Francisco Maldonado De Silva
Francisco Maldonado De Silva (San Miguel, 1592 - Lima, 1639) est un médecin-chirurgien péruvien converti au judaïsme et auteur de pamphlets antichrétiens.
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Fils d'un « Nouveau Chrétien » (c'est-à-dire un descendant de Juifs convertis au christianisme en 1391 ou en 1492) et d'une « Vieille Chrétienne » (c'est-à-dire chrétienne de souche), il choisit d'adopter le cryptojudaïsme de son père avant d'effectuer un retour public au judaïsme. Livré par sa propre famille à l'Inquisition, il persiste dans ses croyances, résistant à toute tentative de le regagner au christianisme, rédigeant de nombreux pamphlets et tentant de convertir ses compagnons de geôle. Il meurt sur le bûcher le , devenant un martyr pour les marranes.
Conversion du catholicisme au judaïsme
Francisco Maldonado De Silva naît vers 1592 à San Miguel, dans la province du Tucuman au Pérou, et y reçoit le baptême. Son père, Diego Nuñez de Silva, et son frère, Diego de Silva, avaient été soupçonnés de judaïser en secret avant d'être « réconciliés » par l'Inquisition le . Selon sa propre déposition, sa mère, Doña Alonza Maldonado, et tous ses ascendants étaient chrétiens de souche.
Francisco participe à la messe jusqu'à l'âge de dix-huit ans et semble avoir été dans l'ensemble un catholique fervent, jusqu'à une visite qu'il effectue chez son père à Callao où il a l'occasion de lire le Scrutinium Scripturarum de Paul Burgos (Mantoue, 1474 et seq.). Son père, qui est un « licencié », l'encourage alors à étudier la Bible et lui confesse secrètement son adhésion à la foi mosaïque. Francisco choisit alors de partager à son tour les croyances juives, tout en se conformant en apparence à toutes les cérémonies de l'Église catholique.
Cependant son exaltation grandit si rapidement qu'il décide de convertir au judaïsme par tous les moyens sa sœur, Doña Isabel de Maldonado, chrétienne fervente. Celle-ci confie le secret de la conversion de son frère à sa sœur aînée, Doña Felipa de Maldonado, qui se présente devant l'Inquisition, apparaissant sous les habits de la Compagnie de Jésus, et dénonce son frère Francisco comme un hérétique judaïsant. Compte tenu des preuves accablantes, son arrestation est décidée le , mais il n'est appréhendé que le .
Dès son emprisonnement, un moine est désigné pour le raisonner et pour essayer de le faire revenir à la foi chrétienne. Ensemble, ils analysent les textes sacrés, mais toutes les tentatives de le ramener dans le giron de l'Église catholique se soldent par autant d'échecs.
Francisco est alors transféré dans une autre prison et un deuxième dignitaire de l'église, « érudit en droit », est chargé une fois de plus de le convaincre, mais sans succès. Francisco reste inflexible et se déclare Juif croyant : « Je me soucie peu que tout le monde le sache. Qu'ils viennent et qu'ils me brûlent. Ceux qui meurent ainsi ne meurent pas, car Dieu, l'Éternel, les garde en vie à jamais ; et je proclamerai ceci allègrement sur le bûcher ». Il refuse de manger du porc, jeûne quarante jours dans l'attente de la venue du Messie, observe rigoureusement le chabbat et étudie la Bible hébraïque avec ses commentaires en hébreu et en latin. Lors de ses nombreuses auditions devant le tribunal il cite de longs passages de son livre de prières juives qu'il a soigneusement caché sur lui. Une de ses déclarations ultérieures indique qu'il s'est circoncis lui-même avec une paire de ciseaux chez lui à Santiago du Chili, en l'absence de sa femme, Doña Isabel Otanez, et qu'étant un chirurgien expérimenté par professio, il s'est cicatrisé avec du blanc d'œuf et des onguents. Il s'impose toutes sortes de pénitences et pratique les jeûnes et les fêtes juives fidèlement. Désireux de convertir sa sœur, il écrit à son intention un commentaire de la Bible qu'il traduit en Espagnol. En réponse à ses railleries menaçantes, il s'exclame : « Et si j'avais un millier de vies, je les perdrais avec joie au service du Dieu vivant ».
Tentatives pour le reconquérir
Un grand nombre de théologiens, professeurs d'université et hommes d'église, « les plus érudits du royaume », reçoivent comme instruction des juges d'argumenter avec Francisco concernant les fondements de la foi et les « sophismes » du judaïsme. Mais après une longue série de disputations, quinze en tout, s'étendant sur une période de près de douze ans (1627 à 1638), qui, selon l'accusation officielle, ont « plus montré une démonstration arrogante de son génie et de la sophistique que son désir d'embrasser la sainte foi catholique », la tentative de le récupérer est abandonnée. Pendant toutes ces années, il détaille diligemment « ses griefs contre la religion du Christ », en rédigeant des traités et des commentaires "in-duodecimo et in-quarto", en espagnol et en latin, « écrits en superbes caractères minuscules, avec de l'encre faite avec du charbon, et avec, comme plume, la patte courbée d'une poule. Les textes sont brochés ensemble avec une telle dextérité qu'ils ressemblent à des pamphlets en provenance d'un libraire. » Un de ces traités contient cent feuilles et un autre cent trois feuilles ; le titre d'un troisième peut se traduire en français par : « L'étoile des Juifs, par son autre nom Silva, indigne du Dieu d'Israël ».
Tous ces écrits sont dûment confisqués par le tribunal bien que Francisco, lors de plusieurs auditions, demande piteusement qu'on les lui restitue. Le il est condamné à être remis au bras séculier.
Conversion de camarades prisonniers
Peu après se produit un incident dramatique. Bien qu'affaibli par un jeûne de quatre-vingts jours, consumé par un zèle religieux, Francisco trouve le moyen de se balancer par une ouverture de sa cellule au moyen d'une corde fabriquée avec des tiges de maïs, qui lui servaient de pain. Il ne cherche pas à s'échapper mais à pénétrer dans deux cellules où sont enfermés, dans l'attente de leur procès, des citoyens riches et influents de Lima accusés d'être judaïsant. Il convertit au judaïsme deux Catholiques et leur fournit des lettres de recommandation pour les responsables de la synagogue de Rome. Son action semble avoir été très efficace, car les juges se plaignent spécifiquement de « l'hérésie prosélyte dans le donjon du saint et béni tribunal » causée par la tentative de Francisco. Il en résulte, le , une arrestation massive des plus importants marchands de Lima et leur emprisonnement pour être judaïsant. Le , lors de l'autodafé le plus coûteux et le plus resplendissant dans les annales du Pérou, onze personnes, accusées d'avoir conservé des pratiques juives, sont envoyées au bûcher. Tous sont vêtus en sambenito, la casaque jaune des condamnés, à l'exception de l'obstiné Francisco, qui, "un simple paquet d'os," pâle et émacié, avec de long cheveux et une longue barbe, et avec ses traités controversés liés autour du cou, s'exclame au moment de périr dans les flammes : « Ceci est la volonté de Dieu. Je vais voir le Dieu d'Israël face à face. »
Référence
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Francisco Maldonado De Silva » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
- Cet article contient des extraits de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906 dont le contenu se trouve dans le domaine public.
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