Gare des Carbonnets
La gare des Carbonnets, aussi appelée gare Lisch est une gare ferroviaire française désaffectée située impasse des Carbonnets, dans la commune d'Asnières-sur-Seine, à proximité de Bois-Colombes (département des Hauts-de-Seine). Elle est accessible par la rue des Bourguignons (la gare n'est pas ouverte au public).
Gare des Carbonnets Fermée | |
La gare en 2007. En dépit de son inscription au titre des monuments historiques, l'état du bâtiment est préoccupant. | |
Localisation | |
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Pays | France |
Commune | Asnières-sur-Seine |
Coordonnées géographiques | 48° 54′ 44″ nord, 2° 16′ 24″ est |
Gestion et exploitation | |
Propriétaire | SNCF |
Historique | |
Mise en service | 1878-1898 |
Architecte | Juste Lisch |
Protection | Inscrit MH (1985) |
Originellement construite au Champ-de-Mars par l'architecte Juste Lisch pour l'exposition universelle de 1878, elle est remontée à Asnières-sur-Seine en 1897[1]. Elle fait office de gare électrique de Bois-Colombes lors de l'électrification par troisième rail du tronçon Paris-Saint-Lazare - Bois-Colombes de la ligne d'Argenteuil, en 1924, avant d'être reconvertie en ateliers en 1937. Abandonnée et promise à la démolition en 1983, elle est sauvée de justesse par la mobilisation d'un Asnièrois qui parvient à la faire inscrire en 1985 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Malgré les divers projets de restauration évoqués pendant près de trente ans, elle est depuis restée à l'abandon et dans un état de dégradation avancé.
Origine du nom
Elle porte le nom d'un lieu-dit, celui de son adresse actuelle, impasse des Carbonnets à Asnières-sur-Seine, située dans la continuité de la rue des Carbonnets à Bois-Colombes. Son autre nom (gare Lisch) vient de son architecte : Juste Lisch.
Historique
Du Champ-de-Mars à Asnières-sur-Seine
À l'occasion de l'exposition universelle de 1867, la Compagnie de l'Ouest établit un embranchement de trois kilomètres de long sur la rive gauche de la Seine, entre le lieu-dit le Point du Jour et le Champ-de-Mars. Celui-ci est destiné à desservir les différents chantiers de construction de pavillons en matériels. Pendant l'exposition universelle, la ligne assure le transport des voyageurs, avant de cesser toute activité le .
Dans le cadre de l'exposition universelle de 1878, une nouvelle gare est inaugurée le de la même année afin de servir de gare terminus au tronçon de quatre gares entre Grenelle-Ceinture et l'esplanade du Champ-de-Mars. Son architecte, Juste Lisch, dessine une charpente métallique à remplissage de briques, assemblée sur un soubassement de pierre. Un bâtiment central, décoré de briques colorées et de tuiles plates vernissées, sert de salle des pas-perdus et est flanqué de deux extensions vitrées à usage administratif. Elle peut accueillir quatre voies, plus quelques voies latérales de remise.
La Compagnie de l'Ouest, a alors comme projet, pour l'exposition universelle de 1900, de construire le raccordement de Boulainvilliers et la ligne des Invalides à Versailles-Rive-Gauche. Comme ses ateliers d'Asnières et de Bois-Colombes, situés impasse des Carbonnets, sont détruits lors de la tornade du , elle décide de démonter et d'y ré-assembler l'édifice.
La première étape de l'électrification de la ligne de Paris-Saint-Lazare à Argenteuil la fait devenir à partir de 1924 le terminus de la ligne électrique Saint-Lazare - Bois-Colombes durant douze ans. Dotée de voies en impasse accueillant les trains omnibus Paris - Bois-colombes, elle cohabite avec la gare de Bois-Colombes, située à une centaine de mètres, desservie par les trains à vapeur se rendant au-delà, vers Argenteuil et Pontoise.
Mais le quadruplement de la ligne et l'extension de l'électrification jusqu'à Argenteuil en 1936 conduisent à la reconstruction par Urbain Cassan de la gare de Bois-Colombes avec l'enterrement de ses voies ferrées. La gare des Carbonnets rendue inutile est alors désaffectée et transformée en ateliers, puis finalement annexe de dépôt de la voie et est notamment utilisée par le Sernam. En 1972, l'École nationale de cirque dirigée par Annie Fratellini envisagea de s'y installer[2],[3].
Un bâtiment à l'abandon
Le bâtiment était promis à la démolition en 1983, et fut sauvé par son inscription à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le [4], grâce à une campagne du Figaro initiée par un Asniérois, Pierre Tullin[5]. Son emplacement originel dans Paris est désormais occupé par la gare du Champ de Mars - Tour Eiffel, desservie par la ligne C du RER.
Au début des années 1990, le remontage du bâtiment est imaginé à proximité de la nouvelle gare de Cergy-le-Haut, dans le Val-d'Oise, mais le coût de l'opération fait finalement abandonner le projet[6]. En 2012, le bâtiment est à l'abandon et devient progressivement une ruine. Une partie de la structure s'est effondrée ; des arbres y poussent et l'escalier intérieur a perdu la majorité de ses marches. Un incendie détruit même une faible partie de l'édifice fin [7].
- En , côté nord.
- En , côté est.
- Détail de la structure.
- Escalier intérieur.
