archives de l'Etat du Valais, , p. 29 (lire en ligne)
- (en) Brian P. Levack, The Oxford Handbook of Witchcraft in Early Modern Europe and Colonial America, OUP Oxford, , 646 p. (ISBN 978-0-19-164883-0, lire en ligne)
- « Sorcellerie : Françoise Bonvin ou le destin d’une Valaisanne sauvée des flammes », sur www.lenouvelliste.ch (consulté le )
- « «Le Nouvelliste» à la rencontre des sorcières d’hier et d’aujourd’hui », sur www.lenouvelliste.ch (consulté le ).
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