Gouvernement Chaudhry

Le gouvernement Chaudhry est le gouvernement qui dirige les Fidji du au . Second gouvernement mené par le Parti travailliste, il subit le même sort que le premier en 1987 et est renversé par un coup d'État.

Gouvernement Chaudhry
Président de la République Ratu Sir Kamisese Mara
Premier ministre Mahendra Chaudhry
Formation
Fin
Composition initiale
Coalition Parti travailliste + Parti de l'Association fidjienne + Parti de l'unité nationale + Alliance chrétienne-démocrate
Ministres 17
Représentation
Chambre des représentants
57  /  71

Contexte et composition

À l'exception du bref gouvernement de coalition de centre-gauche mené par le travailliste Timoci Bavadra en 1987, le pays connaît depuis son indépendance en 1970 une succession de gouvernements conservateurs visant à préserver l'autorité politique de l'aristocratie autochtone coutumière. Le Parti travailliste, multi-ethnique, né en 1985 et issu du mouvement syndical, arrive très nettement en tête lors des élections législatives de mai 1999, remportant à lui seul une courte majorité absolue des sièges à la Chambre des représentants. Fidèle à un accord de coalition -la Coalition populaire- formé en amont du scrutin, Mahendra Chaudhry, le chef des travaillistes, intègre à son gouvernement le Parti de l'Association fidjienne, parti autochtone de centre-gauche, et le Parti de l'unité nationale, qui représente principalement les intérêts des autochtones de la province de Ba, perçue comme marginalisée. La Constitution adoptée en 1997 requiert du Premier ministre qu'il propose aux partis d'opposition de se joindre à son gouvernement, ce que Chaudhry fait donc. L'Alliance chrétienne-démocrate (chrétienne-sociale) accepte, tandis que le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (droite autochtone) du Premier ministre sortant Sitiveni Rabuka choisit de rester dans l'opposition[1],[2],[3].

Mahendra Chaudhry est ainsi le premier Indo-Fidjien à devenir Premier ministre, le 19 mai. Conscient des inquiétudes et de l'hostilité d'une partie de la population autochtone, le 21 mai il nomme un Cabinet composé principalement de ministres autochtones (onze sur dix-sept)[1],[2],[3],[4],[5] :

Nom Fonctions Parti Remarques
Mahendra Chaudhry Premier ministre,
Ministre des Finances,
Ministre des Entreprises publiques et de l'industrie sucrière
Travailliste Ministre des Finances dans le gouvernement de 1987. Chef du Syndicat national des agriculteurs.
Adi Kuini Speed Vice-Première ministre,
Ministre des Affaires autochtones
Association fidjienne Cheffe autochtone coutumière de Navosa. Ancienne cheffe du Parti travailliste. Veuve de Timoci Bavadra.
Tupeni Baba Vice-Premier ministre,
Ministre des Affaires étrangères
Travailliste Ministre de l'Éducation dans le gouvernement de 1987.
Anand Singh Procureur général et ministre de la Justice Travailliste
Jioji Uluinakauvadra Ministre de l'Intérieur Association fidjienne
Poseci Bune Ministre de l'Agriculture Alliance chrétienne-démocrate
Ratu Mosese Volavola Ministre des Terres et des Ressources minières Travailliste Même poste dans le gouvernement de 1987.
Shiu Sharan Sharma Ministre des Travaux publics et de l'Énergie Travailliste
Pratap Chand Ministre de l'Éducation Travailliste Ancien secrétaire général du Syndicat des enseignants.
Ratu Tevita Momoedonu Ministre du Travail et des Relations sociales Travailliste
Anup Kumar Ministre du Commerce, du Développement des entreprises et des Investissements Travailliste
Ponipate Lesavua Ministre de l'Emploi, de la Jeunesse et des Sports Unité nationale
Ganesh Chand Ministre de la Planification nationale, des Autorités locales, du Logement et de l'Environnement Travailliste
Adi Koila Nailatikau Ministre du Tourisme Alliance chrétienne-démocrate Fille du président Ratu Sir Kamisese Mara.
Manoa Bale Ministre du Développement régional,
Ministre des Affaires multi-ethniques
Travailliste
Lavenia Padarath Ministre des Femmes,
Ministre de la Culture,
Ministre de la Sécurité sociale
Travailliste
Meli Bogileka Ministre des Communications Unité nationale

Politiques menées

Le gouvernement mène une politique sociale d'aide au pouvoir d'achat : abolition de la taxe sur la valeur ajoutée sur des produits alimentaires de première nécessité, baisse du coût de l'eau du robinet, baisse du coup de l'électricité, accroissement des aides sociales aux plus pauvres et aux familles, aides à la création de microentreprises. Des prêts sont introduits pour aider les jeunes issus de famille pauvre à accéder à l'enseignement supérieur. Le gouvernement entame des négociations avec les acteurs sociaux en vue de légiférer pour la création d'un salaire minimum, mais ce processus est interrompu par le coup d'État[2].

Des hôpitaux publics sont agrandis et leurs équipements sont rénovés. Les infirmiers et les personnels paramédicaux obtiennent une augmentation de salaire[2].

Le gouvernement investit dans la rénovation et le développement du réseau routier, des canalisations d'eau et du réseau électrique. Il annule la privatisation de l'entreprise publique d'électricité, prévue par le gouvernement précédent. [2]. Il crée un droit à l'information et une commission de lutte contre la corruption[2].

Coup d'État

Le un homme d'affaires en faillite, George Speight, fait irruption avec un groupe d'hommes armées dans la Chambre des représentants. Il prend en otage les ministres et députés de la majorité. Les preneurs d'otage se réclament du nationalisme autochtone et exigent que le pouvoir politique soit réservé aux autochtones. Les quatre femmes parmi les otages sont relâchées le 24 juin, mais la plupart des autres otages, dont Mahendra Chaudhry, sont maintenus en captivité pendant cinquante-six jours, jusqu'au 13 juillet. En échange de leur libération, les auteurs du coup d'État obtiennent que le gouvernement Chaudhry ne soit pas restauré, et que le Grand Conseil des Chefs (autochtone) nomme un gouvernement par intérim. Le nationaliste autochtone Laisenia Qarase sera chargé de former un gouvernement, et remportera les élections législatives de 2001[5],[6],[7].

Références


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