Friedrich Adler (homme politique)
Friedrich Adler (également Fritz, Vienne - Zurich ), physicien et homme politique socialiste autrichien.
Pour les articles homonymes, voir Friedrich Adler et Adler.
Biographie
Friedrich Adler était le fils aîné de Victor Adler, médecin et homme politique influent, qui fonda en 1889 et dirigea jusqu'en 1918 le Parti ouvrier social-démocrate d'Autriche, et d'Emma Braun. Il était par ailleurs le neveu de l'homme politique Heinrich Braun.
Victor Adler s'opposa au désir de son fils de s'engager dans une carrière politique et l'orienta vers des études techniques. Friedrich entra dans une Realschule[2] qu'il termina en 1897. Il suivit ensuite des études de chimie puis de physique à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH). Il obtint son doctorat en 1905 puis, après une collaboration pendant deux ans au Deutsches Museum, il fut assistant à l'Institut de physique de Zurich (1907-1911).
Albert Einstein était inscrit à l'EPF depuis 1896 et lui et Adler s'étaient liés d'amitié. En 1908, une chaire de physique théorique fut créée à l'Université de Zurich. Einstein se porta candidat mais en partie à cause du prestige dont jouissait Victor Adler dans les milieux socialisants de Zurich, on le lui préféra en premier lieu. Ce dernier intervint auprès de la commission en signalant que ses capacités, comme chercheur dans le domaine de la physique, ne se laissaient pas, même de loin, comparer à celles d'Einstein. Ce plaidoyer convainquit la commission, qui nomma Einstein.
Durant ces années, Friedrich Adler eut diverses activités en politique et en sciences (en particulier, il tenta d'approfondir l'aspect théorique du marxisme par l'étude de la théorie de la connaissance d'Ernst Mach).
À la demande des socialistes viennois, Adler retourna à Vienne en 1911 et devint l'un des quatre secrétaires du parti social-démocrate autrichien. Leader de l'aile gauche du parti, il s'opposa à la politique de guerre nationaliste du parti et donna sa démission en 1914. Adler exprima son opposition véhémente à la Première Guerre mondiale dans le journal Le Combat (Der Kampf).
Cette opposition prit un tour dramatique le 21 octobre 1916, lorsqu'Adler assassina, en tirant à bout portant, le ministre-président, le comte Stürgkh responsable selon lui de la poursuite de la guerre. Le parti social-démocrate condamna cet acte de terrorisme individuel totalement étranger à l'idéologie marxiste dont le mouvement se réclamait. Friedrich fut jugé par un tribunal d'exception et condamné à la peine de mort. Il profita de son procès pour prononcer durant quatre heures un plaidoyer contre la guerre. Il expliqua notamment : « Je ne crois pas aux actes de terrorisme individuel, je crois au pouvoir des masses. Je ne suis pas un anarchiste, je persiste à insister sur le fait que l'action des peuples est décisive. Je voulais établir les conditions psychologiques favorables à de futures actions collectives »[3]. L'empereur Charles, ayant succédé à François-Joseph (qui s'éteignit le 22 novembre 1916), commua la peine capitale en emprisonnement à perpétuité. Durant son incarcération, il rédige La conquête du matérialisme mécanique d'E. March (publié en 1918). Le 12 novembre 1918, la République d'Autriche est proclamée et de nombreux prisonniers politiques sont amnistiés, dont Friedrich Adler, qui est nommé vice-président du parti social-démocrate.
Son acte l'avait rendu très populaire auprès des membres du nouveau parti communiste d'Autriche (Kommunistische Partei Ôstereichs (KPÖ)) dont Ruth Fischer fut une des fondatrices. On lui proposa d'en devenir le président en 1919, ce qu'il refusa. Il participa en 1921 à la fondation de l'Union de Vienne (appelée également Internationale « deux-et-demie ») visant à unifier les courants des deuxième et troisième Internationales. L'Union de Vienne se rallia ensuite à l'Internationale ouvrière socialiste (anciennement deuxième Internationale). Friedrich Adler en fut secrétaire à Londres (1923-27), Zurich (1927-35) puis à Bruxelles à partir de 1935, sous la présidence d'Émile Vandervelde.
Friedrich Adler émigra aux États-Unis en 1940. Il revint en Europe en 1946 et mourut à Zurich en 1960.
Notes et références
- « http://hdl.handle.net/10622/ARCH00135 » (consulté en )
- Établissement spécifique au système germanique, situé entre le collège et le lycée.
- P.I. Taibo II: "Archanges, 12 histoires de révolutionnaires sans révolution possible" (Ed. Métailié, 2012, p.92)
Bibliographie (partielle)
- Vallentin Antonina, Le drame d'Albert Einstein, Editions Plon, 1957.
- Braunthal Julius, Victor und Friedrich Adler, WIEN,1965
- Ardelt Rudolf G, Friedrich Adler, OBV, 1984.
- ed. Galison P: Holton G; Scweber S,Einstein for the 21st Century,Princeton University Press, 2008
- François Fejtö, Histoire de la destruction de l'Autriche-Hongrie, EDIMA/Lieu Commun,1988.
- Paco Ignacio Taibo II, Archanges, 12 histoires révolutionnaires sans révolution possible, Editions Métailié, 2012.
Liens externes
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