Gigantopelta chessoia

Gigantopelta chessoia est une espèce d'escargot de mer des évents hydrothermaux, un mollusque gastéropode marin de la famille des Peltospiridae[1].

Gigantopelta chessoia
Gigantopelta chessoia (la barre d'échelle représente 1 cm).
Classification
Règne Animalia
Embranchement Mollusca
Classe Gastropoda
Super-famille Vetigastropoda
Famille Peltospiridae
Sous-famille Littorininae
Genre Gigantopelta

Espèce

Gigantopelta chessoia
Chen (d) et al., 2015
Groupe de Gigantopelta chessoia (bruns) partiellement couverts de patelles Lepetodrilus sp. East Scotia Ridge (en) (vertes) sur le site E2 de la dorsale orientale de la mer de Scotia. Au centre un crabe yéti Kiwa tyleri (la barre d'échelle représente 10 cm).

Systématique

La première mention de cette espèce, sous le nom de Peltospiroidea n. sp. ou de "gastéropode peltospiroïde", a été publiée le [2]. Peltospiroidea est le nom d'une superfamille de gastéropodes utilisée dans la taxonomie des gastéropodes (Ponder & Lindberg, 1997) (en). Elle ne contient qu'une seule famille actuelle, Peltospiridae, et quelques familles disparues. Cependant, la taxonomie des gastéropodes (Bouchet & Rocroi, 2005) n'utilise pas le nom de Peltospiroidea (dans ce système, la famille des Peltopiridae est placée au sein des Neomphaloidea).

Ce mollusque, décrit en 2015 par Chong Chen (d), Katrin Linse (d), Christopher Nicolai Roterman (d), Jonathan T. Copley (d) et Alex David Rogers (d)[1], a été classé comme une nouvelle espèce au sein du nouveau genre Gigantopelta (famille des Peltospiridae)[1].

Distribution

Localisation des sites E2 et E9 dans la mer de Scotia montrant la dorsale Est Scotia (ESR) entre la plaque Scotia (SCO) et la plaque Sandwich sud (SAN).

Cette espèce est connue dans deux sites situés près d'évents hydrothermaux de la dorsale orientale de la mer de Scotia, dans l'Atlantique sud à partir de 2 394 m de profondeur à l'évent E9 et de 2 608 m à l'évent E2[2].

Description

Vue dorsale de Gigantopelta chessoia montrant un aperçu de la cavité du manteau. La coquille et le tissu du manteau ont été enlevés. La barre d'échelle fait 1 cm.
Coupe transversale de Gigantopelta chessoia montrant l'hypertrophie de la glande œsophagienne (en) (og).
ct - cténidie,
si - sinus sanguin,
pm - muscle du pied.
La barre d'échelle représente cm.

Sa coquille est de couleur olive foncé[1]. Elle a trois à quatre verticilles. Sa largeur varie de 4,21 à 45,7 mm. Le juvénile mesure environ mm[3], alors que celle du corps de l'adulte est de 50 mm.

Il a des tentacules non papillaires[3].

Système digestif (en) : la radula possède une paire de cartilages[3]. Le tube digestif est court et ne comporte qu'une seule boucle. Le rectum ne pénètre pas dans le cœur. La radula représente 1,4% du volume corporel chez les juvéniles et ses cartilages 2,6% de leur volume corporel.

Son système respiratoire (en) est constitué d'une seule cténidie bipectinée gauche (branchies)[3].

Son système circulatoire (en) est hypertrophié : le cœur est fortement hypertrophié[3]. Chez les juvéniles, de mm de longueur totale, le ventricule fait de 0,42 mm. Il atteint mm chez les adultes. Il y a une seule oreillette gauche. Gigantopelta chessoia présente des bactéries symbiotiques dans sa glande œsophagienne (en) hypertrophiée[4]. Son corps présente un faible rapport isotopique de carbone δ13C. Cela indique que la fixation du carbone de cette espèce peut se produire grâce au cycle de Calvin-Benson-Bassham chez des gammaprotéobactéries endosymbiotiques[5]. La présence de bactéries endosymbiotes dans la glande œsophagienne a été confirmée en 2017 par microscopie électronique à transmission.

Cette glande œsophagienne (en) est fusionnée et agrandie pour remplir tout le côté ventral de la cavité du manteau[3]. Elle occupe 0,6% du volume de la masse viscérale chez les juvéniles, mais augmente allométriquement jusqu'à 9% du volume viscéral chez les adultes. Les sinus sanguins sont grands, mais peu nombreux et fixes.

