Gomatrude
Gomatrude, Gométrude ou Gomatrudis est une reine des Francs du début du VIIe siècle, par son mariage avec le roi Dagobert Ier.
Gomatrude | |
Titre | reine des francs |
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Prédécesseur | Sichilde |
Successeur | Nantilde |
Biographie | |
Nom de naissance | Gomatrude |
Naissance | |
Décès | |
Conjoint | Dagobert Ier |
Origine familiale
Gomatrude était la sœur cadette de Sichilde, troisième épouse du roi Clotaire II. Dans la mesure où Sichilde est bien la mère de Caribert II, elles ont pour frère le seigneur Brodulf ou Brunulf, qui tenta de défendre les droits de son neveu sur le royaume d'Aquitaine contre les ambitions de Dagobert Ier. Brunulf est le père d'une Theodetrudis ou Theodila connue par une charte de 626 concernant le partage de terres au Limousin[1].
Christian Settipani remarque qu'il y a des similitudes onomastiques entre la famille de Sichilde et celle de Magnachaire († 565), duc des Francs Transjurans et père de la reine Marcatrude. Mais, faute de données plus précises, il se borne à mentionner la possibilité d'une parenté[1]. Si malgré tout cette parenté se vérifiait, Gomatrude descendrait de Ragnacaire, roi des Francs à Cambrai, par le biais de Magnachaire[2].
Au Moyen Âge ont été produites des généalogies qui fournissent des ascendants à cette fratrie. Ainsi, au XIVe siècle, Jacques de Guyse donne Brunulphe comme fils d'un comte de Templatum et d'une sœur de Sainte Aye, fille de Brunulphe comte de Cambraisis et femme de Saint Hidulphe, prince de Hainaut, et lointaine descendante de Clodion le Chevelu[3]. Joachim Vos, affirme que Brunulphe et Gomatrude sont issus d'un autre Brunulphe, comte d'Ardennes et frère de Saint Arnould et de Clotilde, sœur de Sainte-Aye[4]. Mais ces ouvrages tardifs ne résistent pas à la critique moderne et aucune de ces données ne peut être retenue. Cela n'empêche pas certaines publications modernes et grand public de la dire fille d'un comte d'Ardennes[5].
Biographie
Gomatrude est la sœur cadette de Sichilde, troisième épouse du roi Clotaire II. En 625, Clotaire la marie à son propre fils, Dagobert qui est déjà roi d'Austrasie. La cérémonie, qui eut lieu à Clichy[N 1], à Reuilly[N 2], ou à la villa royale de Clippiacum située dans la commune actuelle de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)[6], donne lieu à une violente querelle entre le père et le fils, le fils réclamant la totalité de l'Austrasie[6]. Un arbitrage de douze Francs finit par donner raison à Dagobert. En 629, à la mort de Clotaire II, Dagobert devient le seul roi des Francs et répudie Gomatrude au palais de Reuilly (Romiliacum) pour épouser Nantilde. On ignore ce que Gomatrude devient ensuite[7],[8].
Notes et références
Notes
- Selon un passage de Frédegaire : « Dagobert vint par l’ordre de son père avec ses Leudes,dans un appareil royal, à Clichy près de Paris, et reçut en mariage la sœur de la reine Sichilde nommée Gomatrude ».
- . Selon un autre passage de Frédegaire : « Étant allé ensuite à Auxerre par Autun, il [Dagobert] vint à Paris par la ville de Sens, et, abandonnant la reine Gomatrude à Reuilly, où il l’avait épousée, il se maria à une jeune fille, nommée Nantéchilde, et la fit reine ».
Références
- Settipani 1993, p. 97.
- Settipani 1989, p. 121-123 et Settipani 2014, p. 222-227.
- Jacques de Guyse, Histoire de Hainaut, vol. 12 (lire en ligne), p. 296, 367 & 475.
- Joachim Vos, Lobbes, son abbaye et son chapitre (lire en ligne), p. 138.
- Bouyer 1992, p. 42.
- Léopold Pannier, La Noble-maison de Saint-Ouen, la villa Clippiacum et l'Ordre de l'Étoile, d'après les documents originaux, , 342 p. (lire en ligne), p. 22.
- Bouyer 1992, p. 43.
- Settipani 1993, p. 102.
Sources primaires
« La quarante-deuxième année du règne de Clotaire [625], Dagobert vint par l’ordre de son père avec ses Leudes,dans un appareil royal, à Clichy près de Paris, et reçut en mariage la sœur de la reine Sichilde nommée Gomatrude. Le troisième jour après les noces, il s’éleva entre Clotaire et Dagobert son fils, une sérieuse querelle. Dagobert demandait tout ce qui appartenait au royaume d’Austrasie, pour le soumettre à sa domination, et Clotaire refusait avec force de le lui céder. Ces deux rois choisirent douze seigneurs d’entre les Francs, pour que leur jugement terminât cette contestation ; parmi ces seigneurs était Arnoul, évêque de Metz, ainsi que d’autres évêques ; et selon sa sainteté, il parlait toujours de paix au père et au fils. Enfin, les évêques et les plus sages seigneurs accordèrent le fils avec le père, qui lui céda ce qui appartenait au royaume des Austrasiens, ne gardant que ce qui était situé en deçà de la Loire et du côté de la Provence.
