Giovanni di Bonino

Giovanni di Bonino est un peintre, mosaïste et maître verrier italien originaire d'Assise qui a œuvré à Orvieto, à Pérouse et à Assise. Ses dates de naissance et de décès sont inconnues mais son activité à Orvieto est documentée de 1325 à 1347. Il est peut-être celui que les historiens de l'art ont surnommé le Maître de Figline.

Giovanni di Bonino
Biographie
Activité
Période d'activité

Le vitrail de la cathédrale d'Orvieto

La longue activité de Giovanni di Bonino sur le chantier de la cathédrale d'Orvieto est connue grâce aux archives de la cathédrale, étudiées tout d'abord par Guglielmo Della Valle en 1791[1], partiellement publiées par Luigi Fumi[2] en 1891[3], puis reprises et complétées par Catherine Harding[4] en 1989[5]. De septembre à , Giovanni di Bonino reçoit des paiements pour l'exécution de vitraux, peut-être pour ceux des bas-côtés, avec un salaire journalier de plus du double de celui payé aux autres artistes, Andrea di Mino de Sienne, Buccio di Leonardello d'Orvieto et Tino di Angelo d'Assise[5]. En même temps, Giovanni participe, avec un rôle très secondaire, à la décoration de la façade, où il effectue quelques travaux en tant que peintre[5]. D'autres paiements pour les vitraux suivent dans les premiers mois de 1330 et en [5]. Entre et , di Bonino travaille à la réalisation du grand vitrail de la tribune, qu'il exécute dans un statut d'autonomie absolue, conformément à ce qui avait été établi avec le maître d'œuvre Nicola di Nuto, qui succéda à Lorenzo Maitani, décédé en 1330[5]. En , di Bonino est à Pérouse, d'où les chanoines de la cathédrale d'Orvieto le rappellent afin qu'il travaille aux mosaïques de la façade, activité qu'il débute le . Le dernier payement le concernant est celui d'une année de location d'une maison, effectué en [5].

En raison de la perte des vitraux des bas-côtés et des multiples restaurations ou modifications des mosaïques de la façade de la cathédrale d’Orvieto, seul le vitrail de la tribune nous permet d'apprécier le style de di Bonino. Ce vitrail représente essentiellement la vie de la Vierge Marie[6], puisque la cathédrale lui est consacrée, ainsi que quelques épisodes de la vie du Christ et des représentations de prophètes[3]. Le parallèle stylistique évident entre les vitraux et l'architecture de la cathédrale, en particulier de la tribune, montre que le rôle de di Bonino était capital pour l'architecte Lorenzo Maitani et qu'ils ont oeuvré en étroite collaboration[7] jusqu'à la mort de Maitani en 1330, puis avec Nicola di Nuto qui lui a succédé[7]. Le , di Bonino reçoit 19 florins d'or, payement pour l'achèvement du vitrail de la tribune, mais son nom réapparaît une décennie plus tard pour le payement des mosaïques de la façade[7].

La technique de Bonino se distingue de celle de ses prédécesseurs et de ses contemporains par le fait qu'il ne se contente pas de découper et d'assembler des verres teintés provenant des verreries de Venise ou d'Allemagne, mais qu'il réalise la peinture lui-même dans tous les détails et qu'il met les morceaux de plomb jusqu'à quatre fois au four[8]. En outre, il s'arrange pour qu'ils soient le moins apparents possible. Alors que les verriers siennois utilisaient volontiers des verres très colorés, di Bonino préfère des verres peu teintés, transparents, qu'il teinte lui-même[8],[9]. La recherche d'autres œuvres de Giovanni di Bonino, sur la base de ce style personnel, a permis d'identifier des œuvres à Assise et à Pérouse.

Les vitraux et la mosaïque de la basilique Saint-François à Assise

Saint François d'Assise, mosaïque attribuée à Giovanni di Bonino, portail de l'église inférieure de la Basilique Saint-François à Assise

Son activité probable à Assise, devrait être placée avant 1319, soit plus de trois décennies avant le vitrail d'Orvieto[5]. Di Bonino est considéré comme l'auteur des vitraux de plusieurs chapelles de l'église inférieure de la basilique Saint-François à Assise : ceux de la chapelle Saint-Étienne, ceux de la chapelle Saint-Martin, qui ressemblent le plus à celui d'Orvieto, les vitraux de gauche dans la chapelle Saint-Antoine de Padoue, les vitraux du centre dans la chapelle Sainte-Catherine[7],[10]. Il existe de subtiles différences dans la peinture sur verre, peut-être en raison de l'intervention de collaborateurs dans la traduction des cartons[5]. Les vitraux de la chapelle Saint-Martin, qui précèdent les fresques sur les murs, démontrent la connaissance que le peintre avait de la Maestà de Simone Martini[5]. Il s'agit du parallèle le plus évident avec les oeuvres de la façade d'Orvieto[5]. En outre, la mosaïque représentant François qui orne le portail de la basilique inférieure est également attribuée à di Bonino[5] et prélude à son activité de mosaïste à Orvieto[11].