Son système nerveux (en) a des ganglions[3].

Gigantopelta chessoia possède des statocystes avec statolithe[3].

Son système reproductif (en) présente des gonades pleinement développées chez les juvéniles à partir de 2,0 mm[3].

Écologie

Cette zone située entre les cheminées hydrothermales du site E9 à une profondeur de 2 398 m est occupée par Gigantopelta chessoia et des crabes yétis Kiwa tyleri (blancs). La barre d'échelle représente m.

Ce gastéropode se trouve généralement en agrégats denses, jusqu'à 1 000 individus par m2 environ[2].

De petites patelles, Lepetodrilus sp. East Scotia Ridge (en), se trouvent parfois sur les coquilles de Gigantopelta chessoia[2]. L'espèce peut aussi être associée à des anémones de mer de la famille des Actinostolidae, des crustacés du genre Kiwa (crabes yétis) et des arthropodes pycnogonidés proches de Sericosura.

Gigantopelta chessoia pourrait être mixotrophe dans sa vie juvénile et passer à la symbiotrophie obligatoire à l'âge adulte[3].

Gigantopelta chessoia est gonochoristique (les mâles et les femelles sont distincts[3].

Publication originale

Notes et références

Cet article comprend du texte sous licence Creative Commons (CC-BY-2.5) de la référence[2] et du texte sous licence CC-BY-4.0 de la référence[3].

  1. Chen et al. 2015, p. 323-327
  2. (en) Rogers A.D., Tyler P.A., Connelly D.P., Copley J.T., James R., Larter R.D., Linse K., Mills R.A., Garabato A.N., Pancost R.D., Pearce D.A., Polunin N.V., German C.R., Shank T., Boersch-Supan P.H., Alker B.J., Aquilina A., Bennett S.A., Clarke A., Dinley R.J., Graham A.G., Green D.R., Hawkes J.A., Hepburn L., Hilario A., Huvenne V.A., Marsh L., Ramirez-Llodra E., Reid W.D., Roterman C.N., Sweeting C.J., Thatje S. & Zwirglmaier K. (2012). "The Discovery of New Deep-Sea Hydrothermal Vent Communities in the Southern Ocean and Implications for Biogeography". PLoS Biology 10(1): e1001234. DOI:10.1371/journal.pbio.1001234.
  3. (en) Chen, Uematsu, Linse et Sigwart, « By more ways than one: Rapid convergence at hydrothermal vents shown by 3D anatomical reconstruction of Gigantopelta (Mollusca: Neomphalina) », BMC Evolutionary Biology, vol. 17, no 1, , p. 62 (ISSN 1471-2148, PMID 28249568, PMCID 5333402, DOI 10.1186/s12862-017-0917-z)
  4. (en) JoAnna Klein, « This Snail Goes Through Metamorphosis. Then It Never Has to Eat Again. », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Reid W. D. K., Sweeting C. J., Wigham B. D., Zwirglmaier K., Hawkes J. A., McGill R. A. R, Linse K. & Polunin N. V. C. (2013). "Spatial Differences in East Scotia Ridge Hydrothermal Vent Food Webs: Influences of Chemistry, Microbiology and Predation on Trophodynamics". PLoS ONE 8(6): e65553. DOI:10.1371/journal.pone.0065553.

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Heywood J. L., Chen C., Pearce D. A. & Linse K. (2017) : « Bacterial communities associated with the Southern Ocean vent gastropod, Gigantopelta chessoia: indication of intergenerational, horizontal symbiont transfer ». Polar Biology (en). DOI:10.1007/s00300-017-2148-6.
  • (en) Leigh Marsh, Jonathan T. Copley, Veerle A.I. Huvenne, Katrin Linse, William D. K. Reid, Alex D Rogers, Christopher J. Sweeting et Paul A. Tyler, « Microdistribution of faunal assemblages at deep-sea hydrothermal vents in the Southern Ocean », PLOS ONE, PLoS, vol. 7, no 10, , e48348 (ISSN 1932-6203, OCLC 228234657, PMID 23144754, PMCID 3483289, DOI 10.1371/JOURNAL.PONE.0048348)
  • (en) WDK Reid, CJ Sweeting, BD Wigham, RAR McGill et NVC Polunin, « Isotopic niche variability in macroconsumers of the East Scotia Ridge (Southern Ocean) hydrothermal vents: What more can we learn from an ellipse? », Marine Ecology Progress Series, vol. 542, , p. 13-24 (ISSN 0171-8630 et 1616-1599, OCLC 05696404, DOI 10.3354/MEPS11571)
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