Gluck (peintre)
Gluck (née Hannah Gluckstein le et morte le ) était une artiste peintre lesbienne et non conforme au genre[1].
Pour les articles homonymes, voir Gluck (homonymie).
Biographie
Famille et début de vie
Gluck a grandi dans une riche famille juive à Londres, en Angleterre[2]. Le père de Gluck était Joseph Gluckstein, dont les frères Isidore et Montague avaient fondé J. Lyons and Co., un café britannique et un empire de la restauration. La mère américaine de Gluck, Francesca Halle, était une chanteuse d'opéra. Le frère cadet de Gluck, Sir Louis Gluckstein, était un politicien conservateur.
Gluck a été élève à la Dame School à Swiss Cottage jusqu'en 1910 puis à la St Pauls Girls School de Hammersmith jusqu'en 1913. Cette année-là, Gluck a reçu une étoile d'argent de la Royal Drawing Society[3]. Gluck a fréquenté la St John's Wood School of Art entre 1913 et 1916 avant de déménager dans la vallée ouest des Cornouailles de Lamorna et d'y rejoindre la colonie d'artistes[4],[5]. Gluck a déménagé à Cornwall avec une collègue étudiante en art et compagne, E M Craig, (1893-1968), connue sous son nom de famille Craig. On sait peu de choses sur Craig, mais leur relation a eu un fort impact sur Gluck, qui, plus tard, mentionnait fréquemment la manière dont les deux s'étaient enfuies ensemble[2]. En 1918, le couple emménage à Londres, à l'origine dans un appartement sur Finchley Road, puis dans un studio à Earls Court et, pendant un certain temps, dans un studio à Lamorna[2].
Individualité et début de carrière
Au sein de la communauté artistique de Lamorna, Gluck commence à adopter une apparence masculine et défie les normes de la mode et du genre. En 1916, Alfred Munnings peint Gluck fumant une pipe[2]. Gluck insiste pour se faire appeler Gluck, « pas de préfixe, de suffixe ou de guillemets », et lorsqu'une société artistique dont Gluck était vice-présidente identifie Gluck comme « Miss Gluck » sur son papier à en-tête, Gluck démissionne. Bien que l’artiste préfère le nom Gluck dans la sphère publique, ses amis proches l’appelle Peter. En 1923, Romaine Brooks peint Gluck et nomme le portrait Peter, une jeune fille anglaise[6]. Gluck n’est rattachée à aucune école ni mouvement artistique et n'a montré son travail que dans des expositions individuelles. Le travail de l'artiste été exposé dans des cadres spécifiques que Gluck a inventé et breveté en 1932[2]. Ce cadre s’élevait du mur en trois niveaux ; peint ou tapissé pour correspondre au mur sur lequel il était accroché, conçu afin que les peintures de l'artiste semblent faire partie de l'architecture de la pièce[3].
Années 1920 et 1930
Dans les années 1920 et 1930, Gluck se fait connaître pour ses portraits et ses peintures florales ; ces derniers deviennent les préférés de la décoratrice d'intérieur Syrie Maugham. En , Gluck présente pour la première fois une exposition individuelle de cinquante-six tableaux aux Dorien Leigh Galleries de South Kensington à Londres[2]. En 1925, Gluck peint une série d'œuvres représentant des scènes de théâtre et celles-ci font ensuite partie de l'exposition de 1926, Stage and Country à la Fine Art Society de Londres[2]. Cette année-là, le père de Gluck achète Bolton House à West Hampstead où Gluck s’installe jusqu'en 1939 avec une femme de ménage, un cuisinier et une femme de chambre[2]. En 1928, Gluck partage Bolton House avec l'auteure et la personnalité mondaine Sybil Cookson[7]. En 1931, l'architecte Edward Maufe conçoit et construit un studio pour la maison[2]. L'année suivante, Gluck présente une autre exposition solo appelée Diverse Paintings à la Fine Art Society et commence également une relation avec la fleuriste britannique Constance Spry, dont le travail inspire les peintures de l'artiste[4],[8]. En 1934, Gluck et Spry vivent quelque temps à Hammamet en Tunisie[2].
Medallion
En , Gluck passe un weekend avec Nesta Obermer dans la maison de la famille Obermer, Mill House à Plumpton dans l'est de Sussex, et déclarera plus tard le comme la date du jour de leur mariage[2]. Gluck met fin à sa relation avec Spry et débute une relation avec Nesta. L'un des tableaux les plus connus de Gluck, Medallion, est un double portrait de Gluck et Nesta Obermer, inspiré par une nuit de 1936 où le couple assiste au spectacle Don Giovanni de Mozart[9]. Selon la biographe de Gluck, Diana Souhami, "Elles se sont assises ensemble au troisième rang et ont ressenti que l'intensité de la musique les avait fusionnés en une seule personne et correspondait à leur amour." Gluck appelle l'image YouWe[10]. Cette œuvre a ensuite été utilisée pour la couverture d'une édition de 1982 de Virago Press de The Well of Loneliness[11]. Virago a réimprimé le livre huit fois en autant d'années, ce qui fait de Medallion l'une des représentations les plus célèbres d'une relation lesbienne[2],[12].
