Polype (zoologie)
Le polype est une des deux formes que peuvent prendre les animaux du genre des cnidaires (la forme pélagique étant la méduse). Les polypes sont plutôt cylindriques et allongés comme un vase. Il s'agit d'un stade sessile et benthique qui peut être colonial avec les polypes interconnectés entre eux ou alors solitaire fixé au substrat par un pied disquaire nommé hydrorhize. À l'opposé du pied du polype se trouve sa bouche entourée de tentacules. La taille des polypes varie de quelques millimètres à plusieurs dizaines de centimètres de long.
Ne doit pas être confondu avec Polype (médecine).
Étymologie
Le nom de Polype a été donné par René Antoine Ferchault de Réaumur[2] à ces organismes car ils ressemblaient à des poulpes (du Grec ancien: πολύ, poly, "beaucoup" et πούς, pous, "pied") dans leur structure globale : une bouche centrale et des tentacules tout autour.
Classification
Les polypes sont les unités individuelles des organismes de la classe des Anthozoaires, qui comprend notamment les anémones de mer et les coraux. La classe des Hydraires comprend en revanche des individus au stade de polype ou de méduse selon l'étape dans leur cycle de vie[3]. Le polype est alors dans cette classe une étape de développement de l'organisme. Une planula se développe par métamorphose en un polype qui grandit jusqu'à développer des étages médusaires qui pourront se détacher et devenir des méduses à part entière. Ce processus de séparation est appelé strobilation. Selon les espèces, le polype peut répéter ce processus plusieurs fois ou bien ne strobiler qu'une seule méduse et mourir juste après.
La classe des Scyphozoaires (communément méduses) est caractérisée par le stade médusaire. Le stade de développement sous forme de polype est parfois absent selon les familles de cette classe.
Anatomie
Les polypes sont organisés de manière similaire à un tube fixé à un substrat. Ils sont cylindriques, fixés par un pédicule appelé l'hydrorhize. À leur base se situe la frude aluscaire de leur intestin grêle et au-dessus se trouve leur colonie gastrique renflée. À leur sommet se trouve leur bouche entourée de tentacules. Ils n'ont pas d'anus et le rejet des déchets se fait par la bouche ou par simple échange direct avec l'eau.
La paroi est constituée d'un ectoderme et d'un endoderme séparés par la mésoglée. L'ectoderme est constitué d'une seule couche de cellules sécrétant un mucus. Leur base possède des myofibrilles (muscles) lisses longitudinales d'où leur nom de myo-épithélio-glandulaires. Entre ces cellules, on trouve des cellules sensitives neuropithéliales (neurones) en fuseau avec une soie tactile externe. Leur base est en rapport avec une cellule myo-épitheliale ou avec des cellules nerveuses par des filaments ramifiés.
Reproduction
La reproduction asexuée par bourgeonnement est presque universelle chez les polypes. Il est possible que celle-ci soit couplée à une reproduction sexuée si le polype relâche ses gamètes dans l'eau. Si c'est le cas, le polype est totalement dépourvu d'organes sexuels[3].
Reproduction asexuée
Dans la plupart des cas, la reproduction asexuelle implique un lien physique entre l'organisme fils et son parent. Lorsque ces liens sont maintenus entre les polypes, on observe la formation d'une colonie. Ces colonies peuvent atteindre de grandes tailles, allant jusqu'à quelques dizaines de centimètres. La méthode exacte de liaison entre les polypes apparentés peut varier selon les espèces de colonies. Les coraux qui constituent les récifs marins sont des colonies de polypes renforcées par un exosquelette calcaire[4].
Une autre forme de reproduction asexuée consiste en une frustulation[5]. C'est une forme de scissiparité par laquelle des fragments de tissu (les frustules) s'isolent à l'extrémité des stolons du polype et s'en détachent. Emportés par le courant, ces frustules se fixent sur un substrat et forment un polype primaire[6].
Reproduction sexuée
Les polypes à la reproduction sexuée (majoritairement des coloniaux) enferment leur matériel génétique en ramètes qui contiennent les gènes parentaux et maternels[7]. La fécondation peut avoir lieu s'il y a rencontre entre deux ramètes. Si ces deux proviennent du même individu il y a autofécondation, autrement il y a fécondation croisée. Les ramètes fécondées vont se développer en un zygote qui va évoluer en une planula. Cette larve ciliée peut se déplacer pour aller se fixer sur un substrat propice à son développement. Elle va organiser un réseau stolonaire (l'hydrorhize) qui lui permet de bien s'ancrer au substrat. Le bourgeonnement de nouveaux polypes à partir de cette hydrorhize (bourgeonnement polypien) conduit à la formation d'une colonie (polype secondaire), qui développera ensuite un squelette commun.
La grande majorité des coraux durs (scléractiniaires) sont à la forme adulte des colonies hermaphrodites de polypes[4]. Le relâchement de leur ramètes dans l'eau dure un bref instant et ne se produit que quelques nuits par année. Ce phénomène très coordonné entre coraux garantit un maximum de fécondations[8].
Notes et références
- Julian Clifton, « 6. Evaluating Contrasting Approaches to Marine Ecotourism: ‘Dive Tourism’ and ‘Research Tourism’ in the Wakatobi Marine National Park, Indonesia », dans Contesting the Foreshore, Amsterdam University Press, (ISBN 978-90-485-0534-0, lire en ligne), p. 151–168
- Rebecca Stott, Darwin's ghosts : the secret history of evolution, Spiegel & Grau, (ISBN 978-1-4000-6937-8 et 1-4000-6937-8, OCLC 754714047, lire en ligne)
- « Chisholm, Hugh, (22 Feb. 1866–29 Sept. 1924), Editor of the Encyclopædia Britannica (10th, 11th and 12th editions) », dans Who Was Who, Oxford University Press, (lire en ligne)
- A. J. Heyward et R. C. Babcock, « Self- and cross-fertilization in scleractinian corals », Marine Biology, vol. 90, no 2, , p. 191–195 (ISSN 0025-3162 et 1432-1793, DOI 10.1007/bf00569127, lire en ligne, consulté le ).
- Pierre-Paul Grassé, Traité de zoologie. Anatomie, systématique biologie, Masson, , p. 17
- Grassé 1993, p. 215.
- Ami Schlesinger, Esti Kramarsky-Winter, Hanna Rosenfeld et Rachel Armoza-Zvoloni, « Sexual Plasticity and Self-Fertilization in the Sea Anemone Aiptasia diaphana », PLoS ONE, vol. 5, no 7, , e11874 (ISSN 1932-6203, DOI 10.1371/journal.pone.0011874, lire en ligne, consulté le )
- P. L. Harrison, R. C. Babcock, G. D. Bull et J. K. Oliver, « Mass Spawning in Tropical Reef Corals », Science, vol. 223, no 4641, , p. 1186–1189 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, DOI 10.1126/science.223.4641.1186, lire en ligne, consulté le ).
Annexes
Articles connexes
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