Projets de réhabilitation
Après des décennies de projets sans suite, une volonté de sauvegarde semble apparaître : une réunion est organisée le à l'initiative de la mairie d'Asnières-sur-Seine avec la participation de l'association Les Amis du château et du vieil Asnières[8], ainsi que les représentants de la direction régionale de l'action culturelle, le conseil général et Réseau ferré de France, désormais propriétaire de l'édifice depuis 1997.
Plusieurs projets sont à l'étude : la restauration du bâtiment sur place, qui pourrait alors être utilisé comme équipement public culturel intercommunal. Une autre possibilité consiste à procéder à son démontage puis à son remontage. Après de nombreux rendez-vous, plusieurs idées sont alors projetées en lien avec Les Amis du château et du vieil Asnières[9], la SNCF, RFF et le ministère des Transports pour l'accueillir : soit dans le parc des Chanteraines à Gennevilliers (qui héberge déjà une association de petits trains), soit à l'est de Paris sur un terrain appartenant à la SNCF où pourrait être créé un musée du Cheminot, ou encore dans le parc Robinson à Asnières, près des rives de la Seine. Le transfert sur un autre espace permettrait alors de libérer les terrains pour y construire des logements sociaux[7]. Or, Asnières-sur-Seine dispose déjà de nombreux logements sociaux (dans les quartiers Nord), et cela irait à l'encontre du développement culturel de ce quartier qui s'inscrit dans le cadre du projet du Grand Paris.
Une étude de faisabilité sur la restauration de l'ancienne gare est mise en œuvre, avec un coût estimé à cinq millions d'euros[7], ce qui permettrait en outre de sauver cette gare puisque le coût de démantèlement au regard de la fragilité de l'édifice risquerait d’entraîner la destruction pure et simple de celui-ci.
Par ailleurs, une communauté s'organise sur internet afin de sauver le bâtiment, dite mobilisation « Gare Lisch - Opération Renaissance », en proposant sa réutilisation comme « Cité du Voyage », soit un pôle culturel et économique dédié au voyage, à l’aventure et à l’exploration, dont l'autofinancement devrait éviter un recours aux subventions publiques pour ses frais de fonctionnement[10]. En , des élus parisiens demandent sa réinstallation, au niveau du cours de Vincennes[11].
Cette communauté est à l'origine de l'exposition de photographies dans le cadre du projet InsideOut de l'artiste JR mettant en lumière l'inaction des différentes parties prenantes concernées ; une pétition est lancée afin de solliciter de la direction de la SNCF et de la ville d'Asnières-sur-Seine une décision en vue de la restauration de l'édifice[10].
En 2019, dans le cadre de la Métropole du Grand Paris, l'atelier d'architecte Nacarat et Morning Coworking remporte le projet Inventons la Métropole pour en faire une cité du voyage et de l'entrepreneuriat[12]. Le projet, financé par un promoteur et mené par la société Morning Coworking[13], prévoit une division de l'espace en deux niveaux. Le premier étage serait utilisé pour héberger des centaines de bureaux d'affaires partagés (coworking) tandis que le rez-de-chaussée accueillerait un café-restaurant et un espace événementiel ouvert au public. Ce projet, prévu pour 12 ans à partir de 2021, permet de financer la restauration de la gare et serait réversible[12].
En avril 2022, la ville d'Asnières décide d'acheter le bâtiment à la SNCF[14].
Notes et références
- Clive Lamming, Paris au temps des gares, Parigramme, 2011, « L'erreur de casting de la gare du Champ-de-Mars », pages 134-135.
- Asnières Infos,n°326, Novembre 2011, page 46
- [PDF] Pierre Tullin - Historique de la gare du Champ-de-Mars
- Notice no IA00129782, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Asnières Infos, Novembre 2011
- [PDF] Ville de Cergy - Parcours les Hauts-de-Cergy
- « La gare Lisch trouvera-t-elle sa nouvelle voie ? » dans Le Parisien, article du 10 décembre 2012.
- « La Gare Lisch », sur Les Amis du Château et du Vieil Asnières (consulté le ).
- Mathias Lucien Rapeaud, « Gare Lisch - Asnières Sauvegarde du patrimoine », sur Les Amis du Château et du Vieil Asnières, (consulté le ).
- Gare Lisch - Opération Renaissance
- Christiane Henry, « Paris : le débat sur l’avenir de la Petite Ceinture reporté », leparisien.fr, (consulté le ).
- Adeline Daboval et Olivier Bureau, « Grand Paris : une gare Lisch de toute beauté », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Morning, Coworking, Solutions pour entreprises. Demain ? On y travaille. », sur morning-coworking.com (consulté le ).
- « Conseil municipal d'Asnières-sur-Seine : séance du 7 avril 2022 », sur stockage.asnieres-sur-seine.fr (consulté le ) : « Acquisition auprès des sociétés SNCF Réseau et SNCF Voyageurs du site historique de la gare Lisch », voir page 22.
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Tullin, « De l'embarcadère du Champ-de-Mars à la gare électrique de Bois-Colombes », Historail, .
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à l'architecture :
- « Patrimoine. Sauver la gare Lisch », sur Rails et histoire.
- « Devenir de la gare Lisch », sur Sénat (France).
- « SNCF s'engage à sauver la gare historique de l'exposition universelle de Paris de 1878 » [PDF], sur SNCF, .
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