Hiatus de trente ans
Alors que les premières œuvres de Gluck ont été accueillies positivement par les critiques et le public dans les années 1920 et 1930, le travail de l'artiste perd de sa popularité pendant l’entre-deux-guerres[10]. De concert avec la fin de sa relation amoureuse avec Nesta, la carrière artistique de Gluck s’éteint pendant une période de trente ans. Jusqu'à ce que l’artiste ressente un regain d'énergie créative à la fin des années 1960[10].
Fin de vie
En 1937, Gluck expose à la Fine Art Society. C'est une exposition de trente-trois peintures, qui comprend Medallion, et qui a été honoré d'une visite de la reine[2]. En , Gluck ferme Bolton House, qui était alors réquisitionnée par les services d'incendie auxiliaires pour service en temps de guerre, et déménage dans un chalet près de la maison d'Obermer à Plumpton.
En 1943, Gluck rencontre Edith Shackleton Heald et le couple prend des vacances à Brighton et à Lyme dans le Dorset. En 1944, Gluck déménage à Chantry House à Steyning dans le Sussex, pour vivre avec Heald. Le couple partage la maison avec Nora, la sœur de Shackleton Heald, et y restera jusqu'à la mort d'Edith en 1976[13]. En 1944, Gluck expose à la Steyning Grammar School de Sussex[2]. En 1945, Gluck vend Bolton House mais conserve le studio que l'artiste continu à utiliser jusqu'en 1949, date à laquelle Gluck vend cette partie de la propriété à Ithell Colquhoun[2].
Dans les années 1950, Gluck insatisfaite des peintures disponibles à cette époque commence une "guerre de la peinture" afin d'augmenter leur qualité. Finalement, Gluck persuade la British Standards Institution de créer une nouvelle norme pour les peintures à l'huile ; toutefois, cette campagne prend tout le temps et l'énergie de Gluck qui met alors de côté sa pratique de la peinture pendant plus d'une décennie. Pendant ce temps là, Gluck et Edith acquièrent leur deuxième maison à Dolphin Cottage, à Lamorna[14].
Gluck commence à utiliser des peintures spéciales faites à la main, fournies gratuitement par un fabricant qui avait relevé le défi de correspondre aux normes exigeantes de Gluck. Gluck retourne à la peinture et monte une autre exposition solo qui est bien accueillie[8]. C'est la première exposition de Gluck depuis 1944, et aussi la dernière. En 1977, Gluck fait don de 57 articles au Brighton Museum & Art Gallery, y compris des vêtements, des accessoires et des œuvres en relation à son séjour en Tunisie[2]. Gluck décède en 1978 à l'âge de 82 ans à Steyning dans le Sussex.
Le dernier grand travail de Gluck, commencé en 1970 et achevé en 1973, était la peinture d'une tête de poisson en décomposition sur la plage intitulée Rage, Rage against the Dying of the Light.
Deux ans après la mort de l'artiste, la Fine Art Society organise une exposition commémorative de six semaines qui inclut 45 peintures de Gluck [2].
Des historiens ont déclaré que "Gluck had the ability to be an exceptional artist... [She] destroyed quite a bit of [her] own work, but from the limited number of pictures available, there are some... that no illustration can prepare you for"[9].
Notes et références
- (en-US) Magda Michalska, « Gluck And Her No Prefix, No Suffix Queer Art », sur DailyArtMagazine.com - Art History Stories, (consulté le )
- De La Haye, Amy,, Pel, Martin, et Royal Pavilion, Art Gallery, and Museums,, Gluck : art and identity, , 208 p. (ISBN 978-0-300-23048-2 et 0-300-23048-6, OCLC 982593828, lire en ligne)
- (en) Buckman, David., Artists in Britain since 1945, Bristol, Art Dictionaries Ltd, , 1786 p. (ISBN 978-0-9532609-5-9 et 0-9532609-5-X, OCLC 77011785, lire en ligne)
- "Gluck". National Portrait Gallery. Retrieved 5 December 2016.
- Fox, Caroline., Painting in Newlyn, 1900-1930, Newlyn Orion, (ISBN 0-9506579-4-8 et 978-0-9506579-4-3, OCLC 13443782, lire en ligne)
- "Romaine Brooks – my daily art display". Retrieved 21 February 2019.
- "Gluck and Modern British Women". studiointernational. Retrieved 9 January 2018.
- (en) « GLUCK | 6 - 28 February 2017 », sur The Fine Art Society (consulté le )
- (en-US) Hettie Judah, « Stunningly Modern Paintings by a Gender-Bending 1920s Artist », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- Souhami, Diana., Gluck, 1895-1978 : her biography, Phoenix, (ISBN 1-84212-196-0 et 978-1-84212-196-2, OCLC 50004441, lire en ligne)
- O'Rourke, Rebecca., Reflecting on The well of loneliness, Routledge, (ISBN 0-415-01841-2 et 978-0-415-01841-8, OCLC 19515712, lire en ligne)
- (en) Morrill, Rebecca,, Wright, Karen, et Elderton, Louisa,, Great women artists, London/New York, Phaidon, , 463 p. (ISBN 978-0-7148-7877-5 et 0-7148-7877-4, OCLC 1099690505, lire en ligne)
- « Brighton Ourstory - Lesbian and Gay History Group », sur www.brightonourstory.co.uk (consulté le )
- Birch, Samuel John Lamorna, Oxford University Press, coll. « Benezit Dictionary of Artists », (lire en ligne)
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