Géraldine Schwarz

Géraldine Schwarz (née le 1er octobre 1974 à Strasbourg) est une journaliste, auteure et réalisatrice de documentaire franco-allemande. Elle œuvre et plaide pour un travail de mémoire transnational européen qui soit au service du présent.

Géraldine Schwarz
Géraldine Schwarz (2019)
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Biographie

Née d'une mère française et d'un père allemand, Schwarz se définit comme une "fille de la réconciliation franco-allemande" et une "européenne convaincue" [1]. Elle a grandi en région parisienne. Après son baccalauréat obtenu en 1992 en section allemande au Lycée international de Saint-Germain-en-Laye [2], de 1993 à 1997 elle étudie l'histoire à Mannheim, à Londres et à Université Paris-Sorbonne [3] puis elle entre au Centre de formation des journalistes de Paris (CFJ). À l'âge de 24 ans, elle commence à travailler pour Bloomberg News à Paris puis est nommée correspondante de l'Agence France Presse à Berlin en 2000. Dix ans plus tard, elle fait ses adieux au journalisme d'actualité pour se consacrer à des sujets de fonds et des documentaires. Depuis la publication en 2017 de son essai autobiographique Les Amnésiques, elle intervient dans des médias et des conférences à travers l’Europe et est membre de plusieurs jurys. Ses thèmes de prédilection sont la mémoire, l’Europe et l’éducation démocratique.

Œuvre

En 2017, Schwarz publie Les Amnésiques chez Flammarion, un essai autobiographique et historique récompensé notamment par le Prix du livre européen et traduit en plus de dix langues, dont l’allemand Die Gedächtnislosen, Erinnerung einer Europäerin (Secession Verlag für Literatur) et l’anglais (Those Who Forget, Simon & Schuster). Au fil de trois générations de sa famille franco-allemande, Schwarz retrace le long et douloureux travail de mémoire sur le passé nazi qui permit à la société allemande de construire sa démocratie. L'autrice découvre un jour qu’en 1938, son grand-père allemand Karl Schwarz (1901-1970) a aryanisé à Mannheim une entreprise appartenant aux familles juives Löbmann et Wertheimer. Après la guerre, confronté à un survivant qui réclame des indemnités, son grand-père plonge dans le déni de ses responsabilités de Mitläufer. L'autrice compare le travail de mémoire allemand avec celui effectué en Italie, en Autriche, en Europe de l’Est et surtout en France, où son grand-père maternel était gendarme au service du régime de Vichy. Après la publication des Amnésiques, une plaque commémorative a été érigée dans l'ancien camp de concentration du Camp des Milles à Aix-en-Provence en hommage aux familles Löbmann et Wertheimer [4] qui y ont été internées entre 1940 et 1942 avant d'être déportées et assassinées à Auschwitz. Leurs fils Fritz Löbmann et Otto Wertheimer faisaient partie des enfants d'Izieu raflés en avril 1944 puis déportés sur ordre du chef de la Gestapo Klaus Barbie.

Prises de position

Pour Schwarz, malgré l’impunité scandaleuse qui a régné en Allemagne après la guerre, le travail de mémoire a permis de construire une démocratie forte résistant assez efficacement aux extrémismes. Selon elle, la clé de ce succès réside dans le fait ce travail de mémoire n’a pas été imposé d’en haut mais d’en bas, et que la société allemande a engagé une réflexion profonde sur les mécanismes psycho-sociologiques qui poussent une société à basculer dans la complicité du crime, par opportunisme, indifférence et lâcheté. Ce processus d'identification avec les Mitläufer, ceux qui suivent le courant, a une grande valeur éducative, selon Schwarz, car elle permet d’aiguiser la conscience des citoyens quant à leur faillibilité et leurs responsabilités dans une démocraties En France, écrit Schwarz, la mémoire collective a certes intégré Vichy comme une page sombre de l’histoire, mais une réflexion collective sur l’attitude de la majorité de la population, qui a soutenu ou laisser faire Vichy, n’a pas vraiment eu lieu. L’autrice déplore que de nombreux pays n’aient toujours pas le courage d’affronter leur passé fasciste, colonial ou de dictature communiste. Selon elle, cette lacune révèle une profonde incompréhension de l’importance de la gestion du passé pour la stabilité et la maturité démocratique d’une société. Néanmoins, argumente-t-elle, le travail de mémoire ne doit pas culpabiliser, ni être instrumentalisé au service d’une dialectique victime contre bourreau, mais permettre de responsabiliser et de donner des clés concrètes pour tirer des expériences du passé ce qui importe pour le présent et l’avenir

Réception

Le livre a suscité des discussions sur le rapport aux pages sombres du passé dans de nombreux pays. Pour l’experte de la mémoire Aleida Assmann, qui a prononcé l'éloge lors de la remise du prix Winfried, Schwarz a "inventé un nouveau genre", un livre dont le cadre n'est "pas seulement transnational, mais aussi transgénérationnel" qui montre comment faire de la mémoire "un incontournable pour l'éducation politique. Samantha Power a écrit dans le Washington Post : "Schwarz a le don d’illustrer la complexité du sujet, par une seule scène ou un seul dialogue... Le livre de Schwarz mérite d'être largement lu et discuté aux États-Unis, surtout pour tout ce qu'il a à nous apprendre sur l'urgence d'aborder les aspects les plus sombres de notre propre histoire". Susan Glasser a commenté dans The New Yorker : "De tous les livres que j'ai lus cette année - et j'en ai lu beaucoup (...), celui qui a peut-être eu le plus d'écho est Those Who Forget (Les Amnésiques). Il expose de manière très convaincante le fait que 2020 n'est pas terminé et ne le sera jamais tant qu'il n'y aura pas de réflexion collective sur l’épisode sombre de la présidence de Donald Trump. Ce n'est pas fini et ça ne le sera jamais". En Espagne, Juan Luis Cebrián a fait remarquer dans El País : "C'est une bataille mémorielle similaire que nous vivons aujourd'hui et qui se reflète dans les controverses autour du rapatriement du corps du dictateur Franco, tout comme dans l'invention frauduleuse de l'histoire de la Catalogne par les partisans de l'indépendance."

Prix et distinctions

  1. . 2018 : Prix du livre européen
  2. . 2019 : Prix Winfried allemand de la ville de Fulda pour l'entente entre les peuples et la paix
  3. . 2019 : Prix italien Nord-Sud de littérature
  4. . 2020 : Longlisted pour le prix britannique Baillie Gifford Prize for Non-Fiction
  5. . 2020: Best Books of the year de l'américain Kirkus Reviews
  6. . 2021:Shortlisted pour le prix américain Mark Lynton Prize.

Références

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