Friperie
Une friperie est un commerce de détail qui vend des vêtements d'occasion, les fripes (de l'ancien français frepe, « chiffon », issu du bas latin faluppa, « fibre, petite chose sans valeur »). Par métonymie, la fripe désigne la revente des vêtements et, par extension, des objets ayant déjà servi.
Certaines friperies sont tenues par des organismes caritatifs, les vêtements provenant des dons des particuliers. La collecte, le tri, les éventuelles réparations et la mise en vente des vêtements peuvent être assurés par une entreprise de réinsertion sociale.
D'autres fonctionnent sur le principe du dépôt-vente, les vêtements sont apportés par des particuliers et la friperie leur tient lieu d'intermédiaire commercial.
Enfin, certaines achètent les vêtements, généralement au poids, lors de déstockages d'usines ou de magasins traditionnels (faillites, fins de série, soldes invendus, etc.).
Outre les bas prix pratiqués dans ces magasins, leur intérêt réside dans le fait qu'il est possible d'y trouver des vêtements vintage.
Histoire
Historiquement, les origines de la friperie remontent au Moyen-Âge. À cette époque, seuls les personnes riches, donc les personnes issues de la noblesse et de la royauté avaient les moyens financiers pour s’offrir assez régulièrement des vêtements neufs. Le reste de la population, quant à elle, se voyait dans l’obligation d’acheter des vêtements neufs rarement à la suite du manque de moyen.
Les friperies étaient donc nées à la suite de cette demande de la population pour se vêtir sans débourser une somme faramineuse que la plupart ne pouvaient procurer.
Les friperies étaient donc alimentées par les anciens vêtements que les classes sociales les plus aisées ne portaient plus ou encore par les malles de vêtements des défunts et autres bouts de tissus qui servaient à combler les trous présents dans les vêtements usés par le temps.[2]
En 1266 à Florence, la corporation de vente au détail accueillait les marchands de ventes d’occasions. Il y avait régulièrement des conflits entre les gens du « neuf » et de « l’usagé ».
En France, la guilde des fripiers étaient méprisés car leur commerce fonctionnait à merveille. Ils étaient accusés de vendre trop cher les vêtements d'occasion, découler des marchandises volées. Étant associé aux pauvres et criminels ils entretenaient une mauvaise image. Au XIIIe siècle, les fripiers parisiens cherchaient à corriger leurs mauvaises images en faisant homologuer leurs statuts, prouvant que leur monde artisanal était bien ordonné.
La fripe n’a pas toujours été catégorisée comme étant destinée aux personnes n’ayant pas assez de moyens financiers.
En effet, au XVe siècle, la population issue de l’aristocratie aimaient décorer leurs vêtements avec des bouts de tissus sur les extrémités. Ainsi, seuls les aristocrates faisaient cela car ils avaient le luxe de se permettre de découper leurs habits contrairement au reste de la population.
La friperie a donc connu un développement et un essor au niveau continental au XVIe siècle. Ainsi, à cette époque, Paris est le point de transit de tous les vêtements. Les vêtements mis à la vente dans les friperies étaient donc envoyés à Paris et celles-ci sont, par la suite, distribuée dans les différents pays européens.
Au XIXe siècle, le commerce de fripier se spécialise alors que les siècles précédents, il ne se distingue pas du brocanteur. La confection mécanique et standardisée "prêt à porter" ne se développant qu'à partir de 1850, avant le vêtement est alors constamment reprisé, reteint ou retaillé.
Les fripiers en boutique se distinguent des fripiers étaliers vendant dans la rue, comme dans le Carreau du Temple, haut lieu de la fripe. Ils s'approvisionnent principalement auprès des hôpitaux, monts de piété, ministère de la Guerre (uniformes au rebut qui doivent être dégradés) ou morgue. Avec la montée de l'hygiénisme, les fripes (le terme marché aux puces est révélateur à cet égard) sont désinfectées dans des batteries d'étuves.
À partir de 1880 pour le vêtement masculin, 1900 pour le vêtement féminin, la friperie est concurrencée par les habits confectionnés bon marché et devient fréquentée par la bourgeoisie, les artistes ou étudiants qui viennent s'y encanailler et rechercher de bonnes affaires. La friperie connaît un renouveau dans les années 1960 pour détourner les uniformes militaires (contestation des guerres coloniales) et s'extraire de l'uniformité du prêt-à-porter (contestation commerciale)[3]. La friperie connaît une nouvelle vie avec les amoureux du vintage et les partisans de la seconde-main qui luttent contre la fast fashion et pour l’écologie.
Notes et références
- (en) Philipp Cerny, Martin Keim, EUROPEAN MOBILITY ATLAS 2021. Facts and Figures about Transport and Mobility in Europe, Heinrich-Böll-Stiftung European Union, , p. 14.
- Audrey Millet, Fabriquer le désir, Belin, , 472 p. (lire en ligne), page 94
- Manuel Charpy, auteur de « Le théâtre des objets. Espaces privés, culture matérielle et identité bourgeoise - Paris, 1830-1914 », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 25 avril 2012.