(...)
Clotaire mourut dans la quarante-cinquième année de son règne [628] et fut enseveli dans l’église de Saint-Vincent, dans un faubourg de Paris. Dagobert, apprenant la mort de son père, ordonna à tous les Leudes qui lui étaient soumis en Austrasie de s’assembler en armée ; il envoya des députés en Bourgogne et en Neustrie pour se faire élire roi. Étant venu à Reims et s’étant approché de Soissons, tous les évêques et tous les Leudes du royaume de Bourgogne se soumirent à lui. Un grand nombre d’évêques et de seigneurs de Neustrie parurent aussi désirer de lui obéir. Charibert, son frère, s’efforça de s’emparer du royaume ; mais, à cause de son imbécillité, sa volonté eut peu d’effet. Brodulf, son oncle, voulant l’établir sur le trône, commença à se soulever contre Dagobert ; mais l’événement en décida autrement.
(...)
Étant allé ensuite à Auxerre par Autun, il vint à Paris par la ville de Sens, et, abandonnant la reine Gomatrude à Reuilly, où il l’avait épousée, il se maria à une jeune fille, nommée Nantéchilde, et la fit reine. Depuis le commencement de son règne, suivant les conseils de saint Arnoul, évêque de Metz, et de Pépin, maire du palais, il gouvernait l’Austrasie avec tant de bonheur qu’il était loué par toutes les nations. Son courage avait tellement semé l’épouvante que tous les peuples se soumettaient à lui avec empressement, à tel point que les nations qui habitent sur la frontière des Avares et des Esclavons désiraient fort qu’il marchât contre ceux-ci, promettant hardiment qu’il les subjuguerait et tout le pays jusqu’aux terres de la république romaine. Après la mort de saint Arnoul, aidé des conseils de Pépin, maire du palais, et de Chunibert, évêque de Cologne, il gouverna tous ses sujets avec tant de bonheur et d’amour pour la justice qu’aucun des rois Francs ses prédécesseurs ne fut loué plus que lui. Il en fut ainsi jusqu’à son arrivée à Paris. »
— Frédégaire, Chronique.
« La quarante-deuxième du règne de Clotaire [625], et d’après l’ordre de son père, Dagobert, suivi de ses ducs, vint avec une pompe royale à Clichy, près de Paris. Là, il reçut en mariage une sœur de la reine Sichilde nommée Gomatrude. Les noces célébrées, au troisième jour, il s’éleva entre Clotaire et son fils Dagobert une violente querelle. Dagobert demandait que tous les pays qui avaient appartenu au royaume des Austrasiens fussent remis en son pouvoir. Mais Clotaire s’y refusait avec force, ne lui en voulant rien concéder. Les deux rois choisirent douze Francs, pour que leur jugement mît fin à ce débat. De ce nombre était, avec d’autres évêques, le seigneur Arnoul, évêque de Metz, et, selon l’inspiration de sa sainteté, il parlait avec une grande douceur, pour rétablir la concorde entre le père et le fils. Enfin les évêques et les hommes sages pacifièrent les deux rois, et Clotaire rendant à Dagobert tout ce qui appartenait au royaume des Austrasiens, ne retint que ce qui était situé au-delà de la Loire et du côté de la Provence.
(...)
Après s’être rendu à Châlons, pour y terminer tout ce qu’il avait entrepris par amour de la justice, il vint à Auxerre par Autun, et de là à Paris par Sens. S’étant arrêté dans sa maison de Reuilly, il abandonna, d’après le conseil des Francs, la reine Gomatrude, parce qu’elle était stérile, et prit en mariage une jeune fille d’une admirable beauté, nommé Nantéchilde. Depuis le commencement de son règne jusqu’à cette époque, suivant les conseils, d’abord de saint Arnoul, évêque de Metz, et ensuite de Pépin, maire du palais, il gouverna si heureusement en Austrasie qu’il s’attirait les louanges de toutes les nations. Ses jugements avaient inspiré un si profond respect que tous s’empressaient de se soumettre à son pouvoir. Les peuples qui habitent sur la frontière des Avares et des Esclavons, invoquèrent son appui, et les Avares et les Esclavons eux-mêmes, ainsi que les autres nations de païens jusqu’aux confins de la république romaine, promettaient de se donner à lui. Après la mort de saint Arnoul, dirigé encore par les avis de Pépin, le maire du palais, et de Chunibert, évêque de Cologne, le roi persista dans la justice ; son bonheur ne l’abandonna point ; et jusqu’au moment où, comme je l’ai dit, il arriva à Paris, il possédait si pleinement la faveur de tous ses sujets qu’aucun des rois Francs n’en avait jamais été tant admiré. »
— un moine de Saint-Denis, « Gesta Dagoberti I. Regis Francorum ».
Bibliographie
- Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne, Paris, , 170 p. (ISBN 2-906483-28-1).
- 2e édition, revue et corrigée, Oxford, P & G, Prosopographia et Genealogica, coll. « Occasional Publications / 16 », (1re éd. 1989), 347 p. (ISBN 978-1-900934-15-2).
- Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6).
- Christian Bouyer, Dictionnaire des Reines de France, Librairie Académique Perrin, (réimpr. 2000) (ISBN 2-262-01730-1).
Articles connexes
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