La crucifixion de Pérouse

L’œuvre, représentant la Crucifixion avec la Vierge Marie et saint Jean l'évangéliste[12] est, depuis la parution de l'ouvrage d'Umberto Gnoli en 1923[13], attribuée quasi unaniment à Giovanni di Bonino[14] ou à son entourage, en raison de sa ressemblance avec un panneau du vitrail d'Orvieto[15]. Elle a été réalisée pour la sacristie de l'église Saint-Augustin de Pérouse, dont elle a été enlevée en 1863. Elle se trouve à la Galerie nationale de l'Ombrie depuis 1879[15]. Elle pourrait dater de 1345, année où les chanoines de la cathédrale d'Orvieto rappellent di Bonino de Pérouse à Orvieto pour travailler cette fois aux mosaïques de la façade, ou alors, pour ceux qui voient dans le vitrail d'Orvieto une plus grande maturité que dans cette crucifixion, elle daterait d'avant 1325[15]. Dans la crucifixion du vitrail d'Orvieto, la croix est en forme de Y, caractéristique du style siennois, tandis que, dans celle de Pérouse, elle est en forme de croix, typique des styles toscans et ombriens[15].

Le Maître de Figline

Le style personnel de Di Bonino, son mélange des styles toscan et ombrien, son choix de couleurs intenses et brillantes ont amené certains spécialistes à l'identifier au Maître de Figline (it)[3],[5] que les anglophones et germanophones appellent également le Maître de la Pieta Fogg.

Bibliographie

  • (it) Giorgio Bonsanti, La basilica di San Francesco ad Assisi, Panini, , 268 p.
  • (it) Ludovico da Pietralunga, Descrizione della basilica di San Francesco, Canova, , 544 p.
  • (it) Istituto statale d'arte di Orvieto, La vetrata del Duomo di Orvieto, , 214 p.
  • (de) Frank Martin et Gerhard Ruf, Die Glasmalereien von San Francesco in Assisi : Entwicklung einer Gattung in Italien, Schnell & Steiner (de), , 391 p.

Notes et références

  1. (it) Guglielmo Della Valle, Storia del Duomo di Orvieto, Rome, (lire en ligne), p. 105, 271.
  2. (it) Luigi Fumi, Il Duomo di Orvieto e i suoi restauri, Rome, (lire en ligne).
  3. (it) Ebe Antetomaso, « Giovanni di Bonino », Dizionaria Biografico degli Italiani, vol. 55, (lire en ligne).
  4. (en) Catherine Harding, « The Production of Medieval Mosaics: The Orvieto Evidence », Dumbarton Oaks Papers, no 43, , p. 73-102 (ISSN 0070-7546, DOI 10.2307/1291605).
  5. (it) E. Lunghi, « Giovanni di Bonino », Enciclopedia dell'Arte Medievale, (lire en ligne).
  6. illustration du vitrail dans son ensemble, voir « Key to Umbria: Assisi », sur www.keytoumbria.com (consulté le ), illustration des détails, voir (it) Caterina Pirina, « Orvieto - Duomo 1 », sur www.icvbc.cnr.it, (consulté le )
  7. (it) Caterina Pirina, « Orvieto - Duomo 1 », sur www.icvbc.cnr.it, (consulté le ).
  8. (de) William Bombe, Geschichte der peruginer Malerei bis zur Perugino und Pinturicchio, Berlin, (lire en ligne), p. 62-63
  9. autres caractéristiques du style de Bonino voir (it) Caterina Pirina, « Orvieto - Duomo 1 », sur www.icvbc.cnr.it, (consulté le )
  10. illustrations voir« Key to Umbria: Assisi », sur www.keytoumbria.com (consulté le )
  11. (it) Egidio M. Giusto, Le vetrate di S. Francesco in Assisi, Milan, Alfieri e Lacroix, , 480 p. (lire en ligne).
  12. voir illustration Perugia.
  13. (it) Umberto Gnoli, Pittori e miniatori dell'Umbria, Spoleto, C. Argentieri, , 411 p., p. 151.
  14. sur les doutes actuels voir Marina Del Nunzio, « Problèmes et doutes à propos de la Crucifixion de Pérouse attribuée à Giovanni di Bonino : considérations préliminaires », dans Claire De Ruyt, Isabelle Lecocq, Matthieux Piavaux, Lumières, formes et couleurs. Mélanges en hommage à Yvette Vanden Bemden, Namur, , p. 117-127.
  15. (it) Caterina Pirina, « Galleria Nazionale dell'Umbria - Crocifissione », sur www.icvbc.cnr.it, (consulté le ).

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